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Faisait partie du diocèse d’Embrun et de la Vallée de Barcelonnette, aux ducs de Savoie de 1388 à 1713, aujourd’hui dans le canton du Lauzet-Ubaye. Comme son nom l’indique cette commune résulte de la fusion de deux communes en 1973. Elle offre une superficie de 12774 hectares répartis de chaque côté de la vallée de l’Ubaye. Malgré un milieu montagneux peu favorable, la population atteignait les 1610 habitants en 1316 pour parvenir à plus de 2000 en 1765 et 1851 et ensuite chuter à 320 à l’époque actuelle (Atlas, p. 191 et 193). Les deux communes étaient desservies chacune par une église paroissiale, celle de Méolans dédiée à saint Julien, celle de Revel dédiée à saint Jacques le Majeur. L’étendue du territoire, la difficulté des chemins et un habitat dispersé en fermes et hameaux a obligé l’autorité ecclésiastique à créer des paroisses et des chapelles succursales. C’est au cours du XVIIIe siècle, moment où la population était abondante, que furent créées ses succursales.

255. La paroisse de Rioclar et ses six chapelles

C’est ainsi que dans la commune de Revel est fondée une paroisse à Rioclar en 1761 avec une église dédiée à Notre-Dame de la Visitation (Féraud, p. 236). Cette paroisse  dessert en outre six chapelles : St Antoine, Ste Anne, St Eloi, St Ours, Ste Marguerite, Notre Dame des Neiges jusqu’en 1871, aujourd’hui ND de la Salette. Une 7e chapelle St Damase a été achetée et fermée depuis 1878 par un nouveau propriétaire, selon l’enquête sur les lieux de culte de 1899 (2 V 73).

256. Revel et ses cinq chapelles

La même enquête dénombre, outre l’église paroissiale, cinq chapelles rurales : chapelles Ste Madeleine, ND de la Salette, St Pierre martyr, St Pierre aux Liens, Ste Appollonie, distantes de 3 à 6 kil.  Parmi ces chapelles, d’après de coutumier de 1835, il y en a trois où le pasteur va chanter la messe et vêpres le jour du patron, a savoir : le 9 février, jour de Ste Appollonie aux Taroux, le 29 avril, jour de St Pierre martyr à la Chanenche, le 22 juillet, jour de Ste Marie Madeleine à la Blache. En outre il se fait annuellement, le jour de la St Jean, ou de la St Pierre, une procession à la montagne du Caire pour la conservation des fruits de la terre.

257. La paroisse de Méolans

Elle dessert trois chapelles rurales qui ne sont pas nommées précisément au cours des visites de la fin du XIXe siècle. En 1860 et 1867, il y a trois chapelles rurales dont une hors d’usage, puis en 1873, il n’existe plus que deux chapelles rurales passables (2 V 88). Il doit s’agit des chapelles de Gaudeissart et de Gouitroux qui existent encore. Le texte suivant nous apprend que la chapelle de Gouitroux est dédiée à saint Pancrace et celle de Gaudeissart à la Visitation. La troisième, disparue en 1873, devait se trouver aux Besses car la procession s’y arrête et elle devait être dédiée à sainte Anne. Elle est signalée par la carte de Cassini.

258. La procession sur la montagne

C’est dans ces pays de la Vallée de Barcelonnette et de l’Ubaye qu’ont lieu des processions sur la montagne. Voici le texte complet de celle de la paroisse de Méolans fourni par le coutumier de 1835 :

29 juin, St Pierre. De temps immémorial l’on a fait ce jour là une procession sur la montagne de  Rancfred. Le départ est fixé à 7 heures et les pénitents se rendent à l’église paroissiale, ensuite la procession part. On ne porte pas la Vierge si les filles ne sont pas voilées. Plusieurs ne viennent pas à la Ste Messe et ne font que se joindre à la procession lorsqu’elle monte à côté des maisons. D’autres en descendant la quittent et ne viennent pas assister à vêpres et à la bénédiction (observation là-dessus). Pour empêcher la profanation du dimanche par ces abus, lorsque cette fête tombe le dimanche on la fait alors le jour de la St Jean.


En montant, on chante les litanies de la pluie. Arrivés vis-à-vis de la chapelle de St Pancrace à Gouitroux on chante quelque temps l’hymne Deus tuorum militum, ensuite on reprend les litanies en traversant les Besses, on chante l’hymne de la fête de Ste Anne, en delà de la chapelle on fait une courte pause. En partant on chante les litanies de la Ste Vierge, le miserere. Arrivés en haut des prés la procession fait une seconde pause. Ensuite elle reprend son chemin vers la croix qui est sur la colline des Maures en chantant le Vexilla. Arrivés, le prêtre dit à genoux et à toutes les autres croix qui sont sur le chemin de la procession 5 pater et cinq ave, donne la bénédiction aux fruits de la terre, et on va diner. Le curé dine avec le  prieur de la confrérie qui paye le diner dit diner de la chapelle.  On ne doit donner aux fidèles que le temps nécessaire pour prendre une honnête réfection, autrement la jeunesse se répand dans les bois et dans les près. Outre les inconvénients qui peuvent en résulter il est plus facile de les réunir. Le diner fini, Mr le curé fait sonner à une distance convenable,  par un petit, la clochette des pénitents. On se rassemble autour de la croix où les pénitents chantent l’office de la Vierge, le prêtre faisant fonction de recteur des pénitents. L’office fini on repart. Arrivés près de Gaudissart on chante l’hymne de la Ste Vierge, on entre dans la chapelle pour faire commémoraison de la Visitation, chanter le sub tuum ou les litanies. Lorsque la procession entre dans le village, on commence les vêpres qui sont suivies de la bénédiction du St Sacrement.

259. Paroisse de Saint-Barthélemy

Elle est située au SO de Méolans aux abords du Grd Riou de la Blanche, à 1238 mètres d’altitude. L’abbé Féraud rapporte que cette paroisse, au fond d’une étroite vallée, comprend 276 âmes de population. C’était anciennement une annexe de Méolans, où résidait le vicaire de cette paroisse. Elle fut érigée en 1746. Son église paroissiale est dédiée à saint Barthélemy, apôtre.

260. Paroisse de Lavercq

L’abbé Féraud nous apprend qu’elle est sous le titre de saint Antoine ermite et située dans le hameau dit l’abbaye et dans une gorge étroite, entre des montagnes élevées, à 7 kil. S. de Méoloans (p. 239). Plusieurs hameaux situés à plus de 1500 mètres d’altitude ont été équipées de chapelles succursales. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 nous les révèle :  
. chapelle S. Jean, hameau de Peynier, à 3 kil., messe quatre fois par an.
. chapelle S. Joseph, hameau des Chariouds, 2 kil., messe pour les malades à administrer.
. chapelle N.D. des Grâces, sert aux Pénitents blancs, messe 4 fois par an.


261. Prieuré de Lavercq

Il n’est pas compté au nombre des abbayes, mais seulement comme prieuré. Il fut fondé en 1135 et relevait de l’abbaye de Chalais. Mais dès 1146, il dépendait directement de Boscodon. Les bâtiments monastiques furent incendiés en 1354 et ne furent pas relevés. Malgré tout le prieuré resta dans les mains de Boscodon jusqu’à la Révolution. De l’église romane, il ne subsiste qu’une petite partie du chevet plat du chœur que les spécialistes datent  de première moitié du XIIe siècle (1).


1. Alpes Romanes, p. 54. Abbayes soeurs de l’Ordre de Chalais, p. 59. Collier, p. 141. Féraud, p. 238. Souvenirs religieux, p. 56.

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. La commune de Melve s’étend sur un plateau vallonné séparant la vallée de la Durance du bassin de la Sasse et du Grand Vallon. L’habitat est réparti en deux hameaux et plusieurs fermes dispersées. Son territoire a livré des traces d’occupation depuis le début du Néolithique jusqu’à l’Antiquité romaine. Aucune mention n’est faite d’un quelconque établissement ayant précédé la création du castrum qui est cité au cours du XIIIe siècle, castrum de Melva, en 1232 et 1236 (RACP, n°163, p. 263 et n° 262, p. 358).

Seuls trois toponymes groupés près du hameau du Serre donnent des indications antérieures au castrum. Ce sont la Cour, Romette et Sous Ville. Il est rare de rencontrer ces trois toponymes réunis en un même lieu, comme si la mémoire collective voulait diriger nos yeux vers cette colline dominant le terroir. Etablie au centre du territoire, elle regroupe quelques maisons et l’ancienne demeure seigneuriale. L’église paroissiale est desservie par un capellanus de Melva en 1274, puis par un prior en 1350. Elle fait partie des biens de l’évêque de Gap et est sous le titre de Notre-Dame. Suite aux guerres de Religion, elle va perdre son titre de paroissiale au profit d’un autre édifice.

254. Notre-Dame de Belvezer ou de Bellevue

C’est au début du XVIe siècle que noble Guillaume de Turriers, de Vaumeilh, fonde une chapelle sous le titre de Notre-Dame. Elle est située au hameau de Luery, aujourd’hui Village de Melve. C’est par une collation du 11 mai 1532 que l’évêque de Gap Gabriel de Clermont accorde le bénéfice de la chapelle Notre-Dame à Elzéar Lagier, sacriste de l’église de Digne (ADHA G 831). Suivent plusieurs collations du prieuré Notre-Dame de Belvezer, puis de Beauvoir. Surviennent les guerres de Religion qui ruinent l’église paroissiale et la chapelle du prieuré. C’est seulement en 1641 que l’on apprend que la chapelle est devenue église paroissiale et que l’église sous le titre de Notre Dame de Bellevue et patronage de saint Clair est assez en bon état (ADHA G 784). A ce moment l’édifice ne comprend qu’une seule nef, celle de gauche actuellement et ce n’est qu’en 1759 que l’on découvre les deux nefs. La première nef est dite maintenant chapelle du Rosaire et sert aux pénitents (AD HA G 789). Pendant ce temps la première église se détériore et en 1890 la chapelle rurale au hameau du Serre est en mauvais état. De cette première église d’une contenance de 44 m² il ne reste plus aujourd’hui que l’emplacement (1).


1.La contenance est donnée par le cadastre napoléonien de 1836, section C, parcelle 288, chapelle.

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune s’étend sur plus de 6500 hectares sur la rive gauche de la Durance et offre une vaste terrasse propice aux cultures. Aussi en 1315 elle comptait 1150 habitants. Après la chute due aux guerres et à la peste, plus que 420 habitants en 1472, elle se redresse pour dépasser les 2000 en 1765 et parvient aujourd’hui à plus de 3400 habitants. Le territoire a livré plusieurs traces d’occupation antique avec la découverte de monnaies, de sépultures, une nécropole à sarcophages et divers témoins de moindre importance comme des tegulae. Les Mées est cité au XIe siècle et en 1098 (CSV n° 711 et 697) sous la forme de las Metas, signifiant « les bornes », dénommant ainsi les formations pédologiques dites aujourd’hui les Pénitents (CAG, n° 116, p. 291-292). Le castrum est déjà formé à cette date puisqu’il est signalé comme castrum de las Metas.

Si la voie domitienne passait de l’autre côté de la Durance, il apparaît qu’une voie importante empruntait également la rive gauche. C’est ce qui ressort d’un texte du 29 mars 1229 où le comte de Provence Raymond Bérenger V interdit à tout marchand originaire du comté de Forcalquier, descendant en Provence ou en revenant, d’emprunter une route provençale par Cadarache, les Mées ou Digne, leur prescrivant de suivre la route du comté de Forcalquier par Vallelongue, Forcalquier et Peyruis (RACP, n° 127, p. 236). L’église paroissiale est citée en 1274 et 1351 avec un prior de Medis (Pouillés, p. 106 et 112). Bartel nous révèle que l’église paroissiale est sous le titre de Sainte-Marie de Olea, dépendant de la mense du chapitre de Sisteron (p. 54-55). Sainte-Marie de l’Olivier, comme l’atteste également Féraud, indique l’importance de cette culture qui fait la richesse du territoire (p. 177). L’étendue et cette richesse ont favorise l’implantation de plusieurs prieurés.

246. Le prieuré Saint-Antoine

C’est le premier cité par les sources médiévales en même temps que le nom des Mées. Au XIe siècle et en 1098 apparaît l’ecclesia sancti Antonii in territorio castelli quod nominatur Metas. Cette église, quand elle est donnée à Saint-Victor, existe déjà et appartient à un certain Ripert de Mévouillon, ancien évêque simoniaque de Gap destitué par le pape, sans doute en 1060 (Poly, p. 261, note 63). Dans ce texte, il est nommé avec sa femme Béatrix et ses fils Ripert, Isnard, Pierre, Rambaud et Hugues, mais sans titre d’évêque (voir également CGN, I, col. 468 et Manteyer, p. 291, n. 1 et 360, n. 6). Encore citée en 1098, l’église n’apparaît plus lors des confirmations de 1113 et de 1135. Absente chez Bartel, de la carte de Cassini et du cadastre napoléonien, il est probable qu’elle fut très tôt abandonnée. Seul, un oratoire dit de St Antoine, perpétue sa mémoire. Il est situé à plus de 3000 mètres au SE du village au bord d’un plateau à 780 mètres d’altitude. D’après J.-J. Esmieu, il aurait été élevé à l’emplacement d’une chapelle qui existait encore en 1506  (1). Vu son ancienneté et son implantation, ce prieuré peut être rangé parmi les édifices pré castraux, desservant un habitat dispersé.

247. Chapelle Saint-Roch, ancienne paroisse

Elle est située au plus haut du village sur une plate-forme aménagée dans la barre rocheuse. Esmieu y reconnaît l’église paroissiale d’origine sous le titre de Saint-Sépulcre, devenue ensuite simple chapelle et vendue comme bien national à la Révolution (p. 410). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 réaffirme ces informations, chapelle S. Roch, autrefois église paroissiale sous le titre du St Sépulcre, appartient à la famille Clément depuis la Révolution. Messe et vêpres le 16 août sans plus. Le changement de titulature a dû s’effectuer au début du XVIe siècle, en protection contre la peste. R. Collier en donne une succincte description, la chapelle Saint-Roch, pittoresquement située à l’angle de l’espèce de gorge au débouché de laquelle s’étale le bourg. Si son intérieur est quelconque, rectangulaire, sans travées, voûté d’un berceau plein cintre rejoignant progressivement l’aplomb des murs, l’appareil extérieur est par contre, pour une large part, régulier, de petit module, presque cubique (fin XIe, début XIIe). Au-dessus de la porte, en plein cintre, se trouve un clocher-arcade (p. 57). Abandonnée au culte depuis 1960, elle a fait l’objet de restaurations par la mairie et l’Association Les Amis des Mées (2) .

248. Notre-Dame de Plein Champ ou de Champlan, prieuré rural

Ce prieuré est cité par Bartel comme prieuré rural sous le titre de Beatae Mariae de Plenis Campis dont le bénéfice revient au chapitre de Sisteron (p. 55). Le pouillé de 1730 y reconnaît également un prieuré rural Notre-Dame de Champlan, l’évêque de Riez en est le  collateur. Parmi les charges : entretien du prieuré (5 G 4). Elle est encore citée par Abbayes et Prieurés en tant que prieuré Notre-Dame de Pleins-Champs, de Plenis Campis (p. 63). L’église N.D. de Champlan est encore signalée en état par Cassini, de même par le cadastre de 1824 sous l’appellation Notre Dame (Section A 2, parcelle 148), mais à la fin du XIXe siècle elle n’est plus citée lors des visites pastorales.

Les ruines de l’église sont situées au nord de la commune, non loin de la Bléone, en plein champ. La carte IGN indique Eg. Ruinée dans le quartier Notre-Dame. L’édifice est parfaitement orienté. Il subsiste l’abside sur toute la hauteur avec une partie de la voûte en cul-de-four. L’appareil extérieur est en galets de la Durance liés au mortier. Les deux murs latéraux sont en partie effondrés et il est impossible de pénétrer à l’intérieur à cause du réseau dense des épineux. Le bâtiment devait être d’importance vu la dimension de l’abside. Celle-ci présente à l’intérieur une demi-coupole en cul-de-four formée de petits moellons presque carrés disposés en lits horizontaux. Contre le mur sud a été construit un bâtiment en appentis moderne, là où devait se trouver le prieuré. Dans le champ contigu à l’est la photo aérienne révèle un bâtiment antique composé de trois salles. Il est fort probable que nous soyons sur un site antique, revitalisé sans doute au haut Moyen Age, certainement au début du deuxième millénaire. En plein champ, comme l’indique son nom, en milieu ouvert, loin de toute agglomération, cette église fait partie des premiers lieux de cultes ruraux.

249. Chapelle Saint-Pierre

Cette chapelle en ruine se trouve à 2000 mètres au sud des Mées au bord de l’ancien chemin menant à Oraison ainsi qu’elle est signalée sur la carte de Cassini. C’est cette route qui est mentionnée en 1229 par R. Bérenger V. Cassini et aujourd’hui les cartes modernes sont les seules indications de cette chapelle qui n’est citée dans aucun document, même pas lors des visites pastorales du XIXe siècle. Il subsiste aujourd’hui le mur plat du chœur et les deux murs latéraux, offrant une surface de 6 x 4 m. L’édifice est orienté vers le nord à 20 ° Appareil de galets et mortier. Epaisseur des murs, entre 1,20 à 1 m. Etait couverte d’une voûte dont on reconnaît le départ sur les deux murs latéraux. Quatre contreforts, deux de chaque côté, les soutenaient à l’extérieur. La façade a complètement disparu. Il ne traîne, en surface et aux abords, aucun mobilier antique. Il est difficile de qualifier cette chapelle de « romane ». Il s’agit sans doute d’une chapelle de protection sur un chemin emprunté par les voyageurs. J.J. Esmieu  la date au cours du XVIIe siècle.

250. Chapelle Saint-Michel

Seul subsiste actuellement le lieu-dit St Michel à 4500 mètres au SO des Mées, à l’ouest de la D 4. Cassini indique une chapelle en état sous le nom de St Michel. Elle est mentionnée en 1274 desservie par un vicarius Sancti Michaelis de Pallairols et en 1351 comme ecclesia Sancti Michaelis de Palhayrosco (Pouillés, p. 106 et 112). Elle est située en effet non loin de Paillerol. Bartel nous renseigne sur le prieuré comme étant un bénéfice d’un prieuré rural sous le vocable de Saint Michel appartenant au monastère de la B. Marie de Ganagobie de l’ordre de Cluny (p. 55). Ce que confirme le pouillé de 1730, prieuré rural de saint-Michel, dépend de l’infirmerie de Ganagobi, information  reprise par Abbayes et Prieurés, prieuré Saint-Michel, dépendant de Ganagobie (p. 63). Guy Barruol place le prieuré à Dabisse, 1000 mètres plus au sud, Saint-Michel à Dabisse, prieuré de Ganagobie (3) Le site a livré des sépultures et des lampes sépulcrales (Esmieu, p. 6). Nous sommes sans doute encore en présence d’un site antique revitalisé par une église et un prieuré à l’époque médiévale.

251. Prieuré de Paillerol

Filiale de l’abbaye de Chalais, le prieuré fut édifié au cours du XIIe siècle. Il est cité dans une bulle du pape Alexandre III en 1176. On le retrouve mentionné par les Pouillés du diocèse de Riez en 1274 avec le comendator domus de Pallayrols, puis en 1351 comme domus de Palharosco (p. 108 et 111). Déserté par les moines au XVe siècle, il reste cependant la propriété de Boscodon et devient une exploitation sous le nom de château de Pailherols, grande ferme d’exploitation dans le riche terroir céréalier. Le Pouillé de 1730 reconnaît cette dépendance, prieuré de Paillerols sous le titre de Saint Honoré, à l’abbaye de Boscaudon. La chapelle, de plan rectangulaire, voûtée en berceau, a été rasée lors de la construction du canal de l’E.D.F. en 1960.

