Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Colmars, aujourd’hui dans le canton de Saint-André-les-Alpes. Cette commune est située dans le Haut-Verdon entre Thorame-Haute et Colmars. Les sources médiévales font défaut à part les références à l’ecclesia de Bellovidere fournies par les Pouillés en 1300 et 1376. Le castrum de Belvezer est cité en 1250 dans les enquêtes (n° 433, p. 327) comme appartenant au comte de Provence et la communauté est sous le régime du consulat accordé par Raimond Bérenger V (1).
Le premier village, le castrum de Belvezer, était construit plus haut que le village actuel. L’abbé Féraud relate qu’il fut en partie détruit par le feu en 1436, puis reconstruit. En 1596, le fort qui défendait le village fut démoli par ordre du parlement de Provence, puis le village fut pillé par les troupes du roi de Sardaigne. Enfin, en 1728, un incendie détruisit complètement le village. Il fut alors abandonné, un nouveau village l’ayant remplacé sur les bords du Verdon. Il n’en reste qu’une chapelle, dédiée à la Sainte-Croix, ancienne église paroissiale. C’est ce que confirme l’enquête sur les lieux de culte de 1899, chapelle de Sainte Croix, à l’endroit où était autrefois Beauvezer. Messes deux fois par an, aux fêtes de la Croix.
La même enquête et les visites pastorales de la fin du XIXe siècle recensent deux paroisses et plusieurs chapelles (2). Les deux paroisses sont celles de Beauvezer et de Villars-Heyssier, cette dernière sous la titulature de Sainte-Anne. Cette paroisse possédait une chapelle rurale dédiée à Notre Dame du Plan.
53. Chapelle Notre-Dame du Plan
Elle est recensée comme faisant partie de la paroisse de Villars-Heyssier. Le 25 septembre 1858, la chapelle rurale au hameau du Plan est très humide. Le 7 octobre 1865, la chapelle rurale au hameau du Plan laisse à désirer. Le 29 octobre 1869, chapelle du Plan, Notre-Dame des sept Douleurs. Toiture passable, voûte en bois. La chapelle est dans un état indécent. Il n’est pas convenable de continuer d’y dire la messe. Si les habitants se refusent d’y faire les réparations nécessaires qui consistent à enlever l’humidité, à faire le pavé et à se procurer tout ce qui est nécessaire pour la célébration de la sainte messe. Si d’ici un an les réparations indiquées ci-dessus ne sont pas faites, la chapelle demeurera interdite. Il semblerait que l’injonction et la menace de l’évêque soient restées sans effet, car le 16 octobre 1876, la chapelle rurale au Plan est interdite et en 1889, elle est en ruine. Apparemment, il n’en reste rien. Cette ancienne chapelle pourrait être antérieure à l’église paroissiale de Villars-Heyssier. Le hameau est en effet perché sur une éminence resserrée par deux montagnes (Féraud) et tire sans doute son origine du perchement des XIIe-XIIIe siècles. Par contre, la chapelle Notre-Dame est construite dans la plaine, le Plan, et pourrait être antérieure. La titulature à la Vierge est également un bon indice.
Sur la paroisse elle-même de Beauvezer sont recensées six chapelles rurales au XIXe siècle.
54. La chapelle Sainte-Croix
Elle est à l’endroit où était autrefois Beauvezer. Messes deux fois par an, aux fêtes de la Croix. En 1869, la toiture est en bon état, la voûte en bois, le pavé à réparer. L’état de la chapelle n’est pas convenable. Il est nécessaire de la réparer si on veut qu’on puisse y dire la sainte messe. La Sainte-Croix est la fête patronale de Beauvezer qui se célèbre le 3 mai. Il s’agit de la paroisse du temps du castrum.
55. Chapelle des Pénitents
Elle est dédiée à S. Joseph et fut longtemps l’église paroissiale. Office des Pénitents tous les dimanches, messe par le curé le 29 mars, le jour du Patronage de S. Joseph et tous les vendredis du Carême. Sans autorisation écrite. En 1869, il faut enlever l’humidité, réparer le clocher ou mieux encore le faire disparaître parce qu’il menace ruine. Puis, en 1876, depuis la dernière visite on a fait des réparations importantes à la chapelle St-Joseph. R. Collier la date de 1640. Elle vient d’être entièrement restaurée.
56. Chapelle Saint-Jean
En 1869, chapelle de Saint-Jean, au hameau de la Combe, très ancienne. Sans autorisation écrite. Messe pour S. Jean l’Evangéliste et quelquefois dans l’année pour le besoin des habitants du hameau.
57. Chapelle des SS. Martyrs Abdon et Sennen (1765)
Au hameau de Champalay, sans autorisation ; messe deux fois par an. En 1869, elle est dite de Champalay et dédiée à Saints Abdon et Sennen, Ste Barbe. Il est demandé de faire disparaître le terre-plein. Il semble que cette chapelle ait totalement disparue. L’abbé Féraud relate que l’on célèbre aussi avec solennité, le 30 juillet, la fête des SS. Martyrs Abdon et Sennen, dont on croit posséder les reliques.
58. Chapelle de Notre Dame de Bon secours
A 500 mètres du village, dans le torrent de ce nom. On y dit souvent la messe pendant la belle saison. Existait en 1654. Les habitants s’y rendent très nombreux le soir du 15 août. En 1869, chapelle Notre Dame du Bon Secours, voûte en bois. Faire disparaître le terre-plein qui se trouve au nord.
59. Chapelle de S. Pierre
A 6 kil, dans le vallon de ce nom. Messe le jour de la fête patronale. En 1869, la voûte en bois est neuve, le pavé à faire. La situation de cette chapelle, dans un environnement grandiose de gorges, d’eau jaillissante, d’arbres et de rochers, évoque ces chapelles de confins, loin de la paroisse, où les habitants viennent se ressourcer en toute liberté. Elle peut faire suite à un ermitage ainsi qu’à un ancien lieu de culte païen lié à l’eau.
Synthèse
La multiplicité des chapelles correspond à un terroir montagneux où les chemins sont souvent peu praticables en hiver. Chaque hameau en est pourvu afin de faciliter le service religieux. Seule, celle de Saint-Pierre fait exception et pose problème. Il faut également remarquer le nombre important de protecteurs, la Sainte-Croix comme patronne, Notre-Dame du Bon Secours, saint Jean, les saints Abdon, Sennen et Barbe, saint Pierre et saint Joseph dont les chapelles font l’objet de processions et de dévotions particulières.
(1) RACP, n° 396-397 (1233-1245), p. 486.
(2) Visites pastorales de 1858, 1865, 1869 et 1876. ADAHP, 2 V 87.