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communes

Les deux anciennes communes, réunies en 1974, faisaient partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton de Saint-André-les-Alpes. La Mure est traversée par le Verdon et côtoie à l’ouest la commune de Saint-André-les-Alpes. Argens est perché dans la montagne au nord de La Mure avec un village établi à plus de 1300 mètres.

LA MURE

Mura est cité vers 1030 dans le cartulaire de Saint-Victor quand Pons, clerc et moine de Saint-Victor et son neveu Mainard, chanoine de Morerius, font don de tout leur héritage et de leur alleu à l’église Sainte-Marie de Mura qui est sise dans le castrum appelé Morerius, dans le comté de Senez. Le don consiste en manses, terres cultes et incultes, etc. (CSV II, n° 767, p. 112-113). En 1042 a lieu une deuxième donation (CSV II, n° 766, p. 111-112). Elle est effectuée par Belihildis et ses fils qui donnent une partie de leur alleu à l’église dédiée en l’honneur de la sainte Marie mère de Dieu qui est sise sous le mont appelé autrefois Morarius. Viennent ensuite les confronts des biens donnés. A l’Orient depuis collis Maurelli (Montagne de Maurel, 1771 m), en descendant in valle Christiano (?), et en suivant ledit vallon jusqu’au Viridionis (le Verdon) et à la fontaine Melas (les Mèles). Du midi, en suivant le fleuve jusqu’au ruisseau appelé Utiola (l’Issole). Au nord, dudit mont par la pente de la montagne appelée Maurellus (Clot Mouret, 1355 m) jusqu’à Nutiola (l’Issole). A l’ouest, en suivant ledit ruisseau qui court jusqu’au Verdon. On le voit, les biens donnés sont répartis de chaque côté du Verdon et couvrent une grande étendue. Il faut remarquer que le territoire du castrum est appelé Morerius et que l’église est dédiée à Sainte-Marie de Mura. C’est ce dernier nom qui va s’imposer pour dénommer la commune. Le prieuré et l’église sont cités régulièrement par le cartulaire (1). La possession de l’église et même la seigneurie sont confirmés par l’enquête de 1278 : l’église paroissiale dont le prieur est le seigneur P. Bermond et la collation de ladite église ou prieuré appartient au seigneur abbé de Marseille. Le seigneur Abbé de Saint-Victor de Marseille est seigneur dudit castrum (Enquêtes, n° 866, p. 435).

L’église est dédiée à sainte Marie et est sous le titre de l’Assomption comme on l’apprend plus tard. On lui a adjoint le qualificatif de Vauvert  à une époque indéterminée. Le coutumier de 1835 révèle que la fête patronale a lieu le 15 août et que saint Etienne est co-patron. Féraud confirme ces données (p. 270). Saint Etienne pourrait être le titulaire d’une église disparue desservant une communauté installée à Ville Haute. Féraud y place l’ancien village. Le toponyme révèle en effet une communauté qui pourrait être à l’origine du peuplement du terroir durant la période du haut Moyen Age. Le quartier de la Villaute est signalé par le cadastre de 1838 et les cartes IGN. Il est situé à l’est de la commune à environ 1200 mètres d’altitude. L’abbé Féraud estime que l’église a été reconstruite en 1700 et qu’il existe sur la montagne une chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire qui paraît très ancienne puisqu’elle fut donnée en 1042 à l’abbaye de St-Victor. R. Collier doute quelque peu sur cette affirmation à cause de la porte de l’église qui présente un encadrement antérieur à cette date (p. 222). Si l’on reprend le texte de 1042 la donation est faite juxta fluvium Viridionem, près du fleuve Verdon. D’ailleurs, le cimetière, avant d’être transféré hors les murs, était sur la place actuelle de l’église et un bâtiment adjacent porte le nom de clastre, rappelant l’ancien prieuré des moines de Saint-Victor.

309. Chapelle Saint-Joseph

C’est la seule chapelle rurale mentionnée au XIXe siècle, à partir de 1858, il y a une chapelle à l’entrée du village du côté du levant dédiée à saint Joseph, servant pour les confrères, les pénitents, qui est très humide. En 1870 et 1876, il est dit qu’elle est en très bon état, ayant été réparée depuis la dernière visite de 1870. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 reconnaît la chapelle S. Joseph autorisée à l’époque du concordat. Une messe par an et le 19 mars. Elle est toujours en état. Placée à une des entrées du village, cette chapelle de protection a dû être érigée au cours des XVIIe-XVIIIe siècles, la titulature à saint Joseph ne pouvant par être antérieure.



ARGENS

Le nom de la commune apparaît vers 1200 sous la même orthographe (Atlas, p. 160). L’enquête de 1278 nous apprend que l’église paroissiale dont le prieur est le seigneur P. Boarius, la collation de la dite église appartient à l’église de Senez. Seigneur Bt. de Rochavairia et Gau. de Aloncio, R. Faraudi et domine Dulcia de Medullia sont les seigneurs dudit castrum (n° 862, p. 434). L’église de Argensio, comme dite vers 1300 et 1376 par les Pouillés (p. 290 et 292), est sous le titre de Notre-Dame de Beaulieu. L’abbé Féraud la considère comme l’une des plus belles de la contrée ; on fixe sa construction en 1664. La fête patronale est célébrée le 15 août (p. 271). R. Collier la décrit succinctement : elle date de 1664-1667 et son choeur est voûté sur croisée d’ogives. Chevet plat, deux chapelles latérales voûtées d’arêtes, joli clocher-arcade à deux baies (p. 187).

Il n’est pas signalé de chapelle rurale, mais la CAG rapporte que à Chastelviel la tradition place un couvent des Templiers sur une éminence au pied du versant méridional de Cordeuil  (n° 136, p. 323-324).

310. L’ancienne paroisse Notre-Dame

C’est celle qui est citée à la fin du Moyen Age et se trouvait dans l’enclos du cimetière. Déjà en mauvais état en 1551, elle était presqu’en ruine en 1617 au sortir des guerres de Religion. Malgré plusieurs injonctions des évêques de Senez de la réparer, on préféra en élever une autre dans le village. Devenue simple chapelle dédiée au Rosaire, elle disparut peu à peu, Mgr Soanen, en 1708, la qualifiant d’ancienne paroisse. Aujourd’hui, il n’en subsiste plus une seule pierre (PR, n° 12, 1991, p. 15-17).

Quatre autres chapelles sont inventoriées par le PR (p. 35). Aucune d’entre elles ne figure sur la carte de Cassini et avaient disparu avant sa confection.

311. Chapelle Saint-Jean-Baptiste

Elle se trouvait au quartier du Peyron, en un lieu encore appele Pré de Saint-Jean. Le cadastre de 1838 situe ce quartier au nord du village.

312. Chapelle Saint-Sébastien

Elle se trouvait dans le jardin du presbytère, construite sans doute vers 1640 pour préserver le village de la peste. De cette chapelle il ne reste rien.

313. Chapelle Saint-Lazare

Elle était tout près du village et servait en hiver de paroisse pour éviter de se rendre à l’église paroissiale située dans le cimetière.  Elle est visitée par l’évêque de Senez en 1659, mais quand Mgr Soanen se rend à Argens en 1708, il la trouve abattue.

314. Chapelle Saint-Domnin

Chapelle rurale mentionnée en 1708 par Mgr Soanen.

 

Synthèse

La présence de l’église de la Mure dès 1030 laisse envisager une fondation antérieure. Le prieuré doté largement à ce moment à fixé la population autour de lui et créé le village. A Argens, l’église paroissiale d’origine, à cause de son éloignement du village, n’a pu se maintenir au-delà du XVIIe siècle. Les chapelles de protection élevées aus XVIe et XVIIe siècles, ont subi le même sort.


1. Cella sancte Marie de Mura en 1079, 1113, 1135 ; ecclesia sancta Maria de Mura en 1122 ;  prior de Mura en 1174 et 1337.

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Faisait partie du diocèse de Riez et chef-lieu de viguerie, aujourd’hui  chef-lieu de canton. Le vaste territoire de la commune, 8797 hectares, s’étend à l’est de Riez, offrant différents paysages de collines, plateaux et vallons  étagés entre 500 et 1500 mètres d’altitude. Les sites antiques se sont révélés nombreux s’échelonnant du Néolothique à l’Antiquité tardive (CAG, n° 135, p. 317-323). Les 2500 habitants de 1315 furent le maximum de population atteint. Réduite à 810 habitants en 1471, la population se redresse pour parvenir à 1955 personnes en 1765 et recommencer à se réduire pour se stabiliser autour des 700 habitants à l’heure actuelle (Atlas, p. 186). Le nom est issu du mot monasterium, monastère, quand au Ve siècle le saint évêque de Riez Maxime fit venir de l’abbaye de Lérins un groupe de moines qui s’installèrent dans les grottes des falaises de Moustiers et du Verdon pour y vivre en anachorètes. Après les invasions lombardes et sarrasines, périodes d’instabilité où les moines furent chassés de leurs solitudes, il faut attendre le XIe siècle pour les voir revenir avec les abbayes de Saint-Victor et de Lérins.

L’église du castrum est sous le titre de Sainte-Marie et est déjà citée en 1009, ecclesia sancte Marie in  Monasterium quand un certain Rostaing lui fait don d’un manse (CSV II, n° 772, p. 119).  Elle apparaît ensuite en 1052, ecclesia sancte Marie que videtur esse fundata in castro quod Monasterium dicitur (CL, CCXI, p. 214). A cette date elle est desservie par le prêtre Riculfe qui possède de nombreux biens dans le territoire. L’évêque de Riez, Bertrand, décide avec lui de fonder dans l’église de Moustiers un collège de chanoines réguliers auxquels se joindrait Riculfe qui, à cette occasion, fait don de tous ses biens, terres cultes et incultes, vignes, arbres, jardins, prés et moulins. Il donne également la moitié des offrandes des vivants et celles faites pour les morts qu’il possède à l’église Sainte-Croix. Ce collège de chanoines durera jusqu’en 1097, date à laquelle l’évêque de Riez Augier fait don des églises de Moustiers, ecclesiis Monasterii, à l’abbaye de Lérins, à savoir l’église du castrum appelé Moustiers avec toutes les églises et leurs droits de toute la vallée dudit castrum qui sont connues comme appartenant à ladite église (CL, CCXII, p. 215-217). Dans une charte du 5 mai de la même année, Guillaume de Moustiers et son épouse Adelais donnent au monastère de Lérins et à l’église Sainte-Marie tous leurs biens qu’ils possèdent in castello Monasterii  (CL, CCXIII, p. 217). C’est peu de temps après, en 1113, qu’est donnée la liste de toutes les églises réparties sur le territoire de Moustiers : ecclesia sancte Marie de Rupe, et ecclesia sancti Johannis, et ecclesia sancti Cyrici et ecclesia sancte Cruce et ecclesia sancti Saturnini (CL, CCXIV, p. 218).  

L’église est déjà existante en 1009, puis en 1052 date à laquelle elle devient le siège d’une communauté de chanoines réguliers pour parvenir aux mains de l’abbaye de Lérins en 1097. On ne connaît pas son aspect d’alors car elle fut entièrement reconstruite au XIIe siècle. Classée MH en 1913, c’est un vaste édifice comptant cinq travées voûtées en berceau brisé. Mais le principal caractère esthétique de l’église lui est conféré par son clocher-tour, adossé au flanc sud, mesurant 22 m de haut  (Collier, p. 86-87). C’est le morceau de bravoure de l’élévation extérieure (Alpes Romanes, p. 285-289).

300. Notre-Dame de Beauvoir ou de la Roche

C’est en 1113 qu’est confirmé à l’abbaye de Lérins la possession de l’ecclesia sancte Marie de Rupe, mais la tradition veut qu’elle ait été fondée par l’empereur Charlemagne. C’est ce qu’affirme Bartel, église dédiée à la Vierge de l’Annonciation sous le vocable de Roca, date de Charlemagne. Il estime même que ce temple très antique a été élevé par Fauste de Riez, successeur de Maxime et que Sidoine Appolinaire le cite dans son Apologie de Fauste  (p. 55-56). Très tôt, la chapelle va devenir un lieu de pèlerinage. Ce dernier est confirmé le 19 mai 1346 où le pape Clément VI accorde des indulgences aux personnes qui visiteront la chapelle de la Beate Marie de Bellovidere  dépendant du prieuré de Moustiers (CL 2, XCI, p. 148-149). Bartel évoque également que lors du Jubilé de l’année 1300, de nombreux archevêques et évêques accordèrent 40 jours d’indulgence aux pèlerins se rendant à la chapelle. Cette chapelle est placée dans une situation d’un pittoresque unique : campée tout au haut de la gorge qui fend en deux la falaise dominant Moustiers, accotée de la lance noire d’un cyprès, elle semble en symbiose avec la pierre et comme une excroissance géologique (Collier, p. 87). Cet auteur et Alpes Romanes estiment que la partie romane de l’édifice date du XIIe siècle (p. 285). Il a été classé MH en 1921.

301. Prieuré Saint-Jean

Pour J.-P. Poly, la villa nomine Ardas cum ecclesie Sancti Johannis citée en 909 par le cartulaire de Cluny I, n° 106 parmi les biens de Fouquier, serait à placer à Moustiers à l’emplacement de la chapelle Saint-Jean (1). Le prieuré est ensuite confirmé en 1079 par le pape Grégoire VII comme dépendant de l’abbaye de Saint-Victor, cella apud castrum quod vocatur Monasterium (CSV  II, n° 843, p. 218). C’est en 1098 que nous connaissons le titulaire de l’église du prieuré dans la liste que l’évêque de Riez Augier dresse des églises dépendant de Saint-Victor, ecclesia sancti Johannis ante monasterium (II, n° 697, p. 39). L’église commence seulement à être (re)bâtie car entre 1099 et 1106 un don à Saint-Victor et à l’abbé Richard par Guillaume, fils de Guillaume l’Aîné, de terres à Moustiers, pour doter l’église de Saint-Jean que les moines y font bâtir  (2). Puis, en 1113, le prieuré fait partie des biens de l’abbaye de Lérins. Elle est citée par les Pouillés en 1274 et 1351, avec le capellanus Sancti Johannis et le prior  Sancti Johannis de Mosteriis (p. 108 et 111). Bartel reconnaît le bénéfice ou prieuré rural sous le titre de Saint-Jean dépendant de Saint Victor de Marseille (p. 58). Le Pouillé de 1730 du diocèse de Riez lui attribue même un qualificatif, prieuré Saint-Jean de l’Aval, prieuré monacal, au chapitre de Saint-Victor (5 G 4, n° 105). Vendue à la Révolution, l’église a perdu l’abside et la voûte, le reste ayant été transformé en grange (Collier, p. 142). Le quartier Saint-Jean est situé à 1000 mètres au SSO du village. Le cadastre napoléonien de 1835 en section A 5 figure un bâtiment avec une abside en hémicycle orientée vers l’est.

302. Chapelle Saint-Saturnin

Elle fait partie des églises citées nommément en 1113 comme dépendant de l’abbaye de Lérins, mais devait déjà exister en 1052 lors de la donation à Lérins des églises du terroir de Moustiers. Au cours de ce même siècle Guillaume Tasilis fait don à l’église Saint-Saturnin d’une terre entourant l’église, donum terra circumcirca ecclesiam sancti Saturnini, qui est située sous le castrum (CL, CCXVI, p. 220). Les Pouillés citent un capellanus Sancti Saturnini en 1274 (p. 108). Puis elle n’apparaît plus par la suite. Les ruines du prieuré sont situées tout au sud de la commune au lieu-dit Ferme de St Saturnin près du lac de Sainte-Croix. Elle est englobée dans une maison du XIXe. C’était une nef unique suivie d’une abside semi-circulaire. Les murs sont en petit appareil et le cul-de-four en tuf bien appareillé. Ces vestiges remontent au début du XIIe siècle (Alpes Romanes, p. 289 et Collier, p. 142). La CAG signale un site antique sur le lieu même de la chapelle (p. 321). Le cadastre de 1835, section D 3 figure un bâtiment muni d’une abside en hémycle et d’une nef latérale (parcelle 998).

303. Chapelle Saint-Michel

Elle n’est pas citée en 1052 avec les autres églises données à l’abbaye de Lérins, mais apparaît en 1259 lors de la confirmation des possessions de Lérins par le pape Alexandre IV, in diocesi Regensi, ecclesias Sanctae Mariae et Sancti Michaelis de Monsteriis (CL 2, IV, p. 6). Elle est également citée à la fin du XIIe siècle lors de la donation de diverses propriétés au prieuré de Moustiers, dont une terre qui est supra Sanctum Michaelem (CL 2, XCIII, p. 150). Elle n’est plus nommée par la suite, ni par les Pouillés, ni par Bartel. La carte de Cassini indique juste au sud du village de Moustiers, une chapelle St Michel  en ruine et le cadastre de 1823 un quartier St-Michel  dans la section G 2. Le toponyme subsiste encore sur les cartes IGN.

304. Prieuré Saint-Martin et la villa carolingienne d’Orbesio

Ce prieuré est cité par Abbayes et Prieurés : Ourbès. Orbarium. Prieuré Saint-Martin, dépendant de Saint-Victor qui le possédait à l’époque carolingienne (p. 63). R. Collier ajoute : chapelle d’Ourbès. Sur un plateau désert, envahi par la forêt. Le lieu-dit est mentionné depuis l’époque carolingienne. Il subsiste une partie de l’abside en cul-de-four, le début des murs latéraux. Pas de mouluration, appareil fruste mais mortier très dur. Fin XIe siècle (p. 142). Ne donnant pas leurs sources concernant l’époque carolingienne, il faut trouver un texte fourni par le CGN 2, n° 41, col. 33, où est citée la villa Orbesio. Vers 780, un missus dominicus nommé Vernarius envoie un rapport à Charlemagne concernant les réclamations de l’évêque de Marseille en faveur de l’abbaye de Saint-Victor. Il s’agit de trois villae qui ont été spoliées lors des troubles survenus en Provence entre 732 et 739. Ces trois villae sont la villa Bedata in pago Aquense, la villa Orbesio in pago Regense et la villa Caladio in pago Dignense. La même année, la même Vernarius se rendra à Digne pour restituer la villa Caladio à Saint-Victor lors d’un plaid tenu le 23 février .

Les villae Bedata et Caladio sont ensuite dénombrées par le polyptique de Wadalde de 814, mais pas celle d’Orbesio qui n’est plus citée par la suite. L’origine de ces fondations semble remonter au début du VIIIe siècle. En effet, dans les deux textes de 780 est cité le patrice Abbon, décédé, qui vécut jusqu’en 737. Il était précédé du patrice Metranus disparu vers 732, ce dernier étant successeur d’Antenor, lui-même précédé de Nemfidius. Ces patrices ou comtes de Provence ont gouverné de 690 à 730 environ. Ils sont cités comme donateurs et protecteurs de Saint-Victor, l’un d’eux même spoliateur (Anténor). La villa Orbesio n’est pas qu’un domaine isolé mais comme tous les villae de cette période, elle est le siège d’un domaine plus ou moins étendu composé de colonicae et de vercarias comme les nomme le polyptique, c’est-à-dire de fermes (colonges) et de bergeries tenues par des tenanciers libres ou asservis. Mais le manque de descriptio ne permet pas de reconstituer le domaine de la villa d’Orbesio.

Ourbes aujourd’hui est situé à 5000 mètres au SE du village sur un plateau à 1000 mètres d’altitude dans la forêt domaniale de Montdenier. Le plateau est dominé au sud par la Crête de l’Ourbes culminant à 1213 mètres et au nord par le Val d’Angouire. Le prieuré Saint-Martin est cité ruiné par la carte de Cassini et les cartes modernes. Jacques Cru en donne une description et a decelé une rangée de fonds de cabanes . A quelques 500 mètres à l’est du prieuré et à l’aplomb du Val d’Angouire et du torrent de Vallonge la carte IGN signale une tour ruinée qui devait participer à la défense du plateau.

305. Chapelle de la Miséricorde d’Averrès

Cette chapelle est uniquement citée par le Pouillé de 1730 qui ajoute qu’elle est accompagnée d’une bastide et de terres et qu’on y dit la messe tous les dimanches et fêtes de mai à septembre (n° 106). Le quartier d’Averrès est signalé uniquement par la carte de Cassini qui signale un édifice religieux, au nord du village et au NNO de Vincel, sur la rive gauche d’un ruisseau. Sur la carte IGN, il faut placer le site au bord du torrent du Riou, à l’endroit indiqué Ruines, à l’altitude de 980 mètres, sur un ancien chemin qui sert maintenant d’Itinéraire équestre. Le toponyme Averrès semble avoir été transformé par le cadastre de 1835 et les cartes actuelles en Naverre. Sur le cadastre figurent Naverre  et le Bas Naverre  avec trois batiments dont l’un semble posséder une abside en hémicycle (Section B 7, parcelle 1077). Cette chapelle semble avoir été édifiée pour desservir les habitants des quartiers situés au nord de la commune, plus de 4 kilomètres du village et de l’église paroissiale. Au XVIIIe siècle on y disait une messe tous les dimanches et fêtes pendant la belle saison.

306. Grotte-chapelle de la Madeleine

Comme la décrit R. Collier, la chapelle Sainte-Marie-Madeleine est moins une grotte qu’une anfractuosité de la haute falaise jurassique toisant le bourg. Il ajoute qu’elle passe pour avoir été le premier abri des moines de Lérins venus évangéliser le pays (p. 399). Elle est située non loin de la chapelle Notre-Dame de la Roche.

307. Chapelle Sainte-Anne

C’est la chapelle du cimetière situé immédiatement à la sortie et au sud du village. Les guides touristiques la qualifie de romane. D’après l’Office du Tourisme, elle aurait été reconstuite sans prétention au XVIIe siècle à l’aide des pierres d’une tour des remparts.

308. Chapelle Saint-Pierre

Elle n’est pas mentionnée dans les archives comme les premières que nous avons citées. Elle est située au sud de la commune au bord de la D 952 qui conduit au village. Elle aussi est qualifiée de chapelle romane du XIIe siècle, mais nous n’en possédons aucune description. La chapelle et ses abords sont un site inscrit.


Synthèse

Il ne reste aucune trace des églises Saint-Cyrice et Sainte-Croix citées en 1113. Par contre les édifices relevant de la période pré-castrale sont nombreux, à commencer par celui de Saint-Martin d’Ourbes dont la présence remonte au haut Moyen Age, à la fin de la période mérovigienne. Le territoire de Moustiers présente un condensé de l’organisation des paroisses rurales durant la fin du premier millénaire avec une multiplicité de lieux de culte en un dense réseau. Il correspond à un habitat dispersé que le regroupement dans le castrum au cours des XIe et XIIe siècles va anéantir et qu’il n’est pas toujours facile de reconstituer. A ce titre la commune de Moustiers est un cas exemplaire.


1. POLY, Saint-Mayeul et son temps, p. 157 et 179 (48).

2. A. Villard et E. Baratier, Catalogue des chartes antérieures au XIe siècle (687-1112), AD BdR, Marseille, 1998, p. 111, n° 402.

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune s’étend au NE de Sisteron le long du Grand Vallon, très large depuis sa limite au nord avec la commune du Caire, permettant les cultures céréalière et fruitière. Le village est établi sur la rive droite du vallon, dans la pente et au pied de la colline où s’élevait une motte castrale, sans doute aux alentours de l’an mille. D’une superficie de 2336 hectares le territoire a accueilli plus de 800 habitants en 1315 qui sera le maximum jamais dépassé par la suite. L’église paroissiale actuelle paraît avoir été bâtie au cours du XVIe siècle, une église et une chapelle ayant assuré le service paroissial avant son édification. Le castrum de Motta  est cité à la fin du XIe siècle lors de la donation de l’église Saint-Etienne.

298. L’église Saint-Etienne

A la fin du XIe siècle, les moines de Saint-Victor reçoivent une église dédiée à saint Etienne avec les chapelles  et les biens en dépendant  dans le territoire de La Motte des mains d’un aristocrate de Valernes dénommé Matfred (1). Ce dernier semble être le fils d’Isoard de Valernes qui en 1069 fait la donation de son domaine de Saint-Heyriès aux mêmes moines (2). Cette église n’apparaît pas par la suite en 1113 et 1135 dans les confirmations des papes des biens de Saint-Victor. Il semble qu’elle soit passée très vite dans les mains du chapitre de Gap. En 1274, est nommé un capellanus, un chapelain et non un prieur et vers 1350 le doyen du chapitre de Gap pour les bénéfices de la Motte et pour le chapitre (Pouillés, p. 89). Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’on connaît son emplacement : en sortant de l’église (du bourg) par la grand porte y a ung petit cimetière tout ouvert et luy a esté dict (à l’évêque) que le grand cimetière est dela le torrent de sainct Etienne (3). La première église était donc située sur la rive gauche du Grand Vallon en face du village, en milieu non défensif, près du torrent. Il n’en subsiste aucune trace, seuls quelques ossements apparaissent encore sur le site de l’ancien cimetière. Le nom de Saint-Etienne survit encore avec le ravin de St-Etienne.

Quant aux chapelles et les biens en dépendant, il est difficile de les localiser. Trois quartiers près du village portent les noms de Notre-Dame, Saint-Georges et Sainte-Anne qui ne correspondent pas aux chapellenies signalées au XVIIe siècle et lors des séquestrations révolutionnaires. Notre-Dame est un quartier excentré du village où s’élève l’église paroissiale. Saint-Georges  est un quartier au sud du village confrontant ceux de l’Auche et de Peiviel  (4). Nous sommes peut-être en présence d’une église baptismale ou plébane dédiée à saint Etienne et d’oratoria ou chapelles dépendant du chapitre de Gap dont l’origine peut remonter au haut Moyen Age. L’église et ses chapelles avec tous leurs biens auraient été accaparées par un laïc lors des troubles, puis léguées à Saint-Victor fin XIe siècle, pour revenir de nouveau dans les mains du chapitre au début du XIIe siècle.

299. Le couvent des Trinitaires

Une grande maison du village est appelée Le couvent. Les anciens savent qu’elle appartenait aux religieux Trinitaires, de l’ordre de Saint-Jean de Matha. Située au bas du village, elle appartient à des particuliers depuis la Révolution. Un grand pré clos en dépendant s’étale jusqu’au torrent du Saignon. Un très bel encadrement de porte daté de 1682 rappelle l’importance du bâtiment. Une croix de Malte est gravée sur le claveau supérieur. L’ordre des Trinitaires a pour vocation le rachat des captifs. Fondé au XIIIe siècle, il existe toujours et poursuit la même vocation. A la fin du XVe siècle, la communauté de La Motte-du-Caire fait appel à eux pour gérer  l’hôpital des pauvres du Christ lui appartenant.

Le dernier jour du mois de février 1498 a lieu l’installation officielle des Trinitaires à la Motte. Un acte, conservé aux archives départementales, est rédigé par Jean Carbonel, notaire public du lieu, en présence des représentants de la communauté et du révérend père de la Sainte-Trinité Antoine Nairassy (5). Il fait suite à une délibération du parlement public tenu dans ledit lieu de Mota le 22 du mois de novembre. La communauté fait don du cens et des services, des maisons, jardin et casal (écurie), des terres et pré de l’hôpital des pauvres du Christ du lieu de Motta.  En contre partie, les religieux sont tenus d’édifier un couvent en l’honneur de la Sainte Trinité et cela dans ledit pré dudit hôpital situé sous le bourg de Motta, confrontant avec les chemins publics et avec le ruisseau de Segno.  Le couvent devra être construit d’ici à cinq ans et quatre religieux devront y résider en permanence. Ils devront célébrer la messe tous les jours et réciter les heures canoniques (les offices).

Suivent plusieurs conditions dont celle de s’occuper des pauvres du Christ : lesdits religieux sont tenus et doivent tenir la maison dudit hôpital ouverte, bien et décemment munie de deux lits et couvertures et linges, bien suffisamment pour les pauvres du Christ. Ils devront en outre dire et célébrer une messe et autre messe plus tard tous les jours et perpétuellement dans ledit couvent à une heure appropriée et selon la volonté de ladite communauté de Motta et cela en l’honneur de la Sainte-Trinité et de la bienheureuse Vierge Marie.

Cette dernière disposition de dire une messe tous les jours à l’heure voulue par la communauté avait son importance. En effet, l’église paroissiale était éloignée du village, de l’autre côté du vallon et il n’était pas toujours aisé de s’y rendre, surtout en hiver. Les Trinitaires vont assurer jusqu’à la Révolution leur rôle d’accueil et de soin des malades et des pauvres du Christ. Parfois l’un d’eux sera nommé à la cure de la paroisse, comme c’est le cas le 10 janvier 1611 où la cure de la Motte est confiée à frère Pons Cadenet, prêtre de Marseille, professeur de Théologie, de l’ordre des Trinitaires. Le 5 avril 1696 voit la profession de foi monastique chez les Trinitaires de frère François Vachier. La famille d’Hugues, seigneur de la Motte, fonde une chapelle dédiée à saint Joseph dans l’église du couvent. A la Révolution le couvent est exproprié. Un inventaire des biens est rédigé le 30 août 1790 (6). Par la suite, un plancher est établi à la naissance de la voûte pour y installer un grenier, la nef tronquée servant d’écurie pour l’auberge installée dans le couvent.

Synthèse

La commune de La Motte présente le même cas que celle de Mison, le castrum n’a pas été équipé d’une église paroissiale comme dans la plupart des cas. C’est l’église pré-castrale, ici Saint-Etienne, qui, malgré son éloignement, à continué son rôle de rassemblement de la communauté. Le cimetière était encore en fonction à la fin du XVIIe siècle même si l’église avait été abandonnée. L’église du couvent des Trinitaires a permis depuis la fin du XVe siècle d’assurer un service paroissial plus confortable avant qu’une église soit enfin construite à la sortie du bourg.


1. Cette donation ne figure pas dans le cartulaire de Saint-Victor, mais dans des chartes inédites recensées par Paul Amargier, Chartes inédites (XIe siècle) du fonds Saint-Victor de Marseille, Thèse 3e cycle,Aix, 1967, liasse 67, n° 321. Edouard Baratier reprend cette donnée en la confirmant dans Provence Historique, tome XVI, fasc. 65, 1966, p. 427. De même André Villard et Edouard Baratier, Catalogue des chartes antérieures au XIIe siècle (687-1112), AD B-d-R, Marseille, 1998, p. 106, n° 379. Il faut observer que l’église, lors de la donation, est aux mains d’un laïc.

2. CSV n° 717, T II, p. 63. Ego Isoardus et uxor mea Adalax et filii mei Isnardus et Matfredus, (moi Isoard et mon épouse Adalax et mes fils Isnard et Matfred).

3. Visite pastorale de 1651, AD HA G 784, p. 154.

4. Ces deux toponymes évoquent un habitat du haut Moyen Age, un en plaine, l’autre perché où ont été retrouvées les traces d’un établissement gallo-romain et des tombes.

5. Texte en latin de 12 folios aux ADAHP, E 134/10.

6. ADAHP  1 Q 88, art.81.

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de  Castellane, aujourd’hui dans le canton de Saint-André-les-Alpes. La commune de plus de 3700 hectares est située dans un milieu montagneux entre Barrême et Saint-André-les-Alpes. Elle est traversée par deux torrents, le torrent d’Hyèges qui va se jeter dans l’Asse de Moriez.  Avec près de 400 habitants en 1315, il n’en subsiste que 130 en 1472 ; puis la population culmine en 1765 avec 689 habitants pour ensuite décroître et arriver à 195 en 1962 (Atlas, p. 186). C’est aux abords des deux torrents qu’ont été recensés plusieurs sites archéologiques dont un dépôt remarquable d’objets en bronze de l’époque protohistorique (1). L’étendue du territoire a favorisé l’implantation de plusieurs hameaux, sans compter l’habitat dispersé en fermes, les plus importants étant ceux d’Hyèges, des Chaillans et de Courchons. Un autre situé tout au nord de la commune, le Castellet de la Robine  a même constitué une communauté indépendante. Elle comptait une soixantaine d’habitants en 1315, mais fut ensuite réunie à Moriez à la fin du XVe siècle. Tous ces hameaux furent équipés d’églises ou de chapelles, dont certaines remontent à la période du début du IIe millénaire.

Un premier castrum semble s’être établi au sud du village actuel, au Coullet de Ville  sur un oppidum constitué d’un rempart formant un demi-cercle sur à-pic. Il semble avoir été occupé durant la période protohistorique, puis au Xe siècle après avoir succédé à une villa carolingienne établie au pied du coteau, témoin le toponyme Ville. Une donation aurait été faite en 993 par Pierre Ier, évêque de Senez (993-1027) qui donne à Saint-Victor l’église de Saint-Martin et Saint-Maximin, sise au lieu de Menta, sans doute en 993 (GC I, p. 200). La CAG abonde dans cette voie (p. 315) et l’abbé Féraud y reconnaît l’ancien village (p. 276). L’habitat s’est ensuite déplacé pour créer un nouveau village, celui de Moriez. Il est cité au XIe siècle, le castrum Morarensem (CL, CCXXXI, p. 237). L’église est nommée en 1278 : l’église paroissiale dont le prieur est J. Jaucerandus et la collation de la dite église appartient à l’église de Senez (Enquêtes, p. 433, n° 856). Elle est encore citée par les Pouillés en 1300 et 1376, ecclesia de Moreriis (p. 289 et 292-293). Elle est dédiée à saint Barthélemy avec comme patronne sainte Madeleine. D’après R. Collier, elle remonte au XIIe siècle avec une abside en hémicycle et voûtée en cul-de-four, d’un joli appareil blanc et régulier, mais la corniche manque (p. 100).

292. Le prieuré Notre-Dame de Serret de Mouriez

C’est au cours du XIe siècle que Belielda et ses fils, Pons, Eldebert et Atenulf, donnent l’église édifiée en l’honneur de sainte Marie qui est dans le comté de Senez, proche du castrum Morarensem, à l’abbaye de Lérins. Suivent ensuite les confronts des terres données à l’église (CL, n° CCXXXI, p. 236-238, carta sancte Marie de Morers). La confirmation de cette possession est donnée en 1259 par le pape Alexandre IV : in diocesi Senensi, ecclesia Sanctae Mariae de Sarreto (CL 2, n° IV, p. 6). Le prieuré apparaît encore lors de l’enquête de 1278 en même temps que l’église paroissiale : à Moriars, il y a une autre église dont le prieur est Guido de Gareda et dont la collation appartient au seigneur abbé de Lérins.  L’église est citée également par les Pouillés en 1300 et 1376 : ecclesia de Serreto Moreriorum. Le prieuré va rester dans les mains de Lérins jusqu’à la Révolution. Plusieurs pièces le concernant sont conservées aux archives des A.-M. (2).

A la Révolution, la chapelle et le prieuré sont vendus à un particulier, mais la paroisse continue de s’y rendre en procession, comme attesté par le coutumier de 1835 : le jour de l’Annonciation de la Ste Vierge, procession et messe à la chapelle Notre Dame (2 V 73). Cependant la situation se dégrade entre la paroisse et le propriétaire, ainsi en 1870 : la chapelle de Notre Dame étant en litige depuis un certain nombre d’années entre la paroisse et la famille Collomp, il n’a pas été possible de connaître au juste le mobilier dont elle jouit. Ce qu’il y a de plus grave relativement à cette chapelle c’est que la famille Collomp y dépose les denrées de la campagne pendant l’année. J’y ai trouvé de la graine de sainfoin et de trèfle dans un coin et le van dont on se sert pour le blé (2V 90). Après cette date, la chapelle n’est plus citée. Aujourd’hui, la chapelle Notre-Dame du Serret, ancien prieuré de Lérins. Rectangulaire, accolée à une maison. La partie inférieure des murs jusqu’à mi-hauteur, est en appareil régulier ; au-dessus, des moellons. A l’intérieur, décor en plâtre du XVIIe. Pour les parties anciennes, cette chapelle peut remonter au XIIIe siècle (Collier, p. 142). La CAG signale qu’en 1960, à Notre-Dame, ancienne chapelle, des tombes furent découvertes avec des petits pots en céramique déposés vers la tête des défunts (p. 315).


293. L’église Saint-Gérard du Castellet de la Robine

L’ancien castrum ou plutôt le castellum de Robina comme le qualifie l’enquête de 1278 était situé tout au nord de la commune à plus de 1000 mètres d’altitude. Le Col du Castellet permettait de rejoindre le village de Lambruisse dont l’église paroissiale fut pendant un temps une annexe de celle du Castelet (3). Après les guerres et la peste, la communauté, réduite, est réunie à celle de Moriez au XVe siècle. Selon la même enquête, l’église paroissiale dudit castrum dont le prieur est Raibaud Aisola et la collation appartient à l’église de Senez. Le seigneur Guillelmus Grossus et dame Adalaisia de Moreriis sont les seigneurs dudit castrum (p. 433, n° 858). Les mêmes Pouillés de 1300 et 1376 citent l’ecclesia de Castelleto Robine. Suite au rattachement à Moriez, l’église va perdre son statut de paroissiale et devenir une simple chapelle. C’est ainsi qu’elle est nommée en 1697 : au hameau du Castellet de la Roubine les Moriez, chapelle St Gérard, paroisse primitive de Lambruisse avec un tableau représentant la Sainte Vierge, à costé  St Gérard patron, st Martin evesque, assez usé (2 G 17, f° 131). Elle va alors dépendre de la paroisse de Hyèges et selon le coutumier de 1835, le 13 octobre, saint Gérard, la dernière messe se dit au Castellet. Cette messe se dit encore une fois par an en 1899 d’après l’enquête sur les lieux de culte, puis c’est le silence. Il n’en reste plus qu’une ruine.

294. Courchons

Le quartier de Courchons est situé tout au sud de la commune entre 1200 et 1300 mètres d’altitude et les cartes modernes n’y signalent même pas une ruine. Cassini par contre indique Courchon avec une église succursale. C’est en 1278, lors de l’enquête, qu’est cité le castrum Corsonum, mais il n’existe pas d’église paroissiale. Le castrum dépend du roi qui possède toute la juridiction et Jo. Remusat est bayle dudit castrum (p. 432, n° 854). L’église n’est toujours pas citée par les Pouillés de 1300 et 1376. Il faut attendre la visite de l’évêque de Senez le 17 juin 1687 pour apprendre qu’elle existe (2 G 17, f° 131). Et c’est Abbayes et Prieurés qui nous donnent le titulaire, saint Pierre, et qui nous apprend qu’elle est une succursale de la paroisse de Moriez et dépend de l’évêché (p. 195). Depuis, tout a disparu.

295. La paroisse Saint-Claude d’Hyèges et la succursale Saint-Jacques des Chaillans

Le hameau d’Hyèges est situé au nord du village de Moriez au bord du torrent d’Hyèges, à 930 mètres d’altitude. Il n’est pas cité à la fin du Moyen Age et l’église n’apparaît que lors de la visite de 1697. C’est au cours du XIXe siècle que l’on connaît son titulaire, saint Claude, lors des visites pastorales et par l’abbé  Féraud. Ce dernier lui attribue le titre de paroisse, ce que ne fait pas Achard qui ne la cite même pas, ce qui indique une investiture récente (II, p. 358). Elle a comme succursales la chapelle Saint-Jacques du hameau des Chaillans et celle du Castellet. En 1857, il y a une chapelle rurale convenable au quartier des Chaillans, dans laquelle Mr le curé va dire la Sainte Messe par bis tous les dimanches et fêtes d’obligation. A la fin du XIXe siècle, en 1899, la chapelle du Chaylan, sert quelquefois aux habitants du quartier, on n’y dit plus la messe que le 1er mai.  Au Castellet, il en est de même comme on l’a vu, le curé n’y va qu’une fois par an. Les deux édifices d’Hyèges et des Chaillans sont encore en état, signalés par les cartes modernes.

296. Chapelle Saint-Pierre

Les ruines de la chapelle sont situées à 500 mètres au SO du village, au sommet d’un coteau dominant le passage de la N 202. Elle est d’abord recensée par la carte de Cassini. La première citation date du 18 mars 1791 où lors de la séquestration des biens du clergé sont recensés une terre et un pré attenant ensemble près la chapelle St-Pierre au quartier du Coullet de St-Pierre (1 Q 5). Le coutumier de 1835 relate que lors de la fête de saint Pierre et Paul, procession et messe à la chapelle Saint-Pierre. Elle est citée ensuite comme chapelle rurale jusqu’en 1912 lors des visites pastorales, en état et propre. Aujourd’hui, elle est en ruine.

297. Chapelle Saint-Firmin

Seule la carte de Cassini mentionne cette chapelle St Firmin. Le toponyme apparaît sur les cartes modernes à quelques 2000 mètres au sud du village mais sans bâtiment. Il a également servi pour dénommer la section E du cadastre napoléonien de 1838.


Synthèse

Parmi toutes ces églises et succursales, il est possible d’opérer une classification. Les édifices les plus récents sont soit des chapelles de hameaux, soit des succursales d’une église-mère. Courchons semble être une paroisse créée au XVIIIe siècle, celle de Hyèges, si elle existe comme chapelle fin du XVIIe siècle, ne devient paroissiale qu’au XIXe siècle. Elle va prendre en charge la succursale des Chaillans. Saint-Firmin semble être une chapelle de secours édifiée au XVIIIe siècle pour les habitants du quartier, elle est à plus de 2 kilomètres des paroisses de Moriez et de Courchons. Il faut rappeler que c’est durant ce siècle que la population fut la plus nombreuse (689 habitants en 1765). Si l’on remonte dans le temps, on reconnaît deux églises de castra citées au XIIIe siècle, celles de Moriez et du Castellet. La dernière va devenir simple chapelle suite à l’abandon de la communauté. Il faut ajouter à ces deux églises, celle du castrum de Menta dont l’édification peut remonter au tout début du XIe siècle. Restent enfin, deux chapelles situées en milieu ouvert. Notre-Dame est donnée à Lérins au XIe siècle mais existe déjà lors de la donation. Les tombes avec pégaus pourraient indiquer un cimetière du haut Moyen Age. Enfin la chapelle Saint-Pierre sur sa colline, objet de procession votive comme pour celle de Notre-Dame, pourrait relever de la même période.


1. Carte Archéologique, n° 133, p. 313. Hélène Barge, « Le dépôt de bronzes de Moriez (Alpes-de-Haute-Provence) », Documents d’archéologie méridionale, numéro 27, 2004, p. 141-170.

2. Série H, n° 932 à 939, pièces s’échelonnant de 1306 à 1736, concernant des arrentements, procès, collations, etc.

3. Visite de la paroisse de Lambruisse du 24 et 25 juin 1703 : l’église est une ancienne annexe du Castellet (2 G 17, f° 259).

 

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Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Banon. Le territoire de 2381 hectares est limitrophe de celui de Banon à l’est et de Simiane à l’ouest dans une zone de vallée et de plateaux peu élevés. La population n’a jamais dépassé les 580 habitants. C’est vers 1050 et 1060 qu’est cité pour la première fois Montsalier sous la forme d’un personnage dit de Monte Celeg (CSV I, n° 452, p. 458 et n° 109, p. 137). L’église apparaît le 13 janvier 1113 lors de la confirmation par le pape Pascal II de ce que Laugier d’Agoult, évêque d’Apt, abandonne aux chanoines, entre autres, la moitié des dîmes de Montsalier. Puis le 15 avril 1158 c’est une bulle du pape Adrien IV qui confirme les églises dépendant de l’évêché d’Apt, parmi elles, l’ecclesia de Sancti Petri de Montecelio (GCN I, col. 224). Le nom varie entre Montisalicus et Mons Celicus comme l’indique les Pouillés du diocèse d’Apt en 1274 et 1350. Pendant cette période le castrum et l’église sont situés dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Haut Monsalier, village ruiné dont il ne reste que l’église. Celle-ci, comme on l’a vu en 1158 est dédiée à saint Pierre et dépendait de la prévôté de Cruis (Atlas, carte n° 72 et Abbayes et Prieurés, p. 72). Pour R. Collier qui contredit Féraud, l’édifice remonte à l’époque romane et non de 1564 et il la situe entre le premier âge roman et l’art roman classique, c’est-à-dire au cours des XIe et XIIe siècles (p. 64 et Provence Romane 2, p. 340). Elle restera paroissiale jusqu’au milieu du XIXe siècle, moment où le village va être progressivement abandonné et où sera construit une nouvelle église dans le hameau du Plan en 1856-1857 (Collier, p. 382). Celle-ci va prendre la titulature de Notre-Dame, titre d’une ancienne église toute proche mais détruite et qui n’a conservé que le cimetière.

289. Eglise Notre-Dame de la Ferrade

A 500 mètres au nord du village actuel, près de la bastide de la Baou, un site de près de deux hectares a révélé plusieurs éléments gallo-romains. Vers la Fontaine Notre-Dame existait au Moyen Age une église dédiée à Notre-Dame qui fut détruite au milieu du XVIIIe siècle. Furent découverts un cippe en calcaire, aujourd’hui conservé dans l’église paroissiale, un bas-relief, des tegulae, de la céramique sigillée, deux inscriptions en calcaire. Et  G. Barruol, auteur de la notice de la CAG, de conclure : il ne fait aucun doute qu’il existait à la Ferrade un établissement gallo-romain du Haut Empire relativement important – sans doute une villa dont le domaine pouvait s’étendre à tout le Plan de Montsalier – ainsi qu’une nécropole. Sur ces sites s’établiront au Moyen Age l’église Sainte-Marie et le cimetière attenant, auxquels succèderont à l’époque moderne la belle bastide de La Baou (n° 132, p. 311-312).

290. L’église Saint-Pierre

C’est la CAG qui révèle l’existence d’une église existant au Moyen Age. Elle était située près de la fontaine signalée par la carte IGN 300 mètres au sud de la ferme St-Pierre. L’édifice a été transformé en ferme puis en habitation secondaire. Un cimetière médiéval à inhumations en pleine terre ou en coffres de lauses et un sarcophage y ont été découverts. Une inscription d’époque romaine y a été également remarquée ainsi que des éléments divers. Et le même auteur de conclure : il semble bien que le prieuré médiéval de Saint-Pierre ait été établi sur un site occupé dans l’Antiquité, du Ier au IIIe siècle  (p. 313).

291. Saint-Pons

Au NO de la commune la carte IGN situe un quartier St. Pons. Le cadastre de 1829 cite non seulement le quartier, mais également un bâtiment dit St Pons (section A, parcelle 18). La CAG signale au sud des ruines de Saint-Pons des fragments de tegulae dans un clapier (p.313). Ici, seul le toponyme peut évoquer un édifice religieux sur un site antique, mais sans certitude.

Synthèse

Si le schéma classique du transfert du castrum perché dans la plaine avec deux églises paroissiales successives est patent, Montsalier offre en outre deux si ce n’est trois édifices implantés sur des sites antiques et qui sont antérieurs au castrum.

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