Faisait partie du diocèse de Digne et de la viguerie de Seyne, aujourd’hui dans le canton de Seyne. La commune, de 2292 hectares, est située en Haute Bléone, dans un territoire montagneux où le village est établi à près de 1200 mètres d’altitude. Les difficultés causées par l’altitude et le climat rigoureux obligeaient les habitants à s’expatrier durant l’hiver pour gagner leur vie en Basse Provence. Le seul intérêt du territoire consistait en ses pâturages qui nourrissaient de grands troupeaux en été. Le maximum de population fut atteint en 1315 avec 350 habitants, suivi par une perte de 78% remarquée en 1471. Le redressement sera lent, avec 263 habitants en 1765 et 270 en 1851 (Atlas, p. 206).

Le nom de Verdaches apparaît en 1055 avec un certain Raimbaldus de Verdachis cité comme témoin parmi les chevaliers accompagnant le podestat Arbert de Mison lors de la révolte des alleutiers de Chaudol (CSV II, n° 739, p. 87). Il est sans doute possessionné à Verdaches comme l’un des fidèles des Mison-Dromon. La première communauté n’est pas installée au village actuel de Verdaches, mais à l’emplacement de la chapelle Saint-Domnin et du cimetière sur la butte qui domine le village au NNO. Le transfert va s’effectuer au cours du XVIIe siècle. En 1677, lors d’une visite pastorale, ladite église est en haut et la chapelle de saint Jean Baptiste est en bas pour la commodité du peuple. Puis, en 1683, l’évêque relate que nous serions descendu de ladite paroisse sainct Donin en la chapelle nouveleman construite par notre permission au hameau des Jauberts sous le titre de sainct Jean Baptiste, dans laquelle il y un autel (1 G 5). C’est ce hameau des Jauberts qui va former le nouveau village et la chapelle Saint-Jean devenir la nouvelle église paroissiale.

570. L’église/chapelle Saint-Domnin

C’est l’église paroissiale du castrum cité au début du XIIIe siècle, castrum de Verdaches (Bouche I, p. 271). Le comte de Provence Raymond Bérenger V accorde le régime du consulat au castrum de Verdacha le 25 mai 1237 (Enquêtes, n° 468-469, p. 338-339 et RACP, n° 268, p. 350). L’église est desservie par un cappellanus de Verdachiis cité en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 257 et 258). Elle a comme patron saint Domnin qui fut le premier évêque de Digne, décédé en 379, et comme titulaire Notre-Dame de la Fraisse comme indiqué par l’évêque en 1677. On a vu qu’elle demeura paroissiale jusque vers la fin du XVIIe siècle. Sa situation géographique et son statut sont comparables aux anciennes églises de Beaujeu et de Prads.

A partir du XVIIIe siècle, ce n’est plus qu’une simple chapelle. Lors d’une restauration importante effectuée au XIXe siècle, l’orientation de l’église qui était est-ouest va être changée. Le cadastre de 1825 présente en effet un édifice orienté à 120°, parcelle 486 A. Aujourd’hui elle est orientée NS et si les murs extérieurs ont été restaurés, elle offre un intérieur délabré, murs à nus, sans voûte (visite en 2006). Seul subsiste de l’ancien édifice la porte d’entrée actuelle qui était alors la petite entrée côté sud. L’encadrement est formé d’un arc plein cintre reposant directement sur les piédroits. L’ensemble est en pierre de tuf. L’édifice est au milieu du cimetière moderne qui est clôt. A l’est, dans le talus, entre la clôture du cimetière et la route, des fouilles ont permis de retrouver des inhumations en coffres formés de lauzes. L’une d’entre elles contenait un squelette de femme accompagné d’une coquille percée. Quelques vases intacts (pégaus) ont été mis au jour dans certaines tombes.

571. Chapelle Saint-Pierre de La Routte

La Routte est un hameau situé à quelques 1000 mètres au nord de Verdaches. L’affouagement de 1774 y dénombre 10 familles (C 25). Une chapelle y est déjà recensée lors de la visite de 1683, une chapelle à La Routte que lesdits habitans dudit hameau ont faict construire entièrement à leurs dépans. Elle figure sur la carte de Cassini, mais le 17 juillet 1890 la chapelle rurale de saint Pierre à la Route est en mauvais état, puis le 14 septembre 1896 la chapelle rurale de saint Pierre à la Route, est à reconstruire (2 V 94). Lors de la visite de 1912 elle n’est plus citée et semble avoir totalement disparu depuis cette date.

Synthèse

Il faut noter le déperchement effectué au cours du XVIIe siècle avec l’abandon de l’église castrale. La chapelle Saint-Jean, devenue ensuite paroisse, pose question. Sa titulature renvoie aux premières églises rurales d’avant l’enchâtellement. Son implantation également, en milieu ouvert. Il faut se rappeler que le territoire de Verdaches faisait partie de l’ager Caladius dépendant de Saint-Victor et qu’en 814, sont recensées deux colonges à Carcas, Charche, regroupant une quarantaine de personnes réparties dans quatre fermes (CSV II, H 41 et 42).

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry