Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie du Val de Barrême, aujourd’hui dans le canton de Barrême. C’est une grande commune de 4488 hectares située dans un milieu montagneux au nord de celle de Clumanc et à l’est de celle de Digne. Les principaux hameaux sont situés entre 1000 et 1100 mètres d’altitude. Malgré l’étendue du territoire la population n’a jamais atteint les 500 habitants, 473 en 1765. Jusqu’à la fin du XVe siècle, il était formé de deux communautés ou castra signalés au début du XIIIe siècle : castrum de Tartona et castrum de la Penna (Bouche I, p. 279). Chacun possède son église paroissiale, Notre-Dame à Tartonne, Saint-Gervais à la Penne qui sont citées vers 1300 (Pouillés, p. 289). Celle de Tartonne semble être desservie par un prieur, l’un d’eux est cité en 1244 comme témoin lors d’un compromis entre Boniface de Castellane et Bernard prieur de Villecrose (CSV II, n° 1031, p. 490).

LA PENNE

501. L’ancienne chapelle

C’est en 1706 lors de la visite de l’évêque de Senez que nous apprenons que le prieuré de la Penne, sous le titre de Saint Gervais, à l’extrémité de la paroisse et du diocèse, est ancien, purement rural et simple et de notre collation. Puis, il ajoute, l’ancienne chapelle est tout à fait démolie et dans un éloignement très grand à la pointe de la plus haute montagne (2 G 17). C’est la seule indication fournie pour cette chapelle. Celle de la Penne est démolie depuis longtemps.

TARTONNE

502. Notre-Dame d’Entraigues

C’est l’église paroissiale et elle a la particularité d’être isolée, en plein champ, entre deux ruisseaux, inter aquas. Le cimetière est tout autour comme le fait remarquer Mgr Soanen en 1706. Elle est sous le titre de Notre-Dame et le patron est saint Michel dont la fête patronale se célèbre avec bravade, le 29 septembre selon l’abbé Féraud (p. 102). Classée MH en 1972, elle remonte à l’origine au XIIIe siècle puis a subi des ajouts, chapelles latérales en particulier (Alpes Romanes, p. 64 ; R. Collier, p. 114).

503. Chapelle Sainte-Anne du Thouron

C’est encore Mgr Soanen qui nous renseigne en 1706 : la chapelle ste Anne au hameau apellé Toron, bâtie depuis plus de 60 ans, selon les habitants. Lors des visites de la fin du XIXe siècle, elle est déclarée chapelle rurale en bon état et munie d’ornements (1865). En 1894, elle est déclarée passable (2 V 85 et 94). Une description en est donnée dans la Base Mérimée pour l’Inventaire général du patrimoine culturel.

504. Chapelle Saint-Jean au Plan de Chaude

Le Plan de Chaude est le plus important hameau de la commune et constitue le centre administratif. Il abrite une chapelle dédiée à saint Jean que l’évêque visite en 1697 : nous avons visité la chapelle St Jean qui est à cinq ou six cens pas de l’église paroissiale en allant au hameau du Plan de Chaudoul, que nous avons trouvé entièrement réparée et fermée à clef. Au XIXe siècle la chapelle est qualifiée de rurale et en 1857, il y a une chapelle rurale au Plan de Chaude qui sert pour l’usage ordinaire dans la semaine. Jusqu’à la fin du siècle, elle est décrite comme convenable (2 V 85, 93 et 94).

505. Chapelle Saint-Sébastien à la Condamine

La Condamine est un quartier situé en limite communale au SO de la commune près des Sauzeries Hautes. C’est encore Mgr Soanen qui nous apprend en 1706 qu’il y avait autrefois une chapelle sous le titre de st Sébastien qui étoit au pied de la Condamine sur les ruines de laquelle le peuple alloit faire des prières publiques les grands jours de festes. Messire Marc Antoine Gassendy fit faire un petit oratoire à l’honneur du saint auprès de lad chapelle.

506. Chapelle du château

Il s’agit du château de Maladrech situé non loin de l’église Notre-Dame. Construit au XVIIe siècle, il surgit joliment au milieu des prés, avec sa masse pesante, sans tour, mais agrémentée de deux pigeonniers en forme de tour ronde, à moulure circulaire (Collier, p. 262). Une chapelle au château est signalée en 1857, qui est propre dans laquelle on ne célèbre plus depuis plusieurs années. Mais en 1870 la chapelle domestique en mauvais état attenant au château. Puis, en 1891, autrefois il y avait une chapelle domestique au château de Maledrech qui n’est plus qu’une ruine.

Synthèse

Il ne subsiste que trois édifices aujourd’hui, l’église Notre-Dame et les chapelles Saint-Jean et Sainte-Anne, les autres ont disparu définitivement. Ces trois lieux de culte sont très proches les uns des autres, mais il est probable que ceux du Thouron et du Plan de Chaude ont été édifiés à cause de l’éloignement de l’église paroissiale, celle-ci étant de plus isolée, sans habitat à proximité. Elle représente l’exemple typique des premières paroisses à vocation de rassemblement d’un habitat dispersé. Quant au castrum, il est difficile de l’imaginer dans un de ces hameaux. Il faudrait peut-être le chercher aux alentours du Chastelard.

 
  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry