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Faisait partie du diocèse de Digne et de la viguerie de Seyne, aujourd’hui dans le canton de Seyne. La commune, de 2305 hectares, est située en Haute Bléone et possède le même territoire que celui de Verdaches qui lui est limitrophe, mais l’habitat est encore plus haut perché, entre 1200 et 1300 mètres. L’agriculture ne suffit pas à nourrir les habitants qui s’expatrient en hiver. Seuls, le fourrage et l’élevage des brebis et des chèvres, des bœufs et des vaches, mais seulement en été, procurent quelques revenus. Bien peuplé en 1315 avec 500 habitants, la communauté en perd 80 % à la fin du XVe siècle et n’arrive pas à se relever.

Il est probable que le lieu-dit les Auches représente la colonica in Ulegelis recensée par le polyptique de Wadalde de 814 (CSV II, H 40, p. 644). Ce quartier est en effet contigü à celui de Villevieille que nous présenterons plus loin. Le castrum le Vernaro est cité par Bouche au début du XIIIe siècle (p. 271) et correspond à l’habitat du Haut Vernet où est signalée une Tour. Lors de l’enquête de 1252, dans le castrum de Verneto, sont cités plusieurs lieux-dits évocateurs, une terre au Vilar, une autre à Sanctum Clementem, un champ à Sanctum Martinum et un autre à Villa Villia (n° 480, p. 342).

 

575. Le prieuré Saint-Clément de Saint-Victor

En 1113 et 1135 le cartulaire de Saint-Victor livre deux confirmations d’une cella sancti Clementis de Vernet (CSV II, n° 848, p. 238 et n° 844, p. 227). En 1206 et 1227, il s’agit d’une ecclesia sancti Clementis de Verneto (n° 986 et 987, p. 438). Le prieuré du Vernet dépend de celui de Chaudol. Le texte de 1227 est la confirmation du texte de 1206, faite par le fils de Raimbaud de Bello Joco qui a fait la première donation. Cette donation est la remise des tailles et questes perçues sur les habitants du Clucheret et du Vernet. Le seigneur conserve l’albergue et les cavalcades. Lors de la visite de l’évêque du 18 mai 1683, celui-ci constate qu’il y a un prioré rural monacal possédé par Mr de Lisle religieux de l’abbaye de Saint Victor les Marseille sous le titre de saint Clément, la chapelle estant ruinée où il y a un cimetière sur le grand chemin sans estre fermée la terre s’éboulant dans le grand chemin ; on y trouve quantité d’ossements ce qui estant profanés par les passants ce qui cause un grand scandale. Nous ordonnons que le cimetière soit clos et la terre soustenue par une muraille (1 G 5). Pour retrouver cet ancien prieuré disparu, il faut consulter le cadastre napoléonienn de 1825 où l’état des sections recence en section B un quartier Saint-Clément joint à celui du Priorial. Le grand chemin est l’ancienne route de Digne à Seyne qui ne longeait pas alors la rive du Bès. A proximité sont cités les quartiers de Villevieille et des Auches. Le plan cadastral, section B 1, signale par un rond et une croix St pancrace (alors que l’état des sections cite St Clément) dans le quartier de Villevieille où il mentionne également une tour. L’ensemble de ces quartiers couvre la section B du cadastre située au sud de la commune à l’altitude de 1300-1400 mètres.

Ces nombreux indices indiquent un habitat pouvant remonter à l’époque carolingienne. Le toponyme Villevieille cité en 1252 indique une villa déjà abandonnée à cette date. Situé en milieu ouvert, l’habitat, lors de la période sarrazine, a pu se réfugier sur la colline de Villevieille où le cadastre dessine une tour au sommet. Il redescend à partir du début du XIe siècle et le prieuré est réinvesti par les moines de Saint-Victor. On en a la confirmation en 1113. L’emplacement était propice pour l’agriculture et l’élevage comme l’indique l’enquête de 1252 (voir détail au n° 480). Le passage du grand chemin permettait les échanges et le commerce. Y passait également, ce que le cadastre en B 1 nomme Draye ou passage d’avérage d’Arles.

 

576. L’église Saint-Pancrace, première paroisse

Aujourd’hui un grand clocher massif domine un tout petit bâtiment isolé dans un champ, à l’écart de l’ancien grand chemin, 500 mètres au sud du Haut-Vernet. Toujours lors de la même visite de 1683, l’évêque se rend à la paroisse du plus haut Vernet dont l’église est sous le titre de saint Pancrace, esloignée dudit village avec un autel et un tableau représentant la sainte Vierge, saint Pancrace et saint Martin. Ladite église avoit esté ruinée pendant les guerres civiles et les habitans ont demandé que le service de ladite paroisse feut transféré à une chapelle sous le titre de saint Martin que les habitans ont fait bastir à leurs frais et dépans contre le village, que Mgr de Bollogne a visité en 1651, ce transfert fut confirmé en 1662. C’est cette chapelle qui va devenir l’église paroissiale du Haut Vernet et que Saint-Pancrace va être abandonné. Cependant, on y va en procession le jour de la fête du saint, selon le coutumier de 1835 (2 V 73). Mais le 14 juillet 1890, la chapelle de saint Pancrace située dans la paroisse du Haut Vernet n’a pas été jugée décente pour qu’on puisse y dire la sainte Messe le jour de saint Pancrace, patron de cette paroisse, attendu que le plafond est percé et pouvant causer des accidents (1 V 93). A l’heure actuelle, un toit moderne a remplacé l’ancienne couverture effondrée.

L’implantation de cette église, loin de l’agglomération, en plein champ, soulève cependant interrogation. Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle pour que l’église paroissiale soit établie dans le village. Saint-Pancrace pourrait être à son origine une de ces premières paroisses établies en milieu ouvert et qui, lors de l’enchâtellement et du village groupé, demeure néanmoins le centre cultuel de la communauté. Les cas sont peu nombreux mais nous en avons rencontré quelques uns tout au long de notre étude.

577. L’église Sainte-Marthe du Bas-Vernet

C’est le hameau le plus important de la commune et selon Achard, le plus considérable. Il est situé sur la rive gauche de la petite rivière de Bez qui descend de la montagne de Seyne et se jette dans la Bléoune au-dessous de Barles. L’affouagement de 1744 y recense 20 maisons habitées pour 16 au Haut-Vernet et 15 maisons de campagne (C 25). Pour l’autorité religieuse c’est la paroisse mère de la commune, celle du Haut-Vernet n’étant qu’une succursale. C’est le père abbé de Saint-Victor qui est seigneur du castrum et il fait desservir l’église par un chapelain (Pouillés de 1351, p. 256). C’est encore le cas lors de l’affouagement de 1728 : le seigneur est l’abbé de Saint-Victor (C 21). L’église, dédiée à sainte Marthe, est située au sud du village accompagnée du cimetière. Elle est parfaitement orientée et présente une nef de trois travées séparées par des arcs doubleaux avec pilastres. La voûte est en berceau plein cintre. Le chœur est voûté en cul-de-four.

En face du village, sur la rive droite du Bès, se trouve le quartier dit le Villar où nous retrouvons la draye ou passage d’avérage d’Arles. Ce Villar est mentionné lors de l’enquête de 1252 et ne correspond donc pas à un habitat abandonné lors de la crise du XVe siècle, mais à un abandon plus ancien qui pourrait correspondre à la période qui a suivi celle du VIIIe siècle. Ce premier habitat s’est ensuite reconstitué au cours des XIe-XIIe siècles, non pas au même endroit, mais à l’emplacement du village du Vernet Bas.

 

578. La chapelle Saint-Joseph de Roussimal

 

Roussimal est un petit hameau situé au NE du Vernet Haut. Il possédait une chapelle qui est signalée par la carte de Cassini. Grâce au coutumier de 1835, on apprend qu’elle était dédiée à saint Joseph : procession le jour de saint Joseph au hameau de Roussimal. Ce sont les seuls éléments qui nous la font connaître pour l’instant.

 

Synthèse

La commune du Vernet offre une variété de lieux de culte et donc d’habitats remarquable. Si la présence de Saint-Victor n’est pas assurée en 814, le site de Villevieille révèle un habitat qui lui est contemporain. Son église, dédiée à saint Clément, n’apparaît qu’au XIIe siècle lors d’une confirmation d’existence et de dépendance à Saint-Victor. Un autre édifice, Saint-Pancrace, semble être antérieur à l’enchâtellement, même s’il perdure par la suite comme paroisse castrale. On a reconnu la création de l’église du Haut Vernet au XVIIe siècle, mais à l’emplacement d’une chapelle dédiée à saint Martin dont elle va prendre la titulature. Or dans la même section B où se trouve Saint-Clément on relève le toponyme Saint-Martin qui est cité déjà en 1252. La coincidence est à relever, laissant présager là aussi un autre lieu de culte. Quant au Bas Vernet il semble avoir succédé à l’habitat du Villar. La chapelle de Roussimal est un lieu de culte créé au XVIIIe siècle pour desservir un habitat éloigné. La titulature à saint Joseph en témoigne.

 

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton d’Annot. Cette vaste commune de 4573 hectares est située entre Castellane et Annot dans un milieu montagneux et accidenté où l’habitat est installé à plus de 1000 mètres d’altitude. Avec près de 500 habitants en 1315, il ne va en subsister que 165 en 1471. Il faudra attendre 1851 pour retrouver le chiffre de 1315, avec 490 personnes (Atlas, p. 206). Tous les auteurs, depuis H. Bouche, reconnaissent dans Vergons le nom de la tribu ligure des Vergunii figurant sur le trophée de la Turbie. Plutôt qu’une peuplade, le vocable désignerait un vicus Vergunnus (CAG, p. 495). Le vocable réapparaît en 814 avec la villa Virgonis, l’une des treize possessions de l’abbaye de Saint-Victor recensées par le polyptique de Wadalde (CSV II, I, p. 649-650). Elle est composée de 6 exploitations dont deux in Virgonis.

C’est en 1174 que Vergons resurgit avec un dénommé Laugerium de Vergons présent lors d’une controverse au sujet de Thorame opposant Guillaume Féraud et les moines de Saint-Victor (CSV II, n° 1018, p. 479). Puis, au début du XIIIe siècle le castrum de Vergons est cité par Bouche (I, p. 276). Peu de temps après, le 9 mai 1245, l’évêque de Senez, Sigismond, fait don au prieur de Sainte-Marie de Vergons de la troisième part qu’il percevait sur les terres et les hommes de ladite église (CL 2, XCVII, p. 163). Le texte est assez clair pour comprendre que le prieuré de Vergons existait déjà à cette date et était dans les mains de l’abbaye de Lérins, mais aucun texte antérieur n’en apporte la confirmation. En tout cas, c’est ainsi que l’a compris l’auteur de la France Pontificale : l’évêque de Senez donne au prieur et aux religieux de l’abbaye de Lérins établis au village de Vergons les dîmes de ce lieu (Digne II, p. 214). L’enquête de 1252 abonde dans ce sens : l’église paroissiale dont le prieur est Bertrand de la Croix et dont la collation appartient au seigneur abbé de Lérins (p. 428-429, n° 840). Enfin, en 1259, c’est la confirmation des possessions de Lérins par le pape Alexandre IV : in diocesi Senensi, ecclesia Sanctae Mariae et Sancti Ferreoli de Vergone (CL 2, n° IV, p. 6). Au cours du XVe siècle, le prieuré d’Angles sera réuni à celui de Vergons (ADAM, Série H n° 899-918).

 

572. Notre-Dame de Valvert

En 1702, Mgr Soanen déclare que la plus ancienne église paroissiale étoit celle de notre Dame de Vallevert, que depuis, à cause de l’éloignement, la paroisse a été transférée en l’église de St Ferriol que Mgr Jean Clausse et Mgr Martin appellent paroissiale, et qui est prez du bourg sur la pointe de la coline, mais que celle la ayant été détruite par les hérétiques avant le tems de Mgr Martin, le service a été ensuite transporté en l’église de St Sébastien (2 G 17, f° 192) 1. Cette ancienne église paroissiale est située, selon Achard, sur la Gd route d’Annot à une ½ lieue de la paroisse de Vergons … Cette chapelle rurale étoit, à ce que l’on croit, une église des Templiers. L’on apercoit à l’entour les ruines d’un monastère (III, p. 56). Mais il corrige cette assertion en reconnaissant que le choix de l’abbaye de Lérins est préférable aux Templiers. Il est probable que le premier habitat était situé à proximité, 500 mètres au NE sur une butte appelée aujourd’hui Château-Vieux, par le cadastre Château Viel. C’est ce que suggère la CAG qui y signale d’anciens murs correspondant aux vestiges de l’ancien village (p. 495). Les auteurs datent l’édifice du XIIe siècle 2. L’église fut abandonnée comme paroisse à partir du XVIe siècle et devint une simple chapelle de cimetière. Malgré tout, les paroissiens s’y rendaient en procession le troisième jour des Rogations selon le coutumier de 1835 (2 V 73). Et Achard décrit la procession festive avec roumavagi qui se faisait le jour de la fête patronale, Notre-Dame de l’Assomption.

 

573. Chapelle Saint-Ferréol

Elle est citée comme ecclesia Sancti Ferreoli en 1259 lors de la confirmation des biens de Lérins par le pape Alexandre IV. Il est probable qu’il s’agit de l’église du castrum, Achard reconnaît que dans les temps antérieurs c’était une forteresse. Au XVIe siècle, elle devient paroissiale à cause de l’éloignement de Notre-Dame de Valvert, puis est abandonnée comme paroisse suite aux guerres de Religion qui la mettent à mal. Réparée au XVIIe siècle, en 1763 selon Achard, on ne décèle plus aucun détail de l’architecture romane (Collier, p. 225). Elle est remplacée par une église construite au centre du village que Mgre Soanen visite en 1702. Cette église sera détruite et reconstruite sur un autre emplacement à la fin du XIXe siècle, le devis étant daté de 1895 (Collier, p. 390).

 

574. Chapelle Sainte-Anne de l’Iscle

L’Iscle est un hameau très éloigné de Vergons, au-delà du Col de Toutes Aures et à l’écart de la N 202. Achard en fait une succursale de Vergons desservie par un vicaire qui y réside. R. Collier date la chapelle de 1855 (p. 380). Elle figure sur le cadastre de 1830 (Section A 6, parcelle 1439) en forme de croix grecque, auprès de l’ancien chemin de Digne, ce qui ne correspond à sa position actuelle, entre les deux hameaux de l’Iscle. Il est probable qu’une nouvelle chapelle a été édifiée en 1855 et que la première a été abandonnée. Il faudrait la placer dans le cimetière actuel. Cette première église est citée en 1723 lors d’un procès-verbal d’enquête fait au sujet de l’établissement d’un vicaire chargé du service divin dans la chapelle du hameau de l’Iscle (ADAM G 907). Il est probable que l’édification ait eu lieu peu de temps auparavant.

 

Synthèse

Malgré un territoire difficile, Vergons a été investi par les hommes depuis la Protohistoire, suivi par l’Antiquité, repris à l’époque carolingienne et enfin au début du deuxième millénaire. De cette dernière période subsiste le très bel édifice de Notre-Dame de Valvert, symbole de la richesse du terroir et des moines de Lérins. Quand ceux-ci sont de nouveau nommés en 1245, on s’apercoit qu’ils sont installés à Vergons bien auparavant. Il est possible que les moines de la villa Virgonis citée en 814 aient pu maintenir leur présence jusqu’à l’aube du XIIe siècle, moment où ils élèvent l’église Notre-Dame. De toute façon, cet édifice relève des paroisses rurales bâties avant l’enchâtellement et peut succéder à une implantation carolingienne.

 


1 Jean Clausse de Mouchy, 1561-1588. Jacques Martin, 1601-1625.

2 Alpes Romanes, p. 65-66. Collier, p. 87-88. J. Thirion, « l’ancienne église ND de Valvert à Vergons », in BSSL, t. 33, n° 204, 1955, p. 235-244. Bailly, p. 43.

 

 

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Faisait partie du diocèse de Digne et de la viguerie de Seyne, aujourd’hui dans le canton de Seyne. La commune, de 2292 hectares, est située en Haute Bléone, dans un territoire montagneux où le village est établi à près de 1200 mètres d’altitude. Les difficultés causées par l’altitude et le climat rigoureux obligeaient les habitants à s’expatrier durant l’hiver pour gagner leur vie en Basse Provence. Le seul intérêt du territoire consistait en ses pâturages qui nourrissaient de grands troupeaux en été. Le maximum de population fut atteint en 1315 avec 350 habitants, suivi par une perte de 78% remarquée en 1471. Le redressement sera lent, avec 263 habitants en 1765 et 270 en 1851 (Atlas, p. 206).

Le nom de Verdaches apparaît en 1055 avec un certain Raimbaldus de Verdachis cité comme témoin parmi les chevaliers accompagnant le podestat Arbert de Mison lors de la révolte des alleutiers de Chaudol (CSV II, n° 739, p. 87). Il est sans doute possessionné à Verdaches comme l’un des fidèles des Mison-Dromon. La première communauté n’est pas installée au village actuel de Verdaches, mais à l’emplacement de la chapelle Saint-Domnin et du cimetière sur la butte qui domine le village au NNO. Le transfert va s’effectuer au cours du XVIIe siècle. En 1677, lors d’une visite pastorale, ladite église est en haut et la chapelle de saint Jean Baptiste est en bas pour la commodité du peuple. Puis, en 1683, l’évêque relate que nous serions descendu de ladite paroisse sainct Donin en la chapelle nouveleman construite par notre permission au hameau des Jauberts sous le titre de sainct Jean Baptiste, dans laquelle il y un autel (1 G 5). C’est ce hameau des Jauberts qui va former le nouveau village et la chapelle Saint-Jean devenir la nouvelle église paroissiale.

 

570. L’église/chapelle Saint-Domnin

C’est l’église paroissiale du castrum cité au début du XIIIe siècle, castrum de Verdaches (Bouche I, p. 271). Le comte de Provence Raymond Bérenger V accorde le régime du consulat au castrum de Verdacha le 25 mai 1237 (Enquêtes, n° 468-469, p. 338-339 et RACP, n° 268, p. 350). L’église est desservie par un cappellanus de Verdachiis cité en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 257 et 258). Elle a comme patron saint Domnin qui fut le premier évêque de Digne, décédé en 379, et comme titulaire Notre-Dame de la Fraisse comme indiqué par l’évêque en 1677. On a vu qu’elle demeura paroissiale jusque vers la fin du XVIIe siècle. Sa situation géographique et son statut sont comparables aux anciennes églises de Beaujeu et de Prads.

A partir du XVIIIe siècle, ce n’est plus qu’une simple chapelle. Lors d’une restauration importante effectuée au XIXe siècle, l’orientation de l’église qui était est-ouest va être changée. Le cadastre de 1825 présente en effet un édifice orienté à 120°, parcelle 486 A. Aujourd’hui elle est orientée NS et si les murs extérieurs ont été restaurés, elle offre un intérieur délabré, murs à nus, sans voûte (visite en 2006). Seul subsiste de l’ancien édifice la porte d’entrée actuelle qui était alors la petite entrée côté sud. L’encadrement est formé d’un arc plein cintre reposant directement sur les piédroits. L’ensemble est en pierre de tuf. L’édifice est au milieu du cimetière moderne qui est clôt. A l’est, dans le talus, entre la clôture du cimetière et la route, des fouilles ont permis de retrouver des inhumations en coffres formés de lauzes. L’une d’entre elles contenait un squelette de femme accompagné d’une coquille percée. Quelques vases intacts (pégaus) ont été mis au jour dans certaines tombes.

 

571. Chapelle Saint-Pierre de La Routte

La Routte est un hameau situé à quelques 1000 mètres au nord de Verdaches. L’affouagement de 1774 y dénombre 10 familles (C 25). Une chapelle y est déjà recensée lors de la visite de 1683, une chapelle à La Routte que lesdits habitans dudit hameau ont faict construire entièrement à leurs dépans. Elle figure sur la carte de Cassini, mais le 17 juillet 1890 la chapelle rurale de saint Pierre à la Route est en mauvais état, puis le 14 septembre 1896 la chapelle rurale de saint Pierre à la Route, est à reconstruire (2 V 94). Lors de la visite de 1912 elle n’est plus citée et semble avoir totalement disparu depuis cette date.

 

Synthèse

Il faut noter le déperchement effectué au cours du XVIIe siècle avec l’abandon de l’église castrale. La chapelle Saint-Jean, devenue ensuite paroisse, pose question. Sa titulature renvoie aux premières églises rurales d’avant l’enchâtellement. Son implantation également, en milieu ouvert. Il faut se rappeler que le territoire de Verdaches faisait partie de l’ager Caladius dépendant de Saint-Victor et qu’en 814, sont recensées deux colonges à Carcas, Charche, regroupant une quarantaine de personnes réparties dans quatre fermes (CSV II, H 41 et 42).

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Turriers. La commune a incorporé en 1963 la commune voisine d’Urtis. Les deux territoires réunis couvrent 2275 hectares dont la plus grande partie se trouve située dans les montagnes où l’habitat est établi aux alentours des 1000 mètres d’altitude. Une petite partie côtoie la rive gauche de la Durance et offre des terrasses cultivables à l’altitude moyenne de 600 mètres.

