Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Forcalquier. La commune est située à l’est de Forcalquier dans un paysage de plaines arrosées par le Lauzon et le Beveron et de coteaux peu élevés. Elle est traversée par l’ancienne voie domitienne et les traces d’occupation antique sont abondantes depuis la Protohistoire jusqu’à la fin de la période gallo-romaine (CAG, n° 138, p. 324-326). On ne connaît pas le nombre d’habitants en 1315, mais en 1471, le pays est inhabité. Le maximum de population sera atteint en 1851 avec 379 habitants, mais le terroir dépasse à peine les 1000 hectares. Niozelles apparaît en 1031 quand Isnardus et mon épouse Dalmacia avec mes fils, Isnard, Willem, Rostaing et Isoard, nous donnons ….. l’église fondée en honneur de saint Marcellin qui est dans le comté de Sisteron et dans le territoire de la ville Nuazellas avec les terres cultes et incultes, etc… Suivent les confronts des biens offerts où sont cités aqua Auson (le Lauzon) et rivum Beverun (le Beveron). Lors de la charte de Saint-Martin de Cruis, l’évêque de Sisteron Gérard Chevrier, entre 1060 et 1064, confirme l’appartenance à Saint-Victor de l’ecclesia sancti Marcellini ad Nuazellas (CSV II, n° 660, p. 8).
Cette église ne semble pas être celle du village actuel, en effet les Pouillés de 1274 énumèrent trois églises, dont l’ecclesia de Nuzellis qui est celle du village ; puis un prior Sancti Marcellini subtus Niuzellis, soit un prieuré situé sous Niozelles ; enfin un rector ecclesie Beate Marie juxta Niozelles, soit une église située près de Niozelles (p. 115-116). Au XIVe siècle, on retrouve encore les trois églises, celle du village est une prébande, prebendatus de Niuzellis, et dépend des deux chapitres de Sisteron et de Forcalquier ; c’est ce que confirme la carte n° 66 de l’Atlas en ajoutant que la titulature de l’église est à saint Etienne. L’église comme il se doit est desservie par un vicarius de Niuzellis. Est cité de nouveau le prior beate Marie de Niusellas ainsi que le prior S. Marcellini propre Niusellas, « proche de Niozelles » (GCN I, Inst. Sisteron n° XXXVI, col. 471 et 473). L’église paroissiale présente, selon Collier, des survivances d’une église du XVIe siècle (p. 173). Elle a été entièrement reconstruite en 1681 et Louis de Thomassin, évêque de Sisteron, vient la consacrer : par ses soins, ceux du chapitre de Forcalquier et de M. de Glandèves, seigneur du lieu, on construisit l’église paroissiale de Niozelles qu’il consacra sous le titre de saint Etienne, martyr, et lui donna pour patrons saint Alban et saint Candide (GC I, p. 134).
316. L’église de la bienheureuse Marie près de Niozelles
C’est sous cette appellation qu’est citée cette église en 1274 et au XIVe siècle. Elle n’apparaît plus par la suite sinon sous la forme d’une église ruinée signalée par Cassini et par le nom d’un quartier par les cartes modernes et dite Eglise Vieille. Le site est à 700 mètres au SO du village et pourrait constituer l’église paroissale d’origine lors de la création du castrum. En effet, à proximité, à l’est, vestiges situés près de la ferme appelée Vieille Eglise ; au sommet d’une butte, s’élève un tronçon de tour ronde, au joli appareil régulier collé sur un blocage de moellons : sa patine est grisâtre et elle peut dater du XIIIe siècle. Des murs de soutènement remontant au Moyen Age, en appareil régulier, sont plaqués çà et là, sur les flancs de la butte. Elle forme, à sa partie supérieure, un petit plateau inégal, bossué de pierres. Il dut y avoir là une agglomération, peut-être l’ancien Niozelles. Cette tour consitue un spécimen intéressant d’architecture militaire du Moyen Age et mériterait d’être conservée (Collier, p. 312). La CAG reconnaît sur cette butte un oppidum, des vestiges de remparts, d’une tour, ainsi que des céramiques du haut Moyen Age (p. 324).
317. Le prieuré Saint-Marcellin
L’église du prieuré, quand elle est donnée à Saint-Victor en 1031, existe déjà et appartient à des laïcs. C’est encore une de ces églises et ses biens qui ont été accaparés au Xe siècle par des petits seigneurs locaux lors des troubles survenus à cette époque en Provence. Cet Isnard de Niozelles est cité plusieurs fois par le cartulaire entre 1030 et 1057 et apparaît comme un personnage éminent. Il est en compagnie des vicomtes de Forcalquier et de Sisteron, ainsi que d’Isnard de Volonne et sert de témoins. Son épouse se prénomme Dalmatia 1. Son ascension sociale tient sans doute à ce que sa famille a participé avec le comte Guillaume à l’expulsion des Sarrasins à la fin du Xe siècle et a été largement pourvue en terres et bénéfices. C’est ainsi qu’il a hérité du prieuré et de ses terres. Le problème est qu’il ne reste aucune trace de ce prieuré qui est cité jusqu’en 1135 en possession de Saint-Victor. Aucune ruine, aucun toponyme pouvant le rappeler ne figurent sur Cassini, le cadastre napoléonien et les cartes actuelles. Les vestiges d’une nécropole ont été signalés à 300 m au sud de la motte castrale de la Grande Bastide, entre la N 100 et le Beveron. Elle était composée de tombes en lauzes comportant des céréamiques de l’Antiquité tardive et médiévale (CAG, p. 325). Mais il n’est pas sûr que le prieuré soit placé à cet endroit. Un autre toponyme, les Moines, déjà cité par Cassini, pourrait rappeler le souvenir des moines de Saint-Victor. Il est situé à 500 à l’est de la Bastide-Neuve.
Synthèse
On retrouve encore ici la succession des édifices religieux suite au déplacement de la population. C’est d’abord une église précastrale, peut-être déjà église d’une villa carolingienne, qui cède la place au regroupement dans le castrum avec une nouvelle église. Enfin, c’est le retour en milieu ouvert à partir du XVe-XVIe siècle.
1 CSV II, n° 713, p. 59 en 1030 ; n° 659, p. 6 en 1044 ; n° 793, p. 145 en 1057.