Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne. Etabli sur la rive droite de la Durance, sur le passage de la via Domitia et face à l’important port fluvial antique de l’Escale, le territoire présente tous les avantages d’une bonne exposition. Les traces antiques sont fort nombreuses et indiquent une occupation très dense (CAG, n° 049, p. 131-135). Le castrum Arnulfi est cité dès le XIIe siècle, 1182, par l’Atlas Historique, et l’église apparaît en 1274, ecclesia Sancti Petri Castri Arnulfi (Pouillés, p. 115). Le prieuré-cure relèvera de la prévôté de Chardavon, de l’abbaye de Cruis, de l’ordre de Saint-Augustin et enfin des Missionnaires de Sainte-Croix .

101. Le prieuré Saint-Pierre, première paroisse

Citée en 1274, l’église est, selon la visite de l’évêque de Sisteron en 1653, bâtie en plein champ, détachée de toute autre maison, éloignée de 3 ou 400 pas du village, soubs le titre de Saint-Pierre-aux-Liens. En 1674, les consuls de la communauté adressent une demande à l’évêque pour transférer la paroisse de l’église Saint-Pierre à une chapelle élevée dans le village dédiée à Notre-Dame de Consolation. La demande est exaucée et la chapelle devient officiellement l’église paroissiale. Elle avait été construite en 1634, puis agrandie par la suite. Saint-Pierre n’est cependant pas complètement abandonné, mais n’étant plus entretenu, l’édifice commence à tomber en ruine. On enlève alors la toiture et on ne conserve que le chœur et une chapelle dédiée à saint Sébastien (1683). La chapelle servit à l’absoute pour les morts jusqu’à la Révolution, le cimetière se trouvant tout à côté. Quand R. Collier la décrit en 1986 (p. 56), il constate que les restes de l’ancien prieuré Saint-Pierre-aux-Liens, à côté du cimetière de Château-Arnoux, ressortissent apparemment au premier art roman. Jadis église paroissiale, il n’en subsiste guère, dans l’état primitif, que l’absidiole sud, quelques pans de muraille, une porte. Ces vestiges ont été inscrits à l’I.S. le 30 mai 1978. Aujourd’hui, visite d’avril 2008, les restes sont incorporés dans une villa moderne (on remarque encore une absidiole, un mur construit en galets disposés en opus spicatum et deux portes bouchées). L’église est parfaitement orientée vers l’est. A côté s’étend le cimetière. Le site a livré des débris de tegulae et des tombes sous lauzes ont été découvertes vers 1881-1882.

Tous ces indices, premier art roman, site antique, cimetière et titulature, en plein champ et isolée, convergent vers une église pré castrale, sans doute élevée au tout début du XIe siècle. Elle recouvre peut-être un édifice antérieur, les tombes sous lauzes semblant l’indiquer. D’autre part, le site était déjà occupé durant l’Antiquité.

102. La chapelle Saint-Jean sur la montagne

L’abbé Maurel cite un texte du 12 juin 1667 où le conseil délibère pour ce qui regarde la construction de la chapelle soubs le tiltre Saint-Jean-Baptiste sur le costau de Villevieille. La chapelle est terminée l’année suivante. Elle sera régulièrement entretenue, les paroissiens s’y rendant quatre fois par an en pèlerinage. Elle est mentionnée lors des visites pastorales du XIXe siècle comme étant en bon état ainsi que le mobilier. Lors de l’inventaire de 1906 (1 V 68), il existe un bâtiment à usage de chapelle dite St Jean situé sur le territoire de Château-Arnous, quartier St Jean dont le sol est de superficie de 40 m². Le mobilier est complet,  il y a une cloche et deux vitraux.

Une question cependant se pose sur la réalité de l’origine de la chapelle. L’abbé Maurel indique qu’elle date de 1667, mais l’édifice est parfaitement orienté, ce qui est inhabituel pour une construction du XVIIe siècle. Nous opterions plutôt pour une reconstruction sur un édifice plus ancien mais en ruine. Dominant le bassin de la Durance, l’ancien port fluvial de l’Escale et le passage de la voie domitienne, la hauteur de Saint-Jean offre en outre les reliquats d’une fortification. Du mobilier néolithique et protohistorique y a été recensé. Vu la position, il est probable qu’un oppidum protohistorique a couronné le sommet de la colline. Les Romains ont pu ensuite y élever soit une tour de guet, soit un fanum qui aurait été ensuite christianisé par une chapelle. Il est difficile en effet de voir en celle-ci un lieu de culte paroissial. Sa fonction, sur un haut lieu, paraît être dirigée vers la protection du territoire qu’elle domine, en même temps qu’elle symbolise le domaine élevé de la divinité. Elle est le lieu de rencontre entre Dieu et les hommes, loin des contingences terre à terre de la plaine.

103. L’église/chapelle de Saint-Auban

Elle est citée en même temps que l’église de Château-Arnoux en 1274, ecclesia sancti Albani. Voici ce qu’en dit l’abbé Maurel (p. 109) : il existait autrefois une chapelle de secours à Saint-Auban. Cette chapelle était bâtie sur les bords de la Durance, vis-à-vis et un peu au dessus de la gare de Saint-Auban. Les dernières ruines qui en faisaient connaître l’emplacement et les dimensions ont disparu en ces derniers temps seulement. Bien qu’assise sur le terroir de Château Arnous, cette chapelle dépendait pour le spirituel du curé de Montfort, qui en était le prieur chapelain, et qui, en cette qualité, percevait la dime y afférente. Le culte y fut exercé jusqu’en 1789. Une nouvelle église fut construite au cours du XXe siècle sous le titre de Jésus ouvrier.

Synthèse

Le prieuré Saint-Pierre offre toutes les caractéristiques d’un édifice élevé au XIe siècle, mais certainement rebâti sur un autre plus ancien. La chapelle Saint-Jean, au sommet de la colline, pose problème et a pu, à un moment donné, servir de paroisse lors d’un perchement provoqué par des troubles comme ceux survenus au Xe siècle.


(1) MAUREL J.M. abbé, Monographie de Château-Arnoux, Forcalquier, 1889. Réédition par Le Livre d’histoire, Paris, 2005. Les données sur les édifices religieux sont empruntées à cet auteur.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiery