Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Forcalquier. La commune est située entre celle de Lurs à l’est et celle de Forcalquier à l’ouest. Les 1086 hectares du territoire sont composés de plateaux peu élevés et de plaines agricoles. Le maximum de population a été atteint en 1851 avec 683 habitants (Atlas, p. 190). La proximité des rives de la Durance et de la via Domitia a favorisé l’implantation humaine dès la Protohistoire puis durant l’Antiquité (CAG, n° 151, p. 345-346). Il semblerait, d’après le texte du Livre vert, que le domaine considérable de Pierrerue appartenait en propre à l’évêque de Sisteron Raimbaud et qu’il en fit don à son église en 1145 ou 1155 1. C’était unir les possessions du chapitre de Forcalquier que celui-ci détenait à Lurs et à Forcalquier. Le castrum de Peira Rua est cité au XIe siècle (Atlas, p. 190) et appartient au comte de Provence jusqu’au 25 juin 1221 où Raimond Berenger V le donne à Artoud de Dorchis avec la permission d’y élever des fortifications (RACP, n° 48, p. 128). Pour R. Collier, le château de Pierrerue conserve des soubassements dont l’appareil à bossages peut remonter au XIVe s…. le restant pouvant remonter à la première moitié du XVIIe siècle (p. 250 et 256). L’église paroissiale est dédiée au Saint-Sacrement et la fête patronale a lieu le jour de la Fête-Dieu (2). R. Collier la classe parmi les églises romanes : la nef est bien romane, avec ses trois travées voûtée en berceau brisé, ses doubleaux simples, son bandeau formé d’un méplat profilé sur quart-de-rond (p. 142). Cette église citée en 1274 est desservie par le capellanus Petre Rue, mais en même temps qu’une autre, l’ecclesia Sancti Petri de Viseriis (Pouillés, p. 120).
347. Chapelle Saint-Pierre-de-Viviers
Le hameau de St Pierre est situé à 1250 mètres au NNE du village de Pierrerue et conserve les restes d’une chapelle dédiée à ce saint. La Carte Archéologique note qu’elle est citée en 1124 comme possession du chapitre de Forcalquier et Provence Romane 2 qu’en 1155 cet édifice figurait parmi les possessions de l’évêque de Sisteron ; au XIVe siècle, le prieuré dépendait de Ganagobie. Il ne reste qu’une abside semi-circulaire, flanquée de deux minuscules absidioles appareillées, non saillantes à l’extérieur. Une baie axiale, très ébrasée vers l’extérieur et décorée de colonnettes – dont deux pourraient être des remplois du XIe siècle – éclairait le sanctuaire (p. 239). R. Collier ajoute que la voûte est en cul-de-four, l’appareil assez régulier présentant de ci de là des pierres taillées (p. 64). La CAG observe qu’aux abords de la chapelle Saint-Pierre-de-Viviers, située immédiatement à l’est du hameau, débris antiques et tombes sous lauzes. Dans la chapelle restaurée, pied d’autel chrétien retaillé dans un autel-cippe antique (p. 345-346). Enfin, le coutumier de 1835 rapporte que le jour de l’Ascension, on se rend vers les six heures du matin en procession au hameau dit Saint-Pierre où l’on célèbre la première messe.
Toutes les observations mentionnées ci-dessus indiquent clairement qu’un édifice religieux fut édifié sur un site antique et même paien, en témoigne l’autel-cippe. Sans doute réoccupé à l’époque carolingienne, puis abandonné et détruit, il est reconstruit au XIe siècle et devient la première paroisse. Lors de la création du castrum et d’une nouvelle église, il n’est plus qu’une simple chapelle rurale, plus ou moins bien entretenue selon les périodes et devient un lieu de pèlerinage annuel. C’est cette fidèlité qui l’a sauvé de la ruine complète et de l’oubli.
348. Chapelle Saint-Clair
Elle a été construite en 1677 par un vicaire de Pierrerue dénommé Jean Vachier. Le cadastre de 1813, section B 3, parcelle 597, signale un bâtiment orienté au NE muni d’une abside en hémicycle. Un quartier St-Clair figure sur les cartes IGN au sud de la commune à peu de distance de la chapelle Notre-Dame des Anges sur la commune de Lurs. Les paroissiens de cette commune s’y rendaient le lundi de Pentecôte et le jour de la saint Clair. Il semblerait que la chapelle Saint-Clair ait été un lieu de pèlerinage pour au moins deux paroisses, Lurs et Pierrerue. Il subsiste encore quelques pans de murs envahis par la végétation.
Synthèse
Pierrerue révèle les deux phases successives de la création des paroisses, une en milieu ouvert, sur un site antique qui a perduré durant la deuxième moitié du premier millénaire et au début du deuxième jusqu’à la création du village perché et de la nouvelle organisation paroissiale, cette dernière n’ayant pas complètement oblitéré la première.
1 GCN I, col. 703 qui cite le Livre vert : totum affare quod habebat episcopus in castro Petraruae.
2 « Le patrimoine religieux de Pierrerue », Le Patrimoine religieux de la Haute Provence, Bull. de AESPRHP, n° 22, 1999, 101 pages.