Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. La petite commune, 849 hectares, est située au SO du département en limite avec celui du Vaucluse. Traversée par le Calavon, elle est formée de plateaux et de coteaux peu élevés. Le village est placé à l’extrémité d’un éperon rocheux à l’altitude de 520 mètres qui a été occupé durant la Préhistoire, puis par un oppidum protohistorique qui a livré du matériel de l’Age du fer et de l’époque romaine (CAG, n° 142, p. 329-331). On ne connaît pas le nombre d’habitants de 1315, mais en 1471, le territoire est déclaré inhabité. Par la suite, il ne dépassera pas les 230 habitants (215 en 1765, 228 en 1851). Aujourd’hui, il en compte une soixantaine. Le vocable apparaît vers 1113 lors du don de l’évêque Augier à ses chanoines de l’église de Oppeda 1. Puis, en 1274, de Apedeta (Pouillés, p. 49) et en 1277 où l’ecclesia de Opedeta fait toujours partie de la prébande du chapitre de la cathédrale d’Apt (GCN I, Apt, Inst. XIII, col. 137). En 1350, l’église est desservie par un vicarius, mais est cité également un prior sancte Andree Opedete (GCN I, Inst. Apt, XV, col. 138).
328. Le prieuré Saint-André
Tous les auteurs annoncent que le titulaire de l’église paroissiale est saint Didier et que l’église actuelle du village n’a été érigée qu’en 1834 à l’emplacement d’une petite chapelle (Féraud, p. 386, Collier, p. 380). Elle remplaçait une église dédiée à saint Didier, détruite en 1815, située dans la plaine (CAG, p. 330). Or en 1350 est cité un prieur de Saint-André qui ne correspond pas à ces données. Un quartier portant le nom de Saint-André figure sur la carte IGN 1500 mètres au sud du village. On le retrouve sur le cadastre de 1833 en section C 1, au pied de la falaise, mais sans bâtiment. C’est certainement à cet endroit qu’il faut placer ce prieuré dont on ne relève aucune trace par la suite. Il faut se souvenir qu’en 1471, le pays était inhabité et que le prieuré n’a pas dû été relevé.
329. La chapelle Saint-Didier
Il n’en subsiste que des ruines prés du cimetière de la communauté, au pied du village. En 1833, le cadastre la désigne sous l’appellation de masure de l’églize (section C 1). Dédiée à saint Didier, elle fut l’église paroissiale jusqu’en 1815 où elle fut détruite et remplacée par un sanctuaire plus commode pour les fidèles dans le village (CAG, p. 330). Féraud avance une autre date : cette chapelle servait d’église depuis le rétablissement du culte en France, l’ancienne paroisse ayant été démolie en 1803 à cause de son éloignement (p. 386). Achard précise que le saint Didier est celui qui fut évêque de Langres dont on célèbre la fête le 22 mai (II, p. 192). Plusieurs éléments de cette église furent transportés dans la nouvelle, dont les fonts basptismaux, une pierre décorée provenant probablement d’un sanctuaire antérieur au XIIe siècle et surtout une dalle d’époque carolingienne. Pour les archéologues, l’église romane Saint-Didier est un édifice qui succéda peut-être à une première église carolingienne.
330. Saint-Quentin
C’est Achard qui qualifie le quartier de Saint-Quentin de fief. Il est situé à l’ouest de la commune, séparé par l’éperon rocheux et les Gorges d’Oppedette. Il occupe à peu près un tiers de la commune actuelle. Cette entité est centrée sur les deux hameaux de Saint-Quentin que le cadastre napoléonien en section A détaille parfaitement en Hameau de St Quentin et en Haut St Quentin. Au nord de ce dernier est signalée une construction dite la Bastie. Le vocable Bâtie ou Bastide désigne au XIIIe siècle une maison forte élevée soit par un seigneur soit par l’autorité ecclésiatique. La fondation des bastides s’échelonne entre 1250 et 1320 et correspond à l’essor démographique et à l’aspiration de sécurité et de liberté qui va donner naissance à de nombreuses villes, particulièrement dans le Sud-Ouest. En Provence, cette création correspond plutôt à un ouvrage militaire et à la manifestation de l’autorité seigneuriale. Le fait que ce petit fief porte le nom de Saint-Quentin laisse supposer qu’une église paroissiale le desservait sous la titulature de ce saint évêque 2. Il est également probable qu’un premier habitat perché l’ait précédé sur la colline qui le domine, appelée le Collet, altitude 657 mètres.
Synthèse
La faiblesse des sources ne permet pas d’affirmer la réalité du prieuré de Saint-André et la présence d’une église dédiée à saint Quentin. Il existe cependant une probabilité qui demande à être concrétisée, constituant une piste à poursuivre. Par contre, l’église Saint-André semble bien remonter au haut Moyen Age, première paroisse en milieu ouvert qui a continué à desservir le village perché et qui finalement va disparaître seulement au début du XIXe siècle.
1 Cartulaire de l’église d’Apt, Vicomte Oscar de Poli, Paris, 1900, n° 59, p. 18-19
2 Ce dernier est problablement le saint évêque d’Apt qui vécut au début du Ve siècle.