Faisait partie du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot, aujourd’hui dans le canton d’Entrevaux. Le village perché domine le cours du Var entre Daluis et le Pont de Gueydan. La commune s’étend sur 2325 hectares auxquels il faut ajouter les 3066 hectares de l’ancienne commune d’Aurent rattachée en 1961. La paroisse d’Aurent, à l’époque moderne, est sous le titre de saint Pons. Elle est citée par les Pouillés en 1376 (p. 266), ecclesia de Aurento, mais sans sa titulature et fait partie des bénéfices de l’évêché de Glandèves. Lors des visites pastorales de 1858 et 1876, il est dit qu’il n’y a aucune chapelle rurale et il n’en a jamais existé.

93. La chapelle Sainte-Madeleine du Castellet

Cette chapelle, en très bon état, est située à l’extrémité ouest du village et semble faire concurrence à l’église paroissiale bâtie au centre de l’agglomération. Elles ne sont distantes l’une de l’autre que de 200 mètres. La paroissiale, sous le titre de saint Pierre et de saint Paul est selon Collier (p. 116) et Alpes Romanes (p. 48-50) d’art roman tardif, XIIIe ou XIVe siècle. Elle dépendait de l’abbaye bénédictine de Saint-Dalmas de Pedona, en Piémont. Il s’agit de l’église du castrum citée par les Pouillés en 1351, ecclesia Castelleti de Salcis et en 1376 ecclesia de Casteleto Salsarum (p. 262 et 264). La chapelle Sainte-Marguerite est aussi, selon Collier (p. 137), d’époque romane, sans doute XIIIe avancé. La première citation que nous ayons rencontrée remonte au 31 août 1513 lors de la collation de la chapelle de Ste-Marie-Madeleine sise hors les murs castri Salsarum (3 G 1).

Nous nous trouvons donc en présence de deux édifices apparemment contemporains, faisant double emploi et en concurrence. Un indice d’antériorité de cette chapelle sur l’église paroissiale est donné par le patronage exercé par sainte Madeleine sur la paroisse. Féraud rapporte (p. 314) que le patron est sainte Magdeleine dont on fait la fête avec bravade le 22 juillet. C’est ce que confirme l’enquête sur les lieux de culte de 1899 : chapelle Ste Madeleine du XIVe siècle, usage antique. Messe unique à la fête patronale, fermée le reste de l’année. Elle est signalée à chaque visite pastorale du XIXe siècle, de 1846 à 1895. En 1846, la toiture a besoin d’être réparée et en 1892 elle a été récemment restaurée. Collier (p. 137) ajoute qu’elle a été également restaurée vers 1967. En fonction de ce patronage et de son architecture, il est possible d’avancer que cette chapelle soit antérieure au castrum et à l’église paroissiale. Elle est de plus en milieu ouvert, non protégée, alors isolée, le village s’étant étendu jusqu’à elle au cours des dernières années. Il peut s’agir d’une fondation des XIe-XIIe siècles, avant la création du village fortifié à proximité.

94. Notre-Dame du Moustier ou du Mousteiret

Les Pouillés, en même temps qu’ils citent l’église du Castellet de Salcis, en nomment une autre, l’ecclesia Mosteyreti de Salsarum (1351) et l’ecclesia Mostayreti de Salcis (1376). Féraud rapporte que les habitants l’attribuent à un couvent des Templiers. L’Atlas Historique par contre (carte n° 75), place cette église sur la commune de Sausses, lui donnant comme titulaire Notre Dame, le prieuré dépendant comme celui de Sausses de l’abbaye Saint-Dalmas de Pedona. Après 1376, plus de mention de cette église. Elle réapparaît seulement en 1870, dépendant d’Enriez, hameau situé près du Var érigé en paroisse en 1843 selon Féraud. Elle est qualifiée de chapelle rurale située au Mousteiret. Elle est encore citée, sans commentaire, en 1891, 1892, 1893 et 1895. Mais le 17 novembre 1919, sur la paroisse d’Enriez, il n’y a pas de chapelle rurale. Elle est alors en ruine. Nous avons pu la retrouver au début des années 1970, enfouie dans un bosquet d’arbres et de végétation. Elle est située sur la commune du Castellet en limite avec la commune de Sausses, dans le quartier des Moustiers, à l’aplomb du Ravin de la Gourre dans lequel l’abside était déjà tombée. Il en subsistait seulement des murs  d’à peine 1 mètre de hauteur et de 0,40 m d’épaisseur. Dans le talus en effondrement, des ossements humains se découvraient lors des éboulements. L’édifice est parfaitement orienté vers l’est, mais sans connaître la nature du mur de chevet, celui-ci ayant disparu.

300 mètres à l’est de la ruine, sur la commune de Sausses, de l’autre côté du ravin de la Gourre, s’élèvent quelques bâtiments formant un minuscule hameau appelé la Bastide. L’Atlas Historique (p. 199) y situe l’ancienne communauté médiévale de La Bastide de Sausses. Nous avons cherché en vain l’origine de cette assertion. Il est probable que l’église du Mousteiret avec son cimetière était alors la paroisse desservant cette communauté.

Synthèse

La chapelle Sainte-Madeleine, malgré sa proximité avec le village, semble bien avoir précédé l’église du castrum. Quant à celle du Moustier, c’est l’exemple typique d’un édifice isolé pour desservir une petite communauté d’habitants dispersée.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiery