Faisait partie du diocèse d’Aix et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Manosque Sud-Est. En limite sud du département et mitoyenne avec le Vaucluse, la commune s’étend sur la rive droite de la Durance à une altitude moyenne de 300 mètres. Elle est composée d’une zone de terrasses bordant le fleuve et d’une zone de coteaux boisés. D’une superficie de 2888 hectares, elle a connu un dépeuplement complet à la fin du Moyen Age qu’il a fallu compenser par un repeuplement de Piémontais. Rocham Corbariam apparaît au début du XIe siècle (Atlas, p. 172). En 1060, Stephanus presbiter de Corberia fait don à l’abbaye de Saint-Victor d’une parcelle de terre qui ne semble pas être située à Corbières. L’abbé Féraud fait état d’une bulle du pape Alexandre III en 1159 qui confirme la possession de Corbières à l’abbaye Saint-André de Villeneuve (p. 367). C’est en 1165 que Pierre IV archevêque d’Aix confirme à la même abbaye l’ecclesia de Corberia (GCN I, Inst. col. 12) Le prieuré de Corbières va être cédé très tôt à l’abbaye cistercienne de Valsaintes puisqu’en 1191, le père abbé de Valsaintes, Etienne, acquiert le tiers de la seigneurie du lieu de Corbières. C’est le père abbé Benoît Bonajusti qui en 1566 abandonne les droits de l’abbaye sur Corbières en échange de la seigneurie de Montsalier (1).
Nous n’avons pas trouvé de référence au castrum, mais en 1236, un certain W. de Rochacorba, chevalier, est cité comme témoin (2). L’église est citée au XIVe siècle dans les comptes de décimes, ecclesia de Roca corberia, 31 sous (3). Ce n’est qu’à l’époque moderne que nous découvrons la titulature de l’église, saint Sébastien. Il est très probable que ce patronage ait été instauré au XVIe siècle suite aux ravages provoqués par la peste qui décima la population. Sébastien est l’un des principaux protecteurs contre ce fléau, si bien que l’on ignore le nom du premier titulaire. Les visites pastorales de la fin du XIXe siècle (1857, 1862 et 1867) reconnaissent qu’il n’existe pas de chapelle rurale. Pourtant, deux figurent sur la carte de Cassini (n° 153) et existent encore aujourd’hui.
131. La chapelle Saint-Brice sur un site préhistorique et antique
Elle figure sur Cassini au NNO du village, à 600 m sur la carte IGN. La CAG (n° 063, p. 143) révèle une occupation humaine sur le sommet du coteau où se dresse une chapelle médiévale et une nécropole adjacente. Outre une zone où ont été signalés anciennement des tumulus préhistoriques, ont été repérés également un oppidum protohistorique ainsi que des traces d’occupation antique (tegulae, monnaies de Marseille et romaines). Ici aussi la titulature à saint Brice ne semble pas remonter du temps des églises romanes et il est probable qu’elle ait été aussi « rebaptisée ». Ce saint, successeur de saint Martin sur l’évêché de Tours, est plutôt vénéré dans le nord de la France et peu connu dans le Midi.
132. La chapelle Notre-Dame de Lorette
C’est sous ce titre qu’elle est signalée par la carte de Cassini alors qu’aujourd’hui elle est sous la titulature de Notre-Dame de la Salette. Ici encore nous constatons un changement de patronage. Celui de Cassini est à retenir, le vocable de la Salette n’ayant apparu qu’en 1851, année où fut autorisé le culte à la Vierge suite aux apparitions de 1846.
Synthèse
L’implantation de la chapelle Saint-Brice sur un site préhistorique et antique, en milieu ouvert, n’est pas fortuite. C’est un ancien lieu de rassemblement d’une communauté qui a été christianisé, peut-être très tôt et qui perdure avec cette chapelle.
(1) Sur l’abbaye de Valsainte, Souvenirs religieux de l’abbé Féraud, p. 67 à 71. L’abbaye de Valsainte est située dans la commune de Simiane-la-Rotonde.
(2) RACP, n° 261, p. 345 et n° 262, p. 346.
(3) Cité par GCN I, p. 58 et Inst. Aix, X, col. 12. Inst XL, col. 48 pour la citation du XIVe siècle.