Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Manosque Sud-Est. La commune est située au sud de Manosque et côtoie la rive droite de la Durance. D’une superficie de 1707 hectares elle ne dépasse pas l’altitude de 500 mètres et est favorisée par la fertilité des terrasses bordant la Durance. L’Antiquité est bien représentée avec plusieurs découvertes (monnaies, inscriptions lapidaires, nécropoles), le territoire étant traversé par une voie antique reliant Apt à Riez (CAG, n° 197, p. 442-443). Avec près de 350 habitants en 1315 et la perte d’à peine la moitié en 1471, elle va ensuite progresser, 789 habitants en 1765, 896 en 1851, 1985 en 1962 et plus de 3200 aujourd’hui (Atlas, p. 199).
Sainte-Tulle apparaît sous la forme de sancte Tullie quand son église est confirmée par l’archevêque d’Aix Pierre IV comme dépendante de l’abbaye Saint-André-de-Villeneuve (GCN I, Inst. X, col. 12). Le prieuré demeurera dans les mains de l’abbaye jusqu’au XVe siècle. En même temps les moines desservent l’église paroissiale dédiée à Notre-Dame située dans le castrum, castrum S. Tullia cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 239). L’église et le village seront détruits lors des troubles du XIVe siècle. La paroisse est reconstruite au XVIe siècle (Collier, p. 219-220, qui cite un prix-fait du 2 avril 1587).
457. Le prieuré Sainte-Tulle
D’après la légende hagiographique, saint Eucher, d’abord sénateur de la Narbonnaise seconde au Ve siècle, devient moine à Lérins, puis est nommé évêque de Lyon. Marié auparavant à Galla il en a deux filles, Consorcia et Tullia. Avant d’être nommé évêque il se retire dans le Lubéron dans une grotte à Beaumont-de-Pertuis. C’est là qu’il ordonne à ses filles de se retirer également dans la solitude, Consorce à l’Escale et Tulle dans la grotte qu’il habitait. A la mort de Tulle, son corps est transporté dans le lieu de Sainte-Tulle tout proche où elle est inhumée dans une crypte rupestre. C’est sur ce lieu que fut bâtie une chapelle en son honneur et que le village opta pour son nom 1.
Tous les auteurs consacrent quelques lignes à la chapelle et à la crypte. L’Abbé Féraud : on trouve à peu de distance du village et sur la route royale une chapelle en ruines dédiée à sainte Tulle. Le souterrain ou crypte a bravé les ravages du temps ; la taille et la coupe régulière des pierres, leur arrangement symétrique annoncent une haute antiquité. C’est là que résidait et mourut la bienheureuse Tulle, c’est là que furent immolés, il y a plus de dix siècles, par les Sarrasins une foule de martyrs. Le souvenir de ce massacre s’est perpétué par une procession solennelle faite chaque année le jour de Pâques, où le prêtre revêtu de la chappe violette, signe de deuil, va faire l’absoute sur la tombe des victimes sacrifiées par les ennemis du nom chrétien (p. 366). Provence Romane 2 : au sud du bourg, sur la rive droite de la Chaffère et à proximité de la Durance, l’église Sainte-Tulle est un édifice modeste, qui retient cependant l’attention car il s’élève sur une curieuse crypte rupestre… La crypte, en partie creusée dans le roc, en partie bâtie, se compose de trois salles voûtées en plein cintre auxquelles on accède par un escalier à double volée. Le type même de cette construction, qui présente des chaînages en pierre avec taille décorative, et la découverte de sarcophages médiévaux à ses abords constituent de fortes présomptions en faveur de sa datation, XIIe siècle (p. 243). On avance également avec prudence une datation plus haute, VIIIe-IXe siècle 2.
458. Chapelle Saint-Pierre
Elle n’est signalée que par deux documents. C’est d’abord la carte de Cassini (n° 153) qui figure une chapelle en état au SE de la chapelle Sainte-Tulle. C’est ensuite le cadastre de 1823 qui, dans le quartier Saint-Pierre, dessine un édifice sans toiture appellé St Pierre (section D 2, parcelle 883). Il côtoie le chemin de Corbières à Sainte-Tulle. Les cartes modernes n’ont gardé que le toponyme St-Pierre.
Synthèse
La commune présente deux édifices que l’on peut situer avant l’enchâtellement. Sainte-Tulle avec sa crypte et la présence d’un corps saint a dû attirer très tôt la ferveur des fidèles. Quant à Saint-Pierre, la titulature et son implantation en milieu ouvert offrent également cette possibilité.
1 TROUCHE F., chanoine, Ephémérides des saints de Provence, C.P.M., 1992, p. 99-100.
2 Voir également Atlas, p. 199. BAILLY, p. 46. COLLIER, p. 45 et 409.
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