Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Turriers. La commune a incorporé en 1963 la commune voisine d’Urtis. Les deux territoires réunis couvrent 2275 hectares dont la plus grande partie se trouve située dans les montagnes où l’habitat est établi aux alentours des 1000 mètres d’altitude. Une petite partie côtoie la rive gauche de la Durance et offre des terrasses cultivables à l’altitude moyenne de 600 mètres.
URTIS
Au sud de Venterol, cette ancienne commune n’a jamais été très peuplée. Avec 100 habitants en 1315, elle est déclarée inhabitée en 1471. Par la suite, elle parviendra à 123 habitants en 1851 pour parvenir à 15 en 1962, ce qui provoquera sa réunion à Venterol. L’église paroissiale est dédiée à saint Maxime de Riez.
568. Saint-Pons de Villarson
Un Arnaldus de Urtisio rend hommage au roi Robert en 1309 pour une partie des castra de Bayons, de Vilarzono et d’Urtis 1. Vilarzono est cité sous la forme de St Pons de Vilarson par la carte de Cassini de 1776 qui signale également deux moulins. Ce Vilarson constitue en 1309 un fief indépendant, mais n’est plus cité par la suite. Sur la liste des castra donnés en viager par Raymond Bérenger V à sa femme Béatrix en 1237 figure, immédiatement après Piégut, le castrum in Valansano ou Valauzam que Fernand BENOIT place au hameau de Valença sur la commune de Lardier et Valença dans les Hautes-Alpes, sur la rive droite de la Durance 2. Or tous les castra de Béatrix sont sans exceptions situées ultra Durentiam, sur la rive gauche du fleuve. Il s’agit donc très probablement de Vilarson déformé ou mal interprété par le copiste.
D’autre part, le toponyme Boussac correspondant à un nom de quartier est également attribué à un torrent venant se jeter dans celui de St-Pons. Le vocable est formé d’un nom d’homme latin Buccius ou Buttius avec l’adjonction du suffixe -acum, signifiant le domaine de Buccius. Nous serions en présence d’un domaine gallo-romain auquel aurait pu succéder un établissement carolingien détruit, évoqué par le terme villar et vitalisé par un édifice religieux sous le vocable de Saint-Pons. L’ensemble aurait survécu quelque temps pendant le début de la féodalisation pour devenir un castrum à part entière, puis aurait été englobé très vite à celui d’Urtis. Il va rester cependant un domaine seigneurial qui va perdurer jusqu’à la Révolution où il sera vendu aux enchères. Il comprend une maison, écurie, grenier à foin, chazal, basse-cour, moulin, terres, vignes, jardin, chenevier, prés, blache, herme, tout contigu au quartier st Pons confrontant du levant terre de Tallard, de midy terre gaste et terre de Curban, de 32 780 cannes (plus de 13 hectares) 3. Le cadastre napoléonien de 1837 qualifie l’ensemble de la propriété de domaine de St Pons.
VENTEROL
L’habitat est réparti en de nombreux hameaux et fermes isolées disséminés dans la partie montagneuse que l’abbé Féraud nomme le Haut Venterol et l’autre partie au bord de la Durance dite le Bas Venterol. Le castrum de Venteirol est cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 246), mais se trouvait au nord du village actuel sur le site du Châtelard. C’est ce que raconte Achard : la montagne nommée la Guarate, assez difficile à gravir, à l’extrémité de laquelle et au midi se trouve, sur un penchant, une vieille masure que l’on voit de 4 lieues de distance. C’était autrefois une forteresse, autour de laquelle étoient bâties toutes les maisons de Venterol (III, p. 51). Il subsiste une tour quadrangulaire se dressant à 1181 mètres d’altitude dominant le village de 120 mètres. Cassini nomme la pente située sous la tour Vière. C’est là également qu’il faut placer la première église paroissiale desservie par un capellanus de Ventairol en 1274, puis par un prior vers 1350. Le prieur fait partie des chanoines de Chardavon.
Après le terrible épisode de la peste où la population pert 73% de ses membres, il ne reste que 15 familles sur le territoire. L’habitat perché est abandonné progressivement et se construisent un nouveau village et une nouvelle église. Celle-ci est alors desservie par les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, la prévôté de Chardavon étant alors très affaiblie après les guerres de Religion. C’est ce qui apparaît dans un texte de 1613 : Antoine Aubert, bénéficier en l’église majeure de Marseille est prieur du prieuré conjoint aux deux villages de Piégut et Venterol (ADHA G 2318, f° 111). Le même prieur fera don en 1622 d’un tableau représentant la Vierge, saint Antoine ermite et saint Crépin, ce dernier étant le titulaire de l’église. Le nom du donateur est inscrit au bas de la toile.
569. Chapelle Saint-Jean des Tourniaires
Nous descendons du Haut Venterol pour atteindre le Bas Venterol, paysage totalement différent, fait de terrasses côtoyant la Durance. Plusieurs groupes de fermes et de petits hameaux sont répartis sur le terroir, dont le plus important est celui des Tourniaires. A 1000 mètres à l’ouest de ce hameau se dresse, isolée et entourée du cimetière, une chapelle maintenant restaurée. A l’aplomb, sur une terrasse dominant la Durance, elle est côtoyée par un ruisseau. Elle est dédiée à saint Jean-Baptiste. Lors d’une visite pastorale en 1641, l’évêque remarque sur l’autel de l’église paroissiale, dans un coffret, des reliques de saint jean Baptiste que par tradition, on tient avoir esté apportées de St Jean de Hierusalem lhorsque les Templiers avoient un couvent dans ceste paroisse (AD HA G 784 f° 16). Achard reprend la même information : il y a une chapelle, dédiée à St-Jean Bte, bâtie sur les ruines d’un ancien monastère de Templiers. On y conserve une précieuse relique, la machoire inférieure du chef de St-Jean Bte que les Templiers y avaient apportés suivant la tradition du pays. Comme d’habitude, on confond Templiers et Hospitaliers. Ici ce sont les Hospitaliers qui se sont installés en 1215 et deviennent seigneurs de Tallard, après avoir d’abord fondé les commanderies de Manosque et de Claret. Ils y restèrent jusqu’en 1322 4. Les Tourniaires jouxtent la commune de Tallard et tous les échanges se faisaient entre les deux agglomérations. Un bac signalé par le cadastre napoléonien de 1837, dit bac des Tourniaires, les reliaient permettant de traverser la Durance.
L’édifice actuel ne présente aucun caractère de l’art roman sauf si on l’examine plus précisément. Il est d’abord parfaitement orienté. Il présente une nef unique de 50 m², sans travées, voûtée en berceau presque plat. Le chœur, plus bas et plus étroit que la nef, est voûté de même et se termine en cul-de-four. Cette partie a été obstruée par une cloison pour y installer la sacristie. Intérieur et extérieur sont entièrement enduits et crépis interdisant toute lecture de l’appareil. La faible épaisseur des murs a provoqué un affaissement de la voûte du chœur qui a été consolidée à l’extérieur par un énorme contrefort qui occupe les deux tiers de l’édifice. Un tirant a été également nécessaire dans la partie avant de la nef. Ces constatations induisent que l’édifice était d’abord simplement couvert par une charpente. Son implantation, elle aussi, est significative. Il est isolé, en milieu ouvert, à l’aplomb d’un plateau dominant le cours de la Durance. Il est bordé par un ruisseau, le ravin de St-Jean, accompagné d’un cimetière et enferme une cuve baptismale et les reliques de Saint-Jean.
Synthèse
L’implantation d’une première paroisse en milieu rural semble apparaître avec la chapelle Saint-Jean des Tourniaires. Elle est d’ailleurs à proximité d’un quartier nommé par le cadastre de 1837 Villard la Cour, évocateur d’une fondation carolingienne de type villa. Ce quartier est à placer entre le hameau dit aujourd’hui Les Guérins et la chapelle.
1 Cité par Laplane Edouard de, Histoire de Sisteron, Digne, 1843, T I, p. 471.
2 RACP, p. 263, note 3.
3 ADAHP 1 Q 64, encadastrement provisoire des biens du seigneur émigré, du 15 septembre 1792.
4 « Notice sur le château de Tallard », Sté d’études des Hautes-Alpes, 1961, extrait du site Internet sur Tallard.