Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Digne. Aujourd’hui chef-lieu de canton. Le village est établi dans la vallée de l’Asse entre Digne et Castellane, à l'ouest de Senez. Il se trouve au croisement de deux voies, l’une antique, dite Ventiana, en provenance de Castellane, l’autre arrivant de Nice par Saint-André-les-Alpes. Actuellement, subsistent comme édifices religieux : l’église paroissiale, les chapelles Saint-Jean et Notre-Dame à Barrême, à Gévaudan l’église Sainte-Anne. En 1703, Mgr Soanen, recense la chapelle Saint-Jean, la chapelle Notre-Dame du pont, la chapelle de St Pons, la chapelle St Blaise, la chapelle St Michel d’Orjas dans le fond du sieur Michel notaire et la chapelle Ste Croix près de la bastide du sieur Pillefort (ADAHP 2 G 17). Les visites pastorales de la fin du XIXe siècle ne recensent plus que les chapelles rurales de Notre-Dame et de Saint-Jean (1).

36. La chapelle Saint-Jean sur la colline, ancienne paroissiale et lieu de pèlerinage

Achard et Féraud rapportent que l’ancien village de Barrême, bâti sur la colline dominant le village actuel, fut détruit par le feu en l’année 1040. Ce fait est transcrit dans la Vita sancti Isarni, abbé de Saint-Victor de 1020 à 1047. Se rendant à Castellane, il s’arrête à Barrême et demande l’hospitalité aux habitants. Ceux-ci la lui refusent. Seule, une pauvre veuve lui apporte des œufs et un peu de pain dans une grange abandonnée. Quelques jours plus tard, le feu du ciel détruisait le village. L’église et la maison de la veuve furent épargnées par l’incendie. Qu’en est-il de cette histoire où un saint moine déchaîne le feu du ciel contre un village inhospitalier ? Les données suivantes vont nous faire découvrir que cette église était encore paroissiale au cours du XVIe siècle et que ce n’est seulement qu’à cette époque que la paroisse fut transférée dans une chapelle du village.

Mgr Soanen, lors de sa visite pastorale de 1703, remarque la chapelle de St Jean Baptiste sur la coline que nous avons visitée, et nous y avons vu les marques et les ruines de l’ancienne église paroissale détruite depuis plus de cent quarante ans, et aujoud’huy en la resserant de beaucoup on l’a rétablie passablement. Il remarque également que nous avons trouvé par une sentence de Mr Clausse du 23 décembre 1564 que depuis certains tems l’ancienne eglise paroissiale qui avoit été bâtie sur le haut de la colline, sous l’invocation de St Jean Baptiste, étoit alors détruite, que le service en avoit été transféré dans le bourg en la chapelle de St Antoine dont led. Evêque ordonna l’augmentation voulant qu’elle fut appellée désormais uniquement l’Eglise de St Jean Baptiste, ce qui a été confirmé par Mr Martin en 1602, et par Mr du Chaine en 1633.

Achard rapporte que les nouveaux curés allaient prendre possession de la cure à la chapelle Saint-Jean (I, p. 307). L’abbé Féraud rappelle que la fête patronale attire beaucoup d’étrangers. Elle se célébrait autrefois avec une sorte de magnificence, le jour même 24 juin. Et de décrire la grande procession qui montait à la chapelle, portant le buste du Saint sous un dais brillant. Au retour, avaient lieu les jeux publics (p. 96).

Enfin, l’enquête sur les lieux de culte de 1899 est encore plus précise : la chapelle de S. Jean, sans décret d’autorisation, ancienne paroissiale, saccagée en 1530 par l’armée de Charles Quint, puis restaurée elle sert depuis de lieu de pèlerinage aux habitants de Barrême qui lui sont très attachés. Messe dite par le curé au lendemain des quatre principales fêtes de l’année ; puis avec assistance des curés voisins aux deux fêtes de S. Jean, la Nativité et la décollation.

37. Notre-Dame du Pont, de Consolation, de Compassion ou de la Miséricorde

C’est sous ces quatre vocables qu’est citée une chapelle située au bas du village, au croisement de la N 85 et de la N 202. Le premier à en parler est Mgr Soanen en 1703 : la chapelle Notre Dame du pont qui même avant la surdotation du sieur Benoit en 1593 subsistoit longtemps auparavant avec quelques petites fondations, nous a paru en assez bon état. Achard la classe parmi les chapellenies qui sont établies sous patronage laïc : Notre Dame de Consolation à la nomination de M. de Villeneuve-Flayosc. Elle apparaît encore en 1899 lors de l’enquête sur les lieux de culte : Notre Dame de la Compassion, déjà construite en 1605 à la suite d’une peste désastreuse, a plusieurs fois servi d’église paroissiale ; sert pour l’une des Rogations et à une procession pour le 15 août ; le curé y dit la messe et aussi quand il est requis pour le service des malades du quartier. Aujourd’hui, elle est sous le vocable de Notre Dame de la Miséricorde.


Les trois derniers vocables évoquent une chapelle de protection sous la titulature de la Vierge Marie. Elle semble bien avoir comme origine la défense contre un fléau, semble-t-il la peste. Elle a donc pu être élevée ou du moins avoir reçu sa titulature après les épisodes de la peste du XIVe siècle. D’après Soanen, elle subsistait longtemps auparavant avant 1593. Son plus ancien vocable, Notre-Dame du Pont, évoque également la protection d’un passage, le pont. Située au carrefour de deux routes importantes, au passage d’une rivière, elle est postée comme un relais qui surveille et protège les passants. C’est par la route que viennent les pillards, les bandes armées et les épidémies. Le passage étroit du pont devait faciliter l’observation et accentuer la vigilance. Cette chapelle, idéalement placée sur la voie antique, est peut-être installée sur une ancienne mansio romaine.

38. La chapelle Saint-Blaise

Peu de références pour cette chapelle disparue, une de Mgr Soanen en 1703 et une autre avec la carte de Cassini (n° 153) qui indique un édifice religieux St Blaise sur la petite colline située immédiatement au sud du village de Barrême. Elle domine de 30 mètres les rives de l’Asse. La carte IGN signale l’altitude de 755 m. Il pourrait s’agir cependant de l’échange à faire d’une petite colline, dite de Saint-Pons, au terroir de Barrême, appartenant à la collégiale de ce lieu. La transaction est faite en 1237 (2).

39. Chapelle Notre-Dame du Mont Carmel à Gévaudan.

Outre l’église paroissiale dédiée à sainte Anne, une seule citation du 26 novembre 1857 révèle une chapelle rurale à Gévaudan : il y a une chapelle rurale en très mauvais état dédiée à ND du Mont Carmel où on n’y célèbre pas la messe. Huit ans plus tard, en 1865, il n’existe plus de chapelle rurale, Notre-Dame semblant avoir complètement disparu (3). On peut peut-être reconnaître dans cette chapelle la première paroisse.

Synthèse

Le déplacement de l’église du castrum vers un site non protégé est bien attesté par les textes et Mgr Soanen est ici encore bien précieux. La chapelle Notre-Dame du Pont, près des chemins et d’un pont, en milieu ouvert, pourrait se révéler la première paroisse avant l’enchâtellement et l’église Saint-Jean sur la colline.


(1) Visites pastorales de l’évêque de Digne en 1857, 1865 et 1872 (ADAHP 2 V 86).

(2) Gallia Christiana, Senez, p. 212. Annales des Basses-Alpes, 1881, T. 3, page 122, note 2 : La chapelle de Saint-Pons détruite une première fois par les Sarrasins ou autres barbares fut rebâtie l’an 1518 et disparut enfin au XIIIe siècle.

(3) Visites pastorales de 1857 et 1865, ADAHP, 2 V 86.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry