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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Manosque Sud-Est. La commune est située au sud de Manosque et côtoie la rive droite de la Durance. D’une superficie de 1707 hectares elle ne dépasse pas l’altitude de 500 mètres et est favorisée par la fertilité des terrasses bordant la Durance. L’Antiquité est bien représentée avec plusieurs découvertes (monnaies, inscriptions lapidaires, nécropoles), le territoire étant traversé par une voie antique reliant Apt à Riez (CAG, n° 197, p. 442-443). Avec près de 350 habitants en 1315 et la perte d’à peine la moitié en 1471, elle va ensuite progresser, 789 habitants en 1765, 896 en 1851, 1985 en 1962 et plus de 3200 aujourd’hui (Atlas, p. 199).

 

Sainte-Tulle apparaît sous la forme de sancte Tullie quand son église est confirmée par l’archevêque d’Aix Pierre IV comme dépendante de l’abbaye Saint-André-de-Villeneuve (GCN I, Inst. X, col. 12). Le prieuré demeurera dans les mains de l’abbaye jusqu’au XVe siècle. En même temps les moines desservent l’église paroissiale dédiée à Notre-Dame située dans le castrum, castrum S. Tullia cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 239). L’église et le village seront détruits lors des troubles du XIVe siècle. La paroisse est reconstruite au XVIe siècle (Collier, p. 219-220, qui cite un prix-fait du 2 avril 1587).

 

457. Le prieuré Sainte-Tulle

D’après la légende hagiographique, saint Eucher, d’abord sénateur de la Narbonnaise seconde au Ve siècle, devient moine à Lérins, puis est nommé évêque de Lyon. Marié auparavant à Galla il en a deux filles, Consorcia et Tullia. Avant d’être nommé évêque il se retire dans le Lubéron dans une grotte à Beaumont-de-Pertuis. C’est là qu’il ordonne à ses filles de se retirer également dans la solitude, Consorce à l’Escale et Tulle dans la grotte qu’il habitait. A la mort de Tulle, son corps est transporté dans le lieu de Sainte-Tulle tout proche où elle est inhumée dans une crypte rupestre. C’est sur ce lieu que fut bâtie une chapelle en son honneur et que le village opta pour son nom 1.

Tous les auteurs consacrent quelques lignes à la chapelle et à la crypte. L’Abbé Féraud : on trouve à peu de distance du village et sur la route royale une chapelle en ruines dédiée à sainte Tulle. Le souterrain ou crypte a bravé les ravages du temps ; la taille et la coupe régulière des pierres, leur arrangement symétrique annoncent une haute antiquité. C’est là que résidait et mourut la bienheureuse Tulle, c’est là que furent immolés, il y a plus de dix siècles, par les Sarrasins une foule de martyrs. Le souvenir de ce massacre s’est perpétué par une procession solennelle faite chaque année le jour de Pâques, où le prêtre revêtu de la chappe violette, signe de deuil, va faire l’absoute sur la tombe des victimes sacrifiées par les ennemis du nom chrétien (p. 366). Provence Romane 2 : au sud du bourg, sur la rive droite de la Chaffère et à proximité de la Durance, l’église Sainte-Tulle est un édifice modeste, qui retient cependant l’attention car il s’élève sur une curieuse crypte rupestre… La crypte, en partie creusée dans le roc, en partie bâtie, se compose de trois salles voûtées en plein cintre auxquelles on accède par un escalier à double volée. Le type même de cette construction, qui présente des chaînages en pierre avec taille décorative, et la découverte de sarcophages médiévaux à ses abords constituent de fortes présomptions en faveur de sa datation, XIIe siècle (p. 243). On avance également avec prudence une datation plus haute, VIIIe-IXe siècle 2.

 

458. Chapelle Saint-Pierre

Elle n’est signalée que par deux documents. C’est d’abord la carte de Cassini (n° 153) qui figure une chapelle en état au SE de la chapelle Sainte-Tulle. C’est ensuite le cadastre de 1823 qui, dans le quartier Saint-Pierre, dessine un édifice sans toiture appellé St Pierre (section D 2, parcelle 883). Il côtoie le chemin de Corbières à Sainte-Tulle. Les cartes modernes n’ont gardé que le toponyme St-Pierre.

 

Synthèse

La commune présente deux édifices que l’on peut situer avant l’enchâtellement. Sainte-Tulle avec sa crypte et la présence d’un corps saint a dû attirer très tôt la ferveur des fidèles. Quant à Saint-Pierre, la titulature et son implantation en milieu ouvert offrent également cette possibilité.

 


1 TROUCHE F., chanoine, Ephémérides des saints de Provence, C.P.M., 1992, p. 99-100.

2 Voir également Atlas, p. 199. BAILLY, p. 46. COLLIER, p. 45 et 409.

 

 

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Barcelonnette. La tradition locale fait de Saint-Pons la plus ancienne communauté de la vallée de l’Ubaye. Elle aurait été évangélisée par saint Pons, martyr de Cimiez au IIIe siècle puis au VIIIe siècle à la suite de la création de l’abbaye Saint-Pons de Cimiez. La commune perdit son autonomie et son influence lors de la fondation de Barcelonnette en 1231 par Raimond Bérenger V. Elle est alors rattachée à la nouvelle ville jusqu’à la Révolution. Son territoire atteste d’une longue occupation de la Préhistoire à l’Antiquité. Les sites sont essentiellement concentrés aux abords des rives de l’Ubaye (CAG n° 195, p. 440-442). Le village est dit sanctus Petrus de Drollia au XIIIe siècle (Atlas, p. 197). Drolle est en effet le premier nom du territoire comme stipulé lors de la création du Barcelonnette en 1231 où les syndics des lieux fortifiés de Drolle et de Faucon passent un accord avec Raimond Bérenger V pour construire une ville du nom de Barcelonnette, située contre ledit lieu de Faucon et celui de Drolhe (RACP, n° 155, p. 255) 1. L’enquête de 1252 cite le territorium de Drollia comme dépendant de Barcelonnette (n° 436, p. 328). L’église est, bien entendu, sous la titulature de saint Pons, ecclesia sancti Poncii en 1351 (Pouillés). Elle a été classée MH en 1912 et est d’un style composite, ses éléments doivent s’étager de l’époque romane jusqu’au XVIIe siècle (Collier, p. 197-198).

 

456. Eglise et chapelles annexes

A l’image des autres communautés de la vallée, la rigueur du climat et les difficultés de circulation ont incités l’autorité écclésiatique à instaurer des églises et des chapelles succursales. Les visites du XIXe siècle de 1860 à 1875 recensent quatre chapelles rurales, d’abord en bon état, puis avec une qui laisse à désirer (2 V 86). Ces créations ont commencé à partir du XVIIIe siècle, moment où la population s’accroît sensiblement. Une paroisse est érigée au hameau de Cervières. D’après l’abbé Féraud, cette paroisse se compose de quatre hameaux, de quelques maisons de campagne, et d’une population de 120 âmes environ. L’église a pour fête titulaire et patronale la Nativité de la Sainte-Vierge ; elle est placée au hameau de la Pare. Elle fut construite en 1750 et érigée en annexe de la paroisse Saint-Pons (p. 199). Deux autres chapelles annexes existent encore, celles de la Frache et de la Lauze, la première dédiée à Notre-Dame des Neiges, la seconde à saint Sébastien et il nous a été impossible de reconnaître la quatrième. Il pourrait s’agir de la chapelle de la Maure érigée en succursale en 1778 d’après l’abbé Albert (p. 220 et 264).

 


1 Voir également Bouche I, p. 266 à 267 qui cite le castrum de Teolles, comme hameau de Barcelonne.

 

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Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Entrevaux. Cette commune fait partie du Val de Chanan et est située entre les communes de La Rochette et de La Penne, cette dernière étant dans le département des Alpes-Maritimes. D’une petite superficie, 562 hectares, elle est vitalisée par le Vallon de Saint-Pierre ou de Besseuges au bord duquel sont établis les principaux hameaux. On ne connaît pas le nombre d’habitants en 1315, mais en 1471, le territoire est déclaré inhabité. Le maximum de population sera atteint en 1851 avec 207 habitants. La communauté religieuse va connaître trois lieux de culte successifs.

 

452. Le prieuré Saint-Pierre

C’est d’abord une évangélisation de la vallée par les moines de Saint-Victor qui créent une cella au lieu-dit Bono Vilare. Ils reçoivent en 1044 une église dédiée à saint Pierre appartenant à un certain Johannes et ses fils, ecclesia sancti Petri quam vocant ad Bonum Vilare. Ils donnent également un manse, deux bergeries, plusieurs vignes, un champ, un pré, deux sétérées de terre et quelques autres encore. Le prieuré va être cité jusqu’en 1337 comme dépendant de Saint-Victor 1. Il est encore mentionné en 1351 et 1376 avec l’ecclesia Sancti Petri Boni Vilarii (Pouillés, p. 263-265). On n’a plus de nouvelle par la suite et il probable qu’il est abandonné lors de la période du XVe siècle, moment où le terroir est déclaré inhabité.

 

453. L’église Saint-Etienne

Un siècle et demi après l’arrivée des moines bénédictins de Saint-Victor, au cours du XIIe siècle, se crée un castrum ou village perché qui regroupe la population. Il est situé au nord du territoire sur un mamelon à 929 m d’altitude dominant le ravin de Besseuges. La carte IGN signale le site avec une tour ruinée et le nom de quartier Saint-Etienne. Le site et tout le quartier du hameau de Besseuges seront distraits de la commune pour être rattachés à celle de La Penne en 1760 2 . Le castrum est dit castrum Pugeti de la Figeta par Bouche qui traduit par Poget Figete (p. 282) et l’église est appelée ecclesia de Podio Figete par les mêmes Pouillés que dessus. Elle est dédiée à saint Etienne. C’est sur ce puy que s’élève une tour de défense dont Achard donne une brève description : l’ancien village a été entièrement détruit. On n’y voit plus que quelques décombres, les restes d’une Tour et une Chapelle. La Tour étoit quarrée de seize pieds de largeur (environ 5 m), toute en pierres de taille, elle a encore environ quinze toises de hauteur (30 m environ) ; les personnes âgées disent l’avoir vue plus haute au moins du double, quoiqu’elles ne l’aient pas vue dans son entier (II, p. 146-147). Elle est également décrite par le « Dictionnaire des châteaux » : donjon carré de 5 m de côté, en bel appareil chaîné aux angles de bossages, et traces d’un château 3. Il est probable qu’à la suite de la dépopulation le castrum a été abandonné et la population s’est installée en contrebas au lieu-dit la Chapelle.

 

454. La nouvelle église Saint-Etienne

Le déperchement a dû s’effectuer au cours du XVIe siècle, moment où la population repart. Elle s’installe en contrebas du castrum, 200 mètres en altitude plus bas au lieu-dit le Château par les cartes modernes, l’Eglise par le cadastre de 1817, St-Pierre Figette par la carte de Cassini (n° 168). Un nouveau château (1673) et une nouvelle église y sont élevés. Le cadastre figure parfaitement l’église accompagée du cimetière (Section A 1, parcelles 208 et 209). Elle a repris la titulature de la paroisse castrale, saint Etienne. Mais cette nouvelle paroisse ne va pas survivre très longtemps. Au XVIIIe siècle, le centre communautaire va de nouveau se déplacer et réinvestir le premier habitat, celui fondé par les moines de Saint-Victor au XIe siècle. C’est ce que fait constater Achard : la Chapelle étoit, jadis, la Paroisse dédiée à S. Etienne, premier Martyr. Elle paroit avoir été rebâtie. Par un usage qui date d’un tems immémorial, le Curé est obligé d’y dire ou d’y faire dire la Messe la seconde fête de Noël, de Pâques et de la Pentecôte.

 

455. Eglise Saint-Pierre

C’est encore Achard qui résume la situation : le village est connu sous le nom de S. Pierre, nom qui lui vient d’une Eglise dédiée à cet apôtre qui étoit auprès de l’emplacement de ce nouveau Village et qui appartenoit à un Monastère qu’il y avoit autrefois en ce lieu. Les religieux de ce Monastère étoient des Bénédictins ; leur Eglise est actuellement la Paroisse du lieu, la Maison qu’ils habitoient appartient à des particuliers qui payent encore aujourd’hui une redevance à MM. de S. Victor de Marseille. Le patron du lieu est l’apôtre S. Pierre et le Titulaire de la paroisse est S. Etienne, premier Martyr, Titulaire de l’ancienne Paroisse. La Paroisse n’a point d’annexe ; elle est desservie par le seul Curé que l’Evêque diocèsain nomme. Une tradition, qui n’est pourtant pas bien certaine, porte que les Moines, après avoir quitté ce pays, conservèrent pendant quelque tems le droit de nommer à la Cure ou plutôt d’y présenter ; dans la suite, ils abandonnèrent ce droit à l’Evêque et se contentèrent de retenir les terres qu’ils possèdent encore.

Ce nouveau village va prendre le nom de Saint-Pierre du nom du titulaire de l’église du prieuré. Il faut observer la fidèlité des habitants à leurs saints protecteurs. Si saint Pierre est le patron de la paroisse, saint Etienne reste le titulaire, les deux saints rassemblant l’histoire de la christianisation du terroir.

 

Synthèse

Quand les moines de Saint-Victor sont dotés de terres en 1044, ils reçoivent également des mains de laïcs une église dédiée à saint Pierre. On peut raisonnablement estimer que sa fondation remonte au moins à l’époque carolingienne, titulature, milieu ouvert convergent également dans ce sens. Ces laïcs se sont emparés des biens d’église au cours de la période du Xe siècle. Leurs descendants les rendent à des moines qui revitalisent le terroir. Le changement de société, enchâtellement, castrum, va détruire de nouveau le lieu de chrétienté, mais il sera réhabilité plusieurs siècles plus tard et redeviendra le lieu de rassemblement de la communauté.

 


1 CSV II, n° 783, 1044 : ecclesia sancti Petri quam vocant ad Bonum Vilare. N° 843, 1078 ; n° 848, 1113 ; n° 844, 1135 : cella sancti Petri de Bono Villari. N° 980, 1213 : prior Boni Vilarii. N° 1131, 1337 : prioratus Sancti Petri de Bono Villari.

2 THEVENON Luc, « Où prier ? Qui prier dans la montagne ? », Territoire, seigneuries, communes, Mouans-Sartoux, 1987, p. 143.

3 SALCH Ch.-L., Dictionnaire des châteaux et fortifications du Moyen Age en France, Publitotal, 1979, p. 887 et 1074. Pour J.-C. POTEUR c’est un donjon construit entre 1173 et 1230, Les grands donjons romans de Provence orientale, Centre d’Etude des Châteaux-Forts, 1995, p. 22. R. Collier, p. 311.

 

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujoud’hui dans le canton de Barcelonnette. Cette très vaste commune de 20555 hectares est frontalière avec l’Italie et est située dans la haute vallée de l’Ubaye dans une région très montagneuse. Les sites archéologiques sont essentiellement concentrés aux abords de la vallée et ont livré de nombreuses sépultures de l’Age du Fer (CAG n° 193, p. 434-440). L’étendue du territoire et les difficultés de circulation ont favorisé l’éclosion de nombreux habitats. La population avoisinait les 1000 habitants en 1316 et le maximum sera atteint en 1765 avec 1736 parsonnes. Elle n’en compte plus que 220 actuellement (Atlas, p. 197). Deux communautés apparaissent au début du XIIIe siècle, recensées par H. Bouche le castrum S. Pauli et le castrum de Torono, c’est Tournoux ou Tounosco où il une paroisse la plus ancienne à ce qu’on croit dans toute la vallée et qu’elle estoit un temple dédié à Jupiter (p. 266). Atlas dénombre 27 feux à Tournoux en 1316, soit quelques 150 habitants. Avec un territoire si vaste il ne faut pas s’étonner de la multiplicité des paroisses et des chapelles succursales élevées au cours des siècles. L’abbé Féraud recence six paroisses au XIXe siècle (p. 215-219) et le cadastre napoléonien de 1841 facilite le repérérage car il figure les édifices religieux coloriés en bleu. Nous utiliserons également les données fournies par R. Collier et les recensements effectués par Wikipedia et Quid ? sur Internet.

 

445. Paroisse Saint-Paul. Chapelle des Pénitents. Chapelles des Prats et de Lestrech

L’abbé Féraud recense une population de 400 âmes répartis dans le chef-lieu et les deux hameaux Des-Prats et de Lestrech. L’église paroissiale est sous le titre de Saint-Pierre-et-Paul. R. Collier y consacre une longue description. Il estime que la date gravée sur le chœur de 1452 correspond à l’origine de l’église. Elle a subi divers avatars, dont une démolition partielle en 1591 lors des guerres de Religion et un tremblement de terre en 1959. Elle est classée MH depuis le 1er janvier 1921. Elle figure en section M 3 sur le cadastre napoléonien, parcelle 801. A côté le cadastre figure un autre édifice, parcelle 802, il s’agit de la chapelle des Pénitents qui est qualifiée par Collier de grande chapelle, rectangulaire, qui s’allonge sur trois travées voûtées en berceau, avec une forte pénétration de lunettes triangulaires ; des doubleaux larges et plat s’interposent entre les travées. Il la date de la période classique, XVIIe-XVIIIe siècle (p. 227). Le hameau des Prats est situé au NE du chef-lieu et abrite une chapelle signalée par le cadastre en section M 2, parcelle 359. Toujours en état elle abrite un autel en bois taillé du XVIIIe siècle classé au titre d’objet. Au hameau de Lestrech, le cadastre napoléonien figure une chapelle Notre Dame, en section M 1, parcelle 168. On la retrouve sur les cartes modernes, isolée, au nord du hameau des Bonis.

 

446. Paroisse de Fouillouse et l’église Saint-Jean-Baptiste

Le hameau de Fouillouse est situé à l’est de la Grande Serenne sur les bords du torrent la Baragne, à près de 2000 mètres d’altitude. Il est composé de deux hameaux presque joignants, Fouillouse et le Serret. C’est entre les deux que s’élève l’église dédiée à saint Jean-Baptiste. Le cimetière la côtoie (Section G 8, parcelle 590 et 591). Le linteau de la porte indique la date de 1549. R. Collier estime qu’il s’agit de la date de restauration de l’édifice (p. 151). Mais plus loin il avance avec prudence que c’est la date d’édification mais sans doute sur un édifice antérieur (p. 196). Pour Wikipedia, l’église Saint-Jean-Baptiste au hameau de Fouillouse, est reconstruite en 1549, avec une voûte en berceau brisé plus tardive. Le clocher-mur, à trois baies, est de belle taille.. Elle possède quelques statues, du Christ en poutre de gloire (classée MH) et de saint Jean-Baptiste, du XVIIe siècle mais d’un style extrêmement fruste. Les bustes reliquaires (dont un à saint Jacques) sont raides et archaïques, bien qu’eux aussi du XVIIe. Elle possède un antependium très rare, en tapisserie du XVIIe ou du XVIIIe siècles, classé.

 

447. Paroisse de Serenne. Eglise de la Transfiguration, chapelles Saint-Michel et Saint-Roch

La paroisse de Serenne est composée de deux hameaux, la Grande et la Petite Serenne et comprenait 400 âmes au temps de l’abbé Féraud. Elle est située en amont du chef-lieu sur les bords de l’Ubaye à l’altitude moyenne de 1500 mètres. R. Collier cite l’abbé Féraud qui la date de 1829, époque à laquelle les Serennes furent érigées en paroisse. Il la décrit en forme de croix, avec une coupole centrale surbaissée, largement pénétrée par des arcs en plein cintre… Le choeur est formé par une travée (p. 380). Elle figure sur le cadastre en section L 3 parcelle 793 ainsi que sur la carte de Cassini n° 167, ce qui indique que la date de 1829 correspond seulement à l’érection de la paroisse et non à l’édification de l’église.

A côté de l’église le cadastre signale un autre édifice avec une croix et coloriée en bleu, parcelle 792. Il pourrait s’agir d’une chapelle ruinée dédiée à Saint-Michel seulement signalée par l’encyclopédie Quid ? Une autre chapelle apparaît également à la Petite Serenne sous le titre de Saint-Roch. R. Collier la rencontrée à moitié abandonnée, rectangulaire, à chevet plat, à trois travées… Notons une inscription intéressante encastrée dans le contrefort gauche de la façade ouest : « 1650-1719-S… RSS ». Cela semble situer la chapelle dans le temps : destruction, reconstruction (p. 227). Sur le cadastre napoléonien elle figure au hameau des Hugues section L 4, parcelle 856. Quant au cimetière il est encore à la même place signalée par le cadastre, entre les deux hameaux de la Grande et de la petite Serenne.

 

448. Paroisse de Melezen. Eglise Saint-Sébastien

 

Cette paroisse, au temps de l’abbé Féraud, est composée des hameaux de Melezen, d’Intra, d’Arua, de Serre, des Hautes et Basses-Molles et de Champ Grandès. Population totale, 200 âmes. Elle est située au NNO de Saint-Paul le long du Riou Mounat qui se jette dans l’Ubaye. Altitude entre 1600 et 1800 mètres. Pour le même abbé, l’église paroissiale, sous le titre de Saint-Sébastien, fut construite en 1785. Il n’y avait auparavant qu’une chapelle que l’on convertit en presbytère (p. 216). Elle figure sur le cadastre napoléonien avec le cimetière en section K 4, parcelles 605 et 606 dans le hameau dit le Rua, à l’emplacement du hameau actuel de Mélezen. Seule, Wikipedia signale que dans le mobilier de l’église Saint-Sébastien (1785) au hameau de Mélezen, figurent une croix de procession en métal argenté du XVIIe siècle, classée, et un ciboire d’argent du siècle suivant.


 

449. Paroisse de Maurin. Eglise Saint-Antoine. Chapelles Notre-Dame des Neiges et Saint-Antoine.


Elle est située d’après l’abbé Féraud au NE de Saint-Paul et comprend les hameaux de Combremond, de Maljacet et de Barge qui abritent 400 âmes. A l’extrémité du terroir et côtoyant la frontière avec l’Italie, les hameaux sont perchés à plus de 1900 mètres d’altitude et comme le fait remarquer Féraud la terre ne permet pas la culture des céréales mais offre seulement des pâturages abondants. Il décrit ensuite l’église paroissiale, sous le titre de Saint-Antoine, ermite, placée entre les hameaux de Maljacet et de Combremond. Sa construction est du douzième siècle …. Cette église passe pour être l’une des plus belles de la région. R. Collier pense qu’elle a été reconstruite suite à l’avalanche survenue en 1531 et qui l’avait démolie ou fortement endommagée (p. 196). Le cadastre napoléonien la signale au quartier des Sagnes comme église en section E 4 parcelle 618 accompagnée du cimetière.


Au hameau de Maljasset le cadastre signale une chapelle, parcelle 699, qui pourrait correspondre à une chapelle dédiée à saint Antoine. Le cadastre mentionne également un édifice à proximité du hameau de la Combe Brémond, section E 3 parcelle 452 et le nomme Chapelle de St Roch. Enfin, au hameau de la Barge s’élève une petite chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Neiges, section E 6, parcelle 1122.


 

450. Paroisse de Tournoux. Chapelle de Gleizolles


Elle est située au sud du chef-lieu, à 6 km sur la rive droite de l’Ubaye. L’abbé Féraud indique qu’elle est composée du village de Tournoux et du hameau des Gleisolles avec une population de 280 âmes. Il fait remonter le village à une haute antiquité avec la présence d’un général romain, puis aux XIe et XIIe siècles d’une succursale des Templiers. L’église paroissiale, dédiée à saint Thomas, apôtre, serait à l’emplacement d’un temple dédié à Jupiter. R. Collier en fournit une description détaillée où il apparaît qu’elle relève du XVe et XVIe siècle avec la base du clocher remontant à la période romane (p.196-197). Elle est signalée par le cadastre en section J 1 parcelle 800 avec le cimetière.


 

La paroisse de Tournoux desservait le hameau de Gleizolles où s’élève une chapelle dédiée à saint Jacques et saint Philippe. Collier en donne une brève description : de cette petite chapelle ouverte à tous vents, il ne subsiste plus guère que la travée de chœur, voûtée sur croisée d’ogives. Le profil des nervures consiste en un tore, pris entre deux autres, moins épais. La voûte est en pierres de taille. Il existait au moins une autre travée. On se trouve ici sans doute au début du XVIe siècle (p. 177). Le reliquat de la chapelle a été restauré.


 

451. Chapelle Sainte-Marie-Madeleine au Col de Vars


Le Col de Vars est situé à 2108 mètres d’altitude reliant la Vallée de l’Ubaye à celle de la Haute Durance (Guillestre). Un historique de cette chapelle est donné par le site Internet du Diocèse de Digne. Elle fut construite au milieu du XIXe siècle succédant à un hospice pour les voyageurs et les pèlerins. Cet hospice avait été construit et géré par les Frères de la Madeleine, ordre fondé au XIIe siècle pour jalonner les voies de pèlerinage de relais hospitaliers. Enfouie dans la neige une bonne partie de l’année, elle fait l’objet d’un pèlerinage annuel, le 23 juillet, jour de la fête de la sainte.

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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Forcalquier. La commune, de 2778 hectares, est située au sud de Forcalquier dans un milieu de plateaux et de collines à l’altitude moyenne de 500-600 mètres. Elle est limitée au sud par le Largue et quelques ruisseaux arrosent son territoire. Vitalisée durant l’Antiquité par le passage de la voie domitienne, la commune a livré de nombreux sites répartis depuis le Néolithique jusqu’à la période romaine (CAG, n° 192, p. 428-433). Elle a intégré en 1974 la commune de Lincel. Si la période gallo-romaine est bien représentée, le début du IIe millénaire a été également propice pour l’installation de plusieurs communautés religieuses. La population en 1315 dépassait les 800 habitants, une des plus importantes de la contrée.

 

439. Eglise Saint-Michel

Elle est située au haut de la colline où s’étage le village. C’est pourquoi elle est dite la plus haute église ou l’église haute par rapport à l’église paroissiale Saint-Pierre élevée au centre du village. La première mention semble relever des années 963 ou 967 lorsque l’évêque de Sisteron, Ours, fait don au monastère de Ganagobie, outre les églises de Peyruis et des hameaux d’Aris et d’Abuse, de l’église Saint-Michel 1. Aucun auteur ne semble avoir relevé cette citation à part Abbayes et Prieurés qui mentionnent un prieuré donné à Cluny par l’évêque Ours (après 967), uni à la mense abbatiale de Ganagobie (p. 73). On ne sait combien de temps le prieuré demeure dans les mains de Ganagobie, mais, en 1118, on apprend, par une bulle du pape Gélase II, que le prieuré dépend de l’abbaye Saint-André-de-Villeneuve 2. Le prieuré jouxte l’église Saint-Michel qui est desservie en 1274 par un capellanus et au XIVe siècle par un prior (Pouillés, p. 116 et GCN I, col. 472). Il conserva une communauté monastique jusqu’au XVe siècle selon Abbayes et Prieurés. L’église est datée communément du XIIe siècle mais a subi de nombreux remaniements ultérieurs 3. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 avance la date du XIe siècle et reconnaît qu’à la plus haute église on y dit sept ou huit messes par an (2 V 73, n° 208). A l’époque de l’abbé Féraud, on avait oublié son histoire, le village est dominé par une antique église attenante au presbytère ; la tradition, appuyée sur des titres, porte qu’en ce lieu était jadis un couvent de moines (p. 335).

 

440. Chapelle Saint-Jean-de-Fuzil

Elle est située 2000 mètres au nord du village au quartier d’Aurifeuille 4. Elle a d’abord appartenu à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. En 1045, Adalaxia, fille de Boniface de Reillane décédé, donne, de son propre alleu, la moitié de la villa appellé Fuzilis, avec la moitié de l’église, etc. Le seigneur Raimbaud de Reillanne, archevêque d’Arles, est témoin. Durant ce même XIe siècle, dans la vallée de Reillanne, in Fuzils, l’abbaye possède quatre très bonnes manses que tient Bermundus Tranca Vias et qui doivent rendre, tous les ans, quatre modiées de bon blé annone (CSV I, n° 657, p. 650 et n° 42, p. 65). Ce n’est qu’en 1274 que l’on apprend la titulature de l’église : prior Sancti Johannis de Fusillis (Pouillés, p. 116). Le prieuré va devenir au XIIe siècle une dépendance de Saint-André-de-Villeneuve (Provence Romane 2, p. 86). Le site du prieuré qui est sur le carrefour de deux voies présumées antiques a révélé une occupation du Bas-Empire et du haut Moyen Age (CAG, p. 433). L’ancienne église est citée tout au long du XIXe siècle comme une chapelle rurale où l’on dit la messe trois fois par an, elle est qualifiée de passable. Il ne subsiste de la période romane du XIe siècle que l’abside appareillée et voûtée en cul-de-four. La chapelle fut restaurée et inscrite aux MH en 1979 (Provence Romane 2, p. 86 et R. Collier, p. 145).

 

441. Prieuré Saint-Paul

La première mention de ce prieuré date de 1274 où il est cité en compagnie de l’église Saint-Michel, ecclesia Sancti Paoli (Pouillés, p. 116). Il est desservi par un recteur au XIVe siècle, rector ecclesie Sancti Paoli (GCN I, Inst. col. 472). C’est Provence Romane 2 qui nous apprend que le prieuré dépendait de Carluc et donc de Montmajour. Il en donne une description qui fait constater qu’il ne subsiste de l’église qu’une minuscule chapelle rectangulaire couverte de lauzes. Il la compare à un oratoire qui ne constitue qu’une faible partie du prieuré de la seconde moitié du XIIe siècle. Il a été classé MH en 1930 5. La CAG signale un site antique et préhistorique, avec des tombes sous lauzes et des sarcophages au sud du prieuré. Il est probable que la chapelle a été élevée à l’emplacement même d’un mausolée antique (p. 432). Elle est située à 600 mètres au sud du village aux abords de la D 105. Cassini n° 122, la signale en ruine et au XIXe siècle elle n’est pas citée comme chapelle rurale.

