Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Colmars, aujourd’hui dans le canton de Colmars. D’une superficie de 10935 hectares, la commune s’étend au nord de Thorame-Basse et côtoie celles de Beauvezer et de Colmars. Elle est traversée par le Verdon et a été augmentée en 1974 des anciennes communes de La Colle-Saint-Michel et de Peyresq. La commune est un peu moins habitée que la précédente avec 520 habitants en 1315 et un maximum atteint en 1765 avec 835 habitants (Atlas, p. 202). C’est en 1009 qu’est cité le castrum Toramena lors de dons faits à l’abbaye de Saint-Victor (voir textes et références plus haut dans Thorame). C’est durant ce même XIe siècle qu’est nommée une cella sancte Marie de Toraminas dépendant des moines. Il est probable qu’il s’agit de Notre-Dame de Serret qui est citée vers 1300 et en 1376 en même temps que l’ecclesia Sancti Juliani Thoramine, sous l’appellation d’ecclesia de Serreto ou de l’ecclesia Beate Marie dicti loci (Pouillés, p. 290 et 292).
Le village de Thorame-Haute a livré plusieurs sites archéologiques, tombes sous tuiles, à bâtière et fragments d’inscriptions latines (CAG, n° 219, p. 480-482). L’occupation semble s’étaler du Ier siècle de notre ère à la période mérovingienne. Il serait tentant d’y placer le siège de l’éphémère diocèse cité au milieu du Ve siècle, mais la preuve formelle manque cruellement. L’église paroissiale est sous le titre de saint Julien comme attesté vers 1300 et va s’adjoindre saint Georges comme patron. Ce dernier rappelle le souvenir d’un lieu fortifié comme le relate l’abbé Féraud, on trouve, au-dessus du village et sur un rocher, une vieille masure fort vaste qu’on appelle le Château Saint-Georges. C’était une ancienne forteresse qui fut détruite en 1574 (p 288). Il faut la placer vers le lieu-dit Tra Castel où le cadastre napoléonien cite le col St Georges, ce toponyme ayant disparu des cartes modernes. Le vocable Tra Castel évoque un château qui devait faire partie du système défensif de la haute vallée du Verdon. R. Collier classe l’église paroissiale dans le style gothique avec un chœur voûté par une croisée d’ogives à six branches. Détruite en 1574, elle est reconstruite en 1598 (p. 178).
519. Notre-Dame de Serret
Elle est citée en même temps que l’église paroissiale au début du XIVe siècle et correspond à la cella qui existait déjà en 1009 quand elle est donnée par des laïcs à l’abbaye de Saint-Victor. Il s’agit donc d’une fondation qui peut remonter à l’époque carolingienne et peut être considérée comme la première paroisse. Elle est située sur un mamelon immédiatement au sud du village et le cadastre napoléonien représente un édifice orienté avec une abside en hémicycle. Quand sont fondés le village de Thorame ainsi que son église paroissiale, elle devient une simple chapelle, mais elle demeure un prieuré dont le bénéfice revient au prieur du Fugeret dépendant de Saint-Victor (Achard II, p. 496). Elle est encore en état sur la carte de Cassini, mais les visites pastorales de la fin du XIXe siècle ne la citent pas une seule fois comme chapelle rurale. Pour R. Collier, à peine mérite-t-elle d’être signalée ; plus de voûte, plus d’abside, vouée à usage agricole. L’appareil semble indiquer le XIIIe siècle (p. 148). Elle vient d’être restaurée. Des indices archéologiques ont été retrouvés aux abords de la chapelle (substructions, tombes sous tuiles et divers objets).
520. Notre-Dame de la Fleur
C’est au XVe siècle à la suite d’une apparition de la Vierge à un berger qui reçut une fleur en témoignage que fut construite la première chapelle dite Notre-Dame de la Fleur. Une procession est organisée tous les ans, le dimanche de la Trinité, toute la Paroisse se rend en procession à la Chapelle dédiée à N.D de la Fleur, éloignée du village d’une lieue et dessus le chemin royal qui conduit en Basse-Provence. On y porte en procession une grande Statue de la Sainte Vierge, et il se fait un concours considérable de personnes qui s’y rendent de toutes les Paroisses voisines pour satisfaire à leur dévotion (Achard II, p. 496). Elle ne fut pas toujours en bon état puisque lors de la visite de l’évêque le 26 mai 1698, il trouve la chapelle sous le titre de nostre dame de la flour, ouverte et profanée et ayant de paille en dedans où paroit avoir couché de personnes ou bestiaux, qui est cause que nous l’avons interdite (2 G 17, f° 83). Plusieurs fois reconstruite au cours des siècles elle a été entièrement remodelée par l’abbé Pélissier, curé d’Allos, entre 1936 et 1947. Elle abritait également un ermitage qui fut abandonné à la fin du XIXe siècle (Féraud, p. 288 et PR n° 23, p. 33). Le pèlerinage a toujours lieu, le 1er juin de chaque année.
521. Chapelle Saint-Roch
Elle est située à quelques 500 mètres au NE du village et est régulièrement citée lors des visites pastorales du XIXe siècle. En 1869, il est recommandé de réparer la toiture (2 V 87). Il s’agit sans doute d’une chapelle de protection élevée suite aux fléaux des guerres et de la peste.
522. Eglise Saint-Laurent d’Ondres
Elle est visitée par l’évêque en 1698 qui la qualifie de chapelle st Laurent à l’hameau d’Ondre. La carte de Cassini la désigne comme une succursale, de même lors des visites du XIXe siècle. D’après l’abbé Féraud elle fut érigée en paroisse en 1686 et était desservie par un vicaire de Thorame (p. 289), fait déjà rapporté par Achard. Le hameau d’Ondres est situé sur la rive gauche du Verdon en amont de Thorame à plus de 1350 mètres d’altitude et comprenait à l’époque de l’abbé Féraud 173 habitants.
523. Chapelle de la Ribière ou Rivière
La Rivière est un petit hameau situé en aval de Thorame sur la rive droite du Verdon à quelques 1500 mètres au nord de Notre-Dame de la Fleur. Un seul texte fait état d’une chapelle rurale de la Ribière qui est en ruine, c’est le 1er novembre 1869 (2 V 87). Elle est signalée par la carte de Cassini. Il s’agit sans doute d’une chapelle de secours pour desservir un hameau très éloigné du chef-lieu. On ne connaît pas le titulaire, elle a disparu.
PEYRESQ
La commune, rattachée à Thorame-Haute en 1974, dépendait sous l’Ancien Régime du diocèse de Glandèves et de la viguerie d’Annot. C’est d’ailleurs lors des donations faites à l’abbaye de Saint-Victor dans le territoire d’Annot qu’est cité Peyresc en 1042 sous l’appellation de castrum Perisco (CSV, n° 779, p. 127). Il fait partie des biens de Pons Silvain d’Annot, personnage puissant et influent, gros propriétaire à Annot, mais également à Allons (voir monographies de ces deux communes). Le castrum de Peiresco est ensuite cité par Bouche au début du XIIIe siècle (I, p. 282). L’église paroissiale apparaît en 1351 et 1376, ecclesia de Petrisco (Pouillés, p. 262 et 265). L’abbé Féraud indique sainte Anne comme titulaire alors que R. Collier lui attribue saint Pons, de même que le site Internet du diocèse de Digne. R. Collier la situe dans un XIIIe siècle avancé avec un joli cachet de roman rustique (p. 117). Elle est classée MH.
524. Chapelle Saint-Barthélemy
En 1859, 1861, 1867 est recensée la chapelle rurale de Saint-Barthélemy, puis en 1876, 1879 et 1894, elle est en très mauvais état (2 V 90, 93 et 94). On perd ensuite sa trace. Elle n’est pas signalée par la carte de Cassini. Le cadastre napoléonien de 1838 signale cependant la croix de St Barthelemi en section C 3 au SE du village avec un petit bâtiment. La carte IGN figure une croix au même endroit au bord du chemin qui descend à Méailles et Annot.
LA COLLE-SAINT-MICHEL
Cette ancienne petite commune, 588 hectares, n’a jamais dépassé les 100 habitants, sans doute à cause de l’altitude, le village est à 1430 mètres. Elle est citée au début du XIIIe siècle comme castrum S. Michaelis de Peiresco (Bouche I, p. 272). Les Pouillés du diocèse de Glandèves nomment l’église en 1351 ecclesia Sancti Michaelis de Colla et en 1376 ecclesia de Colla Sancti Michaelis (p. 262 et 265). R. Collier avoue ne pas connaître sa date de fondation et la classe parmi les églises du XIXe siècle avec une nef de deux travées voûtées en berceau et rythmées par deux doubleaux larges et plats, munis de pilastres. Pas de mouluration abside en cul-de-four (p. 391). C’est ainsi qu’elle figure sur le plan cadastral de 1838.
525. Chapelle rurale Saint-Michel (?)
C’est en 1859 qu’est mentionnée une chapelle rurale en ruine, puis les années suivantes, il est dit qu’il n’existe pas de chapelle rurale (2 V 90), ce qui indique une complète destruction. La carte de Cassini n’est d’aucun secours, seul le cadastre napoléonien figure en section A 2, quartier de Saint-Michel, un bâtiment dans un enclos représenté avec une abside en hémicycle (parcelle 48). Il est situé au bord de l’ancien chemin de la Colle à Peyresq. Le quartier Saint-Michel figure encore sur les cartes modernes au NO du village et le vieux chemin est encore signalé. Il est probable que cette ancienne chapelle disparue soit la première paroisse et qu’elle devait porter la titulature de saint Michel.
Synthèse
A Thorame Notre-Dame de Serret semble bien être la première paroisse puisqu’elle existe déjà en 1009 et appartient à des laïcs qui l’ont accaparé lors des troubles du Xe siècle. Il y aura par la suite, comme à Thorame-Basse refuge sur un site perché, puis retour dans la vallée près de la première église. L’occupation antique dans le village même pourrait indiquer une civitas, telle qu’elle est citée au milieu du Ve siècle, ex provincia Alpium Maritimarum civit. Eturamine Severianus episcopus.