252. Chapelle Saint-Honorat ou prieuré Saint-Blaise (4)

La première indication de ce prieuré est fournie par Bartel, bénéfice ou prieuré rural sous l’invocation de saint Blaise in agro Mediarum, dépendant de la mense de l’abbaye de Boscodon (p. 59). Féraud en fait l’église paroissiale du Plan-des-Mées (p.177). Abbayes et Prieurés la font dépendre aussi de Boscodon, prieuré Saint-Blaise de Palleirosc, dépendant de Boscaudon (p. 63). G. Barruol en fait une dépendance de l’Ordre du Temple au milieu du XIIIe siècle et la décrit ainsi : l’église de cet établissement, sous le titre de Saint-Blaise (?), bien conservée mais abandonnée, est un édifice de plan cruciforme du début du XIIIe siècle. La nef, les bras du faux transept et le sanctuaire – où se trouve encore en place l’autel tabulaire d’origine – sont couverts de voûtes en plein cintre. Deux portes donnent accès à l’édifice : celle de l’Ouest, qui borde la voie publique, est surmontée d’un puissant linteau monolithe et d’un faux tympan orné d’une belle croix ancrée en bas relief … ; celle du sud met en communication la nef avec le cimetière qui s’étend aujourd’hui largement autour du monument ; une seule baie, très ébrasée vers l’intérieur, éclaire l’édifice (5).

D’après quelques données succinctes, cette chapelle fut l’église paroissiale du Plan-des-Mées. C’est ce qui est dit le 9 novembre 1891 lors d’une visite pastorale, chapelle rurale St-Honorat, ancienne paroissiale, en ruine et réaffirmé en 1894, chapelle rurale, l’ancienne église St-Honorat. Il semble que l’on ait effectué des réparations car en 1899, chapelle Saint-Honorat, ancienne église paroissiale, date de plusieurs siècles. Messe 3 ou 4 fois par an. R. Collier en donne la description, la chapelle saint-Honorat, près de Paillerols, dut dépendre jadis de l’abbaye de Boscodon, à laquelle appartenait le domaine de Paillerols, témoigne de structures romanes ; la nef, les  bras du faux transept, le chevet plat, sont couverts de voûtes en plein cintre. Un beau et massif tympan monolithe, sur lequel est sculptée une croix ancrée, surmonte la porte ouest ; les encadrements des baies, les pilastres, peuvent aussi remonter au XIIIe siècle p. 141). La chapelle est située au lieu-dit les Petits Camps et a été classée MH en 1983.

253. Chapelle Saint-Pierre à Bel-Air

Cette chapelle est seulement signalée par la carte de Cassini sous le nom de St Pierre accompagnée d’un petit hameau. On retrouve son emplacement aujourd’hui, bien que l’édifice soit détruit. La carte IGN place un quartier Bel-Air en ruine à l’est de la D 4 menant à Malijai, presque en face de l’église Notre-Dame de Champlan. Saint-Pierre subsiste avec le nom d’un ravin qui côtoie le site à l’est, le ravin de san Peyre, ainsi qu’un quartier du même nom. Il s’agit sans doute d’une chapelle succursale élevée pour desservir un hameau et quelques fermes isolées loin du chef-lieu.

Synthèse

Le territoire des Mées, vu sa richesse et son implantation sur la rive de la Durance a attité très tôt les colonisateurs, dont les premiers furent les Romains qui mirent le terroir en culture. S’il n’existe pas de sources écrites sur le peuplement après l’Antiquité, on découvre cependant des indices révélateurs. Ainsi, le prieuré Saint-Antoine dont l’existence est attestée au XIe siècle, aux mains d’un évêque symoniaque dont la famille s’est nourrie de rapines durant le Xe siècle. C’est également le cas du prieuré Notre-Dame qui porte le titre évocateur de Plein Champ, établi sur un site antique. Saint-Michel avec ses sépultures et en milieu ouvert, ouvre également une possibilité d’un établissement pré-castral.


1.  Esmieu J.-J., Notice historique et statistique de la ville des Mées, Digne, 1805.

2. Site Internet de l’Association, d’un grand intérêt.

3. Collectif, Ganagobie, mille ans d’un monastère en Provence, Les Alpes de Lumière, n° 120-121, 1996, p. 31.

4. Comme on peut le constater la chapelle est tantôt sous la titulature de saint Blaise, tantôt sous celle de saint Honorat. Il s’agit cependant du même édifice. Aussi, nous avons consacré un paragraphe pour chaque dénomination afin de faciliter la compréhension des données.

5. Provence Romane 2, p. 238. L’auteur ne fournit pas le document permettant de vérifier la dépendance à l’Ordre du Temple. R. Collier et Durbec ne citent pas ce prieuré parmi les biens de cet Ordre (« Les Templiers en Haute-Provence », BSSL, Digne, T XXXVI, 1960, p. 194-196). Tous les autres auteurs le font dépendre de Boscodon.

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Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Annot. Cette commune de 3274 hectares est située au nord d’Annot et du Fugeret sur les bords de la Vaire. La vallée est entourée de montagnes dépassant les 2000 mètres d’altitude. Trois grottes ont livré du matériel archéologique dont une présentant une occupation allant du Néolithique à l’époque romaine (CAG, n° 115, p. 290-291). Méailles apparaît au XIe siècle dans le cartulaire de Lérins sous le nom de Madalgas porté par Esmido, cité comme témoin lors d’une charte (CL, CCLXXXI, p. 287). Mezallia est ensuite citée au XIIIe siècle. Puis, les Pouillés nous font découvrir l’église paroissiale, ecclesia de Mealha en 1351, puis ecclesia de Medalha en 1376 (p. 262 et 265). Il semble que la titulature de l’église ait été à l’origine celle de Saint-Jacques, mais qu’ensuite on ait relégué celui-ci au rang de patron et adopté Notre-Dame comme titulaire. C’est sous le titre de la Visitation de la Sainte Vierge qu’elle est citée par Féraud (p. 296) et comme prieuré de Notre-Dame uni au chapitre cathédral  par Abbayes et Prieurés (p. 174), enfin lors des visites pastorales du XIXe siècle, paroisse Notre-Dame. L’église du village présente une nef et une abside en cul-de-four d’époque romane, du XIIIe siècle (Collier, p. 116-117 et 172). Pour ce dernier, l’église est dédiée à saint Jacques, de même pour Atlas.

242. Chapelle Saint-Jacques

Il est probable que cette chapelle soit la paroisse d’origine. En effet, Jacques, comme on l’a vu, est soit patron, soit titulaire de la paroisse. D’autre part, le coutumier de 1835 révèle que le premier mai a lieu une procession à la chapelle St Jacques (2 V 73). Elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle en compagnie de deux autres, Notre-Dame et Saint-Joseph. On n’y dit plus la messe mais elles sont en bon état. Elle figure sur Cassini à peu de distance au nord du village ainsi que sur les cartes modernes.

243. Chapelle Notre-Dame

Elle est citée en même temps que la précédente et est située par Cassini au sud du village, à l’opposé de celle de Saint-Jacques. Sommes-nous également en présence d’une église pré castrale ayant donné sa titulature à l’église paroissiale ?

244. Chapelle Saint-Joseph

C’est une chapelle rurale qui est citée régulièrement lors des visites pastorales à partir de 1858 jusqu’en 1908.

245. Chapelle Saint-Roch


Le 31 août 1513, une insinuation de l’évêché de Glandèves fait état de la constitution d’un florin de rente au principal de 10 au profit du titulaire de la chapelle de St-Roch fondée dans le territoire de Medalha (3 G 1). Soit cette chapelle a disparu, soit elle a changé de titulaire depuis cette date. Cette titulature correspond à un édifice élevé après les guerres et la peste des XIVe et XVe siècles, en protection contre ces fléaux, Roch étant le saint thérapeute particulièrement invoqué contre la peste. Il vécut au XIVe siècle et son culte se propagea immédiatement après sa mort.

Synthèse

Les processions effectuées par les paroissiens vers des chapelles rurales dont les titulaires sont soit le patron, soit le titulaire de la paroisse, invitent à les considérer comme des premières paroisses.

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Est. La commune de Marcoux, 3217 hectares, est située immédiatement au nord de Digne et confronte celle du Brusquet au nord. Elle est arrosée par la Bléone dont le lit très large a déposé des graviers occupant 330 hectares de terrain. La population est regroupée essentiellement dans le village. Elle comprenait 390 habitants en 1315, puis après la peste 140 en 1471, soit une perte de 64 %. Elle se redressera lentement, passant par 359 habitants en 1765, puis 375 en 1851. Comme les autres communes, elle va rechuter jusqu’en 1962 avec 180 personnes, puis se stabiliser autour de 414 et 408 en 1990 et 1999 (Atlas, p. 181). Il aura fallu attendre 700 ans pour retrouver une population égale à celle de 1315.

Marcoux apparaît en 814 dans le polyptique de Wadalde avec 2 colonges, une à Mercone, l’autre à Fraxino dont il est dit qu’elle est dans le même lieu, inhibi, que celle de Marcoux (CSV H 25 et 26, p. 643). La première abrite un artisan, artifex. Puis en 1180, lors de la confirmation des biens appartenant au chapitre de Digne, sont citées trois églises, les églises de Marcoux avec leurs dépendances, c’est-à-dire Saint-Etienne, Saint-Marcellin et Saint-Martin (Isnard, p. 135). En 1476, l’évêque reprend l’église de Marcoux en échange du prieuré de Sainte-Eugénie de Courbons (GC I, p. 89), mais le chapitre conserve le domaine de Saint-Martin. L’église paroissiale est dédiée à saint Etienne et fait partie de l’art roman tardif, comme la qualifie Alpes Romanes 2 (p. 53). L’évêque de Digne va rester seigneur de Marcoux jusqu’au XVIIIe siècle, comme l’atteste l’affouagement de 1728, le seigneur est l’évêque de Digne. Il a un château ou maison seignoriale avec un pigeonnier qui en est éloigné d’environ deux cent pas (C 21). De même, en 1775, la dixme revient à l’évêque de Digne. Le seigneur possède noblement un château en mauvais état et un pigeonnier et jardin attenant au château de 120 cannes de bonne qualité (C 25).


240. Le prieuré Saint-Martin

Il fait partie des biens du chapitre de Digne confirmés en 1180. L’affouagement de 1698 relève cette possession, le chapitre possède une bastide appelée Saint Martin (C 18). Celui de 1728  affirme de même, les chanoines du chapitre de Digne possèdent le fief de saint Martin de 50 000 cannes, soit 20 hectares (C 21). La chapelle Saint-Martin est encore signalée par la carte de Cassini, ensuite elle disparaît, vendue comme bien national lors de la Révolution. Elle est encore signalée comme chapelle domestique appartenant à M. Foresta en 1858, 1865 et 1872, chapelle domestique dans une maison de la famille Foresta au quartier Saint-Martin (2 V 87). Sur le plateau du Serre situé au-dessus du domaine de Saint-Martin, en rive gauche de la Bléone et à environ 1,5 km de Marcoux ont été observé des fragments de tegulae répartis sur un hectare, deux fragments de statue en marbre. Une zone à nécropole a été également reconnue (1) Le domaine de Saint-Martin figure donc parmi les sites ayant connu une longue occupation.

241. Le prieuré Saint-Marcellin

C’est la troisième église citée en 1180 mais on ne sait où la placer, des auteurs comme Emile Isnard et Viré avouent leur ignorance. Aucun toponyme de ce nom n’apparaît nulle part. Les visites pastorales de la fin du XIXe siècle font état de deux chapelles rurales, une dédié à saint Antoine, l’autre à Saint-Martin, propriété de la famille Foresta. Mais la chapelle Saint-Antoine, dite rurale, se trouve dans le village selon la visite de 1684, il y a une chapelle sous le titre de saint Antoine laquelle n’est point meublée et est dans le village. Achard fournit cependant un élément supplémentaire : il y a dans cette Paroisse un Prieuré sous le titre de S. Raphael. Il ne peut s’agir du prieuré de Saint-Martin qui n’a jamais changé de nom. On a peut-être ici l’ancien prieuré Saint-Marcellin qui a changé de nom mais qu’on ne peut situer. Deux sites pourraient correspondre. A 1300 mètres à l’est du village figure le toponyme la Chapelle près des fermes de Cougourde, Champ Réon et les Bues, ensemble pouvant constituer un domaine prioral. Une autre possibilité est offerte avec ISNARD  M.Z. qui cite la petite seigneurie de La Peirière à 2 km au SSO de Marcoux et où est signalée encore aujourd’hui une chapelle (p. 121).


Synthèse

Le territoire est vitalisé par les moines de Saint-Victor dès la période carolingienne. Le fief de Saint-Martin, succédant à une villa gallo-romaine, pourrait être également la continuité d’une villa carolingienne. Avant d’être aux mains du chapitre elle appartenait à l’évêque de Digne.


1. Carte Archéologique,n° 113, p. 290. Anonyme, « Chronique archéologique. Commune de Marcoux ». B.S.S.L., T XXXVIII, n° 238, 1964, p. 92-92.

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