Faisait partie de la viguerie de Seyne et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton du Lauzet-Ubaye. Cette commune de 2282 hectares est située sur la rive gauche de l’Ubaye non loin de son confluent avec la Durance. En milieu montagneux, le chef-lieu est à plus de 1300 mètres d’altitude. Le terroir était bien peuplé au Moyen Age avec près de 600 habitants en 1315. Le village est cité comme castrum Sancti Vincentii au début du XIIIe siècle (Bouche, p. 268). Il est muni d’une église dédiée à saint Vincent que R. Collier décrit comme curieuse et qu’il date du XVIe siècle : nef curieuse voûtée d’une sorte de berceau plat, avec pénétration de lunettes triangulaires qui forment des retombées s’amortissant dans le mur ou descendant jusqu’au sol. Abside désaxée et double intérieurement à chevet plat, extérieurement en cul-de-four (p. 218).

459. Eglises et chapelles succursales

Paroisse du Lautaret

Comme dans toutes les régions montagneuses soumises aux rigueurs de l’hiver et des mauvais chemins, ont été créées des églises et chapelles succursales pour desservir les hameaux et fermes avoisinantes. Une paroisse est érigée au Lautaret comme le raconte l’abbé Féraud : placée au sud de Saint-Vincent et au pied d’une haute montagne dite Thirsis, cette paroisse se compose du village de Lautharet, des hameaux les Terrassons et l’Auchère. Cette paroisse n’est érigée que depuis 34 ans. Son église paroissiale, sous le titre de l’Assomption de la Sainte-Vierge, fut bâtie à cette même époque (p. 229-230). Mais il devait exister déjà une chapelle à cet endroit puisque la carte de Cassini n° 152 la signale. La paroisse du Lautaret desservait une chapelle rurale, placée soit au Bronseinsq orthographié ainsi par Cassini, aujourd’hui Bronsing, soit aux Terrasses. La carte IGN signale une chapelle en ruine placée entre les deux hameaux.

Paroisse Saint-Vincent

Cette paroisse dessert quatre chapelles rurales succursales, dans les hameaux des Berlis, des Rollands, du Villaret et de Saint-Jean. La chapelle des Berlis doit être dédiée à saint Antoine car selon le coutumier de 1835, le curé va y dire la messe le jour de saint Antoine le 17 janvier (2 V 73). Elles sont signalées toutes les quatre par Cassini. Le hameau de Saint-Jean signalé par le cadastre de 1812 n’apparaît plus aujourd’hui.

460. La procession sur la montagne

On a déjà rencontré dans les communes voisines le fait de monter sur une montagne en procession. Il est rapporté par le coutumier de 1835 : à la fête des saints Pierre et Paul, procession au sommet de la montagne appelée les Croix. Quand le peuple la demande, messe de bon matin avant que la procession du Lautaret arrive. Litanies, ave Maria, hymne du saint…. Bénédiction et plantation d’une croix en haut de la montagne. Il en de même pour la paroisse du Lautaret : la fête de saint Pierre et Paul, procession au sommet de la montagne de Saint Vincent. L’on bénit annuellement une croix qu’on porte au haut de la montagne, terme de la procession. Il est probable que cette montagne est située au sud de la commune aux lieux-dits les Crouzes et la Montagnette, aux alentours des 2200 mètres d’altitude.

Synthèse

Il ne semble pas possible de déceler une quelconque implantation pré castrale dans cette commune, à moins que l’édifice du Villaret ne représente la première église paroissiale, car située en milieu ouvert et non loin du chef-lieu perché sur une colline. Le toponyme évoque un vieux village abandonné.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry