Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. La commune est située au nord de celle de Reillanne et s’étend sur 2342 hectares dans une zone de plateaux à l’altitude moyenne de 800 mètres. L’occupation humaine se révèle particulièrement dense durant l’Antiquité (CAG n° 227, p. 484-488). La population a culminé à 650 habitants aux XVIIIe et XIXe siècles. La première mention de Vacherias remonte aux environs de 1113 où l’évêque d’Apt Laugier donne à ses chanoines plusieurs églises dont celles de Montsalier, Vachères (Vacherias), Oppedette et Sainte-Croix (Poli, n° 59, p. 18-19). Le castrum de Vacheria est établi sur un plateau et s’est fortifié dès le début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 225). Son église paroissiale dédiée à saint Christophe s’appuie sur le rempart et on a vu qu’elle dépend du chapitre cathédral d’Apt. Elle va perdurer jusque vers 1865, moment où elle est abandonnée pour une nouvelle église construite au pied du village. Elle va se détruire au fil des ans et être vendue à un particulier. Il n’en reste plus de maigres restes. Elle est datée communément du XIIIe siècle avancé 1.
547. Notre-Dame de Bellevue
Pour l’abbé Féraud c’est une ancienne église que l’on voit dans la plaine, aujourd’hui chapelle rurale sous le vocable de Notre-Dame-de-Belle-Vue. Elle est très vaste et fort régulière et à trois nefs. La principale est seule voûtée depuis quelques années seulement. Cette église appartenait à une petite communauté de religieux Franciscains ; elle est en grande vénération à cause des prodiges qui s’y sont opérés (p. 385). Lors des visites pastorales de 1859, 1863, 1866, elle est dite chapelle rurale Notre-Dame de Bellevue, mais le 28 novembre 1894 : chapelle rurale ND de Bellevue dont la voûte est tombée, les offices ne s’y font plus, on se propose de la réparer (2 V 90 et 94). Pour R. Collier, la chapelle Notre-Dame de Bellevue semble bien dater de la fin du XIe siècle, quoique très remaniée, transformée et mutilée (ainsi la voûte manque). Le mur sud, principalement, avec son petit appareil assez régulier, en lits bien rangés, atteste assez nettement cette époque. Sur la façade ouest se voit encore une fenêtre géminée, d’époque romane, en partie refaite depuis lors (p. 57). Provence Romane est du même avis : Notre-Dame de Bellevue est un édifice relativement vaste pour une église rurale. Formule évoluée du premier âge roman (p. 245). Elle comporte en effet une nef à trois travées, mais il manque le chœur et le transept. C’est aujourd’hui une propriété privée située au nord du village.
548. Chapelle Saint-Ambroise
C’est encore une chapelle romane abandonnée, transformée en bergerie, située près du domaine de la Conseillère à 600 mètres au SSO du village. Elle est déjà détruite au XIXe siècle car elle n’est pas mentionnée comme chapelle rurale. Seul Provence Romane 2 en donne une description (sous le titre de Saint-Roch, ce qui est une erreur) : la chapelle occupe un site occupé par l’homme dès les temps préhistoriques et à l’époque romaine. L’édifice, couvert de lauzes et parementé en moellons peu réguliers, …, se compose d’une nef de deux travées voûtées en berceau et d’une abside semi-circulaire. Le monument présente toutes les caractéristiques d’une construction du début du XIIe siècle, sinon plus ancienne (p. 245-246).
Synthèse
Il semblerait que la chapelle Notre-Dame de Bellevue soit la première paroisse de la communauté de Vachères, avant la construction du castrum et de l’église Saint-Christophe. Il est probable que c’est elle qui est citée en 1113 parmi les églises données au chapitre et appartenant à l’évêque, ce qui veut dire qu’elle existait déjà avant cette date. C’est un vaste édifice, à trois nefs, capable de recevoir une population nombreuse. La chapelle Saint-Ambroise, elle aussi, paraît remonter d’avant l’enchâtellement et pouvait constituer un prieuré indépendant.
1 Collier, p. 121. Provence Romane 2, p. 246. Elliot 1, p. 168.