 

URTIS

Au sud de Venterol, cette ancienne commune n’a jamais été très peuplée. Avec 100 habitants en 1315, elle est déclarée inhabitée en 1471. Par la suite, elle parviendra à 123 habitants en 1851 pour parvenir à 15 en 1962, ce qui provoquera sa réunion à Venterol. L’église paroissiale est dédiée à saint Maxime de Riez.

 

568. Saint-Pons de Villarson

Un Arnaldus de Urtisio rend hommage au roi Robert en 1309 pour une partie des castra de Bayons, de Vilarzono et d’Urtis 1. Vilarzono est cité sous la forme de St Pons de Vilarson par la carte de Cassini de 1776 qui signale également deux moulins. Ce Vilarson constitue en 1309 un fief indépendant, mais n’est plus cité par la suite. Sur la liste des castra donnés en viager par Raymond Bérenger V à sa femme Béatrix en 1237 figure, immédiatement après Piégut, le castrum in Valansano ou Valauzam que Fernand BENOIT place au hameau de Valença sur la commune de Lardier et Valença dans les Hautes-Alpes, sur la rive droite de la Durance 2. Or tous les castra de Béatrix sont sans exceptions situées ultra Durentiam, sur la rive gauche du fleuve. Il s’agit donc très probablement de Vilarson déformé ou mal interprété par le copiste.

 

D’autre part, le toponyme Boussac correspondant à un nom de quartier est également attribué à un torrent venant se jeter dans celui de St-Pons. Le vocable est formé d’un nom d’homme latin Buccius ou Buttius avec l’adjonction du suffixe -acum, signifiant le domaine de Buccius. Nous serions en présence d’un domaine gallo-romain auquel aurait pu succéder un établissement carolingien détruit, évoqué par le terme villar et vitalisé par un édifice religieux sous le vocable de Saint-Pons. L’ensemble aurait survécu quelque temps pendant le début de la féodalisation pour devenir un castrum à part entière, puis aurait été englobé très vite à celui d’Urtis. Il va rester cependant un domaine seigneurial qui va perdurer jusqu’à la Révolution où il sera vendu aux enchères. Il comprend une maison, écurie, grenier à foin, chazal, basse-cour, moulin, terres, vignes, jardin, chenevier, prés, blache, herme, tout contigu au quartier st Pons confrontant du levant terre de Tallard, de midy terre gaste et terre de Curban, de 32 780 cannes (plus de 13 hectares) 3. Le cadastre napoléonien de 1837 qualifie l’ensemble de la propriété de domaine de St Pons.

 

VENTEROL

L’habitat est réparti en de nombreux hameaux et fermes isolées disséminés dans la partie montagneuse que l’abbé Féraud nomme le Haut Venterol et l’autre partie au bord de la Durance dite le Bas Venterol. Le castrum de Venteirol est cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 246), mais se trouvait au nord du village actuel sur le site du Châtelard. C’est ce que raconte Achard : la montagne nommée la Guarate, assez difficile à gravir, à l’extrémité de laquelle et au midi se trouve, sur un penchant, une vieille masure que l’on voit de 4 lieues de distance. C’était autrefois une forteresse, autour de laquelle étoient bâties toutes les maisons de Venterol (III, p. 51). Il subsiste une tour quadrangulaire se dressant à 1181 mètres d’altitude dominant le village de 120 mètres. Cassini nomme la pente située sous la tour Vière. C’est là également qu’il faut placer la première église paroissiale desservie par un capellanus de Ventairol en 1274, puis par un prior vers 1350. Le prieur fait partie des chanoines de Chardavon.

Après le terrible épisode de la peste où la population pert 73% de ses membres, il ne reste que 15 familles sur le territoire. L’habitat perché est abandonné progressivement et se construisent un nouveau village et une nouvelle église. Celle-ci est alors desservie par les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, la prévôté de Chardavon étant alors très affaiblie après les guerres de Religion. C’est ce qui apparaît dans un texte de 1613 : Antoine Aubert, bénéficier en l’église majeure de Marseille est prieur du prieuré conjoint aux deux villages de Piégut et Venterol (ADHA G 2318, f° 111). Le même prieur fera don en 1622 d’un tableau représentant la Vierge, saint Antoine ermite et saint Crépin, ce dernier étant le titulaire de l’église. Le nom du donateur est inscrit au bas de la toile.

 

569. Chapelle Saint-Jean des Tourniaires

Nous descendons du Haut Venterol pour atteindre le Bas Venterol, paysage totalement différent,  fait de terrasses côtoyant la Durance. Plusieurs groupes de fermes et de petits hameaux sont répartis sur le terroir, dont le plus important est celui des Tourniaires. A 1000 mètres à l’ouest de ce hameau se dresse, isolée et entourée du cimetière, une chapelle maintenant restaurée. A l’aplomb, sur une terrasse dominant la Durance, elle est côtoyée par un ruisseau. Elle est dédiée à saint Jean-Baptiste. Lors d’une visite pastorale en 1641, l’évêque remarque sur l’autel de l’église paroissiale, dans un coffret, des reliques de saint jean Baptiste que par tradition, on tient avoir esté apportées de St Jean de Hierusalem lhorsque les Templiers avoient un couvent dans ceste paroisse (AD HA G 784 f° 16). Achard reprend la même information : il y a une chapelle, dédiée à St-Jean Bte, bâtie sur les ruines d’un ancien monastère de Templiers. On y conserve une précieuse relique, la machoire inférieure du chef de St-Jean Bte que les Templiers y avaient apportés suivant la tradition du pays. Comme d’habitude, on confond Templiers et Hospitaliers. Ici ce sont les Hospitaliers qui se sont installés en 1215 et deviennent seigneurs de Tallard, après avoir d’abord fondé les commanderies de Manosque et de Claret. Ils y restèrent jusqu’en 1322 4. Les Tourniaires jouxtent la commune de Tallard et tous les échanges se faisaient entre les deux agglomérations. Un bac signalé par le cadastre napoléonien de 1837, dit bac des Tourniaires, les reliaient permettant de traverser la Durance.

L’édifice actuel ne présente aucun caractère de l’art roman sauf si on l’examine plus précisément. Il est d’abord parfaitement orienté. Il présente une nef unique de 50 m², sans travées, voûtée en berceau presque plat. Le chœur, plus bas et plus étroit que la nef, est voûté de même et se termine en cul-de-four. Cette partie a été obstruée par une cloison pour y installer la sacristie. Intérieur et extérieur sont entièrement enduits et crépis interdisant toute lecture de l’appareil. La faible épaisseur des murs a provoqué un affaissement de la voûte du chœur qui a été consolidée à l’extérieur par un énorme contrefort qui occupe les deux tiers de l’édifice. Un tirant a été également nécessaire dans la partie avant de la nef. Ces constatations induisent que l’édifice était d’abord simplement couvert par une charpente. Son implantation, elle aussi, est significative. Il est isolé, en milieu ouvert, à l’aplomb d’un plateau dominant le cours de la Durance. Il est bordé par un ruisseau, le ravin de St-Jean, accompagné d’un cimetière et enferme une cuve baptismale et les reliques de Saint-Jean.

 

Synthèse

L’implantation d’une première paroisse en milieu rural semble apparaître avec la chapelle Saint-Jean des Tourniaires. Elle est d’ailleurs à proximité d’un quartier nommé par le cadastre de 1837 Villard la Cour, évocateur d’une fondation carolingienne de type villa. Ce quartier est à placer entre le hameau dit aujourd’hui Les Guérins et la chapelle.

 


1 Cité par Laplane Edouard de, Histoire de Sisteron, Digne, 1843, T I, p. 471.

2 RACP, p. 263, note 3.

3 ADAHP 1 Q 64, encadastrement provisoire des biens du seigneur émigré, du 15 septembre 1792.

4 « Notice sur le château de Tallard », Sté d’études des Hautes-Alpes, 1961, extrait du site Internet sur Tallard.

