Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Noyers-sur-Jabron. Cette petite commune de 1045 hectares est située dans la vallée du Jabron, en limite avec le département de la Drôme. La documentation est succincte, aussi bien pour la population qui n’est pas recensée à la fin du Moyen Age que pour son appartenance à un quelconque ordre religieux. La seule et unique mention est fournie par les Pouillés (p. 117) en 1274 : ecclesia Sancti Ciriaci de Civrello ou Curello. Un premier village perché, situé à l’est du village actuel, était desservi par une église dédiée à saint Martin avec le cimetière attenant. C’est au cours du XVIIe siècle qu’il fut abandonné pour un nouveau village établi près du Jabron. Une nouvelle église ainsi qu’un cimetière furent construits. L’église reprit la titulature de la première Saint-Martin. La première église est encore en état.
138. Le couvent de Saint-Cyrice
C’est l’abbé Féraud (p. 494) qui nous apprend que la tradition du pays porte qu’il existait jadis un couvent dans le quartier appelé Saint-Cérice.On s’y rend, chaque année, en procession le jour de l’Ascension. On retrouve le saint Cyrice mentionné comme titulaire de l’église paroissiale de Curel en 1274. Un quartier porte encore ce nom, situé au NNO du village actuel. Sur le cadastre de 1831, il s’agit de Saint-Ciriey.
Synthèse
Faut-il voir avec le Saint-Cyrice la paroisse originelle ? Il serait alors antérieur au castrum jusqu'à ce que celui-ci soit lui aussi abandonné au cours du XVIIe siècle.
La commune est située à une dizaine de kilomètres au sud de Forcalquier et comprend à peine 1000 hectares, mais elle est composée d’une vaste plaine favorable aux cultures vivrières. La limite nord de la commune est formée par l’antique via Domitia. Ce passage et la situation géographique ont favorisé l’implantation humaine et les sites antiques sont répartis sur tout le territoire (CAG, n° 068, p. 145-148). Le castrum de Dalfino est cité en 1125 (Atlas, p. 173) et deux églises apparaissent en 1274, l’ecclesia de Dalfino et l’ecclesia Sancti Salvatoris juxta Delphinum (Pouillés, p. 116-117). Un certain Raimbaud de Dauphin est mentionné en 1120 et 1240 et paraît être proche du comte de Forcalquier puisqu’il est un de ses fidéjusseurs (RACP, n° 42, p. 124 et p. 407 et 408). L’église du castrum est dédiée à saint Martin et la paroisse a pour patron Notre-Dame de l’Assomption (Féraud, p. 335). La deuxième église, celle de Saint-Sauveur, semble correspondre à une ancienne communauté située sur la commune de Saint-Michel-l’Observatoire, dans un quartier qui porte encore le nom de Saint-Sauveur, près des Eyssautiers. Deux chapelles rurales sont régulièrement mentionnées lors des visites pastorales à partir de 1858, Notre-Dame de Chamberlay et Notre-Dame d’Ubage.
139. Le prieuré Notre-Dame de Chamberlay, première paroisse sur un site antique
800 mètres au nord du village, le site dit le Prieuré conserve le cimetière de la communauté et les débris d’un bâtiment, ancien prieuré de Notre-Dame de Chamberlay. Le site paraît avoir été occupé depuis l’Antiquité, réinvesti au haut Moyen Age jusqu’à la création d’un prieuré au XIIe siècle qui assure la fonction paroissiale. C’est ce que confirme la visite pastorale du 11 décembre 1867, il s’agit de l’ancienne église paroissiale, contigüe au cimetière. C’est pour cette raison que Notre Dame est la patronne de la paroisse, première protectrice de la communauté. Au XIXe siècle, ce prieuré n’apparaît pas sous le nom de Notre-Dame de Chamberlay, mais de Notre-Dame de Champ Prélié. La chapelle dite « rurale » est citée jusqu’en 1867, mais par la suite elle n’apparaît plus, signe de sa disparition. La CAG fait état dans le quartier d’un établissement antique, de monnaies de « haute époque », de « poteries wisigothiques ou médiévales » et de sarcophages.De plus, dans les déblais d’une ancienne chapelle, Notre-Dame de Chamberlay, face antérieure d’un sarcophage portant une épitaphe pouvant dater de l’époque carolingienne.
140. Notre-Dame d’Ubage
Elle est régulièrement citée au cours du XIXe siècle et figure en état sur les cartes modernes. Elle est située à 2 kil au sud-ouest du village dans le quartier du Plan de Notre-Dame. R. Collier nous fait découvrir son origine : la chapelle ND d’Ubage remonte à 1619 : le 18 mars de cette année-là, le conseil municipal décida la construction d’une chapelle, selon le vœu de l’évêque de Sisteron, l’église paroissiale étant trop petite. Vers 1669, la chapelle fut agrandie (p. 229). L’inventaire de 1906 nous donne sa contenance, 71 m² et soutient la date de 1757 comme celle de sa construction (sans doute des réparations). Il est probable que la construction de 1619 soit une reconstruction sur un édifice beaucoup plus ancien (1) .
141. Le prieuré Saint-Patrice. Le domaine des Hospitaliers
Abbayes et prieurés cite un autre prieuré, celui de saint-Patrice et ajoute qu’il dépend du chapitre cathédral d’Alais (Alès). Aucun indice sur la carte de Cassini et les cartes modernes ne vient apporter la moindre réponse sur ce prieuré. L’Atlas Historique mentionne un prieuré dépendant de l’abbaye de Psalmody dans le Gard (carte n° 75). S’agit-il du même prieuré ? Damase Arbaud rapporte en 1883 la découverte d’une inscription dans une campagne ayant appartenu aux Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, non loin d’une chapelle dont il ne reste plus aucune trace. L’inscription est peut-être médiévale (Cité par la CAG, p. 147). Cette campagne avait été donnée aux Hospitaliers par le comte Bertran en 1168 parmi d’autres biens situés dans le diocèse de Sisteron (2).
Synthèse
Notre-Dame de Chamberlay offre toutes les caractéristiques d’une fondation carolingienne. Les indices sont relativement nombreux : ancienne paroisse, sarcophages et poteries.
(1) Voir également, PR, n° 23, 2000, p. 34-39 qui pense que la chapelle a été construite à l’emplacement où la tradition plaçait une ancienne chapelle depuis longtemps disparue.
(2) Cité par J.-P. Poly, La Provence et la société féodale, Paris, 1976, p. 342, note 164. Voir également Ruffi, p. 135.
Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton de Castellane. La commune est limitrophe à l’ouest de celle de Castellane dans un milieu montagneux, le village étant à près de 1200 mètres d’altitude. Il est cité au XIIIe siècle sous la forme de Mandols, de Demandolis (Atlas, p 173). L’église paroissiale apparaît en 1278, elle est desservie par le prior dominus G. Fulco sacerdos et dépend du chapitre cathédral de Senez (Enquêtes, n° 846, p. 430). Il n’existe pas à cette époque d’autre édifice religieux ni de prieuré. L’église est confirmée par les Pouillés en 1300 et 1376, ecclesia de Mandolis (p. 290 et 292). Elle est sous la titulature de saint Fortunat et desservait le premier village situé à Ville, site situé tout à fait à l’ouest de la commune. Ce village est abandonné au cours du XIXe siècle et les habitants se fixent dans le hameau de Saint-Michel qui va devenir le chef-lieu de la commune. L’église prend la titulature des saints Pierre et Paul mais conserve saint Fortunat comme patron. Mais il est probable que cette titulature à saint Pierre, reprenne le titre d’une ancienne église dédiée à ce même saint.
142. L’ancienne église paroissiale Saint-Fortunat
Depuis la création de la nouvelle église, elle est devenue une simple chapelle rurale au quartier de Ville ou chapelle rurale à l’ancien village comme indiqué en 1884 et 1858. Lors de l’enquête sur les lieux de culte en 1899, elle est encore qualifiée d’église, église du hameau de Ville, à 5 kil. ouverte au public, entretenue aux frais de la commune. R. Collier en donne une description et la date de la deuxième moitié du XIe siècle (p. 57-58).
143. Notre-Dame des Conches et son pèlerinage
C’est Achard qui nous la fait découvrir : la fête du 8 de Septembre est aussi célébrée avec grande pompe ; ce jour-là, on va en procession à une Chapelle connue sous le nom de N.D. des Conches située en delà des cimes de rochers escarpés qui entourent et abritent le village du côté du nord et sur lesquelles est pratiquée une route tortueuse avec des oratoires à chaque tournant. La grand’Messe est chantée ce jour-là dans cette Chapelle bâtie par un Chevalier de Rhodes de la Maison de Demandolx. On y voit un tableau en miniature qui passe pour un chef-d’oeuvre de l’art, donné par le Commandeur de Puimoisson de la même famille. Mgr Soanen, en 1708, pense qu’il s’agit de la première église et du premier cimetière (2 G 18). R. Collier (p. 137) et Alpes Romanes (p. 51) en donnent une description. Voici le texte du dernier : la chapelle Notre-Dame aux Conches, est abandonnée au milieu des genêts derrière la crête rocheuse où s’agrippent les ruines du village et du château. C’est un joli petit monument en moyen appareil soigné sans doute tardif (XIIIe, XIVe). L’abside a conservé son cul-de-four en pierres de tuf régulièrement taillées. La nef se contente aujourd’hui d’une simple toiture. Comme d’ordinaire, la porte s’ouvre au sud. Un autel du XIXe siècle atteste que la chapelle était encore un but de pèlerinage à une époque récente. En 1899, Notre-Dame des Conches est entretenue par les habitants et par la commune. Il semble que l’opinion de Mgr Soanen soit erronée. Cette chapelle semble être en effet une chapelle de château, Achard la faisant bâtir par l’un des seigneurs de Demandolx.
144. Chapelle Saint-Pierre
Elle est située au nord du vieux village sous le titre de saint Pierre. Elle n’est pas mentionnée lors des visites pastorales et ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque citation. On ne peut que remarquer qu’il s’agit d’un édifice isolé, en plein champ et que sa titulature a pu être reprise par l’église paroissiale de Demandolx. Il pourrait s’agir d’une église pré castrale.
Synthèse
Malgré son absence dans les textes de la fin du Moyen Age, la chapelle Notre-Dame des Conches offre une architecture de cette période et la présence du cimetière souligne son rôle paroissial.
Nous ne présenterons dans cette étude que les chapelles rurales des anciennes communes rattachées à Digne depuis le XIXe siècle. Il s’agit de Courbons, des Siéyès et de Gaubert, rattachées en 1862 et des Dourbes en 1974.
COURBONS
Cette ancienne commune est située à l’ouest de celle de Digne dans un milieu de collines à l’altitude moyenne de 900 mètres. Son maximum de population fut atteint en 1315 et en 1851 avec 500 habitants. Corbo apparaît au XIIIe siècle, in castro de Corbo (Enquêtes de 1252, n° 496, p. 346), mais une église est citée bien avant, celle de Sainte-Eugénie. Elle est confirmée comme possession du chapitre de Digne en 1180 par le pape Alexandre III (Isnard, p. 186). Un chapelain dessert l’église paroissiale, cité en 1351 et 1376, cappellanus de Corbonis (Pouillés, p. 256 et 259). Par la suite, le prieuré passe dans les mains de l’évêque de Digne, mais on ne sait pas à quelle date (Isnard, p. 141). En 1476, l’évêque de Digne, Conrad de la Croix, rend le prieuré au chapitre en échange des droits sur Marcoux. Trois ans plus tard, l’échange est confirmé par le pape Sixte IV. La France pontificale (I, p. 89) résume l’histoire du prieuré ainsi : l’église de Courbons fut ensuite dédiée à sainte Claire qui est restée jusqu’à nos jours la patronne de cette localité. Aujourd’hui, l’église est dédiée à Notre-Dame-des-Anges. Il ne restait plus, au commencement du siècle dernier, qu’un champ, tout près du village, qui portait le nom de Sainte-Eugénie. De l’église de Sainte-Claire, située dans l’intérieur du village, on ne voit plus que la tour du clocher. Lors de la visite de l’évêque de Digne en 1683, celui-ci confirme l’existence du prieuré sous le titre de Ste Eugénie à qui il appartient une bastide, lequel prioré est uni à la mense capitulaire. Et il confirme la titulature de l’église à sainte Claire (ADAHP 1G 5, f° 49 r°-52 r°) . L’abbé Féraud confirme ensuite la titulature de l’église à Notre-Dame des Anges et il ajoute que par un usage constamment pratiqué jusqu’en 1792, le chapitre de Digne venait faire les offices le jour de Sainte-Claire (p. 57).
Des données ci-dessus, on peut tenter de reconstituer l’histoire des monuments religieux de la paroisse. A l’origine, il existe deux prieurés, celui de Saint-Pierre que nous présenterons par la suite et celui de Sainte-Eugénie. Pour ce dernier, nous connaissons sa première citation et son appartenance. Il dépend du chapitre de Digne jusqu’à la Révolution. Il devait être situé au pied du village, à l’ouest, là où la carte de Cassini place une église sous le titre de Notre-Dame des Anges. Il était accompagné d’une bastide et de terres comme relaté en 1683. Lors de la création du village groupé et perché sur la colline, est bâtie une église paroissiale sous le titre de sainte Claire. Seul le clocher de cette église subsiste converti en tour de l’horloge. La destruction de l’église, sans doute au cours du XIVe siècle, a obligé les habitants à en construire une autre, cette fois-ci au pied de la colline, à l’est. R. Collier la date du XVIe siècle (p. 56-57). C’est elle que visite l’évêque en 1683, elle est sous le titre de sainte Claire et est accompagnée du cimetière. Le prieuré de Sainte-Eugénie existe encore à cette date, de même à la fin du XVIIIe siècle, sur la carte de Cassini, mais il a pris le titre de Notre-Dame des Anges. C’est sans doute après la Révolution, les biens du prieuré ayant été séquestrés et vendus, que l’édifice tombe en ruine et disparaît complètement, laissant seulement son nom à un champ. Et c’est probablement à cette même époque que l’église paroissiale adopte comme titulaire celui de l’ancien prieuré, Notre-Dame des Anges.
145. La chapelle Saint-Pierre
Elle est située 600 mètres au sud du village, isolée et en plein champ. Elle est citée une seule fois, en 1899 : chapelle de S. Pierre ; de temps immémorial la paroisse se rend en procession le 1er jour des Rogations et le jour de S. Pierre. Le curé y dit la messe chaque fois, il chante le Libera sur la porte de la chapelle et termine par la bénédiction des fruits de la terre. Pas d’autorisation écrite. Elle figure sur la carte de Cassini sous l’appellation de St Pierre de la Roque. Le fait que le curé chante le libera sur le pas de la porte de la chapelle laisse envisager un ancien cimetière autour de l’édifice. La titulature à saint Pierre, l’implantation en plein champ, en milieu ouvert et isolé, la présence d’un cimetière et la procession, font soupçonner une de ces églises pré castrales, rarement citées par des textes, mais cependant détectables par ces particularités remarquables.
LES SIEYES
Cette ancienne commune forme aujourd’hui un faubourg de Digne sur la rive droite de la Bléone. Deux édifices religieux vont coexister, sans savoir lequel est véritablement la paroisse, Saint-Véran et Sainte-Madeleine. Il est probable que ce sont les églises des Sièyes qui sont confirmées par le pape Alexandre en 1180 comme appartenant au chapitre de Digne (Isnard, p. 136).
146. Le prieuré de Saint-Véran
Après 1180, Saint-Véran réapparaît en 1351 avec la prebenda de Sancto Verano et le cappellanus de Sancto Verano (Pouillés, p. 255). Cette prébende consiste en la dîme du vin de l’église de Saint-Véran et à trois parts de la dîme du vin nouveau de Saint-Véran, ainsi que de celle des blés et des agneaux (Isnard, p. 300). Ce prieuré est situé au sud de la commune, près de la Bléone, en milieu ouvert, non défensif. Car l’autre édifice est situé aux Hautes Sièyès, en milieu défensif et correspond au castrum élevé lors de l’enchâtellement. Celui-ci est cité en 1252, castrum de Sciejas (Enquêtes, n° 495, p. 346). Une église dédiée à sainte Madeleine y est construite qui devient la paroissiale, desservie par un chapelain cité en 1376, capellanus de Zessis (Pouillés, p. 258). C’est encore le cas en 1683 quand l’évêque de Digne fait sa visite pastorale, église sous le titre de sainte Madeleine. Et de citer Saint-Véran, également comme église : il y a une église où estoit anciennement la paroisse sous le titre de St Véran où le chapitre ou le Cabiscol envoyent tous les dimanches et festes un prestre pour dire la Ste messe, laquelle église est entretenue par la communauté autour de laquelle est le cimetière (1 G 5) Bien que n’étant plus considéré comme paroissiale, Saint-Véran a gardé son statut d’église. Il va le retrouver au XIXe siècle. C’est ce que confirme l’abbé Féraud, l’église paroissiale est sous le titre de saint Véran. Le chapitre de Digne en était jadis le prieur-décimateur et on trouve au Nord, l’ancienne église paroissiale de Sainte-Magdelaine, dont la voûte est de forme ogivale. Cette dernière va devenir une simple chapelle comme stipulé en 1862 mais gardant encore son titre d’église, chapelle rurale : église Ste-Madeleine autrefois paroissiale, bien propre et bien conservée aux Hauts Sièyes. Les deux églises sont encore en état.
147. La chapelle Saint-Roch au hameau de l’Hôtellerie et la chapelle du hameau de la Tour
Seul subsiste aujourd’hui un nom de quartier dit St Roch rappelant une chapelle citée en 1683 par l’évêque de Digne, qu’il y a à l’hameau appelé de l’hostelerie une petite chapelle sous le titre de St Roch laquelle a esté bastie et entretenue par les habitants dudit ameau. Elle est signalée par la carte de Cassini et en 1862, il est rapporté que la chapelle St-Roch a été reconstruite en 1860 et affectée au service journalier (2 V 87). Lors de la même visite, l’évêque cite une autre chapelle : une autre chapelle à l’ameau de la Tour qui a esté bastie et est aussi entretenue par les habitants dudit la Tour. Le hameau et la chapelle apparaissent sur Cassini (actuellement à l’emplacement de l’Hôpital psychiatrique).
GAUBERT
Cette ancienne commune est située sur la rive gauche de la Bléone entre la commune de Digne au nord et celle du Chaffaut-Saint-Jurson au sud. L’église de Gaubert est citée en 1180 lors de la confirmation par le pape Alexandre III des biens et églises dépendant du chapitre cathédral de Digne (Isnard, p. 136). Elle est sous le titre de Notre-Dame ou de Sainte-Marie. Cette dépendance est confirmée en 1351 avec la prebenda de Galberto qui se monte à 30 livres et un cappellanus de Galberto dont le revenu est de 10 livres. On retrouve le cappellanus de Galberto en 1376 (Pouillés, p. 255-256 et 258). En 1683, l’évêque confirme l’appartenance au chapitre, l’économe du chapitre est prébandé aud lieu et l’église est toujours sous le titre de Notre-Dame (1 G 5). C’est au XIXe siècle avec l’abbé Féraud qu’elle est sous la titulature de saint Etienne tout en gardant celle de Notre-Dame. Outre trois chapelles rurales signalées au XIXe siècle, il faut évoquer deux prieurés cités par d’autres sources.
148. Le prieuré de Saint-Jaume
Il est cité par l’évêque de Digne lors de sa visite de 1683 : il y a le prioré de St Jaume possédé par Mre Blaise Cod.., seigneur temporel et spirituel de St Jurson et le revenu dudit prioré consiste à la pansion de la somme de quatre ou cinq cents livres en principal que damoiselle Lucresse Chaud de Digne fonda et la communauté de Clumanc en est chargée. Aucun indice ne vient confirmer ce prieuré de Saint-Jaume (ou Jacques) sur la commune. Le fait qu’il soit rattaché à Clumanc pourrait le faire assimiler à celui Saint-Georges de Sergan sur l’ancienne commune de Saint-Jurson, dépendant de l’abbaye de Lérins (voir la notice sur Saint-Jurson).
149. Le prieuré de Saint-Pierre
Il est cité lors de la même visite : il y a encore un prioré sous le titre St Pierre dont il ne paroit point de fonds ni de fondation et par conséquant de possesseur. Ce prieuré devait se trouver au hameau dit aujourd’hui St-Pierre de Gaubert où figure seulement un oratoire. Cassini indique le hameau sans édifice religieux.
150. Le prieuré du domaine Saint-Martin
Il est mentionné par la CAG (n° 070, p. 169) : la ferme du Grand Saint-Martin occupe le terroir au nord et au pied du village de Gaubert, dans la vallée de la Bléone. C’est un ancien prieuré dépendant du chapitre de la cathédrale de Digne. Une partie des bâtiments intègre les vestiges de la chapelle. Une nécropole de l’Antiquité tardive avec des sépultures sous tuiles en bâtière a été repérée. Il est probable que nous sommes en présence du prieuré cité en 1180, car le chapitre ne possède qu’un seul prieuré sur le territoire de Gaubert. Mais il est difficile d’expliquer pourquoi il n’est pas sous la titulature de saint Martin. En tout cas nous sommes en présence d’un établissement pré castral, sur un site antique, en milieu ouvert, qui a pu être vitalisé au haut Moyen Age. Il n’est pas signalé par Cassini.
Viennent enfin trois chapelles mentionnées lors des visites pastorales du XIXe siècle, en 1859, 1866 et 1872 (2 V 87 et 89). Nous ne pouvons que les citer sans ajouter un commentaire par manque de documentation.
151. Chapelle Saint-Sébastien
Elle est signalée en 1859 comme étant près du chef-lieu. Elle n’apparaît pas sur Cassini mais figure sur les cartes actuelles, à l’est du village.
152. Chapelle Saint-Jean-Baptiste aux Hôtelleries
Elle est citée à la même date que la précédente et n’apparaît pas sur Cassini ni sur les cartes actuelles.
153. Chapelle Saint-Barthélemy à la Braisse
Elle est signalée lors de la visite de 1683 : il y a une fondation à la chapelle de la braisse d’une messe tous les samedis de l’année dont le fonds est de trois cent livres. Elle ne réapparaît ensuite qu’au XIXe siècle, mais ne figure pas sur les cartes actuelles.
LES DOURBES
L’ancienne commune s’étend à l’est de la ville de Digne et au nord de la commune d’Entrages. Elle fut durement touchée par les guerres et la peste du XIVe siècle puisque de 240 habitants en 1315, elle n’en comptait plus que 60 en 1471, soit une perte de 75%. Le terroir est dans un milieu montagneux à l’altitude moyenne de 1000 mètres. La première mention est fournie en 1035 lors de donations faites au prieuré Saint-Michel de Courson avec comme témoin signataire de l’acte un certain Hisnardus de Dorbas (CSV II, n° 747, p. 95). A la fin du XIIe siècle, en 1180, les biens appartenant au chapitre de Digne sont confirmés par le pape Alexandre III, dont tout ce que vous avez sur le château des Dourbes, tant en dîmes qu’autrement. Cette appartenance est confirmée en 1351 avec la prebenda de Durbis qui rapporte 25 livres au chapitre, tandis que le cappellanus de Durbis perçoit 15 livres. Ce dernier est encore signalé en 1376 (Pouillés, p. 255, 257 et 259). L’église paroissiale est sous le titre de saint Geniez avec comme patron saint Louis, roi de France (Féraud, p. 49). Elle relève, selon R. Collier, de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe, principalement l’abside en cul-de-four (Collier, p. 138). Une seule chapelle rurale est mentionnée sur le territoire.
154. Chapelle Saint-Jean au Villard
Elle semble avoir été bâtie courant XVIIe siècle car, en 1683, l’évêque de Digne relate que les habitants du Vilar nous ont dit avoit fait bastir une chapelle pour la commodité des habitans dudit ameau, laquelle est entretenue à leurs frais et dépans l’ayant meublée (1 G 5). Elle est signalée le 15 avril 1870 comme chapelle rurale dédiée à saint Jean-Baptiste. Lors de l’enquête sur les lieux de culte de 1899, elle date de 200 ans, située dans la section du Vilar. On y célèbre la messe deux ou trois fois par an et on administre les baptêmes et les mariages pour les habitants de la section. Il est possible que cette chapelle ait été édifiée sur un édifice plus ancien, le vocable Vilar évoquant un habitat abandonné, sans doute au XIVe siècle lors de la peste, mais vitalisé par une église sous le vocable de saint Jean. Lors du repeuplement, celle-ci aurait été rebâtie reprenant le même titulaire, saint très honoré au Moyen Age.
Synthèse
Parmi les édifices que l’on peut soupçonner d’être antérieurs au castrum, il faut mentionner Saint-Pierre à Courbons. Pour les autres les indices sont trop minces pour avancer avec certitude.
-- commentaire de REYMOND25-03-2012 19:17 Bonjour, La mauvaise qualité du bâti de l’église Saint-Pierre de la Roque à Courbons (blocage à la chaux, absence de piédroit appareillé ou d’arc clavé) semble devoir rejeter une origine trop ancienne, que son implantation pourtant laisse supposer. L'édifice orienté, de plan carré, voûté en berceau, peut faire penser à une architecture Classique (XVIe s.). A l’extérieur, le bénitier est une pierre antique en remploi (trou-encoche d’agrafe et/ou de pince à crochet, large anathyrose en bordure de la face de joint).
Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de La Javie. Cette commune de 2304 hectares est située au NE de celle d’Archail à une altitude moyenne de 900 mètres. La première citation remonte avec le polyptique de 814 où parmi les biens de l’abbaye de Saint-Victor est recensée par E. Sauze une colonge à Travigio (1). Nous y ajoutons personnellement deux autres colonges à Sinido, la Cine. Au début du XIIe siècle se créent deux fiefs, l’un à la Roche l’autre à Draix. Ils sont mentionnés en 1252, castrum de Roca et Drais (Enquêtes, n° 543, p. 354). Mais une seule église est citée au XIVe siècle, celle de Draix, avec un cappellanus de Draysio en 1351 ou de Dracio en 1376 (Pouillés, p. 256, 259). La grave crise des XIVe-XVe siècles va provoquer d’abord la réduction de plus de la moitié de la population et ensuite la suppression du castrum de la Roche qui va être réuni à celui de Draix. A la fin du XIVe siècle Draix devient une dépendance des Evêques de Digne (2). L’église paroissiale, dans le village, est sous le titre de saint Pons avec comme patron saint Antoine. C’est ce que confirment l’évêque de Digne en 1677 et 1684 et Achard en 1787 (1 G 5). Une seule chapelle rurale est mentionnée à partir du XVIIe siècle, mais une tradition rapportée par les habitants nous en fait découvrir peut-être deux autres.
155. La chapelle du cimetière
Un habitant du village et dont la famille habite depuis longtemps dans la commune nous a rapporté qu’il existait une chapelle près du cimetière situé au pied du village. Les pierres de l’édifice ont servi à construire quelques murs de maisons du village. Cette tradition orale n’est justifiée par aucun texte, mais n’est pas dénuée de fondement. Il pourrait s’agir de l’église pré castrale, située en milieu ouvert avec le cimetière. Est-ce cette chapelle qui, lors de la visite du 16 octobre 1844, est dite chapelle rurale en ruine ?
156. Le « couvent des Templiers »
C’est d’abord Achard qui relate que les fêtes de S. Pons et de S. Antoine se célèbrent avec un grand concours. La dernière qui se trouve en hiver, est moins bruyante ; mais celle de S. Pons qui a lieu le 11 du mois de mai, est plus célèbre. Les jeunes gens sous les armes accompagnent la procession à une demi-lieue du Village, et le soir il y a des danses, des jeux et des prix. C’est ensuite l’abbé Féraud qui ajoute que l’on trouve, sur une éminence au Levant, les ruines d’un ancien couvent que l’on attribue aux Templiers. Les décombres que l’on découvre autour des habitations, annoncent que ce pays s’est dépeuplé peu à peu, à la suite de quelque désastre occasionné par l’éboulement du terrain ou par les avalanches de la neige. Si l’on examine une carte IGN, à l’est de Draix, au levant pour Féraud, se rencontre le toponyme Défens de la Motte, vocable évocateur renvoyant aux premiers châteaux de l’an Mil. Mais il n’existe aucune ruine d’un ancien village, sinon celle d’un bâtiment nommé Pellet Ruines à la cote 874. Cette procession festive le jour de la fête patronale est indicatrice d’un premier habitat, à l’origine de la communauté. Quant au couvent des Templiers signalé par Féraud, friand de cet ordre qu’il rencontre trop souvent, on n’en possède aucune preuve.
157. La chapelle de la Rouine
Cette chapelle est toujours en place et son origine ne pose pas de problème. Le 11 janvier 1647 un acte du notaire Antoine Martin du Brusquet reçoit la résolution des habitants de Draix pour édifier une chapelle, sous le titre de La Visitation de Notre Dame, au forestage de la Rouine (3). La construction est confirmée lors de la visite de l’évêque en 1684 : une chapelle au hameau de la Rouyne que les habitans ont fait bastir et entretiennent. L’enquête de 1899 ajoute que la chapelle rurale située au hameau de la Rouine sous le vocable de la Visitation existe depuis un temps immémorial ; n’a pour elle qu’un droit consacré par d’antiques coutumes. La messe et les vêpres y sont célébrées le 2 juillet ; la messe y est dite deux ou trois fois chaque année à la demande des habitants. La prière du soir y est faite pendant le carême sous la présidence d’une personne pieuse.
La chapelle est un petit bâtiment rectangulaire orienté au nord (10°). Il est surmonté d’un petit clocher mur avec une cloche. Les murs extérieurs sont enduits. Porte dont l’encadrement subsistant est formé d’un arc plein cintre à claveaux en tuf dont les queues ne sont pas appareillées. A l’intérieur il n’y a qu’une statue de la Vierge à l’Enfant saint-sulpicienne.
Synthèse
Il faudrait trouver d’autres indices pour justifier une première église qui aurait été élevée dans le cimetière au pied de la colline où se dresse le castrum. En ce cas, elle serait la première paroisse.
(1) E. SAUZE, « Le polyptique de Wadalde. Problèmes de toponymie et de topographie provençale au IXe siècle », Provence Historique, janv-mars 1984, p. 17-21 et 23-33.CSV H 31 (Travigio) et H 10 et 13 (Sinido).
(2) ISNARD M.-Z. Etat documentaire et féodal de la Haute-Provence. Digne, 1913, p. 144-145.
(3) Texte collecté par Gisèle Bérard (ADAHP 2E 1315, f° 240 et 241).