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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. Ces deux anciennes communes, unies en 1974, sont situées au sud de la commune de Riez, occupant au nord la fin du plateau de Valensole et au sud une partie des gorges du Verdon. Les deux communautés en partie dépeuplées à la fin du XVe siècle (65 habitants chacune) ont connu par la suite un sort différent. Si elles comptaient un nombre égal d’habitants en 1765 (151), en 1851 Montagnac en dénombrait 656 alors que Montpezat était tombé à 145. Puis en 1961, respectivement 178 et 14, ce qui a entraîné le rattachement (Atlas, p. 185-186).

MONTAGNAC

La première mention de Montagnac est donnée vers 1020, Monteniacus avec le cartulaire de Saint-Victor et au XIe siècle lors de la donation d’une vigne à Saint-Michel de Cousson, vigne située in castro Monteniago (CSV I, n° 614, p. 609 et II, n° 755, p. 100). Au XIIe siècle, en 1113, l’évêque de Riez Augier fait don à l’abbaye de Lérins de l’église sanctam Mariam de Montanac ; durant ce même siècle, plusieurs personnes font des dons de terres à l’église Sainte-Marie qui est in castro que nominant Montaynac (CL, CCXIV, p. 218 et CCXXI, p. 225). L’abbaye ne restera pas longtemps à Montagnac. En effet, l’église n’est pas citée en 1259 lors de la confirmation par le pape Alexandre IV des biens de l’abbaye (CL 2, n° IV, p. 6). C’est ce que confirme l’enquête de 1252 où dans le castrum de Montaiac, l’évêque perçoit l’albergue et est seigneur du lieu (Enquêtes, n° 561, p. 358). Bartel reproduit cette situation, Montagnac, oppidum dont l’église et la seigneurie appartient à la mense de l’évêque (p. 58). L’abbé Féraud reprend les mêmes données, le prieuré Sainte-Marie de Montagnac fondé en 1113 par l’évêque Augier, mais la paroisse reconnaissait déjà au XIIIe siècle l’évêque de Riez comme son seigneur temporel et spirituel (Souvenirs Religieux, p. 45). De même Abbayes et Prieurés, à Montagnac, prieuré Notre-Dame, donné à Lérins par l’évêque Augier (1113), puis uni à l’évêché de Riez (p. 63).

277. Les prieurés Sainte-Marie de Montagnac

L’église paroissiale du castrum est dédiée à saint Pierre depuis son origine et ce n’est pas là qu’il faut placer le prieuré cité en 1113, propriété de l’évêque de Riez et donné à l’abbaye de Lérins. Aucune ruine ni aucun toponyme sur les cartes actuelles ne permettent de le localiser. Il faut recourir au cadastre de 1825 pour découvrir dans la section A 2 un quartier appelé Adrech de Notre Dame, situé au nord du village et à l’est de la route menant à Riez. On peut situer ce quartier aux environs du lieu-dit actuel Plaines d’Ancouers. Au sud de cette section, dans la section B 1, c’est le quartier de l’Hubac de Notre Dame avec un bâtiment appelé Notre Dame (parcelle 93). Ces deux lieux-dits correspondent à deux chapelles signalées par Cassini en 1788, situées dans les mêmes lieux, sous les noms de Notre Dame de Montarnet  et de Notre Dame de Bon Vallon. C’est la première qui est figurée par le cadastre, au sud de la deuxième. Laquelle des deux est celle qui appartenait à Lérins au XIIe siècle, il n’est pas possible de le dire actuellement. Dans tous les cas nous sommes en présence de deux édifices situés en milieu ouvert, dont l’un existait déjà au début du XIe siècle en possession de l’évêque de Riez. Ils peuvent donc faire partie de ces premières églises rurales pré castrales.

278. Chapelle Saint-Christophe

Elle n’est pas citée par les textes avant le XIXe siècle, mais figure en état sur Cassini en 1788 et sur le cadastre de 1825, section B 2, parcelle 45, au bout d’un diverticule se détachant vers le nord du chemin de Moustiers. Elle est citée lors de chaque visite pastorale entre 1845 et 1894, comme chapelle rurale St Christophe.  De temps en temps elle est en mauvais état ou convenable selon l’appréciation des visiteurs. Le cadastre la figure orientée nord/sud. Elle apparaît sur les cartes actuelles comme décrit plus haut, au bout d’un diverticule se détachant de la D 111, à 400 mètres à l’est du village. La titulature dirige vers une chapelle érigée au XVIe siècle avec comme protecteur saint Christophe, l’un des plus efficaces contre la peste et les fléaux avec saint Roch. La paroisse l’a alors adopté comme patron avec saint Antoine, patron des cultivateurs (Féraud, p. 158).


MONTPEZAT

Mont Pesad  est cité en 1138 (Atlas, p. 186) et le castrum de Monpesato  en 1252 avec comme seigneur l’évêque de Riez (Enquêtes, n° 564, p. 358). Bartel (p.58) confirme cette possession des évêques de Riez, ainsi que l’abbé Féraud (p.150) et ils ajoutent que l’église est sous le titre de saint Julien. Bartel en 1636 apporte la précision que le pont construit sur le Verdon est appelé Silvestre, le village est non longe a Ponte lapideo dicti Vardoni, sub nomine Silvestri, « non loin du pont de pierre sur ledit Verdon du nom de Silvestre » (p. 58). Ce pont figure sous ce même nom sur la carte de Cassini (TA et section A 3) et sur les cartes modernes. Comme celle de Montagnac, l’église paroissiale est desservie par un prieur, prior de Montepesato, cité en 1351 (Pouillés, p. 110). Elle est classée MH depuis le 4 juillet 2003.

279. Chapelle Saint-Saturnin

Elle n’est citée par aucun texte d’archives. Seule la carte Cassini mentionne une Rne St Saturnin et le cadastre de 1825 un bâtiment apparemment en état, dit St Saturnin (section C 2, parcelle 157) figurant une nef prolongée vers l’est par une abside en hémicycle et un bas-côté du côté sud accolé à la nef. Deux descriptions sont données, la première par Alpes Romanes : en plein champ, non loin des rives du Verdon, au lieu-dit « ferme Saint-Saturnin », le chevet d’une très vieille église transformée en maison. L’église a de fait conservé sa belle abside en hémicycle, un peu plus étroite que la nef….  Le monument date vraisemblablement du XIe siècle (p. 54-55) ; la deuxième par R. Collier : à Montpezat, en contrebas du village et près de la rivière, une très vieille église aménagée en ferme et dite saint Saturnin. Il subsiste surtout l’extérieur de la construction primitive, avec son abside en hémicycle, plus étroite que la nef, une partie des murs gouttereaux ; l’appareil est régulier, en petites pierres de taille presque cubiques, à gros joints et la baie axiale, étroite, à linteau échancré, atteste aussi la fin du XIe siècle (p. 64). Nous sommes encore en présence d’une de ces églises en plein champ, isolée de toute habitation dont on ignore tout, mais dont l’architecture dénonce le premier âge roman, édifice (re)construit peut-être à cette période et pouvant remonter au haut Moyen Age.

Synthèse

Sans quelques précieuses et minimes indications, les premières églises rurales de Montagnac et celle de Montpezat n’auraient jamais pu être décelées. C’est dire si tant d’autres ont disparu corps et biens sans laisser aucune trace.

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Sisteron. La commune s’étend directement au nord de Sisteron, sur la rive gauche du Buech. D’une superficie de plus de 3100 hectares, elle a dépassé les 1300 habitants en 1852. Son sol fertile en céréales et légumes a favorisé cette expansion. Le castrum Misonis est cité dès 988 lors des donations que le clerc Richaud fait en faveur de l’abbaye de Cluny à Saint-André de Rosans (CLU, III, p. 41, n° 1784). Outre les dons octroyés dans la région de Saint-André, il cède, mais seulement après sa mort, la moitié du castrum Misonis. Mais il n’est pas certain que cette donation ait été effectuée, car il n’en subsiste aucune trace par la suite (1). Les seigneurs de Mison vont avoir une grande influence au début du XIe siècle. L’un des leurs va devenir vicomte de Gap et on les rencontre tout au long du siècle faisant des donations principalement à l’abbaye de Saint-Victor ou usant de leur influence et de leur autorité pour que des petits seigneurs locaux fassent de même. Il reste de leur château une masse tabulaire imposante qui se dresse au milieu de la plaine. Les Pouillés du diocèse de Gap ne mentionnent pas l’église de Mison, sans doute dépendant directement de l’évêque. Mais cette église est difficile à localiser puisqu’elle ne correspond ni à la chapelle Saint-Roch, ni à la paroisse Notre-Dame de la Baume.