 

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. La commune s’étend le long de la Durance dont la rive gauche présente un vaste plateau cultivable drainé par la voie auprès de laquelle ont été repérés plusieurs sites remontant à l’Antiquité gallo-romaine (CAG, p. 494-495). Le village s’est établi à l’intérieur des collines qui s’étagent au-dessus du plateau sur un piton permettant l’élévation d’une fortification et d’un habitat groupé sur ses pentes. Peuplé par 565 habitants en 1315, 30% seulement subsistent en 1471. La population retrouvera 564 habitants en 1765 pour ensuite péricliter et aboutir à 159 en 1982. Le castrum de Vaumel est cité au XIIe siècle et la commanderie des Hospitaliers de Claret fondée au cours du XIe siècle y établit un membre. On retrouve les Hospitaliers en 1698 où, lors de l’affouagement, il est indiqué que les Chevaliers de Malte possèdent divers fonds arrantés annuellement à 60 livres (C 19). Un lieu-dit, rappelle leur présence, le Collet de la Commanderie, aujourd’hui le Collet. Il est probable que l’église paroissiale ait été édifiée près du château au plus haut du village, car l’église actuelle présente un bas-côté daté de 1660 qui correspondrait à une chapelle édifiée à ce moment. C’est au cours du dernier tiers du XIXe siècle qu’elle prendra son aspect définitif. Elle est dédiée à la Tranfiguration et a pour patron saint Marcellin.

 

566. Chapelle Saint-Marcellin

La chapelle est située à 800 m au NO du village, dans un milieu de collines et de plateaux dégagés favorables aux cultures. Sur une plate-forme aménagée se dresse une petite chapelle bien orientée vers l’est, isolée, non loin de deux fermes. En 1540, les habitants demandent à l’évêque de Gap de procéder à sa restauration. Les guerres de Religion survenant, rien n’est fait. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’elle réapparaît lors d’une visite pastorale, elle est en bon état (2 V 89 et 93). Un habitant de Vaumeilh, selon la tradition orale, avait fait le vœu de la reconstruire si sa femme pouvait enfin avoir un enfant. La chapelle donnait lieu à une procession votive pour demander la pluie et souvent, comme on le raconte encore, on n’avait pas le temps de rentrer au village que déjà la pluie tombait. Une procession et une messe ont encore lieu le dernier dimanche d’avril, le jour de la fête de saint Marcellin étant le 20 du même mois. On y administre parfois des baptêmes.

L’édifice, entièrement restauré, a été amputé sur la partie ouest d’une surface de 3,30 m, servant maintenant de terre-plein. On reconnaît à l’intérieur le départ d’une voûte, remplacée par une couverture en lambris. Avec un chevet plat, l’édifice présentait une surface de 55,80 m² (9,30 x 6,00). Des tombes ont été repérées aux abords. Le mur sud présente à la base un appareil lité construit en petites pierres rectangulaires. Des contreforts soutiennent le mur sud, sans doute pour le renforcer lors de l’établissement d’une voûte, n’étant que charpenté à l’origine. Cette chapelle est dédiée à Saint-Marcellin, premier évêque d’Embrun et évangélisateur de la contrée. Toutes ces caractéristiques renvoient aux premières églises rurales et à l’origine de la communauté de Vaumeilh avant qu’elle ne se fixe dans le castrum. Le pèlerinage que les habitants effectuent sur le lieu est, sans qu’ils s’en doutent, un retour vers leur origine et le premier lieu de rassemblement de leur communauté.

 

567. Prieuré Notre-Dame de Chane

C’est auprès de la voie qui longe la Durance que l’abbaye d’Aniane s’installe au début du XIe siècle. La première confirmation de sa présence date de 1045 par le pape Jean XX 1. Son domaine s’étendait sur tout le plateau compris entre la Durance et le pied des premières collines à l’est. Il englobait également une partie du territoire de la commune de Sigoyer actuelle dans les quartiers du Haut-Planet, des Casses et des Sagnières où ils fondent également une église (voir Sigoyer). Une église dédiée à Notre-Dame desservait le prieuré et servait également d’église paroissiale pour les habitants proches. Lors de l’enchâtellement, le prieuré devient un castrum à part entière. Mais, suite à la peste, le prieuré est inhabité et en ruine. Il passe dans les mains de l’évêque de Gap en 1470 qui le donne en rente à la communauté de Vaumeilh contre une pension annuelle. Le domaine sera ensuite vendu au XVIIIe siècle au comte d’Hugues, puis séquestré à la Révolution. Ce n’est plus aujourd’hui qu’une ferme dans laquelle est noyée l’ancienne église méconnaissable.

 

Synthèse

Deux sites, Chane et Saint-Marcellin, semblent bien relever des premières églises rurales, élevées avant l’enchâtellement.

 


1 Se référer à l’étude de LEEUW Marc de, Prieuré de Chane, SIVOM de la Motte-Turriers, janvier 2000.

 

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