Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Mezel. Cette vaste commune de 4124 hectares a intégré en 1925 la commune de Creisset (1018 hectares). En rive gauche de l’Asse, les deux terroirs sont séparés par des reliefs montagneux atteignant les 1600 mètres. Le territoire accidenté offre quelques replats occupés très tôt par l’homme. Les vestiges de l’Age du Fer et de l’Antiquité se sont révélés nombreux.

Au début du XIIIe siècle, est cité le castrum de Bezenas (1). Puis les Pouillés dénombrent en 1274 un prior et un vicarius de Bedenis ainsi qu’un prior et un capellanus de Groissello (p. 106-107) ; en 1350 l’ecclesia de Creysello et l’ecclesia de Bedenis (p. 112). Chaque communauté possède donc son église paroissiale, à Beynes avec saint Martin et saint Pierre comme patron et titulaire, à Creisset, avec sainte Madeleine et saint Etienne comme patrons. Ces églises dépendent de l’évêché de Riez. La CAG (n° 028, p. 103) avance l’hypothèse, sans certitude, que la Curtis Criselgis signalée en 963 comme possession de l’abbaye de Montmajour, pourrait correspondre au village ruiné de Creisset. Aujourd’hui, en effet, le village de Creisset est ruiné, de même que le château ainsi que l’église. A Beynes, l’église paroissiale est encore en état, mais le village est en partie abandonné. Une autre paroisse existait à Palus avec une église dont on dit en 1888, que, quoique de date récente, elle est en mauvais état (2). Elle était desservie au XIXe siècle par le curé de Beynes. Les cartes modernes la signalent en ruine, par contre une chapelle moderne l’a remplacée.

Les visites pastorales de la fin du XIXe siècle ne recensent aucune chapelle rurale sur Beynes, mais des documents antérieurs laissent envisager l’existence d’un prieuré. Sur Creisset, il en existe une qui faisait l’objet d’un pèlerinage.

63. Le prieuré Saint-Pierre d’Arcanson à Beynes

C’est Bartel (p. 51) qui confirme la titulature de l’église paroissiale à saint Pierre, mais il ajoute de Arcansono. Le Pouillé du diocèse de Riez de 1730 (5 G 4, f° 36) recense un prieuré rural de Saint-Pierre d’Arcanson à la collation  de l’évêque de Riez. Le prieur y dit trois messes par an. C’est la seule citation de ce prieuré qui n’apparaît plus par la suite. Il est probable que nous sommes en présence d’une église pré castrale qui a donné son nom et sa titulature à l’église paroissiale du village lors de son édification. Un quartier porte le nom de St Pierre, situé au nord de la commune, non loin de l’Asse. Cassini indique St Pierre Bas et Haut et le cadastre de 1812 indique au même endroit un quartier St Pierre dans la section A, dite de Saint-Pierre.

64. La procession à la chapelle Saint-Etienne à Cresset

Le coutumier de 1835 relate qu’il est d’usage toutes les années à la seconde fête de Pentecôte d’aller en procession par dévotion à la chapelle de St Etienne patron de la paroisse, éloignée de la paroisse d’une heure. La procession est encore confirmée le 28 novembre 1857, procession à la deuxième fête de Pentecôte à la chapelle St-Etienne, qui est en bon état. En 1866, la toiture a besoin de réparations et en 1872, la chapelle rurale Saint-Etienne est passable, mais il n’est plus fait rappel de la procession (3). L’abbé Féraud ne la signale d’ailleurs pas. La CAG (p. 105), fait état qu’à la chapelle Saint-Etienne, située sur un piton rocheux exigu, un sondage a livré, sous des niveaux attribués au Moyen Age (fragments de pégaus), des couches contenant des fragments d’ossements d’animaux et un fragment de tegula.

La procession votive des paroissiens de Creisset vers cette chapelle Saint-Etienne indique une reconnaissance du patron de leur communauté. Mais ce n’est pas un retour vers l’origine de leur communauté, vers le premier village, le site étant impropre à toute habitation. C’est un lieu perché, presque inaccessible, retiré, loin de toute vie humaine. Il pourrait s’agir d’un ancien ermitage où un pieux anachorète aurait été à l’origine de la christianisation du terroir de Creisset. Le souvenir s’étant perdu, seule une tradition tenace portait les habitants à s’y rendre par dévotion tous les ans. Elle est encore partiellement en état, mais sans voûte.

Synthèse

Il faut réserver une place particulière au site du quartier Saint-Pierre. En milieu ouvert, près de la rivière, il offre les caractéristiques d’un établissement pré castral, abandonné comme paroisse lors de l’enchâtellement.


(1) GCN, I, Instr. XVI, Riez, col. 377.

(2) Visite pastorale du 5 juillet 1888, ADAHP 2 V 93.

(3) Visites pastorales de 1857, 1866 et 1872, ADAHP, 2 V 89.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry