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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui chef-lieu de canton. Cette vaste commune de 4842 hectares occupe une partie des pentes sud de la montagne de Lure et une plaine arrosée par la Laye. Elle est située à l’ouest de la commune de Cruis et au nord de Forcalquier. En 1315, elle est composée de deux habitats principaux, Saint-Etienne avec 260 habitants et Les Orgues avec 125 habitants. En 1471 les deux communautés ne totaliseront plus que 70 personnes. C’est à partir de cette période que la communauté des Orgues va disparaître. Saint-Etienne va devenir le centre de la vallée et regrouper la population qui va atteindre les 1200 habitants en 1851. Au XVe siècle elle élève une église paroissiale à l’emplacement d’une chapelle dédiée à saint Etienne. En 1073 Guilelmus Calcia, son épouse Domidia, leurs fils Ugo, Guillaume et Bertrand donnent à l’abbaye de Saint-Victor in valle Ausonica l’église qui est consacrée au protomartyr saint Etienne avec le cimetière et les offrandes qui appartiennent à cette église (CSV II, n° 683, p. 22-23). C’est la seule mention de cette église dépendant de Saint-Victor, elle n’est plus citée par la suite 1.

 

414. L’abbaye de Lure

En effet le territoire va changer de main à partir du XIIe siècle quand va être fondée vers 1165 l’abbaye chalaisienne de Lure. Des donations avaient été faites par plusieurs seigneurs de la contrée, en particulier Foulques des Orgues, en faveur de Guiges abbé de Boscaudon, pour fonder une filiale. Le comte de Provence Guillaume IV confirma ces donations en 1191, puis de nouveau en 1207. Le texte de la première donation étant perdu, celui de 1207 cite les domaines appartenant à l’abbaye, dont une maison ou grange dans la vallée de Saint-Pons de Lure, ainsi qu’un cellier dans la vallée de Saint-Etienne et aussi un moulin que les moines pourront construire où ils voudront dans la vallée de Montlaux. Les limites des propriétés s’étendent du four Juramaria jusqu’au delà la combe de Lauthier (Bouche II, p. 168). Outre ces biens l’abbaye en possédaient d’autres dans d’autres communes et avaient également la charge et les bénéfices de certaines églises, dont celle de Saint-Etienne 2.

 

415. Les Orgues

En 1315 le castrum des Orgues comptait 125 habitants et on a reconnu un certain Foulque des Orgues, Fulco de Alsonicis, faisant des dons vers 1170 avec d’autres seigneurs de la région à l’abbé de Boscodon pour fonder une abbaye dans le territoire. Il était situé au sud du territoire sur une colline à l’altitude de 600 mètres. On ne sait rien de ce castrum sinon que son territoire est déclaré inhabité vers l’an 1400. Il devait posséder une église paroissiale dont on ignore tout.

 

416. Chapelle Saint-Joseph

Elle est citée comme chapelle rurale lors des visites pastorales du XIXe siècle et on assure qu’elle est décente. Lors de l’inventaire de 1906 on la situe à 300 mètres sur la route d’Ongles. Elle est placée immédiatement après le cimetière qui fut construit en 1828. L’édifice est orienté vers le nord, à 10 ° et est perpendiculaire à la route. On y accède par un escalier de cinq marches qui conduisent d’abord sous un auvent de un mètre de profondeur. La façade est ornée d’une porte et d’une ouverture fermées par un grillage et des barreaux, ce qui permet d’examiner l’intérieur. Celui-ci est couvert par une voûte en berceau, le chœur en hémicycle, les murs crépis laissant apparaître un décor peint. Un autel récent, en maçonnerie, supporte un tabernacle et un gradin sur lequel repose une statue en plâtre de saint Joseph et de l’Enfant Jésus. Les murs extérieurs sont entièrement crépis et la toiture, en parfait état, est couverte de lauzes.

