Faisait partie du diocèse de Digne et de la viguerie de Seyne. Aujourd’hui dans le canton de Seyne. Situé en Haute-Bléone, dans un terroir montagneux s’étendant sur presque 6000 hectares, la commune révèle de nombreux anciens lieux de culte. L’habitat dispersé prédomine, Féraud recensant au XIXe siècle 9 hameaux et 20 maisons de campagne. Le constat est le même lors de l’affouagement de 1778 : le nombre des maisons habitées (au village) est de 5. Il y a 10 hameaux composés en tout de 53 maisons habitées, de 14 inhabitées et de 15 cazeaux. Le nombre des bastides habitées est de 16, les administrateurs nous ayant observé que les éboulements de 1746 et 1755 entraînèrent la chute de 20 autres bastides aux quartiers de Blaude et des Eissards (1).

L’occupation du territoire est attestée dès 814 avec deux colonicae in Cenas (Chine) et une colonica in Tuda (la Toue), dépendantes de la villa Caladius et mentionnées par le polyptique de Vadalde (CSV II, H 54-55 et H 65). Les Pouillés du diocèse de Gap fournissent ensuite une liste importante d’églises :
En 1351,
prebenda de Barulis : 11 livres
cappellanus de sancti Petri de Barulis : 15 livres
cappellanus de sancte Marie de Barulis : 12 livres
rector de sancti Clementi de Barulis : 40 sols
rector de sancti Andree de Barulis : 60 sous
hospitalis de clusa de Barulis : 16 livres

En 1376,
cappellanus de sancti Petri de Barolis
cappellanus de sancti Marie de Barolis
prior de beate Marie de Barolis


La liste fournie par les Pouillés de 1351 révèle 4 lieux de culte et un hôpital. La visite de François Le Tellier du 16 mai 1683 est très explicite sur Saint-Pierre et Notre-Dame : l’église paroissiale est sous le titre de saint Pierre. Et désirant de monter à l’ancienne paroisse sous le titre Nostre Dame pour y continuer nostre visite, il nous a esté dit par les curés, consuls et plus aparents dudit lieu que le service de lad église avoit esté entièrement uni et transféré à l’église de la paroisse de saint Pierre de l’autorité des seigneurs évesques nos prédécesseurs et du consentement universel de tous les habitans pour estre icelle beaucoup plus comode à tous le peuple, eu égard à l’esloignement qu’il y a du village à lad’ paroisse nostre dame, à laquelle le peuple va en procession tous les ans les festes de la Vierge, que on y célèbre la messe et qu’à présent les sacremens sont administrés par l’un et l’autre desdits curés à la paroisse de st Pierre. Puis l’évêque cite deux prieurés ruraux.

28. Les deux paroisses Notre-Dame et Saint-Pierre

Lors d’une première visite en 1667, il est dit que l’église paroissiale est dédiée à saint Pierre, mais que l’église paroissiale nostre dame avoir esté desmolie despuis un fort long temps ny ayan que le presbitaire (chœur) qui soit en estat, le curé de nostre dame avoir esté obligé de faire ses fonctions curiales dans l’église saint Pierre.

L’église Saint-Pierre n’est pas celle qui est élevée aujourd’hui dans le village de Barles, seulement construite en 1853 sur l’emplacement d’une chapelle dédiée à saint Roch. C’est celle qui se trouve dans le cimetière, un peu à l’écart du village et qui présente un appareil roman. Mais où se trouve l’ancienne église Notre-Dame ? Sans doute au château, c’est ce qu’indiquent la carte de Cassini et l’évêque qui veut monter à l’ancienne paroisse. Les deux textes laissent clairement entendre également qu’il s’agirait de deux paroisses, possédant chacune un curé, mais que les offices se font dans l’église Saint-Pierre. Ces deux paroisses sont déjà citées par les Pouillés en 1351 et 1376 : cappellanus de sancte Marie de Barulis et cappellanus de sancti Petri de Barulis.

On peut envisager l’évolution suivante : une première église dédiée à saint Pierre est élevée en milieu ouvert avec son cimetière. Lors de l’enchâtellement, la communauté monte sur un site perché avec création d’un château, d’une église dédiée à Notre Dame et du village fortifié. La première église, contrairement à l’habitude, n’est pas abandonnée mais continue sa fonction paroissiale avec un chapelain. Après les guerres de Religion, l’église  du castrum est desmolie et celui-ci s’est vidé de sa population. Pour ne pas oublier l’église Notre-Dame, les paroissiens montent vers elle en procession tous les ans.

29. Le prieuré Saint-André et son cimetière

C’est le premier prieuré rural cité par l’évêque : une chapelle sous le titre de saint André à présan possédé par messire Joseph fermier bénéficiaire de nostre église cathédrale ou il y a une chapelle entièrement ruinée à l’entour de laquelle il y a un cimetière profané et où tous les ans le jour de la pentecoste on y va en procession, le revenu duquel consiste en deux charges blé, une panal lentille.

Cette chapelle est celle qui est signalée en 1351 avec le rector de sancti Andree de Barulis. Là aussi, quoique la chapelle soit entièrement ruinée et le cimetière profané, les habitants s’y rendent en procession le jour de la Pentecôte. Le cadastre napoléonien de 1825 cite un quartier Saint-André dans la section E du Forest. Les cartes IGN modernes livrent près du Forest le lieu-dit Le Prieuré, à 600 mètres au SSO du village de Barles, sur la rive droite du Bès. C’est là qu’il faut placer le prieuré de Saint-André.

30. Le prieuré Saint-Clément

Le deuxième prieuré rural est sous le titre de saint Clément. Il est signalé en 1351 et décrit par l’évêque en 1683 comme possédé par messire François Geofroi de la Tour Carrée en Dauphiné qui est abattu, le revenu duquel consiste en deux charges de blé, ne faisant aucun service. Il subsiste aujourd’hui sous forme d’un hameau appelé St Clément avec une croix. La carte de Cassini y place une église. Celle-ci a été restaurée en 1972.

L’église Notre-Dame et les deux prieurés ne sont plus signalés par la suite que ce soit par Achard, Féraud, le coutumier de la paroisse et les visites pastorales de la fin du XIXe siècle.

Synthèse

On peut reconnaître deux églises pré castrales. C’est d’abord l’église Saint-Pierre qui précède celle de Notre-Dame près du château et qui va redevenir paroisse lors de sa destruction. C’est ensuite l’église du prieuré Saint-André avec son cimetière et la procession annuelle.


(1) Affouagement de 1778, ADAHP, C 25.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry