Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. La commune s’étend sur la rive gauche de la Durance à la hauteur de Monêtier-Allemond sur l’autre rive. Elle constituait avec cette commune l’antique station romaine d’Alabons. De nombreux témoins archéologiques, disparus aujourd’hui mais signalés par les auteurs du XVIIe et XVIIIe siècle, indiquent une forte présence romaine. Il est probable qu’une voie parallèle à la voie domitienne passait également sur la rive gauche, ce qui a incité les Hospitaliers à s’y installer courant XIIe siècle. Leur vocation d’aide aux voyageurs et aux pèlerins les obligeait à se tenir sur les grandes voies de passages.
119. Le quartier Notre-Dame
Le site du quartier Notre Dame placé au bord de la voie peut recouvrir, non seulement l’ancienne station d’Alabons de la rive gauche, mais également celui de la maison hospitalière. Il n’en subsiste que des fragments de tegulae et un oratoire. C’est peu, mais il est probable que le lieu a été vitalisé tout au long du premier millénaire, la voie continuant son rôle de circulation des biens et des personnes (1).
120. Saint-Jean des Auches
Un autre site mérite attention, celui de Saint-Jean des Auches. Il est situé dans les collines dominant la Durance, à un peu plus d’un kilomètre au nord-est du village. Ce n’est qu’à la Révolution que nous apprenons que le domaine de Saint-Jean des Auches appartient aux Hospitaliers de Gap (2). Il totalise plus de 7 hectares et sera adjugé à plusieurs acquéreurs. Des tombes et des ossements ont été signalés par les habitants près de la ferme actuelle. Le vocable Saint-Jean correspond bien aux Hospitaliers qui se sont mis sous sa protection. Un indice d’une chapelle sur le site de la ferme du domaine est apporté en 1893 et 1894, où il est signalé une chapelle domestique chez Mr Augier, on n’y dit jamais la messe (2 V 94).
121. Notre-Dame de la Visitation aux Roches
Enfin, le dernier site est constitué par le hameau des Roches au nord du village, également aux abords de la voie. Sur la liste des castra donnés en viager à Béatrice de Savoie par Raymond Bérenger V en 1244 figure un castrum de Roais que les auteurs situent à l’emplacement d’une ferme isolée au lieu-dit Roast sur la commune de Clamensane. Nous pensons, à la suite de Ruffi, qu’il s’agit du hameau des Roches (3). Le hameau est beaucoup plus important qu’un petit bâtiment n’ayant jamais abrité qu’une seule famille. Par contre le hameau des Roches forme un ensemble de maisons regroupées en un îlot dont les façades formaient le rempart du castrum. Cette organisation est encore très visible actuellement. D’autre part, il était desservi par une chapelle et un cimetière. La chapelle, sous le titre de Notre-Dame de la Visitation, a été érigée en 1673 selon l’inscription gravée sur une pierre incorporée dans l’un des murs extérieurs. L’édifice, de 30 m², est parfaitement orienté, ce qui est inhabituel pour le XVIIe siècle. Les murs peu épais n’ont pu supporter la voûte du choeur et de la nef, ce qui a obligé d’installer très tôt deux tirants en poutre de chêne. Il est probable que la chapelle a été reconstruite sur un édifice antérieur, simplement charpenté et non voûté, ce qui nous dirige vers les constructions du Xe-XIe siècle. De plus, un grand nombre de tegulae est encore visible près du moulin et du four à pain. La chapelle est encore en état, le cimetière a été transformé en parking en 1947.
La chapelle est citée succinctement lors des visites pastorales du XIXe siècle, sauf en 1899 lors de l’enquête sur les lieux de culte : chapelle de la Visitation de la Ste Vierge, datant de 1694 au hameau des Roches, à 5 kil. de l’église paroissiale, sans décret d’autorisation. A côté cimetière datant de 1768 où sont inhumés les défunts du hameau. Le curé y dit la messe de temps en temps, jamais le dimanche ; il y fait le catéchisme pour les enfants du voisinage à l’école attenante ; il y fait les relevailles, y administre les sacrements de pénitence et d’Eucharistie. Chaque année, le 2 juillet, procession solennelle des pénitents de toute la paroisse.
Synthèse
Deux sites invitent à la réflexion, celui de Notre-Dame et celui des Roches. Tous deux sont en milieu ouvert, établis sur des structures antiques, avec une titulature à Notre-Dame.
(1) Au Moyen Age, cette voie est qualifiée de voie royale, iter regium quo iter Sistaricensium (chemin royal qui va à Sisteron) et de via publica.
(2) ADAHP 1 Q 40. Vente du 2 mai 1792 des biens pour 13 500 livres.
(3) RUFFI Antoine de, Histoire des comtes de Provence, Aix, 1655 (Bastion 1999), p. 101 et 108.