273. La chapelle du cimetière et Notre-Dame de la Baume

Notre-Dame de la Baume a été construite au tout début du XVIIe siècle d’après un texte de 1602 donné par R. Collier (p. 210) : toutte bastie de neuf, en fort bon estat, couverte et fermée à clef… Le clochier commencé à bastir, il y a une grosse cloche en terre (ADHA G 780, p. 455). Cette église est implantée 600 mètres au NE du village et présente toutes les caractéristiques d’un édifice de cette époque. A côté s’étend le cimetière de la communauté. Or, en 1864 et 1867, on apprend qu’il existe une chapelle rurale au cimetière, appartient à Mr Chabas (2 V 91). Disparue depuis et ni citée par la suite, elle peut être le reliquat de l’église primitive. Ruinée lors des guerres de Religion, les habitants ont repris le même site en construisant une église neuve, non plus dans le cimetière, mais juste à côté. Il est probable également que la chapelle portait la titulature de Notre-Dame.

274. La chapelle Saint-Pierre

C’est en 1867, en même temps qu’est citée la chapelle rurale du cimetière, qu’une autre apparaît : chapelle domestique à la Plaine appartenant au même (M. Chabas). Le quartier la Plaine est situé au sud de la commune à côté du quartier St Pierre. Disparue également, il est probable que le toponyme St Pierre soit le seul souvenir laissé par cette chapelle rurale, sans doute confisquée lors de la Révolution. C’est dans ce même quartier qu’a été observée une concentration de tegulae et d’imbrices pouvant suggérer un atelier de tuilier antique (CAG, n° 123, p. 297-300).

275. Chapelle Saint-Roch

A la sortie du village, cette chapelle a dû être élevée après les évènements des XIVe et XVe siècles. La titulature à saint Roch, protecteur contre la peste, peut en témoigner. De par sa proximité avec le village, elle sert à plusieurs offices religieux dans la semaine à cause de l’isolement de l’église paroissiale, comme relaté en 1858. En 1894, on apprend que la chapelle rurale St-Roch, au village, a été reconstruite à neuf et meublée de même. Elle est toujours en très bon état et entretenue.

276. Chapelle Saint-Pierre de la Silve

L’abbé Féraud en 1844 donne quelques indications : la paroisse de La Silve dont l’érection est d’assez fraiche date est placée au Sud Est de Mison et se compose de 10 hameaux. Son église paroissiale a pour titulaire et pour patron saint Pierre apôtre. Cette paroisse était autrefois un prieuré de l’évêché de Gap (p. 441). L’inventaire de 1906 ne donne pas la même date : église de la Silve, 80 m². Elle a été construite en 1872 et 1873 au moyen de souscriptions et de dons (1 V 68). Le problème se complique quand on la voit bien représentée sur le cadastre napoléonien de 1814 avec une abside en hémicycle (Section C, parcelle 759). Figurant également sur Cassini, il faut alors admettre que si son érection en paroisse est récente, 1872 a été une année de réparations et non de construction.


Synthèse

Il est rare de rencontrer un village fortifié sans église paroissiale à l’intérieur. Cependant, le cas n’est pas unique et il s’agit en général d’églises élevées avant l’enchâtellement et qui conservent leur fonction malgré leur éloignement. Il est probable que l’ancienne chapelle du cimetière ait joué ce rôle. Les deux chapelles domestiques et sans doute celle de la Silve peuvent faire partie également de ces édifices desservant un habitat dispersé.


1. Collectif, Saint-André-de-Rosans, Sté d’Et. des HA, 1989, p. 84.

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Ouest. Cette commune de 1822 hectares occupe la rive droite de la Bléone entre les communes de Malijai à l’ouest et de Mallemoisson et du torrent des Duyes à l’est. Elle est longée au sud par la N 85 qui suit en gros le tracé de la voie antique Sisteron/Digne, qualifiée de strata publica en 1335. Provenant des Alpes-Maritimes, elle est rejointe à Mirabeau par une autre venant de Riez. De nombreux sites archéologiques ont été recensés sur la commune, situés soit au bord de la voie, soit aux abords du ravin de Barrabine qui traverse en partie la commune du nord au sud (CAG, n° 122, p. 295-297). La commune n’a jamais connu une forte population, 360 habitants en 1315, 180 en 1471, 521 en 1851 qui fut le maximum atteint. Elle a incorporé au XVe siècle la communauté de Beauvezer qui comptait 60 habitants en 1315 mais qui fut décimée par la peste (Atlas, p. 184). L’habitat a été longtemps dispersé en petits hameaux avant que le village de Mirabeau ne se forme. Celui-ci s’est développé à partir du hameau du Riou au cours du XVIIIe siècle. L’abbé Féraud dénombre pas moins de quatorze hameaux au XIXe siècle répartis sur tout le territoire. C’est pourquoi les lieux de culte sont également dispersés dans toute la commune.

268. Saint-Christophe, prieuré de Saint-Victor sur un site antique

Aujourd’hui ce n’est qu’une simple chapelle avec son cimetière dans un champ au bord de la N 85, côtoyant le Ravin de St Christol.  A quelques 600 mètres de la commune de Malijai, elle est dominée par une colline où s’élevait le castrum de Belvezer cité en 1252 en même temps que celui de Mirabellum (Enquêtes, n° 544 et 534, p. 352 et 354). Le site a livré de chaque côté du ravin de nombreux éléments archéologiques faisant penser à un vaste établissement gallo-romain ayant pu servir également de relais sur la route menant à Sisteron. La chapelle apparaît comme une possession de l’abbaye de Saint-Victor lors de trois confirmations données par les papes aux XIe et XIIe siècles, in episcopatu Vapicensis cellam sancti Christofori ad Estradas ou de Stradis (1). Le prieuré est encore cité en 1337, prioratus Sancti Christofori (n° 1131, p. 619). Il réapparaît à la sortie des guerres de Religion lors des visites pastorales de l’évêque de Gap, d’abord en 1602 où à Beauvezer, chapelle Saint-Christophe sur le grand chemin. Puis le 4 août 1612, à Beauvezer, l’église Saint-Christol toute ouverte, le toit rompu (ADHA G 780-781). De par sa proximité avec Malijai, elle va faire partie de la paroisse de cette commune et est citée lors des visites pastorales de l’évêque de Digne. Ainsi en 1860, la chapelle rurale de Beauvezer est passable. L’enquête de 1899 reconnaît une chapelle au quartier de Beauvezer dans le cimetière de ce lieu, vieille de plusieurs siècles. Messe le jour de l’Ascension, appartient à la commune de Mirabeau (2 V 73, n° 183).

La chapelle comporte une nef sans travée se terminant par une abside en hémicycle et une voûte en cul-de-four orientée vers l’est. L’appareil est formé de galets noyés dans le mortier. C’est celui de l’abside, à l’extérieur, qui présente par endroits des galets choisis pour former des lits horizontaux. R. Collier estime que la chapelle peut au moins partiellement remonter au XIe siècle (p. 141). C’est aussi l’avis d’Alpes Romanes qui la date de la même époque, malgré son apparence banale et sa maçonnerie rustique (p. 54). En plein champ, en milieu ouvert, sur un site antique important et au bord d’une voie vitale pour le commerce et les voyageurs, la chapelle a perpétué le rôle de la station romaine dont le site a dû être christianisé dès l’origine.

269. Saint-Philippe à Ville Vieille

C’est l’une des églises qui fut paroissiale mais seulement pour un hameau dénommé la Colle et quelques fermes environnantes. Elle est située au SO du village de Mirabeau sur la Cime des Usclats culminant à 814 mètres d’altitude. La chapelle est placée juste en-dessous sur un petit plateau, à l’aplomb des pentes. Sur le flanc nord de la montagne ont été remarqué des tas d’épierrements contenant des fragments de tegulae. La carte de Cassini indique un édifice ruiné dit St Philippe accompagné du toponyme Ville Vieille. L’enquête de 1899 déclare que l’église S. Philippe a été paroissiale jusqu’en 1600 ; pèlerinage une fois par an, le premier mai avec messe et vêpres. Durant la dernière moitié du XIXe siècle, elle est qualifiée de chapelle rurale. R. Collier en donne une brève description et conclut, cette chapelle, du XVIe ou du XVIIe siècle, se tient dans le droit fil de la tradition romane ; elle peut d’ailleurs avoir conservé certains éléments du Moyen Age : arc triomphal, partie de l’abside (p. 232). Elle est régulièrement entretenue par la Mairie et une association de sauvegarde. Il est possible que le site ait abrité un village au IXe siècle installé sur un habitat antique.


270. Saint-Jean de Barrabine, prieuré de Ganagobie

C’est la seule église citée par les Pouillés de 1350 avec le rector ecclesie de Barrabina et le prior Sancti Johannis de Barrabina (p. 88 et 93). Le prieuré fait partie des biens de l’abbaye de Ganagobie depuis le XIe siècle, période de dons importants faits au monastère. Il côtoie le prieuré Saint-Pierre de Bonafosse, de la même obédience, situé tout près, dans la commune de Barras limitrophe de celle de Mirabeau. Cette dépendance du prieuré Saint-Jean de Barrabine à Ganagobie est attestée par Abbayes et Prieurés (p. 53) et confirmée par G. Barruol (2). L’église Saint-Jean est l’église paroissiale du territoire qui s’étend au nord du village de Mirabeau et qui d’ailleurs constitue la section A du cadastre napoléonien de 1824, section dite la Paroisse. Aujourd’hui elle n’existe plus, mais on peut la situer sur la rive gauche du Ravin de Barrabine au nord du hameau de Garce, d’après la carte de Cassini qui la figure en état.  Le toponyme St Jean apparaît également sur les cartes actuelles. C’est dans ce secteur, aux alentours de Garce que sont signalés trois sites ayant livré des tuiles romaines, des céramiques du Haut Empire et des tombes sous tuiles. Le toponyme Vière, Viérard sur le cadastre, pourrait révéler un habitat du IXe siècle selon le découvreur du site (CAG, p. 297). En 1602, l’évêque de Gap en visite nomme à Mirabeau, église Saint-Jean de Barrabine, mais elle est citée en même temps qu’une autre que nous verrons par la suite. Elle va devenir simple chapelle quand sera établie une église paroissiale dans le village. Au XIXe siècle, elle fait partie des chapelles rurales. Elle figure sur le cadastre napoléonien, section A 1, parcelle 123 au quartier St Jean. En 1860, on apprend qu’elle a besoin de réparations, puis elle disparaît des documents.

271. Notre-Dame des Grenouillières

Cette église isolée est située 400 mètres sur une colline élevée au sud du village et a dû être construite au cours du XVIe siècle, plus proche des hameaux les plus importants que Saint-Jean de Barrabine au nord. En 1602, l’église toute ouverte, sans porte et descouverte.  En 1612, l’évêque en visite la trouve non rebastie, elle est sous le titre de Notre-Dame. En 1687, l’église est dite église sous le titre de saint Jean-Baptiste, autrefois Notre Dame des Grenouillières (ADHA G 780, 781 et 786). D’abord sous la titulature de Notre-Dame, l’église va devenir paroissiale au moment où celle de Saint-Jean est abandonnée au XVIIe siècle. C’est pourquoi, elle prend le titre de Saint-Jean-Baptiste, récupérant précieusement la titulature de la première paroisse. Elle ne va pas rester longtemps paroissiale, car en 1712, l’évêque remarque une chapelle dans le village du Riou, tout près de la maison du sieur curé, sous le vocable de Notre-Dame du Bon Secours, asses bien bâtie, qui a environ 20 toises de longueur sur environ 3 largeur, où il y a une tribune, et il nous a paru qu’on pourroit en faire une église paroissiale bien décente et honnête (G 799). L’église Notre-Dame est alors abandonnée au cours du XIXe siècle au profit d’une nouvelle paroisse, cette fois-ci dans le village qui s’étoffe de plus en plus. R. Collier décrit l’église Notre-Dame ainsi : assez grande, l’église devait avoir une nef de trois travées ; il n’en subsiste que des pans de murs, le clocher, la travée de chœur. Celle-ci est voûtée sur croisées d’ogive ; les nervures sont formées de deux gros boudins se croisant en leur centre et reposant sur de petits culots. Le clocher, de section carrée, d’un seul bloc, est percé de fenêtres hautes, étroite, en plein cintre. Le tout, datant sans doute du XVIe siècle, d’un appareil solide, compact, se détache en masse nette haut sur le ciel, tout au sommet d’un coteau solitaire et nu (p. 172).

272. Chapelle Notre-Dame du Bon Secours

Elle n’est citée que le 1er octobre 1761, à Mirabeau, chapelle presbytérale Notre Dame du Bon Secours (ADHA G 780). Edifiée sans doute au siècle précédent près du presbytère, son statut est confirmé par l’abbé Féraud, une chapelle sise dans le village, est affectée dans la semaine au service paroissial ; son titre est celui de Notre-Dame-de-Bon-Secours (p. 180). En 1865, elle est toujours chapelle de secours. C’est un peu avant la fin de ce siècle qu’elle va devenir définitivement paroissiale.

Synthèse

Il apparaît que l’organisation en villae issue de l’Antiquité et du haut Moyen Age ait perdurée jusqu’à l’époque moderne quand on constate les multiples hameaux et fermes isolées. Il est rare d’autre part de rencontrer plusieurs églises paroissiales sur le même territoire, sans que l’une soit succursale de l’autre. Saint-Philippe et Saint-Jean sont indépendantes auxquelles va s’ajouter pendant un temps Notre-Dame des Grenouillères. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’une seule église sera déclarée paroissiale, rentrant alors dans la norme de l’organisation ecclésiastique en vigueur dans tous les diocèses de France.


1. 1079 4 juin (CSV II, n° 843, p. 218). 1113 23 avril (II, n° 848, p. 238). 1135 18 juin (II, n° 844, p. 226). 

2. Collectif, Ganagobie, mille ans d’un monastère en Provence, Les Alpes de Lumière, n° 120-121, p. 31.

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui chef-lieu de canton. D’une superficie de 2136 hectares la commune s’étend sur la rive droite de l’Asse, au sud de Digne. Une voie antique présumée reliant Digne à Riez passait également sur la rive droite. Les quelques témoins antiques sont d’ailleurs répartis le long de cette voie (CAG, n° 121, p. 294-295). Le castrum de Mezello  est cité en 1252 (Enquêtes, n° 546-549, p. 355-356) et l’église paroissiale en 1274 avec un prior de Mosello, puis en 1351 avec l’ecclesia de Mesello (Pouillés, p. 106 et  111). Exceptionnellement, la population n’eut pas à souffrir des guerres et de la peste puisqu’avec 65 feux en 1315, elle en comptait encore 64 en 1471. Par la suite elle ne dépassera pas les 870 habitants en 1851 (Atlas, p. 184).

Plusieurs auteurs avancent qu’un prieuré Saint-Vincent aurait appartenu à l’abbaye de Montmajour. L’Atlas Historique l’indique sur la carte n° 75. L’abbé Féraud est plus précis, l’église paroissiale a pour titulaire saint Vincent et pour patron saint Laurent (10 août). Cette église avait été donnée aux Bénédictins de Mont-Majour en 1096 par Augier, évêque de Riez (p. 105), donnée reprise par Abbayes et Prieurés : prieuré Saint-Vincent, donné à Montmajour par l’évêque Augier en 1096 (p. 63). Bartel, qui fut un temps curé de Mézel, n’en parle pas. Le problème est que cette donation ne figure pas dans le document original de 1096 reproduit par GCN (I, Inst. Riez, XI, col. 371-372) où ne sont nommées que les églises de Saint-Julien, d’Estoublon et de Chauvet.  Pourtant la France Pontificale ajoute Mézel à ces trois églises (Diocèse de Riez, p. 325). Tous ces auteurs ont à la fois tort et raison. Il faut trouver une note due à J.-P. Poly pour découvrir qu’effectivement l’abbaye de Montmajour possédait un prieuré à Mézel au XIe siècle, qu’il était dédiée à Notre-Dame et correspond à la chapelle Notre-Dame de Liesse (1) .

264. Chapelle Notre-Dame de Liesse

La chapelle est située quelque mille mètres au sud du village, au bord de la voie antique et de l’Asse. Elle est toujours citée au XIXe siècle comme chapelle rurale en même temps que Notre-Dame du Rosaire. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 la date de l’année 1600 environ, qu’on y célèbre une messe le 24 septembre et qu’on s’y rend en procession le saint jour de Pâques. Elle renferme un carrelage en faïence vernissé classé MH en 1970 dont une partie a été volé en 1978. La date de 1600 correspond probablement à une réfection de l’édifice après les guerres de Religion. Apparemment, il ne reste rien de la construction primitive du XIe siècle quand elle appartenait à l’abbaye de Montmajour.

265. Notre-Dame du Rosaire

Cette chapelle est située immédiatement à l’ouest du village sur la colline qui le surplombe. Elle est près du lieu-dit le Château et correspond à l’église du castrum. C’est ce qu’affirme l’enquête sur les lieux de culte de 1899, chapelle de N.D. du Rosaire, très antique, autrefois église paroissiale. Trois messes par an, le mercredi des Rogations, le 16 juillet et le dimanche du Rosaire. R. Collier la décrit ainsi : la chapelle Notre-Dame du Rosaire est un simple rectangle et n’a que le toit pour couverture. La porte témoigne de XVIIe siècle. En avant de la chapelle s’étend un porche ouvrant par une grande arcade en plein cintre (p. 230-231).

266. Chapelle Saint-Sébastien

Elle est signalée par la carte de Cassini au nord du village au bord de la route menant à Châteauredon. Le PR reconnaît qu’elle existait en 1664 et suppose qu’elle fut édifiée vers 1630 au moment où la peste venait de faire sa réapparition à Digne. Vendue comme bien national elle fut rasée en 1840 pour élever à son emplacement une école de garçons (n° 9, 1990, p. 24).

267. Chapelle Sainte-Barbe

Elle aussi est signalée par Cassini, au sud du village et au nord de ND de Liesse.  Le PR signale son existence en 1664, mais sans connaître sa date d’édification. On suppose qu’elle a dû tomber en ruine lors de la Révolution et a servi de carrière de pierres. Une croix signale encore son emplacement (n° 9, 1990, p. 24).

Synthèse

Mézel présente le schéma « classique » d’organisation paroissiale. Le terroir est d’abord investi par une abbaye qui crée un prieuré avec une église en milieu ouvert. Lors de l’enchâtellement et du perchement, une église paroissiale dessert le castrum qui est ensuite abandonné pour créer un village au pied de la butte castrale avec une nouvelle église paroissiale. Les anciens lieux de culte sont cependant conservés et entretenus par les habitants et font l’objet de pèlerinage ou de procession annuelle. Seuls, les édifices de protection plus récents élevés contre la peste, Saint-Sébastien et Sainte-Barbe, n’ont pas été conservé.


1. POLY J.-P., « La petite Valence. Les avatars domaniaux de la noblesse romane en Provence », Saint-Mayeul et son temps, Digne, SSL, 1997, p. 179, note 61. Il cite comme source L. LABANDE, « Chartes de Montmajour au palais de Monaco », Annales de la Société d’Etudes provençales, 1908, p. 178.

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Saint-Paul-sur-Ubaye. C’est une commune de montage d’une superficie de 4059 hactares perchée sur la rive gauche de l’Ubaye et qui est traversée par l’Ubayette. L’habitat est situé entre 1600 et 1800 mètres d’altitude dans des conditions difficiles. Aussi la population n’a jamais pu atteindre les 600 habitants. Le castrum de Meyronnas est cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 265). L’abbé Albert rapporte que le premier habitat se trouvait au hameau des Gleisolles, entre Tournoux et Meyronnes, mais par manque de terrain et d’espace, les habitants s’installèrent progressivement à Meyrolles (I, p. 230-231). On ne sait quand se fit ce transfert et s’il fut vraiment réel, car le castrum cité au XIIIe siècle est celui de Meyrolles. L’église paroissiale de Meyrolles est, comme ajoute l’abbé Albert, sous la titulature de saint Donat évêque et martyr dont la fête se célèbre le 7 août.

262. Eglise Saint-Sébastien

Quand l’abbé Albert parle de l’église paroissiale de Meyronnes, il souligne qu’il y avoit autrefois dans ce lieu une autre église paroissiale dont les masures se voient encore à une portée de fusil de l’église actuelle. Elle étoit sous le titre de S. Sébastien et avait été bâtie en 1420, ainsi que le prouve l’inscription qu’on lit sur la porte de la chapelle des pénitens, gravée sur une pierre de taille, laquelle étoit au-dessus de la porte de l’ancienne église. L’abbé Féraud reprend : elle a 200 ans d’existence ; ce n’était auparavant qu’une chapelle que l’on agrandit, à l’époque où l’on abandonna l’ancienne, qui était à l’Est et à 1 kil. du village. Il faut placer cette ancienne église à proximité du hameau de Fontvive aujourd’hui abandonné. Elle figure sur la carte de Cassini n° 167.

263. Chapelle Saint-Ours

C’est une chapelle qui possède un statut particulier, car lieu de pèlerinage très renommé comme le souligne l’abbé Albert : il s’y rend une infinité de peuples le 17 juin jour de la fête de ce S. Les Piémontois y accourent du val de Maire, de la val de Sture et de la val S. Pierre. Les François ne le cédent pas en ce point aux Piemontois, on y voit une foule de personnes, non seulement de la vallée de Barcelonnette, mais encore de l’Embrunois et du Gapençois. Ce qui attire un si grand concours de peuple, sont les miracles que l’on dit avoir été opérés. Il en cite quelques-uns relevés en 1675 par l’autorité de l’archevêque d’Embrun, dont trois paralytiques guéris miraculeusement ainsi qu’un jeune garçon. La première chapelle se trouvait au nord du hameau de Saint-Ours et on l’a changée de place et rebâtie en 1773. Elle est actuellement dans le hameau qu’on appelle le Plan de S. Ours. L’abbé Féraud apporte d’autres précisions. Il confirme d’abord l’érection de la chapelle en 1773, puis il annonce qu’elle a été érigée en église paroissiale en 1833 et qu’enfin on reconstruisit une nouvelle chapelle sur l’emplacement de l’ancienne à partir de 1860 (Souvenirs religieux, p. 334-336). Les deux chapelles sont toujours en état (1). Le Plan St-Ours est situé à 800 mètres au NE de Meyronnes et la première chapelle à 500 mètres au nord du Plan St-Ours (1794 m d’altitude).

Autres chapelles

Cassini, outre Fontvive, Saint-Ours et Mayronnes, signale une chapelle
à Gleisolles,
à la Faucherie, hameau placé entre Fontvive et Certamussat, non signalé par IGN
à Certamussat où le cadastre napoléonien de 1840 indique le titulaire saint Jean en section D 3.

Synthèse

Il est difficile de se prononcer sur l’antériorité d’une église sur l’autre. Quelle fut la première paroisse ? sans doute celle de Meyronnes car citée comme castrum dès le XIIIe siècle. Celle de Saint-Ours semble remonter assez loin dans le temps puisqu’on en parle dès l’année 1400 où les habitants se plaignent de ne pas posséder de reliques du saint vénéré.


1. Voir Sanctuaires, pèlerinages et romérages au diocèse de Digne, APRHP, 2009, p. 183-188.

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