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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Banon. La commune s’étend sur plus de 4500 hectares sur les pentes sud de la montagne de Lure non loin du département du Vaucluse. La population, peu nombreuse (519 habitants en 1851) est répartie en fermes et petits hameaux. Il n’est pas signalé de chapelle rurale au XIXe siècle, seulement deux églises paroissiales, celle de l’ancien village perché de Redortiers abandonné depuis le début du XXe siècle et celle du hameau du Cantadour qui est devenu le centre administratif de la commune. Au vieux Redortiers se dressent les ruines de l’ancien village, du château et de l’église dédiée à Saint-Michel. Au Contadour, l’église dédiée à saint Jean-Baptiste se dresse près du cimetière, datée du XVIIe siècle (Collier, p. 232).

 

380. Le prieuré Sainte-Marie

C’est dans l’article consacré à Saint-Pierre de Carluc à Céreste qu’est cité un prieuré Sainte-Marie de Redortiers dépendant du grand prieuré de Carluc lui-même dépendant de l’abbaye de Montmajour. Cet attachement à Carluc dura du XIIe au XIVe siècle, siècle qui vit le prieuré de Carluc péricliter (Provence Romane 2, p. 188). Aucun indice avec la carte de Cassini et le cadastre napoléonien ne permet de situer cet ancien prieuré.

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. La commune s’étend sur 2811 hectares de chaque côté des gorges du Verdon. Elle est connue pour ses baumes creusées dans les falaises occupées durant la Préhistoire et ses plateaux durant la Protohistoire. Le premier village était d’ailleurs établi à l’emplacement d’un oppidum protohistorique sur un promontoire dominant le Verdon à l’ouest du village. C’est là qu’il faut situer le castrum de Quinsono cité par l’enquête de 1252 (p. 361), ainsi que l’église paroissiale desservie par un prior de Quinsono en 1274 (Pouillés, p. 105). La paroisse dépend de l’abbaye de Lérins, la première mention de la parrochiam Quincionis datant de 1113 (CL, CCXIV, p. 218). Cette appartenance est confirmée par une bulle d’Alexandre IV de 1259, ecclesia de Chinsono (CL 2, n° IV, p. 6). Elle est sous la titulature de saint Michel comme l’atteste l’abbé Féraud, castrum de Sancto Michaele de Quinsono (p 150). Le coutumier de 1835 rappelle cet ancien habitat : le 8 mai, dimanche après l’apparition de St Michel on va en procession sur le mont St Michel, en chantant l’hymne Tibi Christi Splendor Patris. Vers le milieu de la montée, on bénit le territoire et l’on cesse de chanter à cause de l’aspérité du chemin. Arrivés au sommet, on bénit le territoire en se tournant du côté de Malesenque. On reprend ensuite le chant en suivant la crête de la montagne jusqu’à une croix qui s’y rencontre ; là, on bénit le territoire, ensuite l’absoute pour les morts et l’on descend sans chanter par la même raison que dessus jusqu’à la chapelle de St Clair. Là, on bénit le territoire et l’on retourne en chantant l’Ave Marie Stella jusqu’au village. En y entrant, on entonne le Te Deum et arrivés à l’église, le prêtre célèbre la Ste messe (2 V 73).

Le déperchement va s’effectuer à partir de 1419 où le 14 octobre la reine Yolande, femme de Louis II d’Anjou, régente et mère de Louis III, octroya aux habitants l’autorisation d’abandonner leur perchoir malcommode et d’aller s’établir dans la plaine (Collier, p. 300). Les habitants créent le nouveau village de Quinson entouré de remparts dont il reste quelques traces et élèvent une nouvelle église paroissiale sous le titre de Notre-Dame du Plan. Pour R. Collier, l’église paroissiale, dédiée à ND du Plan, est assez composite. Une partie de l’édifice pourrait remonter au XVe siècle, époque de la fondation du village (p. 385).

 

375. Le prieuré Sainte-Marie de Vallis-Munie

Si l’abbaye de Lérins dessert la paroisse dès le début du XIIe siècle, un prieuré dédié à Notre-Dame a été donné à Lérins à la même époque. Le don a été fait vers 1103 par Blacatius, son épouse Béatrix et ses fils de la domum sancte Marie Vallis-Munie, cum pertinentiis suis … Semblablement, Guillelma, épouse de Guillaume Augier et ses fils donnent la maison de Saint-Pierre de Albiols avec les hommes et tout ce qui en dépend (CL, CCXX, p. 224).

Pour retrouver cet ancien prieuré les cartes actuelles et le cadastre napoléonien ne sont d’aucun secours. Il faut recourir à la carte de Cassini (n° 154) pour rencontrer un quartier portant le nom de Plaine des Meuniers et une chapelle dite ND de la Fleur. Ils sont situés sur la rive gauche du Verdon près de la limite communale avec la Roquette. L’auteur du cartulaire de Lérins, dans son dictionnaire géographique, situe Vallis Munia, « Vaux des Meuniers », comme un ancien quartier situé sur la rive gauche du Verdon dans la commune de Quinson 1. La chapelle mentionnée par Cassini a dû disparaître lors de la Révolution. Elle n’apparaît pas sur le cadastre de 1825.

 

376. Le prieuré Notre-Dame de Quinson

Il est lié à celui d’Albiosc et sont toujours cités ensemble. Le prieuré est sous le titre de la bienheureuse Marie, comme indiqué le 1er septembre 1277 lors d’un échange de terres fait entre Tasilus rector ecclesie Beate Marie de Quinsono et Isnard Martin (CL 2, LXXXVII, p. 142-143). Ces terres sont in valle de Quinsono, près des chemins publics qui vont au Verdon et à Riez et près de l’église. Les confronts indiquent que le prieuré n’est pas dans le castrum de Saint-Michel, mais dans la plaine, près du Verdon. Plusieurs pièces concernant les prieurés d’Albiosc et de Quinson sont entreposés aux ADAM, serie H, n° 849 à 862, s’étalant de 1113 à 1601. Au cours du XIXe siècle la chapelle est citée sous le titre de Notre-Dame du Bon Secours, elle est en bon état, on y fait même des réparations en 1892. Le coutumier de 1835 relate que le premier jour des Rogations on va à la chapelle Notre Dame. On s’y arrête encore aujourd’hui quand les paroissiens se rendent en pèlerinage à la chapelle Sainte-Maxime à la mi-mai.

 

377. Chapelle Sainte-Maxime dans le désert

Cette chapelle est située aux confins du territoire, sur la rive gauche du Verdon à l’altitude de 446 mètres dans un désert comme l’atteste le coutumier de 1835. Celui-ci relate le pèlerinage qui avait lieu le 16 mai, jour de la fête de sainte Maxime, patronne de la paroisse : ce jour-là on part dès que l’aurore commence à poindre pour se rendre à la chapelle de Ste Maxime en chantant l’hymne Jesu Corona Virginum. On s’arrête à la chapelle de St Clair et on bénit le territoire. Après le chant cesse et chacun s’achemine vers la chapelle située dans un désert à une lieue et demie. Lorsque le prêtre est arrivé à une croix qui se trouve à peu de distance de la susdite chapelle, on bénit le territoire. La procession se forme de nouveau et se dirige vers la chapelle en chantant Jesu Corona Virginum. Dès qu’on y est arrivé, le prêtre se dispose à dire une messe basse. Lorsqu’elle est finie, il bénit les enfants que les mères présentent, et après un petit déjeuner, on retourne en procession jusqu’à la croix dont nous avons parlé précédemment. Au départ, on bénit le territoire et à la croix on bénit le territoire. La procession se termine là et ne se réorganise plus. Ceux qui ont porté au désert le buste de Ste Maxime la laissent à leur retour à la chapelle de St Clair. C’est là qu’on va la prendre en procession avant la grand messe en chantant toujours l’hymne Jesus Corona. Arrivés à la chapelle de St Clair, le prêtre bénit le territoire et l’on s’en retourne par le même chemin. Dans le village, au retour, la procession passe par le Collet, prend la Grand Rue, suit les faubourgs, revient au Collet pour entrer de là dans l’intérieur du village. Alors on entonne le Te Deum et la procession arrive dans l’église où se célèbre la Grand Messe. Après diner, on chante les vêpres et l’on donne la bénédiction du St Sacrement. Le lendemain de Ste Maxime, on célèbre une grand’messe qui se termine par une cérémonie appelée l’offrande. Tous viennent baiser la croix et la chasse des Reliques de Ste Maxime. On bénit encore les enfants dans la chapelle de Ste Maxime. Le dimanche suivant, on fait encore la procession après les vêpres dans l’intérieur du village en l’honneur de Ste Maxime.

Sainte Maxime est une sainte de Provence, vierge, du monastère d’Arluc près de Cannes et est vénérée surtout dans le diocèse de Fréjus. On connaît peu de sa vie sinon qu’elle vécut au VIIIe siècle et qu’elle fonda un monastère à Callian (Var) 2. R. Collier date la chapelle de 1854 (p. 380), mais il doit s’agir de réparations car elle est citée en 1845 lors d’une visite pastorale et par la carte de Cassini qui y place un Hermitage. Elle figure également sur le cadastre de 1825. Elle est encore en bon état aujourd’hui. Le récit circonstancié de la procession à la chapelle indique combien était grande la dévotion à cette sainte de Provence. La chapelle, en outre siège d’un ermitage au XVIIIe siècle, peut être la paroisse originelle avant la création du castrum de Saint-Michel sur son site perché. Il est à peu près certain que la dévotion à cette sainte fut apportée par un prieur ou un moine de l’abbaye de Lérins. Son culte s’est développé à partir du IXe siècle et se poursuit encore aujourd’hui avec une procession qui se rend à la chapelle à la mi-mai.

 

378. Chapelle Saint-Clair

Elle est signalée par Cassini et le cadastre napoléonien. Elle était située sur la rive droite du Verdon non loin du pont qui permet de passer sur l’autre rive pour se rendre à Sainte-Maxime. C’est pourquoi la procession s’y arrêtait à l’aller et au retour. Elle est citée parmi les trois chapelles existantes en 1845 avec Notre-Dame et Sainte-Maxime. A partir de 1860, il n’en n’est plus cité que deux et Saint-Clair a disparu.

 

379. Chapelle du Saint-Esprit

Elle est seulement citée une fois, par le coutumier de 1835, où le troisième jour des Rogations on se rend à la chapelle du Saint-Esprit. Dans le village, elle devait servir de chapelle pour une confrérie de Pénitents. Elle abrite aujourd’hui le local du Syndicat d’Initiative.

 

Synthèse

 

L’occupation du territoire se révèle depuis la Préhistoire, se poursuit durant la Protohistoire où l’oppidum Saint-Michel semble avoir été occupé pratiquement sans interruption jusqu’au XVe siècle. Le terroir avec ses grottes et ses baumes a peut être attiré les ermites de Lérins dès le haut Moyen Age et la chapelle Sainte-Maxime a pu perpétuer cette tradition dans le désert. Reste en suspens la chapelle Notre-Dame de Vallis-Munie que les deux rédacteurs du cartulaire de Lérins situent différemment.

 


1  Flammare, l’autre éditeur du Cartulaire de Lérins, place Notre Dame de Vaumougne au nord de Baudinard et à peu de distance de ce village (p. 276). A cet endroit se dresse une chapelle appelée Notre-Dame de la Garde et le quartier de Vaumougne se trouve complètement à l’ouest de la commune avec un prieuré.

2 Sur sainte Maxime, consulter Abbé ALLIEZ, Les îles de Lérins, Cannes et les rivages environnants, Paris, 1860, p. 474-477. Il relate qu’on voyait à Quinson, dans l’ancien diocèse de Riez, une autre côte de sainte Maxime. Selon la tradition de Callian, elle fut portée par un religieux de Lérins, transféré du prieuré de Callian à celui de Quinson. C’était avant 1677, année où fut extraite la dernière côte de la sainte et qui fut placée dans la cathédrale de Fréjus.

 

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. Le territoire est situé sur le plateau de Valensole au NO de Riez. Les traces d’occupation antique se sont révélées nombreuses mais mal localisées car anciennes (CAG, n° 157, p. 348-350). Le nom de Puimoisson apparaît le 18 mars 1093 lors de la donation faite à l’abbaye de Lérins par Boniface de terres cultes et incultes, arbres fruitiers et autres, in castro et villa que lingua rustica Pogium Muxone nominatur (CL, CCXXVI, p. 230-232). Boniface fait cette donation pour servir de dot à son fils Aldebert qu’il avait offert au monastère. Dans son introduction au tome II du Cartulaire de Lérins, l’auteur recense parmi les possessions de l’abbaye la sixième partie du territoire de Puimoisson (p. CV). Mais Lérins ne possède pas d’église, seulement des terres et des biens. Le castrum est en train de naître et il est associé à l’ancienne appellation villa. Lors de l’enquête de 1252, il est dit que le comte R. Berenger a vendu à l’Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem les produits de l’albergue, des cavalcades et des questes, le comte se réservant toutes les justices (n° 554, p. 256-357). Cette vente a eu lieu le 8 décembre 1231 et est mentionnée par le RACP (n° 153, p. 254). Auparavant, le 20 janvier 1155, l’évêque de Riez confirme ce que son prédécesseur avait fait en donnant l’église et la paroisse de Puimoisson à Jerosolimitano Hospitali, l’église Saint-Michel et de l’Hôpital (GCN I, Inst. XIII, col. 373-374). L’église paroissiale dédiée à saint Michel relève bien des Hospitaliers, c’est ce qui apparaît en 1274 avec le commendator Podii Moisoni (Pouillés, p. 109)1. Elle est selon Atlas de style gothique avec une partie remontant à la fin du XVe siècle (p. 191).

 

373. Chapelle Saint-Apollinaire

Le père de saint Mayeul, Fouquier, possédait un grand domaine à Valensole et aux alentours. A Puimoisson il détenait in comitatu Regense, villa cum ecclesia sancti Tirsi. Cette église Saint-Thyrse est citée parmi d’autres biens le 3 septembre 909 (CLU I, n° 106, p. 119). Elle réapparaît, cette fois sous le titre de saint Apollinaire 2, à l’occasion du don fait en 1210 par l’évêque de Riez de l’église Saint-Apollinaire à l’abbaye Saint-Thiers de Saou au diocèse de Valence (GCN I, Inst. Riez, XVII, col. 377). A cette date, l’église est déjà sous le titre de saint Apollinaire. Peu de temps après, en 1233, l’abbé de Saou échange l’église avec les Hospitaliers de Puimoisson qui en deviennent propriétaires. Alpes Romanes estime qu’il n’est pas douteux que l’église a été reconstruite après la prise de possession par les Hospitaliers en 1233 3 (p. 57-58). Vendue à la Révolution, elle est transformée en ferme. Restée dans le domaine privée, elle est classée MH en 1976 et restaurée. Le site semble avoir été occupé durant l’Antiquité, une dalle romaine retaillée sert de linteau à une porte (CAG, p. 348). La citation de l’an 909 indique également une villa carolingienne.

 

374. Chapelle Notre-Dame de Bellevue

Si la chapelle Saint-Apollinaire est située aux confins de la commune non loin de celle de Moustiers, la chapelle Notre-Dame n’est qu’à 1500 mètres au SE du village. L’abbé Féraud, repris par Abbayes et Prieurés (p. 63-64), fait de cette chapelle un prieuré de Lérins construit après la donation faite en 1093 (Souvenirs Religieux, p. 46). Or il n’en pas fait aucune mention par la suite comme dépendant de cette abbaye. Au contraire, elle fait partie du domaine de l’évêque de Riez. C’est ce qui apparaît lors d’une concorde établie entre l’évêque et les Hospitaliers en 1156. Il y avait un désaccord pour savoir qui devait récolter les produits de la dîme attachés à l’ecclesia Sancte Marie de Podio Moissonis. Les Hospitaliers font remarquer qu’ils les ont récoltés en toute quiétude depuis trente années, depuis la légitime donation faite par les prédécesseurs de l’évêque (GCN I, Inst. XIV, col. 374-375). Cette église est, nous l’apprend Bartel, sous le titre de la B. Mariae de Bello visu (p. 60). Elle est citée comme chapelle rurale lors des visites pastorales du XIXe siècle sous le titre Notre-Dame de Beauvezer. C’est à partir du XVIIe siècle que fut construite contre la chapelle une habitation pour abriter un ermite gardien de l’édifice. La population y venait en pèlerinage le 25 mars et le 15 août (PR, n° 23, p. 20-21). Elle est toujours en bon état.

 

Synthèse

La mention de Saint-Thyrse/Saint-Apollinaire au tout début du Xe siècle avec la mention de villa, ainsi que la villa de Pogium Muxone en 1093 font apparaître au moins deux églises pré castrales. Il en est peut-être de même pour Notre-Dame citée au début du XIIe siècle. Le fait majeur c’est la main-mise par les Hospitaliers sur le territoire puisqu’ils possèdent non seulement la paroisse mais les revenus des deux autres églises. Ils avaient construit dans le village un grand château quadrangulaire équipé de huit tours crénelées qui fut vendu en 1793 à un maçon et totalement démantelé (Collier, p. 244).

 


1 MAUREL J.M., « Les commandeurs de Puimoisson », Annales des Basses-Alpes, 1898, T. VIII, p. 14-29.

2 POLY J.-P., « La petite Valence. Les avatars domaniaux de la noblesse en Provence », in Saint Mayeul et son temps, Digne, 1997, p. 157 et 176 (n° 87).

3 Provence Romane 2, p. 57-58. Bailly, p. 35-36. Collier, p. 75, 76, 78, 99-100, 460. J. Thirion, « Une construction des Hospitaliers de Provence : Saint-Apollinaire de Puimoisson, Provence Historique, déc. 1956.

 

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton des Mées. La commune est située au nord du plateau de Valensole, à l’est des Mées et au sud de Malijai. D’une surface de 3681 hectares, le territoire est constitué de côteaux coupés par des ravins à l’altitude moyenne de 750 mètres. La première citation est donnée en 1189 avec un certain Isnardus de Podio Michaelis lors de la charte de l’Escale où il sert de témoin en compagnie de nombreux personnages des communautés environnantes (CSV II, n° 978, p. 427). C’est au milieu du XIIIe siècle qu’est cité le castrum de Podio Miquel (Enquêtes 1252, n° 550, p. 356). En 1274 sont nommés deux ecclésiastiques, le vicarius ecclesie Podii Michaelis et le cappellanus de Podio Michaelis (Pouillés, p. 107). Bartel nous renseigne mieux : église sous l’invocation de B. Mariae de Serro dépendant de l’archidiacre de Riez (p. 60). L’église paroissiale sous le titre de Notre-Dame du Serre pourrait remonter, selon R. Collier, à la date de 1547, date gravée sur l’une des arcades d’un bas-côté (p. 182). Il semble, d’après la description qu’il en donne, que les arcades des bas-côtés puissantes et épaisses, soient le reliquat des murs de la nef primitive, ouverts en 1547 pour agrandir l’édifice. Il ajoute que le chœur peut être une survivance romane. Si notre hypothèse est juste, ce chœur serait tout simplement roman.

 

368. Chapelle Saint-Elzéar

Puimichel s’enorgueillit d’avoir vu naître la bienheureuse Delphine, considérée comme sainte en Provence. Delphine de Signes de Puimichel est née en 1284 et décédée en 1360 après avoir vécu chastement avec saint Elzéar de Sabran. Les époux partagèrent leur vie entre les châteaux de Puimichel et d’Ansouis. Dominant le village une colline où s’élevait autrefois le château ne recèle plus qu’une chapelle dédiée à saint Elzéar. R. Collier la date de la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe. Elle est rectangulaire et composée de deux travées que sépare un grand doubleau brisé avec pilastres à impostes. Sans doute était-elle jadis voûtée d’arêtes (p. 224). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 révèle : messe pour St Elzéar, Ste Delphine, à la Nativité de Marie. Quand R. Collier décrit la chapelle en 1986, il la déclare ruinée. Elle a été réparée depuis.

 

369. Chapelle Saint-Firmin

Cette ancienne chapelle, aujourd’hui ruinée, est située à 3000 mètres au NE du village et dépendait au XIIe siècle de l’abbaye Saint-André de Villeneuve (SAV, p. 225). Cette abbaye devait posséder un domaine important dans ce secteur et il est probable que la Grange Neuve, encore citée aujourd’hui, devait constituer la ferme qui récoltait les produits de la dîme et les productions agricoles. Le cadastre de 1824 dessine la chapelle, section E 3, parcelle 263, avec une abside rectangulaire. Elle est régulièrement citée lors des visites pastorales du XIXe siècle. A trois-quart d’heure de marche du village on y disait la messe en 1899 deux fois par an.

 

370. Chapelle Saint-Joseph aux Bronzets

Les Bronzets Hauts et Bas sont deux hameaux situés à l’ouest du village aux abords du Ravin des Bronzets. C’est dans le Bas qu’est élevée une chapelle dédiée à saint Joseph datée par R. Collier du XVIIIe siècle ; elle est rectangulaire, plafonnée, petit clocher-arcade à une baie, toit formant auvent ou porche (p. 232). Elle est signalée par Cassini et la titulature à saint Joseph correspond bien à la date avancée. Située à 3 km du village, le curé y célébrait la messe le 19 mars selon l’enquête sur les lieux de culte de 1899.

 

371. Chapelle Notre-Dame

Elle est signalée ruinée sur les cartes actuelles à 600 mètres au NO du village, N.D. Chap. ruinée. Elle est qualifiée de petite chapelle lors des visites pastorales du XIXe siècle et on n’y dit pas la messe. Elle est dédiée à Notre-Dame de Pitié ou des 7 Douleurs (2 V 89 et 93). Ce sont les seuls renseignements actuels sur cet édifice.

 

372. L’Hôpital et L’Hospitalet

Ce sont deux sites situés au NO de la commune aux abords d’un vieux chemin menant à Digne d’après le cadastre de 1824. La CAG signale que vers la ferme de l’Hospitalet située à un peu plus de 3 km au NE de Puimichel (altitude : 730 m), dans les années 1950, M. Geyrand a mis au jour, à proximité de ruines importantes, une dizaine de sépultures en pleine terre contenant chacune un vase à pâte grisâtre placé à la tête du défunt. Nécropole du Haut Moyen Age ? A en juger par la description des vases, sans doute des pégaus, elle n’est sans doute pas antérieure aux XIe-XIIe siècles (p. 348). Si la nécropole est bien de cette période, elle doit être accompagnée d’une église, les cimetières, depuis la fin du IXe siècle, ne sont plus isolés en pleine campagne. S’il n’existe pas d’édifice religieux, il faudrait dater la nécropole du haut Moyen Age. Les deux termes évoquent un établissement hospitalier sur un chemin reliant la vallée de la Durance à partir d’Oraison à Digne et la vallée de la Bléone. Il est probable qu’il appartenait aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui possédaient la commanderie de Puimoisson détentrice de plusieurs terres dans les communes voisines.

 

Synthèse

Deux édifices semblent être antérieurs à l’établissement du castrum et de l’église paroissiale, la chapelle Saint-Firmin attestée au XIe siècle et aux mains d’une abbaye ; la chapelle Notre-Dame, proche du village et en milieu ouvert qui a pu constituer la première paroisse. Pour l’Hospitalet, le manque d’informations ne permet pas de statuer, mais la nécropole reste un indice sérieux.

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de La Javie. La commune actuelle, de plus de 16500 hectares, est le résultat de la fusion de plusieurs communautés et communes. La cummune de Mariaud est rattachée à Prads en 1973. Puis c’est au tour de la commune de Blégiers en 1977, mais elle avait auparavant intégré les communautés de Chanolles, Chavailles et Champourcin au XVe siècle.

 

BLEGIERS

Cette vaste commune de 6817 hectares est située en milieu montagneux, traversée par la Bléone près de laquelle s’est installé le village actuel. Il est muni d’une église dédiée à Notre Dame que l’abbé Féraud décrit ainsi : l’église paroissiale de Blégiers est de construction récente. Ce n’était d’abord qu’une petite chapelle que l’on a agrandie à différentes reprises, et dont la dernière ne date que de quatorze ans. Il y en a une autre qui paraît fort ancienne ; elle est bâtie sur une hauteur, et l’on trouve, dans ses environs, beaucoup de décombres qui portent à croire que le village y était aussi construit dans le principe (p. 89).

 

358. La Roche-de-Blégiers

En effet, durant l’Antiquité et le Moyen Age le premier village était installé à la Roche-de-Blégiers, colline dominant le village au nord. Ce toponyme est cité par Emile Isnard qui reconnaît qu’en 1476 le chapitre de Digne cède son domaine de la Roche-de-Blégiers à l’évêque 1. Le chapitre est déjà mentionné en 1180 lors de la confirmation de ses biens à Blégiers par le pape Alexandre III (Isnard, p. 136). L’église est citée en 1351 et 1376 avec un cappellanus de Bligeriis (Pouillés, p. 256 et 259). On ne sait à quelle époque le village perché va descendre dans la vallée, sans doute à partir du XVIe siècle, mais l’église paroissiale continue sa fonction bien qu’une chapelle de secours dédiée à sainte Barbe évite aux paroissiens la rude montée. C’est ce qui apparaît lors de la visite de Mgr Le Tellier le 23 mai 1683 : Eglise paroissiale esloignée dudit village, sous le titre de Notre Dame de Bojeu. Maître autel avec un tableau représentant la naissance de Jésus-Christ avec son cadre peint et doré aux extrémités. Une image ou statue de la sainte Vierge dans une niche de bois blanc peint. Un confessionnal bois blanc. Nous sommes descendus à la maison claustrale au dessous de laquelle nous avons trouvé une chapelle sous le titre de sainte Barbe dans laquelle le service se fait le plus souvent pour la plus grande commodité des habitans attandu l’éloignement et les mauvais chemins qu’il y a pour aller à la paroisse. Il y a un autel avec un tableau représentant saint Barbe (1 G 5).

L’abandon complet de l’église paroissiale se fera au milieu du XIXe siècle. La chapelle Sainte-Barbe va devenir la sacristie de la nouvelle église que R. Collier date de 1830. Le coutumier de la paroisse relate que la nouvelle église de Blégiers a été solennellement bénie le 8 décembre 1844. Il ajoute que le jour de saint Marc le pasteur dit la messe grand matin. Avant la messe, il y a la procession qui monte à Notre Dame. En y arrivant, on entre au cimetière où l’on fait l’absoute. Ensuite la procession fait le tour de l’église et redescend pour assister au saint sacrifice 2. Seul le cimetière continue encore sa fonction et de l’église il ne subiste plus que le mur de façade sur une partie de sa hauteur avec une porte dont l’encadrement est formé d’un arc plein cintre constitué de fins claveaux réguliers dont les queues sont appareillées, l’extrados épousant la forme de l’intrados. Dans le cimetière joignant, lors de travaux, ont été découvertes cinq sépultures alignées côte à côte et dont la partie haute du corps était recouverte de tegulae disposées en bâtière.

Le premier lieu de culte et l’habitat étaient donc perchés à l’adret ensoleillé de la montagne, dominant la vallée humide et froide. Il est en position idéale pour la surveillance et la protection. Les Romains y ont sans doute installé un poste de contrôle et peut-être même un habitat. Le lieu a été réinvesti au début des XIe-XIIe siècles pour y fonder un castrum avec son église paroissiale. Celle-ci, malgré l’abandon de la position, a continué sa fonction, puis une fois définitivement abandonnée, a fait l’objet d’une procession annuelle avec l’absoute pour les morts.

359. Chapelle Saint-Roch à Hyère

Hyère est un hameau, aujourd’hui inhabité, situé à 1500 mètres à vol d’oiseau au NE de Blégiers, à 1200 mètres d’altitude. Une chapelle succursale le desservait. Elle est signalée comme chapelle rurale en 1860 et 1871 lors des visites pastorales ; elle est en bon état mais humide. On possède peu de renseignements sur cette chapelle encore signalée sur les cartes modernes. On sait seulement qu’elle a été restaurée en juin 1982 et que le dimanche 17 juillet 1983, à 15 h 30, à Heyres, a eu lieu la bénédiction de la Croix placée sur le rocher au-dessus de la chapelle de Saint Roch 3.

 

CHAMPOURCIN

360. Notre-Dame de Beauvezer à la Grande Neuve

En 1180, le chapitre de Digne possède des biens à Champourcin (Isnard, p. 136) et une église est desservie par le cappellanus de Camporcino en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 259). La communauté de Champourcin, composée de 40 habitants en 1315, est dépeuplée après l’épisode de la peste. Elle est alors rattachée à la commune de Blégiers et la paroisse à celle de La Javie. L’église est, selon Mgr Le Tellier lors de sa visite de 1683, au dela la rivière de Bleone, fondée sous le titre de Nostre Dame de Beauvezer. Serions allé au village pour y visiter une petite chapelle que les habitans ont fait bastir à leurs frais et dépans et qu’ils entretiennent. Cette église est en effet sur la rive gauche de la Bléone alors que le village se trouve sur l’autre rive et il n’existe aujourd’hui ni pont ni la moindre passerelle pour traverser la rivière, alors que le cadastre de 1825 en signale une. A côté de la première église s’étend un grand terrain plat, arrosable, favorable aux cultures vivrières, accompagné d’un bâtiment d’exploitation dit la Grange Neuve. Ces granges apparaissent au XIe siècle, fondées par des moines colonisateurs et défricheurs. Ce sont des bâtiments dépendant d’une seigneurie ou d’un monastère où l’on emmagasinait les récoltes et en même temps les produits de la dîme et de la taille. Il est probable que c’était là qu’étaient situés les biens du chapitre de Digne cités en 1180.

La nouvelle église du village citée par l’évêque est une simple cave voûtée au rez-de-chaussée d’une maison de village. Elle est encore en bon état aujourd’hui, munie d’un autel surmonté d’un tableau représentant la Vierge Marie entourée de saint André et de saint Christophe portant l’Enfant Jésus sur son dos. N’ayant pas de clocher ni de clocheton, une cloche datée de 1846 est suspendue à un arceau dans le jardin joignant. Elle porte le nom de saint Christophe, celui-ci étant le titulaire de l’église.

 

CHANOLLES

En 814, Saint-Victor possède une colonge et une bergerie à Cangnola faisant partie du domaine de la villa Caladius (CSV H 58 et 63). Le premier âge féodal pourrait être représenté par le toponyme la Motte livré par le cadastre napoléonien de 1825 en section D, mais il n’en reste aucune trace. Communauté à part entière, elle est rattachée après la grande peste à la commune de Blégiers. Le chapitre de Digne y possède quelques biens en 1180 et y perçoit encore la dîme en 1774 (Affouagement, C 25). Achard y dénombre 400 habitants dont l’agriculture fait toute l’occupation. L’église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste est desservie par un cappellanus de Chanola ou de Cannola en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 259). La visite pastorale du 16 novembre 1865 nous apprend que l’église est en reconstruction. Lors de la visite suivante, en 1871, l’église est construite à neuf, église en bon état, murs neufs, toit en bon état, vitraux. Et en 1884, on a bâti un clocher, mais dont la flèche est peu gracieuse. On apprend également qu’il n’existe pas de chapelle rurale.

 

CHAVAILLES

La communauté de Chavailles est située à l’est de celle de Chanolles et le village est perché à flanc de vallée à 1190 mètres dominant le torrent de la Chalonette. Il n’existe aucune donnée sur Chavailles au Moyen Age. On ne fait connaissance de l’église qu’en 1683 où elle n’est qu’une simple chapelle : au hameau de Chavailles, dépendant de la paroisse de Blégiers, chapelle sous le titre de Saint-Sauveur (1 G 5). Elle va devenir église succursale en janvier 1839 (1 V 12). Lors des visites pastorales du XIXe siècle, elle est sous le titre de saint Laurent et a été reconstruite en 1842, le clocher est en construction en 1865 (2 V 88).

361. Notre-Dame de Chavailles

Le cadastre de 1829 en section B 4 présente au hameau des Blancs un édifice portant le nom de Notre Dame de Chavailles. Lors de la visite pastorale du 20 octobre 1882 est signalée une chapelle rurale au hameau des Blancs en très mauvais état (2 V 93). Dans les souvenirs rédigés par Yvonne Jean née Garcin celle-ci cite le Père Rupert qui écrivait en 1900 que le village s’était déplacé au XIIIe siècle vers une source découverte à Chavailles… et que le premier habitat était aux Blancs 4. Elle ajoute que la chapelle du Rosaire a été construite à la fin du XIXe siècle et qu’une messe y était célébrée toutes les années en octobre jusqu’en 1940. Il doit s’agir d’une réparation car comme on l’a vu, la chapelle existait déjà. Il est probable que cette chapelle soit l’église paroissiale originelle avant le déplacement de l’habitat des Blancs à Chavailles.

 

MARIAUD

L’ancienne commune de Mariaud est située au NNE de Beaujeu sur les rives du Galabre et de l’Arigeol. D’une superficie de 2923 hectares, son implantation entre 1200 et 1500 mètres rend les conditions de vie difficiles, surtout en hiver. Il n’y a pas de village à proprement parler, mais quelques groupements de fermes comme celles de Saume Longue, Pré Fourcha et l’Adrech. Le maximum de population a été atteint en 1315 avec 250 habitants. Par la suite, la peste en décime 80% pour remonter à 195 habitants en 1765 et aboutir à 18 en 1962.

Un texte du 3 septembre 1488 nous apprend que Mariaud dépendait des Augustins de Saint-Ruf de Valence en même temps que Saint-Pierre des Auches et Sainte-Marie de Beaujeu. Le document en latin donne d’abord la liste des confirmations des privilèges accordés par les papes depuis Urbain II (1088-1099) jusqu’à Alexandre IV (1254-1261), puis vient la liste de tous les prieurés dépendant de l’abbaye (H 4). Quand François Le Tellier, évêque de Digne, vient visiter la paroisse le 20 mai 1683, il relate que l’église est sous le titre de saint Etienne et qu’elle dépend du prieuré de Beaujeu. Mariaud et Beaujeu sont intimement liés à cause de leur appartenance à la même abbaye de Saint-Ruf. C’est le prieur de Beaujeu qui perçoit la dîme comme affirmé lors de l’affouagement de 1698 et confirmé encore en 1775 (C 18 et 25). Aujourd’hui abandonné, le vieux village de Mariaud, dit Vière, conserve encore les restes de son église, mais on ne peut y parvenir qu’à pied depuis Saumelonge. R. Collier la date du XIIIe siècle (p. 141).

362. Les quatre chapelles rurales de Mariaud

Il existe quatre chapelles rurales en 1860 et 1865, dont deux en bon état (2 V 88). Mais elles ne sont pas nommées et il faut recourir au cadastre napoléonien de 1829 pour les situer précisément. Elles se dressent dans les quatre principaux hameaux, à Saume Longe, Pied Fourcha, Lemmerée et l’Adrech. Elles sont facilement identifiables car elles sont indiquées chapelle sur le plan cadastral. L’affouagement de 1775 fournit le nombre de chefs de famille ou maisons dans chacun de ces hameaux : 9 à l’hameau de Saume longe, 2 à celui de Laÿmerée, 3 à celuy de Préfourcha et 8 à celuy des Adrechs. La carte de Cassini les indique toutes également, à la Drech, Saumelonge, Pyfourcha et les Mérans. Il nous a été impossible de découvrir la titulature de ces chapelles.

