Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Mézel. La commune d’une superficie de 2560 hectares occupe les deux rives de l’Asse entre les communes de Brunet et de Bras d’Asse. Comme celles-ci, elle est traversée par une voie antique reliant Riez à Sisteron. La population n’eut pas trop à souffrir des fléaux des XIVe et XVe siècles puisqu’avec 320 habitants en 1315, elle en conservait encore 220 en 1471. Par la suite elle parvint à 350 habitants en 1851 pour aboutir à 86 en 1961 (Atlas, p. 195). La première mention de Saint-Julien date de 1096, moment où l’évêque de Riez Augier fait don à l’abbaye de Montmajour de l’ecclesia sancti Juliani cum decimarum medietate et omnibus apertinentiis ecclesie illius (GCN I, Inst. Riez n° XI, col. 371). Le castrum de Sancto Julianeto est cité lors de l’enquête de 1252 et il est rapporté que c’est l’évêque de Riez qui perçoit l’albergue (n° 551, p. 356). En effet depuis le 2 octobre 1241 l’évêque de Riez est seigneur de Saint-Julien suite à une donation faite par le comte de Provence Raimond Bérenger V (RACP, n° 350, p. 427-428). Un prieur est à la tête de la paroisse desservie par un chapelain, prior Sancti Julianeti et cappellanus de Sancto Julianeto (Pouillés, 1274, p. 106).

Il n’est pas sûr que la première église soit celle que nous connaissons, perchée sur une colline, mais plutôt en contrebas dans la plaine, comme nous le verrons plus loin. L’église actuelle ne remonte pas en effet au-delà du XIVe siècle comme la décrit R. Collier : le chœur, à chevet plat, est percé d’une fenêtre et formé d’une travée voûtée sur croisée d’ogives ; celle-ci consiste en un double boudin se croisant à la clef de voûte, qui est sculptée d’un agneau pascal. Les boudins, pris entre deux gorges, offrent une légère arête centrale. Ils reposent sur des culots ornés de feuilles et à tailloirs polygonaux. Tout cela peut remonter au XIVe siècle finissant. La seconde travée de la nef (qui en comporte deux) est voûtée sur croisée d’ogives, avec deux boudins se terminant en culots. Il s’agit là sans doute du XVIe siècle (p. 176).

426. Le prieuré Saint-Pierre de Viletta

En aval et à 1800 mètres du village on rencontre deux hameaux dits St-Pierre le Haut et St-Pierre le Bas. Un prieuré y est cité en 1351 avec une ecclesia Sancti Petri de Vileta desservie par le prior sancti Petri de Vileta (Pouillés, p. 111 et GCN I, col. 376). Bartel en 1636 le cite comme prieuré rural sous le titre de S. Petri de Villeta. Quant à Abbayes et Prieurés il reconnaît un prieuré donné à Montmajour par l’évêque Augier en 1096, uni à Saint-Pierrre de la Villette, de Villeta (p. 64). On ne connaît pas la durée de vie de ce prieuré mais il n’existe déjà plus en 1788, la carte de Cassini signalant seulement un bâtiment d’exploitation. Dans le secteur des fermes de Saint-Pierre, la CAG mentionne plusieurs découvertes, dont les vestiges d’un bâtiment antique et d’une nécropole de datation incertaine, …, peut-être un ancien couvent médiéval, …, des tombes sous tuiles, des sépultures en coffres de lauzes (p. 414). Le vocable Villeta pourrait signifier la petite villa et renvoyer à une fondation de l’époque carolingienne.

427. Chapelle Notre-Dame

Cassini signale une chapelle dans le quartier Notre-Dame situé au pied de la colline où se dresse le village. Elle semble détruite lors des visites pastorales du XIXe siècle puisqu’elles signalent qu’il n’existe pas de chapelle rurale (visites de 1860, 1866, 1872, 2 V 89). Cependant le coutumier de 1835 qui relève les processions qui se font dans la paroisse, mentionne le lundi des Rogations procession à l’ancienne chapelle Notre Dame (2 V 73). Elle est donc déjà détruite à cette date. D’après le cadastre de 1812 elle devait se trouver dans le quartier Notre-Dame, là où la carte IGN situe un oratoire à la cote 461. Il est possible, vu la titulature et son implantation en milieu ouvert, qu’elle soit la première paroisse ayant précédé la création du castrum et d’une église sur un site perché 130 mètres en altitude plus haut.

428. La chapelle

Un lieu dit la Chapelle est mentionné par Cassini, le cadastre de 1812 et les cartes modernes. Il est situé sur la rive gauche de l’Asse aux abords de la D 108, près de la limite avec la commune de Brunet. Cassini figure une chapelle en état et le cadastre napoléonien un bâtiment dit la Chapelle mais sans signaler s’il s’agit d’une chapelle (section D, parcelle n° 7). Il pourrait s’agir de la chapelle Saint-Catherine où le même coutumier de 1835 signale une procession le mardi des Rogations à l’ancienne chapelle Sainte-Catherine.

429. Chapelle Saint-Sébastien

Un quartier dit St-Sébastien est situé à 2500 mètres au nord du village à l’altitude de 737 mètres. La seule donnée est fournie par la carte de Cassini qui figure une chapelle ruinée dite St Bastian. Isolée, elle ne semble pas être une chapelle succursale pour desservir un désert d’habitat. Sa titulature renvoie à un saint protecteur contre la peste, mais aucun chemin ne la côtoie et il est difficile de lui attribuer une datation et une fonction quelconques.

Synthèse

La vallée de l’Asse apparaît avoir été vitalisée dès l’Antiquité, puis lors de la période carolingienne. Le site de Saint-Pierre en est l’illustration. Elle a attiré également dès le début du XIe siècle les abbayes qui y ont fondé des prieurés et des paroisses. A Saint-Julien, ce sont les moines de Montmajour, comme à Estoublon et à Mezel. Une première paroisse semble avoir été établie au lieu-dit Notre-Dame remplacée lors de l’enchâtellement par une nouvelle église. Des chapelles rurales ont été élevées ensuite comme protections du terroir, semble-t-il avec celles de Saint-Catherine et de Saint-Sébastien. Actuellement, il ne subsiste plus que l’église paroissiale, tous les autres édifices ayant disparu.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry