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communes

Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. La commune est située au nord de celle de Reillanne et s’étend sur 2342 hectares dans une zone de plateaux à l’altitude moyenne de 800 mètres. L’occupation humaine se révèle particulièrement dense durant l’Antiquité (CAG n° 227, p. 484-488). La population a culminé à 650 habitants aux XVIIIe et XIXe siècles. La première mention de Vacherias remonte aux environs de 1113 où l’évêque d’Apt Laugier donne à ses chanoines plusieurs églises dont celles de Montsalier, Vachères (Vacherias), Oppedette et Sainte-Croix (Poli, n° 59, p. 18-19). Le castrum de Vacheria est établi sur un plateau et s’est fortifié dès le début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 225). Son église paroissiale dédiée à saint Christophe s’appuie sur le rempart et on a vu qu’elle dépend du chapitre cathédral d’Apt. Elle va perdurer jusque vers 1865, moment où elle est abandonnée pour une nouvelle église construite au pied du village. Elle va se détruire au fil des ans et être vendue à un particulier. Il n’en reste plus de maigres restes. Elle est datée communément du XIIIe siècle avancé 1.

 

547. Notre-Dame de Bellevue

Pour l’abbé Féraud c’est une ancienne église que l’on voit dans la plaine, aujourd’hui chapelle rurale sous le vocable de Notre-Dame-de-Belle-Vue. Elle est très vaste et fort régulière et à trois nefs. La principale est seule voûtée depuis quelques années seulement. Cette église appartenait à une petite communauté de religieux Franciscains ; elle est en grande vénération à cause des prodiges qui s’y sont opérés (p. 385). Lors des visites pastorales de 1859, 1863, 1866, elle est dite chapelle rurale Notre-Dame de Bellevue, mais le 28 novembre 1894 : chapelle rurale ND de Bellevue dont la voûte est tombée, les offices ne s’y font plus, on se propose de la réparer (2 V 90 et 94). Pour R. Collier, la chapelle Notre-Dame de Bellevue semble bien dater de la fin du XIe siècle, quoique très remaniée, transformée et mutilée (ainsi la voûte manque). Le mur sud, principalement, avec son petit appareil assez régulier, en lits bien rangés, atteste assez nettement cette époque. Sur la façade ouest se voit encore une fenêtre géminée, d’époque romane, en partie refaite depuis lors (p. 57). Provence Romane est du même avis : Notre-Dame de Bellevue est un édifice relativement vaste pour une église rurale. Formule évoluée du premier âge roman (p. 245). Elle comporte en effet une nef à trois travées, mais il manque le chœur et le transept. C’est aujourd’hui une propriété privée située au nord du village.

 

548. Chapelle Saint-Ambroise

C’est encore une chapelle romane abandonnée, transformée en bergerie, située près du domaine de la Conseillère à 600 mètres au SSO du village. Elle est déjà détruite au XIXe siècle car elle n’est pas mentionnée comme chapelle rurale. Seul Provence Romane 2 en donne une description (sous le titre de Saint-Roch, ce qui est une erreur) : la chapelle occupe un site occupé par l’homme dès les temps préhistoriques et à l’époque romaine. L’édifice, couvert de lauzes et parementé en moellons peu réguliers, …, se compose d’une nef de deux travées voûtées en berceau et d’une abside semi-circulaire. Le monument présente toutes les caractéristiques d’une construction du début du XIIe siècle, sinon plus ancienne (p. 245-246).

 

Synthèse

Il semblerait que la chapelle Notre-Dame de Bellevue soit la première paroisse de la communauté de Vachères, avant la construction du castrum et de l’église Saint-Christophe. Il est probable que c’est elle qui est citée en 1113 parmi les églises données au chapitre et appartenant à l’évêque, ce qui veut dire qu’elle existait déjà avant cette date. C’est un vaste édifice, à trois nefs, capable de recevoir une population nombreuse. La chapelle Saint-Ambroise, elle aussi, paraît remonter d’avant l’enchâtellement et pouvait constituer un prieuré indépendant.

 


1 Collier, p. 121. Provence Romane 2, p. 246. Elliot 1, p. 168.

 

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Barcelonnette. Les deux communes réunies en 1974 totalisent 13544 hectares et sont situées au sud de la ville de Barcelonnette. Elles sont traversées du sud au nord par le torrent le Bachelard qui se jette dans l’Ubaye. C’est en 1790 qu’elles deviennent des communes à part entière, auparavant elles faisaient partie de la communauté de Barcelonnette. Le milieu montagneux, l’étendue du territoire a favorisé l’éclosion de nombreux hameaux et par là d’églises succursales et de chapelles. A l’époque de l’abbé Féraud Fours comprenait trois paroisses et Uvernet quatre.

 

FOURS

540. Paroisse de Fours

Comme le relate l’abbé Albert, Fours est situé dans un vallon étroit, bordé de rochers et de montagnes. Le hameau est en effet à 1608 mètres d’altitude dans le vallon du Bachelard. Il dénombre 139 maisons et 750 personnes dispersées en une vingtaine de hameaux. La commune s’étire sur deux grandes lieues et l’église paroissiale est bâtie au milieu de cette distance (I, p. 223). Elle est dédiée à saint Laurent martyr et R. Collier en fournit une brève description : on peut retenir la date gravée sur la porte de 1689. Sa nef, de quatre travées, est voûtée d’un berceau surbaissé, pénétré par de profondes lunettes triangulaires. Les retombées de la voûte se font sur de forts pilastres rectangulaires, saillants, à impostes moulurées. Le chevet affecte la forme d’un cul-de-four gauchi en « fer à cheval ». La porte, en plein cintre, moulurée de deux cavets, a des impostes d’ordre toscan dégénéré. Le clocher-tour, qui flanque l’église vers le chœur, se termine en une pyramide que, naguère, de jolis bardeaux gris recouvraient (p. 214).

 

541. Paroisse de Bayasse

Le hameau de Bayasse et les autres hameaux sont encore plus hauts perchés en remontant le torrent du Bachelard, à plus de 1850 mètres d’altitude. L’abbé Albert reconnaît que l’on a accordé en 1778 le statut de succursale aux habitants du quartier. L’église est bâtie dans le hameau des Bellons et est sous le titre de saint Louis, roi de France. Elle dessert huit hameaux situés à proximité. Malgré cette église, les difficultés de circulation, surtout en hiver, ont obligé les habitants à se pourvoir de chapelles. C’est ainsi que l’on rencontre en descendant la vallée,

. la chapelle Sainte-Anne aux Cordiers,

. la chapelle Notre-Dame de la Lumière aux Longs

. la chapelle Saint-Jean-Baptiste à Goudine

. la chapelle Saint-Jacques au Villard-des-Arnauds

. la chapelle Saint-Blaise près du hameau ruiné du Verger

 

542. Paroisse de Ville-d’Abas

Elle est située en aval de Bayasse et est composée, selon Féraud, de plusieurs hameaux rassemblant 180 âmes. L’église, sous le titre de saint Marc, fut érigée en paroisse en 1820 d’après R. Collier et elle est composée d’une vaste travée centrale voûtée d’une coupole aplatie sur pendentifs et limitée par quatre arcs en plein cintre (p. 383). 200 mètres au nord de l’église a été bâtie une petite chapelle au Vésinat.

 

UVERNET

543. Paroisse d’Uvernet

Pour l’abbé Féraud, la paroisse d’Uvernet comprend le village et les hameaux des Allarics, du Conninguiou, du Chastellaret, de La Combe, de La Tourrache, les Inonduous et du Rouget. Total : 200 âmes. Elle fut démembrée de la paroisse de St-Pons en 1698 pour être érigée en cure. Eglise sous le titre de St-André et date de 1677. Fête patronale : jour de la Visitation (2 juillet) et attire un grand concours (p. 211). A l’époque de l’abbé Albert, la paroisse est desservie par un prêtre qui s’occupe également de la paroisse de Moulanès. Pour R. Collier, l’église paroissiale daterait de 1677. En tout cas, elle atteste le XVIIe siècle. Sa nef s’allonge sur deux travées, voûtées d’arêtes et coupées par un doubleau retombant sur des pilastres à dosseret. A gauche, une petite chapelle latérale, avec berceau à pénétration triangulaire de lunettes. Le chœur, plus bas que la nef et introduit par un gros doubleau, est voûté d’arêtes avec des compartiments bombés. Enfin, un clocher-tour, de section carrée, se dresse à l’angle du chœur (p. 221).

 

544. Paroisse des Agneliers

L’abbé Féraud nous renseigne sur cette paroisse qui fut démembrée de la paroisse St-Pons en 1652. Elle est composée de 6 hameaux : les Agneliers, St-Pierre, Chancellaye, Morjouan, Mallune, le Rouchas. Total : 150 âmes. Eglise dédiée à Saint-Jean-Baptiste (p. 211). Au temps de l’abbé Albert il existe par contre deux églises paroissiales, une aux Agneliers sous le titre de Saint-Jean-Baptiste et l’autre à Mourjuan sous le titre de Notre-Dame de Pitié avec un curé qui passe 8 mois aux Agneliers et 4 mois à l’autre. Il y a un prêtre à Chancelaye pour desservir l’église (p. 220). Cette paroisse comprend donc :

. une église paroissiale aux Agneliers sous le titre de Saint-Jean-Baptiste, située aux Agneliers Bas,

. une chapelle, qui fut un temps paroissiale, à Morjuan, dédiée à Notre-Dame-de-Pitié,

. une chapelle à Chancelaye, signalée ruinée par les cartes modernes.

 

545. Paroisse des Molanès

Pour l’abbé Féraud, la paroisse de Moulanès était autrefois, depuis 1698, une annexe où le curé d’Uvernet était obligé de résider la moitié de l’année. 8 hameaux : Moulanès, les Marteaux, le Rochas, le Villaret, les Moïs, le Forest et Prarostan. Total : 180 âmes. Eglise dédiée à Saint-Jean-Baptiste et a pour fête patronale la Nativité de la Vierge (p. 211-212). R. Collier date l’église du début du XVIIIe siècle. L’abbé Albert nous apprend qu’il existe à Moulanès un prieuré d’ancienne fondation dont le revenu annuel produit la somme de 1200 livres. Les biens de ce prieuré consistent en une maison, en des fonds de terres et en partie de la dîme du terroir de la communauté de Barcelonnette. On croit que ce prieuré, occupé aujourd’hui par un ecclésiastique séculier, appartenait anciennement aux religieux de St-Benoît (p. 221). Il associe l’origine du prieuré aux moines de Boscodon qui en se rendant à Laverq pour y fonder un monastère, s’arrêtèrent à Moulanès et y bâtirent un petit monastère. On peut situer ce prieuré au lieu-dit le Couvent situé au sud de Molanès et que le cadastre de 1832 nomme le Prieuret.

 

546. Paroisse de La Maure

Du temps de l’abbé Albert, cette paroisse qui dépendait de Saint-Pons fut érigée en église succursale en 1778 (p. 220). L’abbé Féraud y dénombre quatre hameaux : Maure, le Pied-de-Maure, la Fournière, Praloup. Total : 200 âmes. Eglise dédiée à St-Barthélemy (p. 212). On dénombre dans cette paroisse,

. l’ancienne église paroissiale de La Maure dédiée à saint Barthélemy,

. une chapelle rurale au Pied de la Maure, encore en état,

. une chapelle ruinée aux Jauberts, mais qui dépendait de la paroisse de Saint-Pons

. une chapelle moderne, dédiée à saint François d’Assise à la station de Pra-Loup

Toutes les églises et chapelles mentionnées sont encore en état, sauf celles que nous indiquons ruinées.

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Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Annot. D’une superficie de 3565 hectares, la commune est située au sud d’Entrevaux dans un milieu montagneux qui a acueilli cependant plus de 600 habitants au XVIIIe siècle. L’habitat est dispersé en plusieurs hameaux établis entre 900 et 1200 mètres d’altitude. Le nom d’Ubraye apparaît en 1125 dans le cartulaire de Lérins accompagné d’un nom d’homme qui sert de témoin dans une charte concernant Briançonnet, Bertrannus de Ubraia (CL n° CXCVII, p. 200). L’enquête de 1278 nous informe que le seigneur évêque de Glandèves tient dans sa main l’église paroissiale dudit castrum et qu’il n’y a pas d’autre maison religieuse. Le seigneur roi est seigneur dudit castrum qu’il tient sous son dominium et qu’il possède dans ledit castrum les justices (n° 830, p. 426). Le castrum était établi sur la colline située immédiatement au NE du village où le cadastre napoléonien de 1830 place une tour et qu’il nomme le château, altitude 1047 m.

Le village, au pied de la colline, renferme une église dédiée à saint Julien dont R. Collier donne une brève description : bien que très reprise, surtout extérieurement, cette église peut être encore considérée comme romane en grande partie. La nef comporte trois travées voûtées en berceau brisé, avec doubleaux rectangulaires retombant sur des pilastres. A la naissance de la voûte, moulure en gros quart-de-rond formant imposte sur les pilastres. L’abside, en cul-de-four, est nettement plus basse que la nef. Le bas-côté nord, ouvrant par de grands aracades en plein cintre avec impostes en quart-de-rond, est voûté d’arêtes. Clocher-tour avec baies en plein cintre. L’appareil est en pierres de taille mais pas très régulières. Au total, nous devons être ici en présence d’un XIIIe siècle avancé (p. 116).

 

532. Le prieuré Saint-Martin

A un peu moins de 1000 mètres au nord du village, est cité par la carte IGN le lieu-dit St-Martin. Abbayes et Prieurés nomment parmi les prieurés du diocèse de Glandèves, à Ubraye, le prieuré Saint-Martin (p. 174). Le cadastre napoléonien en section A 3 parcelle 1254 signale un bâtiment avec une croix dit St Martin. Il est placé au bord du chemin d’Ubraye à Jaussiers. Il est également mentionné par la carte de Cassini. Par la suite, il n’en est fait plus aucune mention, les visites pastorales de la fin du XIXe siècle n’en parlant pas.

 

533. Le prieuré de Jaussiers

C’est encore le cadastre napoléonien qui signale en section A 1, parcelle 175, un bâtiment dit le Prieuré. Orienté vers le nord il se présente avec une abside en hémicycle. Il est situé à quelques 400 mètres au sud du hameau de Jaussiers et à l’est de Notre-Dame des Neiges. Il côtoie à l’ouest le Ravin des Combes. On peut le situer à la cote 931 signalée par la carte IGN. Il est probable que ce prieuré ait servi d’église paroissiale avant sa destruction et son abandon. Il n’y a pas en effet d’édifice religieux à Jaussiers et nous savons qu’au XIXe siècle, c’est l’église d’Ourges sous le titre de Notre-Dame de l’Assomption qui sert de lieu de culte pour les habitants (voir monographie de Saint-Benoît).

 

534. Chapelle Notre-Dame de la Rivière

Elle est située au NNE du village au bord du Ruisseau de Laval, isolée et en pleine campagne. Elle est régulièrement citée lors des visites pastorales de la fin du XIXe siècle, de 1856 à 1884. Elle est qualifée de chapelle rurale Notre-Dame (2 V 86 et 93). Le 18 mars 1912, elle est dite Notre-Dame du Mont Carmel et il est signalé que la toiture a été remise à neuf (2 V 95). Dans le quartier de la Condamine, elle a été entièrement restaurée par la municipalité en 2008.

 

535. Succursale Saint-Pons du Touyet

Le Touyet ou Touillet, selon Cassini, est un hameau situé au SO d’Ubraye qui est composé à l’époque de l’abbé Féraud de 26 maisons divisées en plusieurs groupes plus ou moins rapprochés. La population est de 136 âmes. Le Touyet n’était d’abord qu’une annexe d’Ubraye ; il fut érigé en succursale par le dernier évêque de Glandèves. Son titre de paroisse lui a été rendu en 1807 (p. 299). L’église est sous le titre de saint Pons.

 

536. Notre-Dame des Neiges

Elle est située en pleine montagne à l’ouest de Jaussiers à 1100 mètres d’altitude. Le site Internet de la commune d’Ubraye indique qu’elle a été bâtie à la fin des années 1800 par une famille de Rouainette en mémoire d’une jeune fille décédée accidentellement. Il ajoute qu’en 2009 une centaine de tuiles ont été acheminées à pied par les habitants afin de restaurer la toiture en très mauvais état. Elle est en effet signalée en ruine par la carte IGN. Elle figure en état sur le cadastre napoléonien de 1830 dans le quartier dit Notre Dame des Neiges en section A 1, parcelle 423 dite chapelle. En 1866, elle est qualifée de chapelle domestique, c’est-à-dire dans une propriété privée. Elle est dans la campagne, éloignée, où l’on ne célèbre la Ste messe que le jour de ND des Neiges, petite mais en bon état et très bien ornée. En 1870, elle est située sur le chemin de Saint Jean et en 1884 la chapelle Notre Dame des Neiges est assez propre 1.

 

537. Succursale Saint-Sébastien de Rouainette

Rouainette est un hameau situé à l’extrémité ouest de la commune 500 mètres au sud du village de Rouaine qui se trouve dans la commune d’Annot. C’est pourquoi la paroisse a dépendu de Rouaine à cause de cette proximité et de l’éloignement d’Ubraye. C’est néanmoins une église succursale, c’est ainsi que Cassini la qualifie, de même les visites pastorales du XIXe siècle. Le patron de la paroisse est saint Louis.

 

538. La chapelle Saint-Joseph de Rouainette

Il est signalé au XIXe siècle une chapelle rurale sous le titre de Saint-Joseph. Elle apparaît en 1866 où il est reconnu qu’elle a besoin de quelques réparations. Encore citée en 1870 et 1876, le 13 août 1883, la chapelle rurale St-Joseph a été récemment restaurée, on a ajouté un campanile et placé une cloche (2 V 86 et 93). Elle figure en état sur le plan cadastral de 1830 ainsi que sur la carte de Cassini n° 153. Aujourd’hui, elle est mentionnée en ruine à 200 mètres à l’ouest de Rouainette.

 

539. Chapelle Saint-Barthélemy de Laval

Laval est un hameau situé au sud de la commune au bord de de la D 10 à environ 1000 mètres d’altitude. Il est équipé d’une chapelle qui a pour patron saint Barthélemy. Elle est en très bon état.

 

Synthèse

Le milieu montagneux a favorisé l’éclosion de plusieurs chapelles et églises succursales et Ubraye en est bien pourvu. Le XVIIIe siècle, avec 637 habitants en 1765, alors qu’en 1851 on n’en comptait plus que 237, a favorisé ces fondations. Laval, le Touyet, Rouainette font partie de ces églises ou chapelles élevées à cette période. On repère deux chapelles de protection ou élevées suite à un vœu, Saint-Joseph et Notre-Dame des Neiges. Les deux prieurés de Saint-Martin et de Jaussiers, ainsi que la chapelle Notre-Dame de la Rivière peuvent être beaucoup plus antérieures, mais on ne connaît pas leur fondateur ni la date de leur érection.

 


1 Visites de 1866, 1870, 1876 (2 V 86), 1884 (2 V 93).

 

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Faisait partie du diocèse d’Embrun et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune s’étend dans le bassin du même nom sur un plateau vallonné riche en pâtures et terres à céréales. L’habitat est dispersé en fermes et petits hameaux. Le village s’est établi en contrebas d’une butte dominant la plaine. Le sommet de la butte abritait une tour dont le village a tiré son nom, castrum de Turrias, cité vers 1050. C’est à cette date que les moines de la Villa Jugurnis (Gigors) reçoivent un manse des mains de Pierre de Roset qui l’avait reçu de mon seigneur Pierre de Mison vicomte et c’est sous le conseil de mon seigneur Isoard son fils que je le donne volontiers au monastère (CSV 2, n° 695, p. 37). En 1095, le pape Urbain II confirme que la paroisse de Turriers dépend des moines de Saint-Victor, puis l’archevêque d’Embrun confirme à Saint-Victor la possession de deux églises, l’une dédiée à sainte Marie, l’autre à saint Geniès (CSV 2, n° 840 et n° 699, p. 41-42).

 

527. L’église Notre-Dame des Neiges

On a longtemps pensé que cette église était juchée au plus haut de la colline dominant le village suite aux affirmations des anciens historiens et qui de plus la confondaient avec celle de Saint-Geniès. C’est d’abord l’abbé Albert, en 1783, qui relate que l’église paroissiale de Turriers avoit été anciennement sous le titre de S. Geniez. On en bâtit dans la suite une autre qui est sous le titre de Notre Dame des Neiges. Cette seconde église qui subsiste encore en haut du village est presque aujourd’hui abandonnée et on fait depuis plus d’un siècle toutes les fonctions paroissiales dans l’église de S. Antoine, second patron de la paroisse (p. 289). Puis Achard en 1788 : l’église sous le titre de Notre-Dame des Neiges subsiste en haut du village, elle est presque aujourd’hui abandonnée, les fonctions se font dans l’église saint Antoine, second patron de la paroisse. Enfin l’abbé Féraud : elle était alors au haut du village ; mais depuis deux siècles environ, elle est tombée en ruines, et les offices divins sont célébrés dans celle de Saint-Antoine, patron du lieu (p. 464).

Or plusieurs données viennent contredire ces affirmations. C’est d’abord une demande faite par les habitants à l’archevêque d’Embrun d’édifier une chapelle dans le village à cause de l’éloignement de l’église paroissiale, surtout en hiver à cause de la neige. La demande est exaucée le 5 février 1477 avec la construction d’une chapelle dédiée à saint Antoine ermite 1. C’est ensuite la carte de Cassini qui place sur la colline un oratoire dit du Verger et Notre Dame aux Neiges près du hameau du Mouriers, à l’emplacement du cimetière. Enfin, en 1920, la toiture de Notre-Dame menace ruine et lors de la séance du conseil municipal du 27 avril 1929, il est décidé la démolition complète de cette ancienne chapelle qui nous a servi d’église paroissiale jusqu’en 1477. Il ne reste plus aucune trace de l’édifice sauf une légère élévation du terrain au centre du cimetière orientée nord-sud. Le hameau du Mouriers est situé en contrebas du village, en milieu ouvert, non défensif. Sa proximité du castrum a permis à la première église de continuer son office de paroissiale pendant quelque temps. Seul le cimetière a perduré jusqu’à nos jours. La délocalisation de l’habitat issue de la création du castrum est ici encore bien marquée.

 

528. L’église Saint-Geniès

Mentionnée en 1095, sa localisation est fournie par la carte de Cassini, avec le symbole représentant une chapelle et le nom St Geniès. Le lieu-dit n’apparaît plus sur les cartes modernes, mais on peut le situer à l’est de Crève-Cœur, à 1 000 mètres à vol d’oiseau à l’ouest du village. Le cadastre napoléonien de 1837 signale une chapelle en section B 1, parcelle 139. Nicole Michel d’Annoville a repéré les restes sommairement conservés d’un petit bâtiment orienté d’environ 20 m² (5 x 4). Ils y auraient eu des sépultures aux abords 2. La carte de Cassini et le cadastre signalent également deux moulins sur le ravin de Piebes proche du site. Nous sommes ici également en présence d’un édifice et d’un cimetière issus des premières paroisses rurales, mais condamnés lors du changement d’organisation de la société.

 

529. Chapelle Saint-Pierre de Gière

Elle était située dans le centre du hameau de Gière qui comptait 15 familles à l’époque de l’abbé Albert. G. Andreeti nous apprend qu’en 1713, on y place une cloche et en 1862 on y installe un chemin de croix. Il n’en reste plus rien aujourd’hui.

 

530. Chapelle du Forest-Loin

Comme son nom l’indique, c’est un hameau éloigné du chef-lieu et une chapelle y est établie, mais on ne sait à quelle date, sans doute au XVIIIe siècle, période où la population fut la plus florissante, plus de 600 habitants en 1765. On ne connaît pas le titulaire sauf à partir de 1863 où elle en reçoit des nouveaux. G. Andreeti nous renseigne encore : en 1806, on y met une cloche. En 1863 elle est reconstruite par les habitants, bénie de 25 mai, jour où l’on a canonisé les 26 martyrs du Japon qui en sont les patrons (fête le 25 juillet). La nef a disparu et il ne subsiste que la ruine du chevet. Sur le cadastre de 1837 elle est signalée comme un édifice presque carré en section A 1, parcelle 299.

 

531. Chapelle de la Fontaine

Elle est seulement signalée par le cadastre napoléonien comme Chapelle en section B, parcelle 890, jouxtant une fontaine se trouvant au croisement de deux chemins, l’un appelé chemin de Turriers à Sisteron, l’autre montant au village. Elle n’est mentionnée par aucune source et on ne connaît pas sa titulature. Il n’en reste rien.

 

Synthèse

Les deux églises faisant partie des premières paroisses, Saint-Geniès et Notre-Dame des Neiges, ont disparu. Citées au XIe siècle, elles précèdent le castrum et sont établies en milieu ouvert, non défensif. Quand elles échoient à Saint-Victor, elles existent déjà et peuvent remonter à l’époque carolingienne, période durant laquelle la villa de Gigors, aux mains des Victorins, s’étendait dans tout le bassin de Turriers.

 


 

1 Document fourni par ANDREETI Guy, Turriers – Recueil de notes, Turriers, 1994, p. 61-62 et 69.

2 MICHEL D’ANNOVILLE Nicole, Etude documentaire du terroir de Turriers, SIVOM, janvier 2001.

 

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Barcelonnette. La commune a été formée en 1790 en distrayant un « quartier » de la commune de Barcelonnette, quartier comprenant cependant 3280 hectares. Elle s’étend à l’ouest de Barcelonnette, de chaque côté des rives de l’Ubaye qui concentre principalement l’habitat à une altitude moyenne de 1000 mètres. Puis, la montagne monte de chaque côté en dépassant les 2200 mètres d’altitude. L’abbé Albert en 1783 dénombre 104 maisons et 550 habitants (p. 240-241) et l’abbé Féraud en 1854 594 âmes (p. 212). L’église paroissiale, dédiée à saint Martin de Tours, dont le portail est le reste d’une église gothique antérieure, offre une nef haute et large à trois travées voûtées d’arêtes, aux doubleaux plats retombant sur des pilastres à dosseret… Le chœur, en retrait de la nef et plus bas, est constitué par une travée carrée, voûtée d’arêtes ; l’arc triomphal, surbaissé, repose sur des pilastres qui reçoivent la continuation de l’entablement de la nef. Il s’agit de la fin du XVIIe siècle ou du XVIIIe siècle. Seuls, le portail qui porte la date de 1520 et le clocher sont antérieurs (Collier, p. 199 et 225).

 

526. Succursale et chapelles

Six hameaux sont disposés de part et d’autre de l’Ubaye, le plus important étant celui des Prats qui comptait 20 familles en 1783 et 135 habitants en 1854. La chapelle, sous le titre de saint Jean, fut érigée en église succursale au cours du XVIIIe siècle selon l’abbé Féraud. C’est ainsi qu’elle figure sur la carte de Cassini n° 152. Trois chapelles furent bâtiées dans les hameaux de Miraval, aux Guérins et au Clot-Meyran, celle de Miraval étant dédiée à saint Joseph. Les quatre édifices sont toujours en état.

 

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