 

PRADS

Le territoire de la commune est situé dans un milieu très montagneux et sa seule richesse consistait dans l’élevage des moutons, brebis et chèvres. Les troupeaux transhumants provenant d’Arles venaient pâturer dans les montagnes, 2000 têtes en 1775 et en 1837 on décomptait en tout 7000 têtes de bétail dont 100 bœufs 5. Le village de Prads est situé sur les bords de la Bléone à l’altitude de 1050 mètres. Durant le haut Moyen Age le territoire faisait partie de la villa Caladius dépendant de Saint-Victor et abritait une exploitation agricole à Prato. Au XIIe siècle Prads n’est pas cité parmi les biens du chapitre. Ce n’est que par l’affouagement de 1698 que l’on apprend que le sieur archidiacre du chapitre de Digne est prébandé audit lieu et qu’en 1775 la dîme appartient au chapitre de Digne.

L’église paroissiale est desservie par un cappellanus de Pratis en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 258). L’abbé Féraud avance que l’église primitive était bâtie sur un rocher escarpé de 200 mètres d’élévation. L’église actuelle est bâtie dans le village et date du quatorzième siècle. Elle est desservie par un curé et dédiée à sainte Anne (p. 86). Il a dû recevoir cette information du curé de Prads, Paul Charpenel, qui a rédigé en 1843 un texte manuscrit intitulé Annales de la paroisse de Prads 6. Il commence ainsi son récit avec comme sous-titre Notice sur Saint-Marcel  : sur le sommet de la petite colline qui se trouve au dessus du village de Prads, à une distance d’à peu près deux cent mètres, entre les deux ravins qui descendent l’un au milieu du village et l’autre à la Frache et appelé encore aujourd’hui St Marcel, était située, d’après une tradition universellement répandue et accréditée dans la paroisse, l’ancienne église paroissiale de Prads qui devait remonter à une époque très reculée. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il y a eu sur cette colline un cimetière. Il termine sur cette église Saint-Marcel : à en juger par analogie, l’église et le cimetière de St Marcel devaient être dans le temps ce que sont aujourd’hui l’église et le cimetière de Notre Dame de Blégiers, la position des lieux est exactement la même. Seulement l’église de St Marcel étant sur un roc que le temps dévore pour ainsi dire à vue d’œil, n’a pas été d’aussi longue durée et les habitants de Prads ont été obligés de transporter ailleurs leur église et leur cimetière. Il ne fournit pas la date du transfert de l’église paroissiale Saint-Marcel dans une chapelle dédiée à la Sainte-Trinité élevée dans le village au commencement du treizième siècle. Il suggère que cela a été fait insensiblement jusqu’au moment de l’abandon total de l’église. A son époque, il ne restait plus rien de la ruine de l’église, les matériaux ayant été emportés par les habitants pour construire leurs maisons. Lors de la visite de l’évêque de Digne en 1683, celui-ci visite l’église Sainte-Anne et ignore Saint-Marcel.

L’étendue du territoire et l’éparpillement des hameaux dans un milieu montagneux difficile ont incités l’autorité ecclésiastique à créer des chapelles succursales pour les desservir. C’est ainsi qu’au XIXe siècle, sont recensées quatre chapelles rurales. Il faut y ajouter l’ancienne abbaye chalaisienne de Faillefeu.

 

363. L’abbaye de Faillefeu

Prads est surtout connu au Moyen Age par l’abbaye de Faillefeu. Tous les historiens sont d’accord pour reconnaître sa fondation avant 1176 par les moines chalaisiens de Boscodon. Cette date n’est en effet qu’une mention de son existence dans une bulle du pape Alexandre III 7. L’abbaye de Boscodon fut fondée en 1142. C’est peu d’années après qu’elle essaime d’abord à Prads en 1145, puis à Lure. L’abbaye de Prads fera de même vers 1200 en créant une abbaye à Valbonne dans les Alpes-Maritimes. Cinquante ans plus tard, mal gérée par un abbé, elle périclite et cherche à s’affilier à une autre abbaye. Elle passera en 1298 dans l’ordre de Cluny, puis en 1448 dans les mains du Collège Saint-Martial d’Avignon. Pillée lors des guerres de Religion, elle sera abandonnée, mais son domaine subsistera encore. C’est ce qu’on apprend lors de la visite de 1683 : tout le terroir dudit Faille Feu qui est d’une grande estandue appartient en toute juridiction à la manse collégiale de saint Marcial d’Avignon. C’est ce qui est encore confirmé par l’affouagement de 1698, le prioré et seignorie de Failhe feu laquelle libre et seignorie appartient au recteur du collège St Martial d’Avignon. Féraud ignore toutes ces données : on trouve, dans le territoire de Prads, les restes d’un couvent des Templiers, au pied de la belle forêt de Faille-Feu (p. 86).

Zodiaque relate qu’un sondage pratiqué en 1971 a confirmé l’existence d’une église à une seule nef, avec un chœur à chevet plat orienté à l’Est. Les différentes mesures pratiquées lors du sondage par rapport à la sacristie laissent présumer qu’il n’y avait pas de chapelle latérale sur le croisillon Sud. Du monastère, il ne reste que des éléments du moulin, les murs de la sacristie utilisée comme cave et d’innombrables pierres taillées ou sculptées éparses en réemploi dans trois bergeries. Cette description où il n’existe pas de chapelle latérale sur le croisillon sud, alors qu’il en existe une côté nord, est démentie par la description de l’évêque en 1683 : nous avons trouvé une voûte presque toute ruynée et deux chapelles aux deux costés en mesme estat, des fondemens d’un cloistre et cellules. Malgré son délabrement, le prieur ou son fermier fait dire une messe annuellement au mois d’aoust à ladite église à laquelle n’y a aucun ornement. La première phrase est capitale, car elle nous décrit le plan de l’église qui est d’ailleurs identique aux églises de l’ordre de Chalais : nef à chevet plat avec deux chapelles latérales. Le cloître devait être situé contre le mur sud de la nef si l’on se réfère au monastère de Valbonne. La sacristie et la salle capitulaire étaient accolées à la chapelle latérale sud 8. Il faut noter la présence d’un moulin.

 

364. Chapelle Notre-Dame à Tercier

L’affouagement de 1775 recense 17 maisons habitées au hameau de Tercier. Celui-ci est situé sur un plateau dominant à 1300 mètres d’altitude le Riou de l’Aune, en aval de Faillefeu et au SSE du village de Prads. Pour Mgr Le Tellier, en visite en 1683, ce sont les habitants qui ont fait construire une petite chapelle sous le titre de Notre Dame avec un autel et un tableau avec son cadre à platte peinture représentant la sainte Vierge. Elle est signalée par Cassini. Elle est mentionnée en 1872 comme étant en bon état avec un tableau, puis en 1893 où elle est en assez bon état, mais le toit est à refaire (2 V 88. 93. 94). L’abbé Charpenel est plus prolixe : c’est en 1829 sous MM Hellion Curé et Segond Antoine dit Toniou de Prads maire qu’a été reconstruite la chapelle de notre Dame à Tercier. Les travaux ont été exécutés par M. Natal de Colmars et par les habitants qui ont fourni les matériaux. La commune a payé 200 francs. La commune a encore payé 200 francs pour le cimetière de Tercier qui n’a été construit qu’en 1840. Elle est toujours en état.

 

365. Chapelle/Eglise de la Transfiguration ou de Saint-Sauveur à la Favière

Le hameau de la Favière est situé au NE du village de Prads, à 1170 mètres d’altitude, surplombant le Riou qui se jette dans la Bléone. Il abritait en 1775 36 maisons et autant de chefs de famille, soit quelques 180 personnes, alors que le village de Prads ne comptait que 32 maisons. C’était l’agglomération la plus importante de la commune. Comme pour Tercier, la chapelle a été construite par les habitants et l’évêque de Digne en 1683 constate qu’au hameau de La Favière, chapelle sous le titre de la Transfiguration avec un autel et un tableau à platte peinture représentant le couronnement de la sainte Vierge. Une cloche au clocher. 217 habitants dont 145 communiants. Elle devient ensuite une église succursale et est régulièrement citée lors des visites du XIXe siècle. Elle est accompagnée d’un cimetière et est équipée de fonts baptismaux comme son statut d’église paroissiale l’exige. En 1871, elle est déclarée neuve et en bon état et le presbytère est en construction. En 1884, le clocher muni de deux cloches est à achever. Il est déclaré élégant en 1893. L’abbé Charpenel complète ces informations : c’est en 1838 sous MM Reynaud curé à Prads et Segond maire qu’a été reconstruite l’église de St Sauveur à la Favière. Les travaux ont été exécutés par MM Roux du Brusquet et Nuri de Prads pour la somme de 1400 francs que la commune a payé. Cette église qui était au même endroit et sous le même vocable menaçait ruine et avait extrêmement besoin d’être reconstruite. Ce n’est que depuis cette époque qu’elle a acquis ses principaux meubles et ornements.

366. Chapelle Sainte-Madeleine des Eaux Chaudes

 

Le hameau des Eaux Chaudes est situé au NO du village de Prads, sur les bords de la Bléone, à 1180 mètres d’altitude. Aujourd’hui déserté, il comptait 5 maisons en 1775. La chapelle n’est pas citée par l’évêque de Digne en 1683, mais apparaît sur Cassini et dépend au XIXe siècle de la paroisse de la Favière où elle est citée en 1860 comme étant une chapelle rurale qui manque d’ornements. L’abbé Charpenel nous en apprend un peu plus : c’est en 1840 sous MM Reynaud Curé et Segong Louis de la Favière qu’a été reconstruite la chapelle de Ste Magdeleine des Eaux Chaudes. Les travaux ont été faits par MM Monge de la Javie et Corse du Brusquet pour le prix de 400 francs que la commune a payé. L’ancienne chapelle qui était située à côté de la maison de Pierre Garcin était humide et tout à fait hors d’usage.

 

367. Chapelle du Saint-Esprit à la Frache

Le hameau de la Frache est situé à 500 mètres au NO de Prads et la chapelle n’est citée par aucune source. Seul, l’abbé Charpenel en dit quelques mots : la chapelle du St Esprit située à la Frache, quoique en mauvais état, a servi à l’exercice du culte jusqu’à l’arrivée de M. Hellion dans la paroisse en 1826. On s’y rendait en procession de l’église les secondes fêtes de Noël, Pâques et Pentecôte pour y chanter la Ste Messe. Cette chapelle, déjà abandonnée à l’époque de M. Charpenel, pose question. Ce ne peut être une chapelle succursale, trop proche du village, ni une chapelle de Pénitents, elle aurait été alors signalée comme telle. Sommes-nous en présence d’un édifice pré castral, ayant précédé l’église perchée de Saint-Marcel ? Les processions que les paroissiens y effectuaient aux trois grandes fêtes de l’année liturgique influent dans ce sens.

 

Synthèse

Prads qui rassemble plusieurs anciennes communes et communautés est le symbole du dépeuplement des zones de montagnes. A comptabiliser les anciennes églises et chapelles desservant les hameaux, on peut apprécier la vie intense qui régnait jusqu’au XIXe siècle. Aujourd’hui, on ne décompte plus que 160 habitants sur les 16500 hectares du territoire, alors qu’il en existait plus de 1000 en 1315 et 1200 en 1851.

 


1 Isnard, p. 141 qui reconnaît ne pas savoir où situer le fief de la Roche-de-Blégiers.

2 Coutumier de la paroisse de Blégiers, XIXe siècle (Archives privées).

3 Registre de catholicité de la paroisse de Blégiers.

4 Un résumé du texte de Yvonne Jean est publié sur Internet, sur le site Chavailles, Les Blancs.

5 Affouagement de 1775 (ADAHP C 25) et Etat des sections du cadastre napoléonien de 1837 (3 P 431).

6 Archives privées.

7 Abbayes sœurs de l’Orde de Chalais, Zodiaque, 1980, p. 57. COLLIER R., p. 143. ATLAS, carte 77. Dans son commentaire sur les communes, ATLAS commet cependant une erreur : abbaye de ND de Faillefeu, abandonnée peu après sa fondation, unie à Valbonne, puis à Boscodon au XIIIe.

8 Voir le plan des abbayes chalaisiennes dans ZODIAQUE, Abbayes soeurs de l’Orde de Chalais, op. cité, p. 17 et 44-45.

 

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