 

417. Chapelle Saint-Sébastien

Elle est citée en même temps que la précédente, sur la même route, mais à 1500 mètres selon l’inventaire qui ajoute qu’elle date de 40 ans. Orienté à 310°, c’est un petit édifice entièrement crépi. L’encadrement de la porte est formé d’une plate-bande dont le linteau et les piédroits sont décorés d’une moulure. Le linteau est constitué de deux sommiers et d’une clef décorée d’une croix portant la date gravée de 1855. Les piédroits reposent sur une base en saillie et l’encadrement est en avant du nu du mur.

 

Synthèse

Quand est donnée à Saint-Victor l’église Saint-Etienne en 1073, celle-ci existe déjà et est dans les mains d’une famille de laïcs. C’est elle qui perçoit les dîmes et les offrandes. Ancien bien d’église accaparé lors des troubles, sa fondation peut remonter au haut Moyen Age. C’est un phénomène assez courant mais qu’il n’est pas toujours évident de détecter. Ici, le cas est assez clair avec un sanctuaire spolié par des laïcs au Xe siècle, en milieu ouvert et dédié au premier martyr chrétien. C’est autour de lui que va se former le village avec une nouvelle église qui reprend le même titulaire et qui a donné son nom au territoire. Après Saint-Victor ce sont les moines chalaisiens qui vitalisent le terroir. Les deux chapelles Saint-Joseph et Saint-Sébastien semblent bien être des chapelles de protection élevées au XVIIIe et XIXe siècle.

 


1 Quelques renseignements sont fournis par PELLOUX L., Notices géographique et historique sur les communes du canton de St-Etienne-les-Orgues, Forcalquier, 1887, p. 3-27.

2 Sur cette abbaye, Souvenirs Religieux, p. 62- 67. Laplane, II, p. 399-402. Provence Romane 2, p. 240-242. Abbayes sœurs de l’Ordre de Chalais, p. 53-54. Abbayes et Prieurés, p. 67-68. R. Collier, p. 75, 78, 93-94, 107, 151, 354.

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. La commune est située au sud de Riez, à la sortie des gorges du Verdon. Elle ne couvre plus que 1370 hectares sur les 1997 qu’elle comptait avant que soit créé le lac de Sainte-Croix en 1975. La population a progressé de 300 habitants en 1315 pour culminer à 456 en 1851. Sainte-Croix apparaît lors de la confirmation par le pape des prieurés relevant de Saint-Victor en 1098, où est mentionnée l’ecclesia sancti Crucis. Puis de nouveau en 1135, sancte Crucis. Et enfin en 1337, prioribus vero de sancta Crux ; de sancta Cruce 1. Les Pouillés de 1274 et 1351 citent le prior Sancte Crucis (p. 108 et 111). Le 8 octobre l’évêque de Riez Foulques achète de Raimond de Barras une partie du castrum et du territoire de Sainte-Croix. Dans le même temps Raimond Bérenger V vend l’autre partie à l’évêque pour 4000 sous raimondins 2. C’est ce que constate l’abbé Féraud : la seigneurie du lieu a appartenu très longtemps aux évêques de Riez. L’église paroissiale est dédiée à la Sainte-Croix. Elle date du XVIe siècle. La fête patronale est la Transfiguration (6 août), vulgairement Saint-Sauveur (p. 148). R. Collier est plus prudent : l’église paroissiale, dédiée à la sainte Croix, daterait du XVIe siècle, mais une restauration complète en a été effectuée en 1834 (p. 380). Il est probable qu’à la suite des guerres et de la peste l’église originelle, l’ecclesia sancta Crucis citée au XIe siècle, ait été ruinée et rebâtie ou plutôt qu’elle se trouvait ailleurs.

 

413. L’ancienne église Sainte-Croix 

En effet c’est l’abbé Féraud qui signale que l’on trouve au bas de la plaine de Sainte-Croix, les ruines d’une ancienne église bâtie par les Templiers qui avait longtemps servie de paroisse. Les Templiers ne sont autres que les moines de Saint-Victor qui possédaient ce prieuré depuis au moins 1098 et qui le détenaient encore en 1337. Il est possible que l’église du prieuré soit la première paroisse, située en effet au bas de la plaine et près du Verdon. Il n’en reste rien, le cadastre de 1825 et la carte de Cassini n’apportant aucun indice. De plus, le site doit être maintenant sous les eaux.

 

Synthèse

Il y eut, comme souvent dans d’autres paroisses, une première église paroissiale située en milieu ouvert et qui a laissé place à une nouvelle élevée dans le castrum.

 


1 CSV II, n° 697, p. 39 ; n° 844, p. 226; n° 1131, p. 616 et 623. 

2 Enquêtes, n ° 558, p. 357-358, note 4. RACP, n° 380, p. 462. GCN I, Inst. Riez, XX, col. 380-381, texte intégral.

 

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Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. Cette petite commune de 865 hectares est située à l’ouest de celle de Reillanne et en limite avec le département du Vaucluse. Après avoir été habité par 70 personnes en 1315, le territoire est déclaré inhabité en 1471. La population va se relever progressivement pour atteindre les 207 habitants en 1851. Les premières données sur les églises et les abbayes à partir du XIe siècle sont confuses. Guérard, dans son Index Général des Noms du cartulaire de Saint-Victor attribue tout un lot de chartes faisant référence à une ecclesia sancta Crucis in valle Rellianae 1. Or, en examinant ces textes, on s’aperçoit que cette église Sainte-Croix serait située plutôt vers Montjustin et Montfuron. D’autre part, la commune de Sainte-Croix faisait partie du diocèse d’Apt et certaines chartes classent l’église dans le diocèse d’Aix. Les Pouillés du diocèse d’Aix la citent en même temps que les églises de Reillanne, Villemus, Montfuron et Montjustin (GCN I, Inst. Aix n° XL, col. 48), mais elle n’est pas mentionnée par les Pouillés du diocèse d’Apt. Nous n’avons pu pour l’instant résoudre ce dilemme. Ce qui est certain, par contre, c’est la donation faite vers 1113 par l’évêque d’Apt Augier à ses chanoines de plusieurs églises, dont celles de Montsalier, Vachères, Oppedette et Sainte-Croix (Monte Celio, Vacherias, Oppeda et S. Crucis) 2. Enfin, la dernière donnée fait dépendre Sainte-Croix de l’abbaye de Carluc au XIe siècle, puis de l’abbaye de Cruis au XIVe siècle et enfin de Montmajour au XVIe siècle 3. Il faudrait pouvoir déterminer parmi ces trois données quelles emprises Saint-Victor, le chapitre d’Apt et Montmajour ont effectivement eues sur le territoire de Sainte-Croix. Il est possible que Saint-Victor n’ait eu en sa possession que des biens terrestres consistant en vignes et terres, c’est ce qui ressort des chartes concernant Sainte-Croix. Le chapitre d’Apt est en possession de l’église paroissiale et des revenus qui en découlent. Quant à Carluc, il est probable qu’il ait été à la tête d’un prieuré rural situé en dehors de l’agglomération. En effet, le cadastre de 1833, signale en section A 1, parcelle 237, un bâtiment dit Ste-Croix à 200 m au NE du village qui pourrait constituer le prieuré.

Si l’abbé Féraud date l’église paroissiale du XVIIIe siècle, R. Collier n’est pas du même avis : l’église appartient à cette catégorie de tradition romane, bien que sa nef, d’une seule travée,  soit aujourd’hui plafonnée. L’arc triomphal, en plein cintre, à pilastres rectangulaires, à impostes à méplat et doucine, semble du XIIe siècle. Le chœur actuel est formé par une travée droite, et un mur le sépare de l’abside, en cul-de-four, prise extérieurement dans un massif de maçonnerie. Le clocher-tour, accolé au chœur, peut, quoique bien repris, remonter dans l’ensemble au XIIe siècle. Il est en partie en appareil de taille soigné ; son étage supérieur, percé de baies en plein cintre, est séparé de l’inférieur par une moulure composée d’un méplat et d’une doucine ; il subsiste des vestiges de bandes lombardes (p. 151-152).

 

412. La chapelle Saint-Didier

R. Collier est le premier à signaler que la chapelle du cimetière était inconnue jusqu’à ces dernières années, enfouie sous la terre et la végétation. La nef a presque entièrement disparu, mais le choeur se maintient, avec une voûte sur croisée d’ogive, en bon appareil et en bon état. Les nervures, composées d’un tore à méplat ou à arête et de deux gorges larérales, se prolongent dans les angles sous forme de colonnettes, ayant des chapiteaux polygonaux ou du type « bobine ». Arcs formerets. Fin XIVe, début XVe (p 177-178). La CAG signale dans la chapelle Saint-Didier, à la sortie orientale du village, à l’occasion d’un chantier de restauration a été trouvé un fragment d’inscription funéraire (p. 401). Elle ne figure ni sur le cadastre de 1833 ni sur Cassini, preuve déjà de sa ruine à ces dates. Cette chapelle, en milieu ouvert, sur un site antique, pourrait relever des églises pré castrales. Restaurée.

 

Synthèse

Les données confuses ne permettent pas d’avoir une vision précise de l’état de la paroisse et des prieurés éventuels. La dépopulation à la fin du XVe siècle n’a pas favorisé la perennité des lieux de culte, en particulier ceux de Saint-Didier et de Sainte-Croix.

 


1 CSV II, p. 759. N° des chartes : 408, 410, 413, 416, 420, 421, 422, 843, 844, 848, 988, 1071.

2 Cartulaire de l’église d’Apt, Vicomte Oscar de Poli, Paris, 1900, n° 59, p. 18-19.

3 Provence Romane 2, p. 188. Atlas, carte n° 75. Féraud, p. 187. Souvenirs Religieux, p. 53. Abbayes et Prieurés, p. 30.

 

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Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Annot. La commune d’une superficie de 2103 hectares s’étage de chaque côté du torrent du Coulomp, où la vallée est située en moyenne à l’altitude de 600 mètres. Au nord et au sud le territoire monte jusqu’à 1000 mètres d’altitude. Au milieu du XIe siècle, une partie du territoire fait partie du domaine de Pons Silvain d’Annot appelé Sigomania. Est cité le lieu-dit Lara se trouvant sur la commune de Saint-Benoît (Voir Annot). Pons Silvain en fait don à l’abbaye de Saint-Victor. Ce n’est que 200 ans plus tard que va être fondé un prieuré sous le titre de Saint-Benoît par le monastère Saint-Dalmas-de-Valdeblore, filiale de l’abbaye piémontaise Saint-Dalmas de Pedona. C’est autour de l’église que va se former le village, les habitants ayant abandonné le site de hauteur de Villevieille où ils s’étaient réfugiés 1.

R. Collier date l’origine de cette église du XIIIe siècle : cette église, d’un style roman très prolongé, contient une particulatité : le mur du chœur n’est pas le mur extérieur est de l’église, mais ce dernier double le premier à une certaine distance ; en appareil de taille (pierres allongées), percé de deux baies à ébrasement interne, en plein cintre, il formait le chevet d’une église datant du XIIIe siècle ou du début du XIVe, en avant duquel on a construit l’actuelle ; on voit d’ailleurs, à droite et à gauche, le départ des murs primitifs (p. 144). Au XIXe siècle, outre la paroisse de Saint-Benoît, va être érigée en paroisse en 1843 celle de Ourges associée à celle de Jausiers, bien que ce dernier hameau soit sur la commune d’Ubraye, mais beaucoup plus proche d’Ourges que d’Ubraye (Féraud, p. 298). L’église est sous le titre de Notre-Dame de l’Assomption. Elle est aujourd’hui en mauvais état, sans toiture. Sur la paroisse de Saint-Benoît sont recensées au XIXe siècle deux chapelles rurales.

 

410. Chapelle Notre-Dame au Plan du Coulomp

Elle n’est mentionnée qu’une seule fois, en 1891, une chapelle au Plan du Coulomp (2 V 93). La carte de Cassini n° 153 la cite sous le titre de Notre-Dame, au lieu-dit Plan du Collon, près du confluent du Coulomp avec la Vaire. Il n’en subsiste plus rien à l’heure actuelle.

 

411. Chapelle de la Vierge

Non signalée par la carte de Cassini elle figure sur le cadastre de 1830 sous le nom de Notre Dame avec une abside en hémicycle orientée vers le NE. C’est sous cette appellation qu’elle est citée plusieurs fois. D’abord, en 1858, une chapelle rurale, à 100 pas du village, dédiée à la Ste Vierge, qui a besoin d’être recrépie et blanchie, surtout à l’intérieur. Puis en 1866, 1870 et 1876, où elle a toujours besoin de réparations. Elle est encore citée comme chapelle rurale en 1891, 1918 et 1912 2. Elle est toujours en bon état.

 

Synthèse

Il n’existe pas d’indices de paroisses pré castrales même si le territoire semble dépendre de celui d’Annot au XIe siècle et forme, entre Méailles et le pont de la Reine Jeanne le territoire de Sigomania. Le seul édifice en milieu ouvert, près du torrent et sur la terrasse fertile du Coulomp, qui pourrait être antérieur au castrum, est la chapelle disparue de Notre-Dame. Mais aucun indice ne vient confirmer cette hypothèse.

 


1 POTEUR J.-C et SALCH Ch.-L., « Les villages à nom de saint, en Provence Orientale au Moyen-Age », Le village en Provence, Mouans-Sartoux, 1985, p. 65.

2 1858, 1870, 1876 (2 V 86). Les autres dates, 2 V 93 et 95.

 

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune s’étend sur la rive droite du Verdon au nord de Castellane sur 4746 hectares. Elle regroupe plusieurs anciennes communautés et communes, C’est d’abord la réunion de la communauté de Troins à la fin du XVIIIe siècle, puis le rattachement de Méouilles en 1857, enfin de la commune de Courchons en 1966.

 

COURCHONS

Cette ancienne commune était située au sud de Saint-André sur la rive droite du Verdon dans un milieu montagneux, les principaux hameaux s’étageant entre 1200 et 1300 mètres d’altitude. Comme le relate l’abbé Féraud le site de ce lieu le rend très-froid en hiver. Les 1125 hectares du territoire n’ont jamais pu accueillir plus de 200 habitants. Il n’en restait que 7 en 1962. Le castrum de Corchono est cité en 1226 lors de l’hommage prêté par Boniface de Castellane à R. Bérenger (Bouche I, p. 915). En 1315, la population atteint 125 habitants pour se réduire à 20 en 1471 (Atlas, p. 174). Le peu de population n’a pas incité l’autorité ecclésiastique à y fonder une paroisse, car aucune église n’est citée entre 1278 et 1376. L’enquête de 1278 est formelle : il n’y a aucun prélat dans ledit castrum ni aucune personne religieuse. Il n’y a pas de biens ecclésiastiques (n° 854, p. 432). L’augmentation de la population au XVIIe et XVIIIe siècle, 189 habitants en 1765, a favorisé la création d’une église paroissiale. Elle dépend de la paroisse de Moriez et l’évêque la visite en 1697 (2 G 17, f° 131). Achard nous fait connaître ses titulaires, les patrons de l’église sont S. Jacques et S. Philippe, Ste Magdeleine, S. Jacques et S. Christophe et un prêtre exerce les fonctions curiales (I, p. 486). R. Collier contredit l’abbé Féraud quand ce dernier date l’église de 1699. Il estime qu’il faut lire 1609 (p. 210-211). Cela semble très vraisemblable car l’évêque de Senez la visite en 1697. Elle est aujourd’hui à l’état de ruine, il ne subsiste que la façade et les murs latéraux, il n’existe plus de couverture. Il n’y a jamais eu de chapelle rurale sur le territoire.

 

TROINS

La situation de Troins est semblable à celle de Courchons, étant perché au nord de Saint-André, dans le même milieu montagneux. L’Issole le traverse du nord au sud pour rejoindre le Verdon. C’est au hameau du Seuil et dans quelques rares bastides qu’il faut reconnaître l’habitat. Le cadastre de 1835 ne recense qu’un hameau, celui du Seuil, comprenant une dizaine de maisons et une église (section B 5, parcelle 15). En 1315, il existait 29 feux, soit 150 habitants, en 1471 le territoire est reconnu inhabité. Il va se repeupler lentement pour atteindre les 45 habitants à la fin du XVIIIe siècle, moment où la commune est rattachée à celle de Saint-André. Il ne subsiste actuellement que quelques murs de l’église paroissiale dédiée à saint Michel. Elle est recensée lors de l’enquête de 1278 : l’église paroissiale, dont le prieur est appelé de son prénom Guillaume, est à la collation du seigneur évêque de Senez (p. 435, n° 864). Puis vers 1300 et 1386, ecclesia de Troynis, ecclesia de Troinis (Pouillés, p. 290 et 293).

 

407. Les deux tours et la chapelle Saint-Jean

Le castrum de Troins est cité en 1237 avec celui de Mura (RACP, n° 277, p. 364). La même enquête de 1278 indique également que l’hospitalier dudit lieu a donné une sétérée de terre de R. Fulcone de Troyns, terre qui est près de l’église Saint-Jean, c’était du temps où le seigneur Boniface tenait la terre de Castellane. Cet hospitalier pourrait être d’un ordre de chevalerie, templier ou hospitalier, plutôt hospitalier car l’église est dédiée à saint Jean, les Templiers préférant saint Michel. La carte de Cassini signale à Troyns deux édifices, l’un nommé la Tour, l’autre la Tour des Templiers Rne. On retrouve les deux tours dans la section B 6 du cadastre de 1835. L’une est rectangulaire (parcelle n° 7), l’autre est de forme carrée et accompagnée d’une chapelle en ruine (parcelles 12 et 13). Cette dernière présente une abside en hémicycle orientée vers l’est et semble en état. Il pourrait s’agir de l’église Saint-Jean citée en 1278. Sur la présence d’un ordre chevaleresque à Troins il n’existe que la mention de Cassini. R. Collier cite la tour romane de Troins faisant partie d’un système fortifié de la vallée du Verdon entre Beauvezer et Saint-André (p. 311). Les deux tours sont signalées en ruine sur les cartes actuelles, mais la chapelle n’y figure plus. Elles sont situées à 1500 mètres au sud du hameau abandonné du Seuil et sont distantes l’une de l’autre d’à peine 200 mètres.

L’abbé Féraud en 1844 fournit une description de ces deux tours : on trouve, sur un mamelon qui domine la vallée d’Isole, une tour assez curieuse. C’est un bâtiment carré en forme de clocher, construit, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, avec des pierres aussi carrées et dont la taille est seulement ébauchée. Ces pierres sont liées par un ciment si solide que le bâtiment s’est assez bien conservé. Cette tour communiquait avec une chapelle dont le sanctuaire existe encore. Sur un autre mamelon, on aperçoit les ruines d’une autre tour (p. 268-269). Pour J.-C. Poteur le donjon carré de Troins a été construit entre 1173 et 1218. C’est la période durant laquelle le comte de Provence soumet les seigneurs rebelles, en particulier ceux de la région de Castellane, qu’il fait construire ou conquiert des châteaux qu’il confie aux Templiers ou aux Hospitaliers 1. Le donjon mesure extérieurement 6,30 x 6,30 m avec des murs de 1,80 m d’épaisseur et offre une surface intérieure de 5,50 m² 2. Le fait qu’il existe deux forteresses à quelques 200 mètres de distance peut faire penser que l’une a été construite pour faire le siège de l’autre.

 

MEOUILLES

Rattachée en 1837, l’ancienne commune s’étendait sur la rive gauche du Verdon à une altitude comprise entre 800 et 1000 mètres. Le nom apparaît sous la forme de Medulla lors de l’enquête de 1278 où l’église paroissiale dudit castrum dont le prieur est seigneur A. Bonifilius est à la collation du seigneur évêque de Senez. Gaufridus Balbus et dame Dulcia sont les seigneurs dudit castrum (n° 828, p. 428). Elle est encore citée par les Pouillés vers 1300 et 1376, ecclesia de Medulla, ecclesia de Medulha (p. 290 et 292). Quand l’évêque la visite le 25 mai 1697, ce sont les chanoines de Senez qui sont prébandés audit lieu (2 G 17, f° 77). L’église est sous le titre de saint Martin. Après avoir été une annexe de la paroisse de Saint-André, elle redevient paroisse au cours du XIXe siècle, mais aujourd’hui n’est plus qu’une simple chapelle en cours de restauration dont il subsiste quelques éléments de structure romane (Atlas, p. 194).

 

SAINT-ANDRE

Contrairement aux autres communautés le village n’est pas installé en pleine montagne, mais dans une petite plaine, aux abords du Verdon, à l’altitude moyenne de 900 mètres. Il fut peu touché par la crise du XVe siècle, car de 150 habitants en 1315, il ne subsistait encore 100 en 1471. Par la suite, la population atteint presque les 1000 habitants en 1851, chiffre équivalent de nos jours (Atlas, p.194). Saint-André est cité en même temps que Méouilles en 1278 et est desservi par le même prieur : l’église paroissiale dudit castrum dont le prieur est seigneur A. Bonifilius est à la collation du seigneur évêque de Senez. Seigneur G. de Signa et seigneur Bt. de Rochavaria sont les seigneurs dudit castrum (n° 860, p. 424). Cette église accompagnée du cimetière va être démolie lors de la construction d’une nouvelle sur un autre emplacement en 1849 (Collier, p. 373-374). Les visites pastorales du XIXe siècle signalent deux chapelles rurales 3.

 

408. Chapelle Saint-Jean-du-Désert

C’est sous cette appellation qu’est citée cette chapelle à partir de 1858. Elle est dans un état convenable et en 1894 on signale qu’on y a fait des réparations. L’enquête sur les lieux de culte fait remarquer que la chapelle de S. Jean Baptiste, date de 40 ans environ, sans autorisation légale. Le curé y dit la messe le jour de S. Jean et quelquefois pendant l’année à la demande des habitants (2 V 73, n° 9). Cette datation semble vraisemblable car la chapelle n’apparaît pas sur la carte de Cassini ni, semble-t-il, sur le cadastre de 1838. Elle est située dans un site isolé, un désert, près de la route qui monte au nord sur la rive droite de l’Issole.

 

409. Chapelle Notre-Dame

Elle est citée aux mêmes dates que celle de Saint-Jean mais on signale qu’elle est en litige avec la paroisse. L’enquête sur les lieux de culte nous en apprend un peu plus : chapelle de la Ste Vierge, très ancienne et dont la famille Honnorat garde la clef, parce qu’elle s’en dit propriétaire, sans autorisation écrite. La paroisse s’y rend en procession trois ou quatre fois par an et le curé y dit la messe le dimanche après la Nativité de la Ste Vierge, pour la fête de S. André et le jour de S. Joseph. R. Collier en donne une brève description : chapelle Note-Dame (privée) date du XVIIe s., derrière une façade apparemment du XIXe. Double, elle comprend deux nefs accolées, voûtées d’arêtes, et divisées, chacune en deux travées par un doubleau avec pilastres à impostes. Les nefs ouvrent l’une dans l’autre par deux arcades brisées portant sur des piliers ronds, à socles carrés et à chapiteaux de plan carré, mais d’angles abattus (p. 225). Il est probable que cette chapelle a été spoliée lors de la Révolution et a été gardée par les propriétaires. Elle est signalée par la carte de Cassini.

 

Synthèse

Les édifices paroissiaux de trois communautés paraissent relever de la période castrale, celui de Courchons étant plus tardif. Aucun indice ne permet d’en trouver d’autres plus anciens.

 


1 C’est en 1188 qu’Alphonse Ier fait le siège de Castellane et que Boniface se soumet.

2 POTEUR J.-C., Les grands donjons romans de Provence Orientale, Centre d’Etude des Châteaux-Forts, 1995, p. 22. « Les ordres militaires et la stratégie comtale en Provence Orientale (XIIe-XIIIe siècle) », Guerres et fortifications en Provence, CRDO, Mouans-Sartoux, 1995, p. 11-29.

3 1858, 1870, 1876 (2 V 90). 1884, 1890, 1894 (2 V 93).

 

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