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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. La commune côtoie à l’ouest celle de Riez et s’étend sur 2604 hectares dans un paysage de coteaux et de collines irrigués par le Colostre. Romulas apparaît vers 1020 quand un prêtre du nom d’Etienne du castrum de Montagnac, donne à Saint-Victor, dans le territoire du castrum appelé Romulas, une modiée de terre culte dans le lieu appelé Sibiliana (CSV I, n° 614, p. 609). On retrouve le dernier terme sous le vocable Sabeyanne en section C du cadastre de 1835, alors qu’il n’apparaît plus sur les cartes modernes. Jusqu’au XVe siècle, le territoire est partagé entre deux communautés, Roumoules et Saint-Martin d’Alignosc. D’après l’abbé Féraud, le village de Saint-Martin avait été détruit par un incendie et a pris alors le nom de Saint-Martin-le Rimé, aujourd’hui Saint-Martin-le-Rimat (p. 146).

 

406. Les prieurés lériniens de Saint-Pierre de Roumoules et de Saint-Martin d’Alignosc ou de Rimat

Les deux communautés échoient à l’abbaye de Lérins dès le XIe siècle. Le 27 septembre 1081 un certain Isnard et ses fils donnent à l’abbaye de nos propriétés qui sont dans le pagus de Riez, dans le territoire de Romulas, deux églises, une en l’honneur de saint Pierre et l’autre en l’honneur de saint Martin, avec la terre qui les entoure (CCXXIII, p. 226-228). Cette terre qui est près de l’église Saint-Martin est appelée par le cartulaire Silva, nom qui va servir à dénommer l’église en 1113. Peu de temps après plusieurs personnages font don de terres, vignes, jardin et champ (CCXXIV, p. 228-229). De nouveaux dons sont accordés à Lérins en 1096, en particulier un manse (CCXXV, p. 229-230). La possession de ces deux églises par l’abbaye est confirmée par l’évêque de Riez en 1113, ecclesias sanctum Petrum de Romulis et sanctum Martinum de Silva (CCXIV, p. 218). La situation se complique quand on apprend en 1259, lors de la confirmation par le pape Alexandre IV, qu’il existe trois églises, in diocesi Regensi, ecclesias Sancti Petri, Sancti Martini, Sanctae Mariae de Romulis (CL 2, n° IV, p. 6).

Par la suite, il n’est plus cité que les deux premières. Les Pouillés du diocèse de Riez nomment en 1274 le prior de Romolis et le vicarius Sancti Martini de Alignosco. Même situation en 1351 avec le prior de Romolis et l’ecclesia Sancti Martini de Alinhosco (p. 106 et 111). Le GCN dénombre deux prieurs, prior de Romolis et prior Sancti Martini de Alignosco (GCN I, Inst. XXV, col. 385). L’abbé Féraud relate que le prieuré de Saint-Martin fut uni à celui de Roumoules (Souvenirs Religieux, p. 43-45). D’après Abbayes et Prieurés ce dernier fut uni à la mense épiscopale à la fin du XVIIe siècle (p. 61). Cela semble vraisemblable puisque les pièces concernant ce prieuré s’arrêtent à la date de 1699 (Série H des ADAM, n° 863 à 872, p. 144-145). L’église Saint-Martin semble avoir disparu assez rapidement, sans doute à la fin du XVe siècle, moment où sa communauté est rattachée à celle de Roumoules. Celle du chef-lieu paraît avoir subi des dégâts importants puisque R. Collier date quelques éléments de l’époque gothique, du XVIe siècle, le restant pouvant remonter sans doute au XVIIe siècle (p.176 et 231). Ce qui voudrait dire qu’elle a été entièrement reconstruite.

 

Synthèse

Deux églises sont citées en 1081, déjà existantes, aux mains l’un laïc qui les donne à l’abbaye de Lérins avec de nombreuses terres. C’est encore l’illustration de la spoliation des biens d’église durant la période du Xe siècle qui se manisfeste ici. On peut raisonablement faire remonter ces deux édifices à la période du haut Moyen Age.

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Castellane. Cette grande commune de montagne, 3583 hectares, s’étend de chaque côté du Grand Canyon du Verdon et en limite avec le département du Var au sud. Elle apparaît très tôt dans l’histoire puisqu’est citée en 814 la Villa Rovagonis, l’un des treize domaines appartenant à l’abbaye de Saint-Victor recensé par le polyptique de Vadalde (CSV II, L, p. 651). Cette villa est composée de 9 colonges que l’on a pu situer dans la commune proche de la Palud et à Rougon même, dont Bagella et Corcione 1. L’histoire reprend au XIe siècle, après l’interruption des guerres et des dévastations du Xe siècle. C’est d’abord l’apparition en 1056 du castellum Rouagonus lors d’une donation faite à Saint-Victor (CSV I, n° 622, p. 619). Puis en mars 1096, l’évêque de Riez donne le quart des dîmes du castro Rogone à l’abbaye de Montmajour (GCN, I, Inst. XI, p. 371-372). Cette possession de l’évêque est confirmée deux ans plus tard, le 5 mars 1098, par l’énumération des églises dépendant de l’évêque de Riez, dont l’ecclesia sancte Marie de Rugua (CSV II, n° 697, p. 39). C’est à cette date qu’apparaît le qualificatif de l’église paroissiale qu’elle va garder jusqu’à nos jours, Notre-Dame de la Roche. En 1351, la prébende revient à l’évêque qui perçoit 1 livre et 16 sous, tandis que le vicarius de Roagono reçoit 2 livres (Pouillés, p. 110). A l’époque d’Achard, c’est un chanoine de Riez qui perçoit la dîme. Il ajoute que saint Christophe est le patron de Rougon, dont la fête se célèbre avec pompe le 25 juillet. On y fait aussi la fête de saint Romain, second titulaire (II, p. 316-317). Bartel confirme la titulature et le chapitre de Riez : église sous le titre de la B. Marie de Roca et de saint Romain, au chapitre de Riez (p. 61). Et le Pouillé de 1730 ajoute une précision sur la titulature : prieuré sous le titre de l’Assomption de Notre-Dame (5 G 4).

Le 9 juin 1732, l’abbaye de Lérins achète en totalité la seigneurie de Rougon alors aux mains du sieur Tardivy, seigneur de Caille, Séranon et Rougon. Le prix de vente est fixé à 46 000 livres, en louis d’or et d’argent. L’achat consiste en la terre et seigneurie de Rougon, en la haute, moyenne et basse, mère et impère juridiction, au chasteau seigneurial qui est par teste du village, en une maison séparée et pourtant dans l’enclos du même lieu, en une grange attenant au village, en une pension féodale, en un moulin à bled banal, …., en la bastide dite de Faucon et celle dite de Tieze, la ferrage au-dessus du village et pred joignant, le bâtiment des Sales, le pred dit du Four, le pred dit de la Clastre (CL 2, n° CIV, p. 169-171). Plusieurs pièces font état des arrentements, procès, ventes, relatifs à cette seigneurie jusqu’à la Révolution (Série H des ADAM, n° 889 à 898, p. 147-148).

 

404. Chapelle Saint-Christophe sur un site antique

Cette chapelle est à quelques pas du village avec le cimetière. R. Collier la décrit ainsi : la jolie chapelle de Saint-Christophe, avec son proche, sa nef de trois travées voûtées d’arêtes, ses doubleaux et pilastres à impostes, enfin son choeur à chevet plat voûté d’un berceau brisé. Fin XVIIe ou début XVIIIe siècle (p. 224). Comme on l’a vu plus haut Christophe est le premier patron de la paroisse et sa fête se célèbre avec pompe le 25 juillet. Il est fort probable qu’elle soit la première paroisse, celle ayant précédé l’église du castrum. Sur son emplacement a été détectée une villa romaine. C’est à cet endroit que passait une voie présumée antique reliant Riez à Castellane et la titulature à saint Christophe correspond bien à un site protecteur sur une voie de passage (CAG, p. 397).

 

405. Saint-Maxime ou Saint-Maymes

Ce sont dans les chartes concernant Trigance qu’est mentionné en 1056 le don fait à Saint-Victor par Arbaldus de l’église de Saint-Maxime située dans le comté de Riez, dans le territoire de la ville ou castellum de Rovagonus (CSV I, n° 622, p. 619). On retrouve ce saint Maxime transformé comme bien souvent en saint Maymes tout au sud de la commune, en limite extrême avec celle de Trigance. Un capellanus Sancti Maximi est cité en 1274 en même temps que le prieur de Rougon et il n’est tenu à aucune redevance envers l’évêché de Riez (Pouillés, p. 108). En effet à cette date le domaine de Saint-Maxime était dans les mains des Templiers. L’Ordre dissous, ce sont les Hospitaliers qui les remplacent. La chapelle et les bâtiments du prieuré servent aujourd’hui de ferme et de bergerie. Des fragments de tegulae traînent aux alentours 2.

 

Synthèse

L’église Sainte-Maxime semble bien relever d’une fondation pré castrale car citée comme existant déjà en 1056. Elle est aux mains d’un laïc qui la donne ou plutôt la restitue (redditio) aux moines. Elle faisait peut-être partie des biens de Saint-Victor à l’époque carolingienne. Sur un site vitalisé depuis l’Antiquité, elle reprend vie après l’épisode des guerres du Xe siècle. Saint-Christophe semble dans le même cas, même si elle ne fait pas l’objet de citation, mais plusieurs indices confortent cette hypothèse.

 


1 J. CRU, p. 23-25.

2 Collier, « Les Templiers en Haute Provence », BSSL, Digne, T. XXXVI, 1960, p. 195. J. Cru, p. 76-78 fournit des renseignements plus précis et donne même un plan de la maison-forte avec la chapelle munie d’une abside en hémicycle. On retrouve ce plan avec le cadastre de 1835, section C 3, parcelle 585.

 

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Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Entrevaux. La commune de 1880 hectares est située au sud d’Entrevaux et de Puget-Théniers, en limite avec le département des Alpes-Maritimes. L’habitat est établi en petits hameaux et fermes compris entre 800 et 1000 mètres d’altitude. La population a atteint son maximum en 1851 avec 427 habitants et en comptait 170 en 1472 après la grande peste, ce qui laisse supposer qu’au XIIIe elle devait être abondante (Atlas, p. 192). Le castrum de Las Roquetas est cité au début du XIIIe siècle (Bouche, p. 282). En 1351, sont cités un prior et un vicarius de Rochetis, puis en 1376 l’ecclesia de Rocheta (Pouillés, p. 263-264). Cette dernière, selon Féraud, a pour titulaire ND-des-Parans et pour patron saint Saturnin. Cette dernière fête se célèbre le lundi de la Pentecôte ; on fait ce jour-là une procession à une chapelle rurale au bruit de l’artillerie du pays (p. 311). Une chapelle Saint-Joseph est signalée au XIXe siècle, située dans le village, près du presbytère, où le curé dit la messe tous les jours selon l’enquête de 1899 (2 V 73, n° 275).

 

401. Le prieuré Saint-Saturnin

C’est un prieuré dépendant de l’abbaye de Lérins. Il est recensé avec celui de Saint-Martin à la Roquette-Chanant dans l’introduction du tome 2 du cartulaire de Lérins qui ajoute que, en 1346, le prieuré comptait 19 emphytéotes et dont les biens furent cédés, en 1715, à l’archidiacre de Glandèves (CL 2, p. CL). La donation semble avoir été faite au cours du XIIe siècle quand Isnard, dit Aygulfe, donne à l’abbaye toutes les propriétés qu’il possède à la Roquette, tant au château que dans la ville (CL, n° CVI, p. 97-98 et Série H, ADAM, n° 462, p. 91). Le prieuré restera dans les mains de l’abbaye jusqu’au 21 octobre 1715 où celle-ci cède tous les droits que le monastère est en coustume de prendre dans les prieurés de Saint-Saornin et Saint-Martin, situés audict territoire de la Rochette, consistant en droit de dixme, sens, domaines, terres et autres, en faveur de l’archidiacre de Glandèves (CL 2, XL, p. 78). Ce dernier devra verser en contrepartie à l’abbaye 36 livres de rente perpétuelle annuelle. Lors de l’estimation des biens nationaux du 18 mars 1791 sont recensés, une cabane, petit bâtiment joint ensemble à la chapelle, quartier de St-Saturnin. Un domaine composé de terres labours ayant au milieu une vieille chapelle démolie et abandonnée, possession de l’archidiacre de Glandèves, vendue le 4 avril 1791 à Jean-Baptiste Joseph Laurens de Bagny, de la Rochette pour 9500 livres (1 Q 5).

En 1846, la chapelle est en bon état, en 1858 et le 25 juillet 1870 elle a besoin d’être réparée, puis le 12 octobre de la même année, elle a été restaurée à demi (2 V 87). Ensuite, elle est passablement entretenue en 1891 et en 1919 il est nécessaire de faire des réparations à la chapelle St-Saturnin (2 V 93 et 95). Quand Pierre Bodard la décrit en 1979, elle se dresse en bordure du chemin antique qui relie le Col de St-Raphaël au Col du Trébuchet. Elle est située en milieu désertique ; non entretenue, elle est en voie de dégradation définitive. Elle est moyenageuse ainsi qu’en témoignent son architecture et l’appareillage de la façade. Aux environs immédiats, on recueille en grand nombre des fragments de tegulae. Comme la chapelle se dresse au sommet d’une toute petite éminence en bordure du grand chemin, il est permis d’en déduire qu’elle a pu succéder à un monument beaucoup plus ancien (tombes, fanum…) 1. R. Collier complète la description : les murs du choeur de cette chapelle isolée, à chevet plat, à moulure formée par un méplat et un chanfrein, peuvent remonter à la fin du XIIe siècle. Un pèlerinage vivace aboutissait ici, chaque année, il n’y a pas encore deux décades (p. 144). Il est mentionné par Féraud, procession à une chapelle rurale au bruit de l’artillerie du pays, comme relaté plus haut. La chapelle a été restaurée en 1999.

 

402. Prieuré Saint-Martin

Il est cité en même temps que le précédent et les textes font parfois douter de son existence réelle, car assimilé à celui de Saint-Saturnin. On a parfois le prieuré Saint-Martin et de Saint-Saturnin ou les prieurés de … En tout cas les Pouillés de 1351, citent, non seulement le vicarius de Rochetis, mais également l’ecclesia Sancti Martini de Rochetis. Jusqu’à la cession de 1715 à l’archidiacre de Glandèves, les deux prieurés sont toujours cités ensemble comme en témoigne la série H des ADAM (n° 462 à 472, p. 91-92). Les dates s’échelonnent du XIIe siècle à 1715. Saint-Saturnin étant le patron de la paroisse, sa chapelle a continué d’être plus ou moins entretenue à cause du pèlerinage annuel pratiqué par les habitants. Par contre Saint-Martin semble avoir été complètement abandonné puisque Cassini et les cartes modernes ne livrent aucun renseignement sur un éventuel toponyme. Seul le cadastre de 1818, en section D 2 livre un nom de quartier portant le nom de Saint-Martin ainsi qu’un bâtiment nommé pareillement (parcelle 356). Il faut le situer au SE du village entre celui-ci et Préforans.

 

Inventaire des biens des prieurés de la Rochette

Le tome 2 du cartulaire de Lérins offre un texte riche en renseignements. Il s’agit d’un inventaire de tous les biens, fonds, terres, possessions, maisons et domaine dépendant des prieurés Notre-Dame de Puget-Théniers et de la Roquette-Chanant du 20 octobre 1378. Nous ne présenterons ici que ce qui concerne la Rochette (CL 2, n° XXXV, p. 68 à 76).

Sont énumérés 12 personnes de la Rochette tenant en emphytéose des biens appartenant à l’abbaye de Lérins et dépendant de ses deux prieurés de Saint-Martin et de Saint-Saturnin. Il s’agit de Raymundus Boneti, Johannes Blancardi, Bertonus Compagnoni, Asalaxia fille de feu Petri Rostagni, Guillelmus Bomparis, Guillelmus Guilhecha, Anthonius Blancardi, Vincencius Massoni, Rostagnus Blancardi, Petrus Laugerii, Beatrix fille de feu Petri Ruffii et Saturninus Julha. Elles exploitent 52 terres labourables, 5 près, 4 jardins, 2 condamines, 1 genestière.

Tous ces emphytéotes doivent verser au prieur, le jour de la Saint-Michel, une redevance en nature consistant en anona (blé annone, froment), civate (avoine), une galline (poule) et descoblada porcii (hanches du porc). Le blé et l’avoine sont comptés en émine, sétier ou en quartier.

La plupart des propriétés sont cités dans un quartier ou lieu-dit. On relève, ayant gardé l’orthographe du texte original : Saint-Martin et l’église, Champ Lonc, Prat Lonc, Pra Redon, Champ de Marin, Colla, Ubac, Clusetas à Saint-Martin, Al Mulsonchas près du Vallon, Mons, Clot, Champ Girat, Champ Delgues, Bon Vilar, Sous l’Eglise de Saint Martin, Toeto, Vulnaya près du Vallon, la Colla de Cadenet, Serre de Bresins, Lonias Sancti Martini, Colonbiar près de la voie publique, Avenas, Ubac Sancti Saturnini, Puay Robaut, Colla Davenas, Champ de Mary, Al Clot de Ferant, Serre de Sant Martin, al Font de Servais, Sol Gentil, Meolans, En Champ Parlant, Valon de Monniar près du Vallon et de la voie publique, En le Clot dau Hugo, En lo Fort Gentil, Saint Saturnin près du four et près de la terre du seigneur prieur, Al Champ del Gues, En lo Mont, Rocha Orbiara près de la voie publique, Al Rochas près de la vigne dudit Saturnin et près de la voie publique.

 

403. Chapelle d’Avenos

Avenos est un hameau situé à l’ouest de la commune, à 1090 mètres d’altitude, sur la voie publique, via publica citée en 1378, non loin du Col du Trébuchet. A cette date il est sous la forme Avenas et Colla Davenas ; on retrouve ce dernier terme déjà en 1043, de colle Avena comme confront dans la charte de Saint-Cassien (CSV II, n° 781, p. 129). La Colle figure encore sur les cartes actuelles. Une chapelle dite domestique est citée le 21 juin 1858 étant livrée au public et propre. Elle est encore mentionnée en 1884, puis n’est plus citée par la suite, sauf en 1899 où elle appartient à un particulier. Elle apparaît avec le cadastre de 1818, signalée par une croix à Avenos (Section A 2, parcelle 384), mais ne figure pas sur Cassini. Le claveau central du portail indique la date de 1815. Vu l’éloignement de la paroisse, il doit s’agir d’une petite chapelle succursale à l’usage des habitants du quartier. On ne connaît pas sa titulature. Elle figure sur les cartes actuelles.

 

Synthèse

On reconnaît l’empreinte durable imposée par l’abbaye de Lérins pour faire fructifier ses domaines, mais également pour desservir spirituellement la communauté de la Rochette avec l’église paroissiale et ses deux prieurés. Ces derniers sont, semble-t-il pour l’un d’eux, antérieurs à l’arrivée des moines. Saint-Saturnin, posté sur une voie publique et sur un site antique, a pu poursuivre le rôle de relais pour les voyageurs. Saint-Martin, dans un terroir plus riche que celui de Saint-Saturnin, a dû attirer très tôt les colons et les défricheurs, mais les traces sont trop minces pour aller plus avant.

 


1 BODARD Pierre, « Le haut pays niçois sous l’Empire Romain et le Haut Moyen Age », Mém. IPAAM, T. XXI, 1979, p. 43. 

 

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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Banon. La commune, de 3011 hectares, s’étire sur les pentes sud de la montagne de Lure au nord de la commune de Banon. Les principaux habitats sont situés au sud du territoire à l’altitude moyenne de 800-900 mètres, alors que l’extrémité nord parvient au sommet de la montagne qui est franchit par le Col de la Roche (1314 m). Malgré son étendue la commune n’a jamais dépassé les 325 habitants (1851).

 

397. L’église Saint-Jean à Vière

Le nom de La Rochegiron apparaît avec l’église quand celle-ci est citée en 1274, ecclesia de Rochagiron (Pouillés, p. 116). Le GCN, au XIVe siècle, la fait dépendre du monastère de Ganagobie avec un prior de Rocha Gironis (GCN I, Inst. col. 472). Elle était sous le titre de saint Jean et située au lieu-dit nommé aujourd’hui Vière, village formé lors de l’enchâtellement. Une visite pastorale du 18 juin 1859 la cite comme chapelle rurale et comme étant l’église anciennement paroissiale de l’ancien village, nous n’avons pu la visiter, la toiture exigerait des réparations urgentes. Encore citée en 1863 et 1866, elle est déclarée interdite en 1871 (2 V 86). R. Collier décrit ainsi ce qui subsiste de cette église : son état de ruine provient surtout de ce que l’on y a puisé des pierres pour le cimetière attenant. Il subsiste principalement le chœur à chevet plat, avec un arc triomphal à double rouleau, à impostes à méplat et quart-de-rond et le clocher-tour, en moellon avec chainages d’angle, portant la date de 1559. Le choeur, en assez joli appareil, indique la fin du XIIe siècle (p. 143-144).

 

398. Eglise du Saint-Nom de Jésus

Cette église est située près du hameau du Jonquet et on fait remonter sa construction au XVIIIe siècle. C’est ce que fait constater R. Collier : l’église ayant pour patron saint Pancrace et pour titulaire le Saint Nom de Jésus, porte diverses dates : 1890 (porte d’entrée), 1884 (clocher-tour collé contre l’abside), 1717 (pierre d’angle à l’extérieur). Cette église possède une nef de deux travées à lourdes voûtes d’arêtes, et portant sur d’épais massifs formant pilastres. Le chœur est une grande travée carrée à voûte d’arêtes et dont la partie antérieure s’incurve en abside, peut-être vestige d’une église précédente (p. 222-223). L’inventaire du 12 mars 1906 apporte d’autres précisions : l’église située au lieu-dit « la chapelle » provient de l’ancienne chapelle construite en 1717 qui a formé la nef. Le clocher et le chœur ont été construits par la commune et sont d’origine beaucoup plus récente (1 V 67). D’après ces données, il apparaît que cette église a été construite sur une chapelle portant la date de 1717, mais R. Collier pense qu’elle peut avoir été élevée sur une autre plus ancienne. Son orientation à 45° n’incite pas à la dater de la période romane. C’est près d’elle qu’est situé le cimetière de la paroisse après l’abandon de celui de l’église de Vière.

 

399. Eglise Saint-Pancrace

C’est la deuxième église de la paroisse et est située dans le village. Elle est dédiée à saint Pancrace. Féraud ajoute qu’elle porte le millésime de 1517. Nos renseignements s’arrêtent là.

 

400. Chapelle Saint-Pancrace

Le patron attesté de la paroisse est saint Pancrace. Or, il existe tout au sud de la commune un hameau appelé St-Pancrace. Si le cadastre napoléonien de 1839 et les cartes modernes ne signalent aucun édifice, par contre la carte de Cassini indique une chapelle en état dans le hameau du même nom. Le fait que ce saint soit le patron de la paroisse indique son antériorité sur les autres. Il se pourrait qu’il soit le saint le premier vénéré. C’est un cas « classique » de garder comme protecteur le titulaire de la première paroisse.

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La commune actuelle de la Robine résulte de la fusion de quatre communes effectuée en 1973, Ainac, Lambert, Tanaron et la Robine. Aussi, nous allons les examiner séparément.

 

AINAC

La commune faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne. Elle offrait une petite superficie de 519 hectares dans un environnement de montagnes abruptes, avec un habitat perché à près de 1100 mètres d’altitude. Il n’existait que deux feux en 1315 et en 1471, le terroir est déclaré inhabité. Le maximum sera atteint en 1851 avec 125 habitants. Au XIVe siècle, en 1376, est nommée une église desservie par un cappellanus de Hoenaco qui s’occupe en même temps de la paroisse de Lambert (Pouillés, p. 258). Le village est alors au lieu-dit Villevieille comme le stipule l’affouagement de 1727, le lieu est en un hameau appelé Villevieille et le surplus en bastiments épars (C 18). Mais quelques années plus tard, en 1774, le chef-lieu se trouve à Ainac, plus précisément à l’Espinasse, où il y a huit maisons habitées, tandis que Villevieille n’en possède plus que sept (C 25) 1. Il ne semble pas qu’il y ait une église paroissiale à Villevieille, l’évêque en visite en 1683 la situe à Ainac sous le titre de Notre-Dame (1 G 5). Déjà en 1376 un seul chapelain dessert les deux paroisses d’Ainac et de Lambert et la situation perdure jusqu’en 1863, année où l’église d’Ainac est interdite car en trop mauvais état (2 V 87). Elle a été restaurée récemment.

 

391. Le prieuré Notre-Dame de Salloé

Ce prieuré est cité en 1180 comme faisant partie des biens du chapitre de Digne (Isnard, p. 136) mais ce dernier ne sait pas où le situer, peut-être à Ainac, avec un point d’interrogation. Mme Viré, en 1992, fait de même en citant Isnard 2. Il est ensuite cité par les Pouillés en 1351 avec un capellanus de Salloye (p. 257). La confirmation de sa localisation à Ainac est donnée par l’affouagement de 1698 : Il y a un seigneur qui est l’évêque de Digne et qui perçoit le quart de la dîme et un prieur qui en perçoit les trois quart. Le prieur d’Aynac possède une terre dans laquelle est bastie la meyson clastralle situé au terroir d’Eynac au cartier de Sallouye depandant du prieuré, franche de taille n’ayant jamais esté encadastrée pour estre de l’antien domaine de l’église et avoir esté toujours possédée par les sieurs prieurs dudit lieu (C 18). On voit que l’évêque, depuis 1180, a récupéré le quart de la dîme sur le chapitre. Cet état est confirmé par l’affouagement de 1774, la dixme va au trois quart au sieur prieur et un quart à l’évêque (C 25). Un coutumier de la paroisse Ainac-Lambert commencé en 1866 relate : la commune d’Eynac formait avant la révolution un prieuré cure distinct de celui de Lambert. On n’a conservé de l’ancienne paroisse d’Eynac que l’église. Le presbytère a été démoli depuis 50 ou 60 ans et le sieur Gassend de Lambert propriétaire actuel d’une partie des biens du prieuré y a construit un petit bastidon avec colombier sur les ruines et avec une partie des matériaux de l’habitation du prieuré.

Le nom de la commune est issu d’un nom d’homme gaulois Ainus avec le suffixe -acum, signifiant le domaine d’Ainus, indiquant une fondation gallo-romaine (Rostaing, p. 353). Ce gallo-romain qui a donné son nom à la commune est peut-être à mettre en rapport avec le vocable Salloé, Sallac, Sallouye et même Notre Dame du Salut en 1743 par attraction. L’origine du mot provient peut-être du latin sal « sel », faisant référence à une source d’eau salée située non loin d’Ainac et que le colon romain a pu exploiter.

 

LAMBERT

Cette ancienne commune de 520 hectares n’est guère plus favorisée que celle d’Ainac à qui elle fait face sur la rive gauche du Galabre. C’est ce que fait constater l’abbé Féraud, la commune de Lambert n’est séparée de la précédente que par le Galabre, qui prend sa source dans son territoire et se jette dans le Bès. Le village de Lambert n’est qu’à dix minutes de celui d’Ainac : aussi ces deux communes ne forment qu’une seule et même paroisse, et n’ont aussi qu’une seule école (p. 70). On l’a vu avec Ainac un même chapelain dessert les deux paroisses, cité en 1376, cappellanus de Lamberto et Hoenaco. L’église est sous le titre de saint Pierre et la dîme revient par moitié au seigneur évêque de Digne, l’autre moitié au curé selon le même affouagement de 1698. Il n’existe pas de chapelle rurale.

 

TANARON

Cette ancienne commune de 2012 hectares est située entre Lambert et Esclangon/La Javie. Dans le même contexte de terrain que les deux précédentes, son territoire n’a jamais accueilli plus de 250 habitants. Elle était formée de deux castra qui très vite ont fusionné. On les reconnaît quand en 1351, les Pouillés nomment un capellanus de Tanarrono  qui perçoit 12 livres et un capellanus de Roccarossa qui perçoit 7,80 livres. En 1376, il n’est plus cité que le chapelain de Tanaron (p. 257-258). Le castrum de Tanaron était protégé par une tour dont les ruines dominent de 50 mètres d’altitude le village (1113 m). C’était une possession des évêques de Digne. C’est ce que confirme l’affouagement de 1698, l’évêque est seigneur du lieu (C 18). L’église paroissiale est sous le titre de saint Laurent et selon la visite de l’évêque en 1683 il y a le maître autel avec un tableau représentant Jésus crucifié, la sainte Vierge et saint Laurent. Au costé de l’épitre, une chapelle dédiée à Notre Dame du Rosaire avec un autel et un tableau à platte peinture représentant la sainte Vierge, saint Dominique et sainte Catherine à ses costés. Au costé de l’évangile, un autel avec un tableau représentant saint Joseph tenant le petit Jésus en ses bras (1 G 5, f° 64-66). L’église est aujourd’hui en ruine.

 

392. Saint-Jean-du-Désert à Rocherousse

Rocherousse figure encore sur les cartes, au nord de la commune, sous la forme d’un nom de lieu-dit constitué d’une barre rocheuse dominant les gorges du Bès. Il n’existe pas d’habitat, seulement une chapelle ruinée dédiée à saint Jean. Elle figure en état sur Cassini. Il s’agit de l’ancienne paroisse de Rocherousse. Quand R. Collier la visite en 1971, il rencontre une ruine, sans toiture ni voûtes… Elle doit remonter, originellement, au XIIIe siècle (p. 147). Des moines orthodoxes s’y sont installés et depuis ont restauré la chapelle qui porte maintenant le titre de Saint-Jean-du-Désert.

 

393. La chapelle de Combasse

Le cadastre napoléonien de 1829 signale deux hameaux de la Basse et la Haute Combasse. Ils sont situés à l’ouest de la commune à près de 1300 mètres d’altitude. Il n’en subsiste aujourd’hui que des ruines. D’après le cadastre ils regroupaient une dizaine de maisons. A cause de l’éloignement de l’église paroissiale, une chapelle succursale y a été construite. C’est ce qui constate l’évêque en 1683, il y a une chapelle au hameau de Combasse bastie par les habitants. Elle n’est plus citée par la suite et on ne connaît pas son titulaire, peut-être saint Jean car un quartier porte ce nom dans le quartier de Combasse.

 

394. La chapelle de Pudayen

Cette chapelle rurale est citée lors des visites du XIXe siècle, en 1857 (2 V 88). L’abbé Féraud n’en parle pas, seulement pour dire que le seul hameau de cette commune s’appelle Pudayen (p. 93). Achard cite seulement une annexe ou Succursale sous le titre de S. André, sans préciser où elle se trouve ni quel est son titulaire. Par contre le cadastre napoléonien cité un lieu-dit Ste Anne à côté du hameau. Pour l’instant, il n’est pas possible de trancher.

 

LA ROBINE

La commune est située au sud des trois précédentes dans le même contexte de terrain, aux abords du Galabre. D’une superficie de 1195 hectares, le terroir n’offre qu’une terre stérile d’où la commune tire son nom. La population n’a jamais dépassé les 190 habitants, il n’en subsiste que 48 en 1962. Ce n’est qu’en 1180 qu’apparaissent deux églises appartenant au chapitre de Digne, mais l’évêque conserve des droits sur l’une d’entre elle (Isnard, p. 136). Le chapitre a des possessions également à Rochebrune. L’église paroissiale de la Robine est sous le titre de saint Pons avec comme patron saint Vincent et est établie en un endroit isolé, entourée du cimetière. Elle dépend du chapitre et est desservie par un capellanus de Robina en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 257 et 258). Quand l’évêque vient la visiter le 12 septembre 1683, il est dit que Paul de Bollogne, chanoine du chapitre, est prébendé audit lieu et qu’au clocher il y a deux cloches (1 G 5). Elle va rester paroissiale jusqu’au XIXe siècle, moment où une nouvelle église la remplace entre les hameaux du Forest et des Amandiers, dédiée à saint Vincent. Dès lors, la première paroisse devient une simple chapelle rurale et en 1899 l’ancienne église paroissiale à 1 km du village est à peu près abandonnée (2 V 73, n° 272). Elle a été restaurée en 2000.

 

395. Saint-Vincent-le-Vieux ou de Garbesia

C’est une église qui est citée en 1180 comme appartenant au chapitre au même titre que celle de Saint-Pons de la Robine. Elle est sous le titre de Saint-Vincent de Garbesia (Isnard, p. 136). Elle réapparaît en 1351 desservie par un cappelanus de S. Vincentii Veteriis qui perçoit 8 livres 10 sous (Pouillés, p. 257). Elle n’est plus citée par la suite. Isnard avoue qu’il ne reste aucune trace du toponyme Garbesia et M.-M. Viré la situe en face de la Robine. Seule la carte de Cassini signale une chapelle ruinée sous le titre de St Vincent. L’emplacement, sur la rive gauche du Galabre correspond au lieu-dit St-Pierre actuellement. L’abbé Féraud rapporte qu’une tradition glorieuse pour la Robine porte que cette vallée a été évangélisée et desservie, pendant plusieurs années, par saint Vincent, apôtre et second évêque de Digne (p. 65) 3. La rive gauche du Galabre comprend de nombreux lieux-dits dédiés à saint Vincent, un sommet, un vallon, un ravin et même le Serre du clastre. La sujétion de l’abbé Féraud pourrait accréditer la tradition d’un ermitage créé au IVe siècle par saint Vincent avant qu’il ne devienne évêque de Digne. Le qualificatif de Saint-Vincent-le-Vieux attribué en 1351 à l’église conforte cette hypothèse.

 

396. L’église de Rochebrune

Ce petit fief fut uni très tôt à la Robine. Il est cité en 1180 lors de la confirmation des biens du chapitre par le pape Alexandre III, où le chapitre y possède des biens. Mais ce dernier jouit également des revenus de la cure et de l’église, puisqu’en 1351 la prébande se monte à 17 livres et le cappellanus de Rocabruna perçoit 17 livres et 10 sous (Pouillés, p. 255 et 257). Isnard fait remarquer que les droits du chapitre sur Roquebrune étaient de nature seigneuriale. D’ailleurs, le chapitre prête hommage pour Roquebrune en 1309 (p. 309-310). Roquebrune est indiqué par Cassini et les cartes modernes et peut être placé à l’endroit où le Galabre rejoint le Bès, rive droite du Galabre entre Rosabeau et Beau Villard, où est indiquée une chapelle ruinée non loin de la rivière. Si l’église de Rochebrune est bien attestée en 1351 avec un chapelain la desservant, on ne connaît pas son titulaire. Mgr Le Tellier, lors de sa visite de 1683, n’en parle pas et aucun document ne vient confirmer son existence par la suite.

 

Synthèse

Les quatre anciennes communes offrent à peu près les mêmes situations. C’est d’abord l’emprise de l’évêché de Digne et du chapitre non seulement sur les paroisses, mais également parfois en tant que seigneur du lieu. On remarque ensuite l’implantation des premières paroisses avec des églises en plein champ et isolées, comme Notre-Dame de Salloé, Saint-Vincent de Garbesia, Saint-Pons de la Robine, Saint-Jean-du-Désert à Rocherousse. Enfin, l’enchâtellement est peu marqué, l’habitat restant dispersé en petits hameaux et fermes, ce qui n’a pas entraîné un regroupement des populations. Il faut avouer que les conditions de vie difficiles n’ont pas favorisé l’expansion du peuplement avec un centre communautaire important.

 


1 L’état des sections du cadastre de 1813 détaille deux sections, section A, de l’Espinasse, avec 11 maisons et 1 église, section B, de Villevieille avec 10 maisons (3 P 19).

2 MM. VIRE, BSSL, Digne, p. 61.

3 En fait saint Vincent est reconnu comme ayant été le premier évêque de Digne. Atlas indique l’année 374 et en note alias de Corbario. Peut-on rapprocher Corbario et Garbesia ?

 

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