 

442. Prieuré Hôpital Notre-Dame d’Ardène

Il est cité par les Pouillés en 1274, hospitale de Ardenna (p. 116) et Atlas et R. Collier font remonter sa fondation en 1209 (p. 197 et 145). Abbayes et Prieurés le cite comme prieuré Notre-Dame d’Ardène, dépendant de l’abbaye Saint-André-de-Villeneuve. La CAG situe au prieuré d’Ardène, hospitia médiéval du XIIIe siècle, un relais antique présumé le long de la via Domitia, site antique et sarcophage (p. 430-431). Très restauré et propriété privée, il subsiste quelques traces de l’architecture romane. La chapelle est signalée en état par Cassini au quartier dit le Prieuré. Elle est située au SSE du village non loin du Largue aux abords de la N 100, sur le tracé probable de la voie domitienne et de la route médiévale d’Apt à Sisteron selon le cadastre de 1813.

 

443. Eglise Saint-Sauveur

Cette église est mentionnée par les Pouillés en 1274, ecclesia Sancti Salvatoris juxta Delphinum (p. 116). Elle est encore citée au XIVe siècle avec un prior Sancti Salvatoris propre Dalfinum (GCN I, Inst. col. 471). Elle est en effet située à l’est de la commune non loin de la limite communale avec celle de Dauphin. D’après la CAG dans le quartier St-Sauveur, à l’emplacement des ruines du village et de l’église du même nom, situées à environ 500 m à l’est des Eyssautiers et à 600 m du tracé supposé de la via Domitia (altitude : 430 m), site antique. La crypte de l’église Saint-Sauveur, enfouie sous un cabanon, servait probablement de lieu de culte durant l’Antiquité. Aux alentours, sarcophages en pierre (p. 431). Ce sont les seuls renseignements existant sur cette église, Cassini et le cadastre napoléonien l’ignorant totalement.

 

444. Chapelle Saint-Siméon

Elle est située sur l’ancienne commune de Lincel, au SE du village le long de la N 100, sur le passage de la voie médiévale et de la voie domitienne. R. Collier la met sous la double titulature de Sainte-Madeleine et de Saint-Syméon et ajoute qu’elle est mentionnée en 1155 (p. 140). Ce serait lors d’une bulle promulguée par le pape Adrien IV. Avec Atlas, nous apprenons qu’elle relève au XIIe siècle du chapitre de Forcalquier (p.180). C’est ce que confirme le GCN au XIVe siècle où la paroisse de Lincel dépend du chapitre de Forcalquier avec un chanoine prébandé, prebandatus de Lioncello (I, Inst. col. 471). Elle n’est pas signalée par la carte de Cassini mais figure par contre sur le cadastre de 1833, avec une abside en hémicycle orientée au NE (Section B 1, parcelle 326). R. Collier rapporte que cet humble édifice, en partie ruiné, est composé d’une nef et d’une abside en cul-de-four. L’appareil de taille indique le Moyen Age, sans doute le XIIIe siècle. Il est possible que cette chapelle soit la première paroisse ; établie en milieu ouvert, aux abords d’une voie de passage, sa titulature à sainte Marie-Madeleine a été reprise par l’église du castrum. Cette dernière est datée du XIIIe siècle (Collier, p. 120).

 

Synthèse

Saint-Michel offre au moins quatre édifices remontant à la période du haut Moyen Age. Saint-Jean-de-Fuzil, Saint-Paul, Ardène, et Saint-Sauveur sont tous implantés sur des sites antiques ayant livré en outre des sarcophages et des tombes sous lauzes. La richesse du terroir qui avait attiré les colons romains a également favorisé l’implantation de plusieurs abbayes, Saint-Victor, Montmajour, Saint-André-de-Villeneuve. Elles se sont installées sur les décombres antiques et de la période carolingienne, les mêmes sites offrant toujours les meilleures conditions de vie.

 


1 GCN I, col. 684 et note 2. GC II, p. 29. Les dates de l’épiscopat d’Ours divergent selon ces deux ouvrages. Le texte est tiré du Livre vert.

2 Le prieuré est confirmé en 1165 par un accord établi entre Pierre IV archevêque d’Aix et Pons abbé de Saint-André (GCN I, Inst. Aix, col. 12).

3 Description : Provence Romane 2, p. 179-186. R. Collier, p. 72, 75, 78, 96, 97, 458, 459, 461. Bailly, p. 46.

4 Nous ignorons pourquoi Alpes Romanes 2 et R. Collier placent cette chapelle à l’est du village alors qu’elle est au nord.

5 Provence Romane 2, p. 185-186. R. Collier, p. 96-97.

 

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