Cité romaine sur le passage de la voie domitienne, puis siège d’un évêché jusqu’à la Révolution, Sisteron a révélé de nombreux témoins antiques (CAG, p. 458-475). Christianisés très tôt, dès la fin du IVe siècle, avec le premier évêque connu en 449, le territoire et la ville se sont couverts de lieux de culte. Si ceux de la cité sont assez bien connus, ceux de la campagne n’apparaissent que par un seul texte. Il s’agit d’une bulle du pape Honorius III de 1217 dénombrant les églises dépendantes de la cathédrale de Sisteron. Il y a Saint-Thyrse et Saint-Martin, dans la ville, et hors de la ville, Saint-Pierre, Saint-Domnin, Sainte-Marie-de-Parasols, de Bevons, de Pancier, de Saint-Vincent et de Curel 1. On découvre donc trois églises hors la ville, Saint-Pierre, Saint-Domnin et Sainte-Marie-de-Parasols. Seule une d’entre elle est encore en état, les autres étant perdues depuis longtemps.

490. Saint-Pierre

Le seul indice pour retrouver cette église est fourni par le nom d’un quartier portant le nom de St-Pierre. Il est cité par Cassini, le cadastre de 1814 et les cartes modernes, mais sans aucun édifice quelconque. Le quartier est situé sur la rive gauche de la Durance, au sud de la Baume, à 700 mètres d’altitude. Il est proche de la limite communale d’Entrepierres.

491. Saint-Domnin

C’est le seul édifice subsistant et objet d’un pèlerinage annuel. Il est sous la titulature de saint Domnin, mais parfois également de saint Denis (Cassini). Il est situé au sud de la ville sur le plateau du Thor à 540 m d’altitude. Voici comment le voit R. Collier : cette chapelle comporte une triple structure. D’une part, en entrant, une sorte de nef rectangulaire, voûtée d’un berceau surbaissé rejoignant progressivement l’amplomb du mur. Puis, en avant, un chœur nettement plus élevé que la nef, formant une travée de plan presque carré, dont la voûte d’arêtes retombe sur des pilastres, ou piliers engagés, d’angles. Enfin, la partie romane, c’est-à-dire une travée ouvrant latéralement dans le chœur, à gauche, par une arcade basse, en plein cintre, à deux rouleaux ; cette travée, divisée par une cloison percée d’une porte, est voûtée d’un berceau en plein cintre, à la naissance duquel il devait y avoir autrefois une moulure en quart-de-rond, dont il ne subsiste plus qu’une partie. On a ici une construction du XIIIe siècle, mais le mur opposé à l’arcade se creuse d’un arc de décharge à double rouleau et à impostes en quart-de-rond ; sans doute ce mur est-il la survivance d’une construction du XIe siècle, ou du début du XIIe (p. 146).

Les alentours de la chapelle ont révélé de nombreux indices d’occupation antique, dont des tombes sous tuiles, des fragments de tegulae, des céramiques diverses, de verre antique, de monnaies, etc. (CAG, p. 470-472). Le site paraît avoir été occupé sans discontinuité depuis l’Antiquité. La citation de 1217 n’est que la mention d’un édifice existant et une partie de sa structure révèle le XIe siècle. Il est probable que cette église faisait partie de la mense épiscopale durant le premier millénaire, donnée ensuite au chapitre de la cathédrale, mais on ne sait quand.

492. Sainte-Marie de Paresous

Les qualificatifs divergent pour cet édifice qui était situé tout au sud de la commune, sur la rive gauche du Jabron. En 1217, c’est Sancte Marie de Parazolo que Laplane transcrit par Parasols. L’Atlas historique, carte n° 66, cite parmi les églises dépendantes des deux chapitres de Sisteron et de Forcalquier au XIIe siècle, Notre-Dame de Paresous. Cassini indique un édifice à Parassol et aujourd’hui c’est Parésous qui est indiqué par les cartes IGN, mais sans bâtiment. Une prospection aérienne sur le site a permis de déceler une occupation gallo-romaine.

Synthèse

Les deux derniers sites, Saint-Domnin et Sainte-Marie, même si les textes d’archives sont absents, semblent bien relever de la période pré-castrale, mais sans pouvoir donner plus de précisions.


1 Cité Par Laplane, II, p. 360-361 avec le texte latin : Sancti Tirsi, juxta majorem ecclesiam, Sancti Martini, Sancti Petri, Sancti Dompnini, Sancte Marie de Parazolo, de Bezone, de Pansier, Sancti Vincentii et de Curel.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry