Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune qui n’est pas très étendue, 2323 hectares, est cependant riche par sa position sur la rive droite de la Durance adossée à des collines, dernières pentes de la Montagne de Lure. L’abbé Féraud reconnaît que le climat est fort doux, il est de plus fort sain. Son territoire est assez fertile en blé, vin, huile et légumes (p. 411). C’est ce qui a attiré les colons romains qui, outre qu’ils y ont fait passer la voie Domitienne, se sont installés dans la plaine en de nombreux établissements (CAG, n° 149, p. 340-344). C’est aux alentours des années 963 ou 967 que Peyruis est cité pour la première fois. C’est à la faveur du don fait par l’évêque de Sisteron, Ours, au monastère naissant de Ganagobie, donnant les dîmes de la villa Petrosii avec l’église Saint-Pierre qui y est construite 1. L’église paroissiale est mentionnée en 1274, ecclesia de Petrosio (Pouillés, p. 118), et également un precemptor hospitalis pauperum de Petrosio au XIVe siècle (GCN I, Inst. col. 472). L’église est dédiée à saint Roch, mais ce ne peut être le titulaire d’origine, ce saint ayant vécu au XIVe siècle. Il pourrait s’agir de saint Marcellin comme nous le verrons ci après. Pour R. Collier l’église est un édifice composite mais dont le bas-côté nord paraît antérieur à l’ensemble de la bâtisse et remonterait au XIe siècle, vu l’appareil tel qu’il se montre en partie à l’extérieur. Ce bas-côté est couvert en berceau, ses fenêtres latérales ont été ouvertes tardivement (p. 56).
343. La chapelle Saint-Marcellin
L’église Saint-Marcellin est citée en même temps que celle de Peyruis, en 1274, elle est au-dessus ou proche de Peyruis : ecclesia Sancti Marcellini supra Petrosium, prior Sancti Marcellini propre Petrosium. Cassini est muet, le cadastre de 1811 signale un quartier St Marcelin au nord du village et au sud du ravin de Chante Merle. La carte IGN indique une croix à cet endroit pouvant situer l’ancienne chapelle. Le coutumier de 1835 relate que l’on fait une procession aux ruines de l’église St Marcellin le premier dimanche du mois de mai. Il y a l’absoute (2 V 73). Le fait que le prêtre donne l’absoute fait comprendre qu’il existait un cimetière renfermant les défunts de la première paroisse. L’attraction des paroissiens vers le premier lieu de culte et le champ des morts où sont ensevelis leurs ancêtres est un phénomène souvent relevé. C’est pourquoi, l’église Saint-Marcellin pourrait correspondre à la première paroisse ayant précédé celle du castrum et avoir donné son nom au titulaire de cette église. C’est à cet endroit d’ailleurs que la CAG signale du mobilier antique et médiéval (p. 340).
344. Eglise Saint-Pierre
En 963 ou 967 cette église est citée comme appartenant à l’évêque de Sisteron et est donnée au monastère de Ganagobie en même temps que les dîmes de la villa Petrosii. Nous sommes bien avant la création du castrum et cette villa a gardé son appellation carolingienne. Un seul indice permet de situer l’endroit où elle pouvait se trouver puisqu’elle n’est plus citée par la suite, c’est le quartier Saint-Pierre. Nous sommes un peu dans le même cas de Peipin où existe un quartier Saint-Pierre et où nous soupçonnons un prieuré. Mais ici il existe une référence et non des moindres. Nous sommes, comme à Peipin, en milieu ouvert, sur une terrasse dominant la Durance, aux abords de la via Domitia.
345. Chapelle Saint-Roch
La chapelle Saint-Roch est située à la sortie du village au NO, mais était auparavant à l’écart comme le montre le cadastre de 1811 et la carte de Cassini. Elle est entourée du cimetière de la communauté. Elle n’est pas citée à la fin du Moyen Age et son patronage fait appel à un protecteur contre la peste. C’est l’inventaire du 25 janvier 1906 qui en donne l’historique : la chapelle dite de St Roch, située au quartier du même nom, à l’extrémité du village, sol approximativement de 100 m². Elle ne comprend qu’une seule nef entièrement nue avec deux ouvertures. Un autel en bois. Chapelle contigue au cimetière et affectée aux cérémonies des enterrements. Elle a été construite après 1720 par souscription publique et appartenait lors à la confrérie des pénitents blancs. Elle a été déclarée propriété nationale par la Révolution et vendue le 27 septembre 1793. Après le rétablissement du culte, la commune de Peyruis a acquis cette chapelle (1 V 67). Le coutumier de 1835 relate les fêtes patronales : Les fêtes patronales de la paroisse sont celles de st Roch et de st Nicolas. Le jour de la sollenité de St Roch, on part en procession de la paroisse et on se rend à la chapelle dédiée à ce saint. Arrivés à la chapelle on y célèbre la messe paroissiale, on donne à baiser le bras du saint. Après la messe, on revient en procession à la paroisse, on porte les bustes de St Roch et St Nicolas, celui de St Roch a le pas d’honneur le jour de sa fête. Le jour de la fête de St Nicolas, on fait la procession avant la messe dans l’enceinte du village. L’année 1720 vit le fléau de la peste débarquer à Marseille et se répandre dans toute la Provence où il y eut 50 000 victimes. C’est à cette occasion que fut élevé le mur de la peste ainsi que des chapelles protectrices 2.
Synthèse
Peyruis présente au moins deux édifices pré castraux dont il ne reste malheureusement rien, Saint-Pierre et Saint-Marcellin, mais ils sont révélateurs d’une vie intense durant la fin du premier millénaire, suite à la riche occupation gallo-romaine.
1 GCN I, col. 684. Le texte est tiré du Livre vert : (Ours) donavit ecclesiae Ganagobensi, cum consilio canonicorum, decimas de villa Petrosii, cum ecclesia Sancti Petri ibidem constructa, quae ad ecclesiam suam pertinebat. L’auteur donne la date de 967. GC I, p. 29, donne par contre la date de 963.
2 Pour notre région voir l’étude de Jean-Pierre Joly, « La ligne du Jabron pendant la peste de 1720 », BSSL des Alpes de Haute-Provence, n° 360, 2008, p. 5-80.
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