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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. La commune de Saint-Laurent-du-Verdon est sise sur la rive droite du Verdon entre les communes de Sainte-Croix-du-Verdon au nord et de Quinson au sud. Avec ses 889 hectares, elle a atteint péniblement les 200 habitants en 1851. De 130 habitants en 1315, elle n’en possède plus que 10 en 1471, soit deux familles (Atlas, p. 196). Entre 1240 et 1245, sous le règne de Raimond Bérenger V, l’évêque de Riez, Foulque de Caille, reçoit en donation les châteaux de Montpezat et de Saint-Laurent que le comte avait confisqué à Spada et à Guillaume d’Esparron (RACP, n° 399, p. 488). Par la suite, le 8 décembre 1309, Pierre Gantelmi, évêque de Riez, prête serment de fidèlité au roi Robert pour entr’autres Saint-Laurent. Et le 17 octobre 1466, Marc Lascaris de Tende, évêque de Riez, fait le dénombrement de ses possessions, dont in loco de Sancto Laurentio est dominus pro media parte et major dominus (seigneur pour la moitié du lieu de Saint-Laurent et comme seigneur majeur) 1. Bartel est le seul à révéler cette possession des évêques de Riez (p. 64). L’église paroissiale est, en 1274, desservie par un vicarius Sancti Laurentii (Pouillés, p. 106), mais elle n’est pas recensée par les Pouillés en 1351 ni par le GCN au XIVe siècle. Il est possible que la première vague de peste noire qui a sévi entre 1347 et 1351 ait dépeuplé le terroir et que l’église n’était plus alors en service.

Le village et l’église paroissiale dédiée à saint Laurent sont implantés dans un milieu ouvert sur un site antique. Près de l’église furent mises au jour des tombes sous tuiles, un sarcophage en plomb et un peu partout dans le village des tegulae ont été repérées, peut-être même un fragment de borne milliaire de la voie reliant Brignolles à Riez et passant à Saint-Laurent (CAG, p. 416, Collier, p. 21-22).

 

433. Chapelle Notre-Dame

Elle est située 1000 au sud du village sur une petite colline à l’altitude de 483 mètres. Dans le même milieu que le village elle a pu faire partie de ces établissements pré castraux. Mais ici aucun indice ne vient apporter quelque lueur. 500 mètres plus au nord au lieu-dit Plan Pélissier des tombes sous tuiles en bâtière furent découvertes en 1958.

 

Synthèse

Cette commune est assez pauvre en éléments bibliographiques et n’a pas attiré les historiens. Il faut reconnaître que les sources sont succinctes et peu riches. Il semble que l’habitat issu de l’enchâtellement ait réoccupé un site antique sans avoir eu besoin de se percher ailleurs.

 


1 GCN I, col. 601 et 620 et Inst. Riez, LVI, col. 411-412. 

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Moustiers. La commune, d’une superficie de 3359 hectares, occupe une partie du plateau de Valensole et des premiers contreforts du Montdenier. Elle côtoie au SE la commune de Moustiers-Sainte-Marie. C’est en 1315 que la population atteint son maximum avec plus de 600 habitants. Réduite à 90 en 1471, elle va parvenir à 547 habitants en 1851 (Atlas, p. 196). En 1096 Saint-Jurs est nommé lors la donation faite par l’évêque de Riez Augier à l’abbaye de Montmajour de la quatrième partie de la dîme du castrum sancti Georgii (GCN, I, Instr., XI, p. 371-372). Le castrum de San Jurs est dit de Reges, de Riez, pour le distinguer de celui de San Jurs de Sarganio (Saint-Jurson). Il est signalé par l’enquête de 1252 (n° 555, p. 357).

L’église paroissiale est desservie par un prévôt, dominus prepositus Sancti Gorgii ou prepositus Sancti Georgii en 1274 et 1351 (Pouillés, p. 106 et 112). Elle est sous la titulature de Saint-Georges et le prévôt est un chanoine de la communauté de Sorps. L’évêque de Riez Foulque II de Caille avait fondé en 1255 une communauté de chanoines réguliers de Saint-Augustin, un monastère de religieuses et une maison hospitalière à Sorps dans la commune de Bauduen (Var), sous la protection de sainte Catherine. L’évêque donne dans le même temps à l’abbaye la charge de plusieurs églises dont celle de Saint-Juers (GC I, p. 346-347). A la suite de la peste qui décime le monastère, plus que trois religieuses sur cent, le pape Eugène IV, par une bulle du 17 avril 1437 supprime la dignité abbatiale du monastère et le convertit en simple prieuré (GC I, p. 372). Les quelques chanoines qui avaient survécu vinrent s’établir à Saint-Jurs en 1433 jusqu’en 1499 année où la prévôté fut définitivement supprimée 1.

R. Collier fournit une description de cette église : l’église paroissiale, dédiée à saint Georges, est perchée sur le contrefort rocheux auquel s’accole le village et embrasse, d’un coup d’œil d’aigle, l’immense panorama du plateau de Valensole et tous les reliefs bleuâtres qui le bordent. Cette église vaut surtout par sa travée de choeur, séparée de la nef au moyen d’une arcade plus basse et plus étroite. Elle est couverte d’une coupole sur trompes, de facture gauche, et ornée de huit larges et plates nervures rayonnant à partir d’un oculus ; cette coupole, qu’encadre de chaque côté une arcade en plein cintre, à deux rouleaux au nord et au sud, à un seul à l’est et à l’ouest, constitue la partie la plus ancienne de l’édifice et remonte vraisemblement au deuxième tiers ou au milieu du XIIe siècle, malgré les recrépissages et les reprises qu’elle a pu subir. Les impostes sont à méplat et à doucine. Peut-être cette travée formait-elle le choeur à l’origine. La voûte, couverte d’une voûte en berceau, restaurée sans doute en 1640, a dû être bâtie postérieurement. Plus large, comportant trois travées, elle est légèrement désaxée vers le nord. La voûte, soulagée de doubleaux, présente un gros cordon en quart-de-rond à sa naissance. Cela peut remonter au XIIIe siècle (p. 100).

 

432. Chapelle Saint-Georges

Dans la plaine et à 500 mètres au nord du village perché se trouve le cimetière de la communauté et une chapelle dédiée à saint Georges. Une nécropole gallo-romaine y a été signalée (CAG, p. 415). Elle comportait des sarcophages, des vases funéraires et des tegulae. La chapelle a été restaurée en 1851 et 1989. R. Collier la décrit ainsi : la chapelle Saint-Georges, jouxtant le cimetière, sa nef forme trois travées, voûtées d’un simili-berceau tardif (XVIIIe ou peut-être même XIXe) ; deux épais doubleaux retombent sur des pilastres saillants ; la moulure courant à la naissance de la voûte et continuant les impostes paraît récente. Des arcs de décharge s’incurvent dans les murs latéraux. Une petite travée prolonge la nef et vient buter contre le chœur qui consiste en une abside en cul-de-four, à fenêtre axiale en plein cintre ébrasée intérieurement ; des impostes à trois ressauts (méplat, cavet, quart-de-rond), sans doute anciennes, marquent la naissance du cul-de-four. Une porte romane, aujourd’hui bouchée, à archivolte en plein cintre et à double rouleau, ouvrait sur la façade sud. Le mur nord a dû être reconstruit, mais le mur sud et l’abside sont en appareil assez régulier, de petites dimensions ; galets ou pierres taillées. Cela peut remonter au début du XIIe siècle. La chapelle a fait l’objet d’une réfection vers 1978 (p. 67-68) 2.

 

Synthèse

La chapelle Saint-Georges apparaît bien comme étant la première paroisse. Implantée sur un site antique, en milieu ouvert, elle peut remonter au haut Moyen Age mais a été reconstruite au début du XIIe siècle.

 


1 Souvenirs religieux, p. 71-73 et 91. Bartel, p. 64-66. Bouche, I, p. 228 et II, p. 309-310.

2 Voir également Alpes Romanes, p. 60, qui fournit une description des deux édifices.

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Mézel. La commune est située au sud de la Bléone et du Chaffaut et côtoie à l’est celle de Mézel. Le territoire de 2114 hectares est composé de vallons et de collines à une altitude moyenne de 700-800 mètres. Il est traversé du nord au sud par le torrent des Cardaires. Peuplé de 200 habitants en 1315, il est déclaré inhabité en 1471 et va se redresser progressivement pour atteindre 331 habitants en 1765 puis 315 en 1851 (Atlas, p. 195). Le vallon des Cardaires a servi de passage pour une voie antique reliant Riez à la Bléone et a révélé plusieurs sites de la même époque (CAG, n° 181, p. 412-414). Le castrum de Sancto Joaneto est cité en 1252 (Enquêtes, n° 552, p. 356). Puis en 1351 c’est l’ecclesia Sanctis Johannis (ou Johanneti) Vallis Mezene dont le titulaire a donné son nom au village et à la commune (Pouillés, p. 112). La paroisse dépend de l’évêque de Riez et est sous le titre de saint Jean l’évangéliste (Bartel, p. 65). Il est probable que c’est à la suite de la dépopulation survenue à la fin du XVe siècle que l’habitat déserté édifié sur la colline qui domine le village actuel ne fut pas réinvesti. Le nouveau village s’installe en contrebas dans le vallon et près du torrent. Une nouvelle église y est construite sous le titre de Notre-Dame d’Espérance sur l’emplacement d’une chapelle qui est sous le titre de Notre-Dame de l’Espinouse. Elle va être reconstruite et aggrandie en 1834 selon l’abbé Féraud avec une seule nef avec une voûte à plein-cintre (p. 113). Elle va être encore rénovée et l’inauguration a lieu le 9 août 2008 en présence de l’évêque de Digne.

 

425. L’ancienne paroisse Saint-Jean

Malgré l’abandon du village perché et la désertification provoquée par la peste et les guerres des XIVe et XVe siècle, la première paroisse va subsister tant bien que mal. C’est elle qui est citée par les Pouilles en 1351 ainsi que le castrum en 1252. L’abbé Féraud décrit ainsi le site : le quartier du territoire qui porte le nom de Saint-Jean, n’offre plus qu’un tas énorme de décombres, quelques restes d’anciens bâtiments et, sur le plateau, l’ancienne église paroissiale. Il paraît que c’était en ce lieu qu’était jadis le village (p. 113). Depuis le déperchement, l’église est devenue une simple chapelle qui menaçait déjà de choir en 1695 et qui, en 1828 encore, était dite en ruine (Collier, p. 163). Mais le cimetière continue toujours son office de champ des morts. Lors des visites pastorales, elle est qualifiée de chapelle rurale, ancienne église paroissiale St-Jean, et humide. Elle est dite l’église antique de St-Jean ou très antique 1. Elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 22 avril 1954 qui la date du XIIe siècle, date conforme aux données. Collier la décrit ainsi : elle ne compend qu’une travée précédée d’une demi-travée, sans bas-côtés. Demi-travée et travée sont séparées par un doubleau en arc brisé à méplat et mouluré. La demi-travée est voûtée en berceau. La travée pricipale est voûtée sur une croisée d’ogives dont le profil est un boudin pris entre deux gorges. Arc triomphal, doubleau et nervures portent sur des culots scupltés de feuillages. Le choeur est formé par une travée à chevet plat (percé d’une niche trilobée) et voûtée sur croisée d’ogives rayonnantes à six branches ; leur profil est celui des nervures de la nef et elles aboutissent à des culots sculptés de mascarons. Des formerets existent le long des murs.

 

Synthèse

On a ici le schéma classique du village perché créé au XIIe siècle, détruit au XVe et abandonné. Seule l’église échappe à la complète destruction. Un nouveau village se crée au pied de la colline près de la rivière avec une nouvelle église paroissiale.

 


1 Visites de 1860 et 1866 (2 V 89) ; 1891 (2 V 93) ; 1893 et 1894 (2 V 94) ; 1908 (2 V 95).

 

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie du Val de Barrême, aujourd’hui dans le canton de Barrême. La petite commune de Saint-Jacques, 466 hectares, est située immédiatement au nord de celle de Barrême et n’a jamais été très peuplée. Le maximum fut atteint en 1315 avec 180 habitants, suivi d’une chute brutale avec 15 habitants en 1471, c’est-à-dire 3 familles.

 

424. La prévôté de Saint-Jacques et l’église Saint-Martin

Dès le début du XIIe siècle est fondée une communauté de chanoines réguliers de la règle de Saint-Augustin dépendant du chapitre de Senez. La première mention d’un prévôt date de 1108 du nom de Willelmus 1. Le monastère où vivaient au XIIIe siècle neuf chanoines, puis cinq au siècle suivant, comportait des bâtiments conventuels avec un cloître ainsi qu’une église dédiée à saint Martin avec comme patron saint Jacques. Eloignée du village, l’église servait cependant de paroisse aux habitants. Lors des guerres de Religion, comme le rapporte Bouche, environ vers l’an 1570 , auquel temps l’Eglise et le Cloitre furent démolis, par l’authaurité du Comte de Carcès Lieutenant du Roy en cette province, et par l’arrest du Parlement, de peur que les Huguenots de Seine, ne vinssent se saisir de cette Maison, pour y faire un fort. L’église va continuer cependant son service avec la présence d’un seul prévôt qui assure le service religieux.

C’est en 1874 comme l’atteste l’enquête sur les lieux de culte de 1899 qu’une petite chapelle est construite au cœur du village à cause de l’éloignement de l’église. Messe et prière du soir tous les jours, baptêmes et catéchisme (2 V 73). Elle reprend la titulature de la première, saint Martin. Elle a été restaurée et inaugurée le 6 juillet 2008. Dans le cimetière jouxtant la première église Bouche et Atlas rapportent qu’on a trouvé des sépultures contenant des pots en terre disposés près de la tête du défunt (Atlas, p. 412).

 

Synthèse

Il apparaît que le village a été créé au moment où les chanoines de Saint-Augustin viennent s’installer dans le pays. Mais l’endroit choisi par eux avait déjà été occupé auparavant, témoin ce cimetière qui peut remonter à la période carolingienne ou même avant.

 


1 Mention fournie par Bouche, T I, p. 927, dans ses additions qui cite un texte de l’historien niçois Gioffredo dans son Histoire de Nice, p. 165. Par ailleurs il donne l’historique de cette prévôté et la liste des prévots (I, p. 247-278). L’Abbé Féraud dans ses Souvenirs Religieux fournit également des renseignements copiés en partie sur Bouche (p. 89-91).

 

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Sisteron. Cette commune s’étend sur 3894 hectares au NE de Sisteron dans un milieu au relief accidenté traversé par le Vançon. Plusieurs communautés indépendantes ont été regroupées au cours des siècles pour ne former qu’une seule commune. Le territoire fut vitalisé très tôt puisqu’il fut le siège de la cité de Théopolis du préfet Dardanus au début du Ve siècle. Une crypte paléo-chrétienne existe encore à Dromon. Enfin, au XIe siècle, Chardavon voit l’implantation de la communauté des chanoines de Saint-Augustin et plus d’une vingtaine de chartes sont consignées dans le cartulaire de Saint-Victor concernant Saint-Geniez. En fait il existait trois communautés, Chardavon qui fut commune à part entière jusqu’en 1861 et les deux castra de Dromon et de Saint-Geniez. Dromon était beaucoup plus peuplé au Moyen Age que Saint-Géniez, 60 habitants à Saint-Géniez en 1315 tandis que Dromon en comptait 390. Mais en 1471, les deux communautés étaient déclarées inhabitées. Le redressement fut lent et progressif pour atteindre 558 habitants en 1851 tandis que Chardavon n’en comptait que 43 (Atlas, p. 195).

 

SAINT-GENIEZ

Le village tire son nom de l’église consacrée à ce saint. Elle apparaît en 1030 comme existant déjà quand l’évêque de Gap fait don à Saint-Victor de l’ecclesia beatii Genesii qui est sita in territorio Dromonensi (CSV, II, n° 712, p. 57-58). Suivent durant le XIe siècle et les suivants plusieurs dons de manses, de terres et de biens in territorio de Dromone, in territorio de castro Dromone 1. Vers 1351, l’église est desservie par un prieur, prior Sancti Genesii de Dromono (Pouillés, p. 89) et les moines de Saint-Victor resteront à Saint-Geniez jusqu’au XVIIe siècle, moment où la paroisse dépendra du chapitre de Notre Dame des Doms d’Avignon. Au sortir des guerres de Religion, en 1602, l’église de saint Genis est toute brutte par dedans, le couvert est rompu et gasté (ADHA G 780). Elle sera réparée assez rapidement.

 

418. Notre-Dame d’Abros

Abros comprenait deux hameaux situés au SE de Saint-Geniez sur les rives du Vançon, Abros et le Petit Abros. Abros semble avoir hérité du statut de paroisse dès le XVIe siècle car quand l’évêque s’y rend en 1602 il qualifie l’édifice d’église et non de chapelle, l’église Notre Dame d’Abroux n’est ni pavée, ni voûtée. En fait Notre Dame est la patronne de la paroisse tandis que les saints Philippe et Jacques en sont les titulaires. C’est ce que confirme l’abbé Féraud, la paroisse d’Abros est sous le titre des apôtres saint Jacques et saint Philippe. Elle fut construite en 1617 (p. 413). En fait cette date correspond à une reconstruction après les dégâts causés par les guerres de Religion. En effet, le castrum de Abrohos est compris dans le baillage de Sisteron en 1537 et il certain qu’il possédait une église paroissiale 2. L’église va perdre son statut de paroisse au cours du XIXe siècle quand l’exode rural va s’accentuer. En 1899, l’église est desservie par le curé de Saint-Geniez (2 V 73). Elle est encore bien meublée lors de l’inventaire de 1906 et mesure 40 m² (1 V 68). Elle va tomber progressivement dans l’oubli, les habitants désertant la vallée. R. Collier l’a visité dans les années 1970 et l’a reconnue très délabrée dominant son hameau ruiné dans la vaste et silencieuse solitude d’une vallée où la forêt ensevelit peu à peu les derniers vestiges de la présence humaine. Elle était formée d’une nef de deux travées voûtées sur simili-croisées d’ogive… L’abside, plus basse et plus étroite que la nef, est voûtée en cul-de-four. Il date l’ensemble du XVIIe siècle (p. 189). Depuis sa visite une partie du village a été restaurée ainsi que la chapelle. Celle-ci présente un chœur orienté vers l’est, ce qui est inhabituel pour une construction du XVIIe siècle. Il se pourrait alors qu’elle puisse remonter au XIIe-XIIIe siècle.

 

419. Notre-Dame de Pitié à La Forest

La Forest est un ancien quartier situé à l’est d’Abros sur la rive gauche du Vançon aujourd’hui complètement déserté depuis plus d’une centaine d’années. La première mention d’un édifice religieux date du 25 avril 1687 lors de la visite de l’évêque de Gap, à La Forest, Notre Dame de Pitié, patronne (ADHA G 786). Elle n’est pas citée lors de la visite de 1602 ce qui indiquerait qu’elle était en ruine. Le castrum de la Forest de Dromont est cité en 1537 en même temps que celui d’Abros. L’église dépend de la paroisse d’Abros dont elle n’est pas trop éloignée. C’est ainsi qu’elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle. Le 21 juin 1858, elle est en réparation et est encore mentionnée en 1862, 1867 et 1873 (2 V 91). L’inventaire de 1906 l’ignore. Depuis, les maisons et la chapelle sont devenus des ruines envahies par la forêt.

 

420. Chapelle de la Roubine

Cet ancien hameau de la Roubine dit aussi Robinette ou Roubinette est situé au SE d’Abros et au sud du précédent. Une chapelle dépendante d’Abros y est élévée pour desservir les fermes disséminées dans la montagne. Elle est citée lors des visites du XIXe siècle en même temps que celle de la Forest. On ne connaît pas son titulaire et l’habitat a subi le même sort que les deux précédents.

 

421. Notre-Dame de Dromon

Dromon est le nom du territoire où coule le Vançon. Il est cité au début du XIe siècle à la fois comme territoire, in territorio Dromone et comme castrum, castrum Dromone, les deux entités étant souvent associées, in territorio de castro Dromone. Le castrum est situé sur un massif rocheux élevé, à l’altitude de 1285 mètres, dominant la plaine de près de 120 mètres. On y a relevé des traces d’habitat de la Protohistoire à l’Antiquité tardive, puis une réoccupation au Moyen Age avec bâtiments, tour de défense, basse-cour et fortifications (CAG, p. 408-409). On connaît l’un des seigneurs du castrum cité entre 1010 et 1040, Willelmus de Dromo qui tient le fief de Dromon (CSV II, n° 981, p. 432). L’habitat était établi au pied du rocher et jusqu’en 1471 était l’agglomération la plus importante de la vallée comme on l’a vu plus haut. La peste et les guerres vont l’anéantir totalement et il ne sera pas rétabli. Seule, l’église paroissiale, Notre-Dame de Dromon, restera le seul témoin de cette vie disparue. Elle est située au nord du Rocher de Dromon et nous renvoyons le lecteur aux nombreuses études qui lui ont été consacrées, en particulier sur la crypte située sous l’église moderne 3.

 

422. Notre-Dame de Chardavon

Chardavon a été commune à part entière jusqu’en 1861, année où elle a été rattachée à Saint-Geniez avec moins de cinquante habitants. Le vocable est cité comme confront lors des donations faites à l’abbaye de Saint-Victor au début du XIe siècle en 1030 et vers 1035, clusa vallis Cardaonis, posterula de rocha Cardaonis (CSV II, n° 713, p. 59 et 718 p. 64). C’est vers 1060 qu’est créée la prévôté de Chardavon sous l’invocation de la Vierge et de Saint-Jean-Baptiste et soumise à la règle de Saint-Augustin. Les chanoines en 1319 étaient au nombre de dix-sept et vingt quatre prieurs desservaient vingt et une paroisses 4. A ce propos un litige s’est élevé entre les chanoines et les moines de Saint-Victor au sujet des églises de Saint-Martin de Cornillon, de Bezaudun et de l’Escale. Il fallut que l’archevêque d’Aix, assisté des évêques d’Apt, de Gap et de Sisteron, intervienne en 1180 pour conclure une transaction par laquelle la paroisse de l’Escale revienne à Saint-Victor, les deux autres aux chanoines (CSV II, n° 870, p. 260-261). Mais en 1385, le monastère est entièrement détruit par des bandes armées et la communauté vient se réfugier à la Baume 5. Seule, semble-t-il, l’église fut conservée.

Celle-ci est sous la titulature de Notre-Dame comme attesté lors de la visite de l’évêque en 1602, mais n’y ayant que les quatre murailles. Le 25 avril 1687 lors d’une autre visite, il est constaté que l’église est un peu éloignée du village. Autrefois la paroisse, sous le titre de saint Roch, allant en ruine, près de laquelle est le cimetière. La nouvelle église est bâtie dans le village, sous le même titre de saint Roch (ADHA, G 780 et 786). C’est en effet le 19 juillet 1671 qu’est bénie la nouvelle église sous le titre de Notre-Dame-de-Consolation avec comme patron saint Roch 6. Il ne reste plus rien de la première église et la seconde est en mauvais état.

 

423. La communauté de la Penne et son église

La Penne est un hameau situé au nord du village de Saint-Geniez sur un vieux chemin allant à Châteaufort dit par le cadastre de 1814 Chemin de Saint-Geniez à La Motte. Le territorium de Pinna est cité comme confront vers 1030 lors des donations faites à Saint-Victor (CSV II, n° 714, p. 60). En 1297, le castrum est cité avec celui d’Antraix tous deux associés à celui de Châteaufort. Il est composé de 20 feux, soit une centaine d’habitants. C’est un nombre suffisant pour que le territoire soit équipé d’une église paroissiale. Elle est citée vers 1350 avec un cappellanus de Penna, puis en 1351 comme ecclesia de Penna (Pouillés, p. 88 et 93). Comme bien d’autres communautés, elle est déclaré inhabitée à la fin du XIVe siècle (Atlas, p. 170). On ne connaît pas sa titulature et a dû être rebâtie au XVIIIe siècle puisqu’elle figure sur la carte de Cassini. Aujourd’hui, il n’en reste rien.

 

Synthèse

Les églises de Saint-Geniez et de Dromon sont clairement identifiées comme étant antérieures à l’enchâtellement, la première existant déjà en 1030, la seconde avec sa crypte du Xe ou XIe siècle. Deux églises sont citées au XIVe siècle outre celle de Saint-Geniez, celles de la Penne et de Chardavon. Celle de Dromon est abandonnée à la fin du même siècle par défaut d’habitants, mais un pèlerinage la sauvegarde. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, une paroisse est fondée à Abros et des chapelles succursales à La Forest et à La Roubine. Aux XVIIe et XVIIIe siècles sont reconstruites les églises de Chardavon et de la Penne.

 


1 Chartes n° 712, 713, 714, 718, 720, 721, 722, 724, 725, 726, 727, 728, 729. 843, 844, 848, 892, 922, 981, 982, 1025, 1131.

2 Laplane, Essai sur l’histoire municipale de la ville de Sisteron, 1840, p. 222.

3 Alpes Romanes, p. 233-238 et Provence Romane 2, p. 84-86 qui fournissent les principales sources bibliographiques.

4 Laplane II, p. 392-398. Souvenirs religieux, p. 85-88. Féraud, p. 445-447.

5 Cité par Laplane II, p. 394 et note 1 : lettres datées du 14 août 1385 autorisant la translation suite au monastère qui a été détruit et totalement dévasté, tant dans les maisons, les animaux, les troupeaux de moutons et tous les autres biens.

6 Le texte de la bénédiction gravé sur une pierre est fourni par Laplane, p. 394, note 2.

 

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