Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Saint-Etienne-les-Orgues. La commune est située au bas de la pente sud de la Montagne de Lure et de la commune de Cruis. La population, répartie sur 1975 hectares, n’a jamais atteint les 400 habitants. Montlaux ou plutôt Montlaur suite à une déformation aberrante, est cité en 1203 et deux fois en 1204, avec un certain Poncius de Montelauro (RACP, n° 29, p. 34, n° 36, p. 45, n° 36, p. 49). Puis, en 1274, apparaissent deux églises, l’ecclesia Montis Lauri et l’ecclesia de Mala Tortella (Pouillés, p. 115-116). Jusqu’au début du XXe siècle, Mala Tortella avait été placé à Mallefougasse. C’est ainsi que GCN le situe, prior sancti Petri de Mala Tortella à Mallefougasse (I, Inst. col. 472). Même l’abbé Féraud reproduit l’erreur assimilant le toponyme Malatortula à Mallefougasse (p. 404) (1) .

Le castrum de Montlaur était situé au centre de la commune sur une colline élevée. Féraud rapporte que l’ancien village, dont il ne reste que quelques maisons, était bâti sur une éminence. Son église paroissiale est dédiée à St-Jacques et St-Christophe (p. 415-406). Il est signalé sur les cartes actuelles comme ruiné, mais figure sur le plan cadastral napoléonien de 1832 avec le château, l’église composée d’une seule nef prolongée par une abside en hémicycle et une dizaine de maisons (section C). Collier décrit ainsi le site : on a là, dominant la poignée de maisons ruinées du village et se campant à la pointe d’un éperon, d’assez proéminents restes de fortifications : pans de murs d’un rempart qui devait couper transversalement le plateau, donjon dont le temps n’a épargné qu’une vigoureuse encoignure (p. 313). D’abord dépendant de l’abbaye de Cruis, le prieuré Saint-Jacques revint ensuite dans les mains de l’évêque de Sisteron (Atlas, carte 72 et Abbayes et Prieurés, p. 72).

Le village n’a abrité que peu de maisons, une dizaine au plus, le reste des habitants étant réparti dans tout le territoire en petits hameaux et fermes isolées. L’un de ces hameaux a pris un peu plus d’importance, celui des Jacons où une église est rebâtie en 1828 selon l’abbé Féraud suite à sa destruction lors de la révolution (p. 406). L’inventaire de 1906 est moins précis : l’église paroissiale a  été bâtie, parait-il, en 1820 ou 1830.  Elle ne figure pas en tout cas  sur Cassini mais sur le cadastre de 1832 elle est dite chapelle St Jacques et non église comme celle du castrum. Elle a repris la titulature de l’église du castrum, saint Jacques auquel a été ajouté comme protecteur saint Christophe.

288. Le prieuré Saint-Pierre

Il est cité comme on l’a vu en 1274 par les Pouillés qui le situe à Mont-Saint-Pierre, ecclesia de Mala Tortella. La titulature est confirmée par le GCN avec un prior sancti Petri de Mala Tortella. On ne connaît ni son origine ni son appartenance. La CAG situe les ruines du prieuré vers le lieu-dit Mont Saint Pierre situé dans la plaine et rapporte qu’en 1862 un sarcophage avec couvercle en bâtière y a été découvert. Dans les environs, plusieurs nécropoles (datation non précisée) ont été signalées à la même époque (p. 310). Le cadastre de 1833 (section A 3, parcelle 978)  figure sous l’appellation Mont St Pierre un  bâtiment orienté, composé d’une nef prolongée par une abside en hémicycle et d’un bas-côté sur le côté nord. Il est situé à une centaine de mètres au sud du Pigeonnier, pas tout à fait au même endroit signalé par la carte IGN moderne. Sur Cassini seul figure le Pigeonnier. Le contexte où est situé ce prieuré semble le faire relever d’une implantation du haut Moyen Age, sinon plus ancienne, la titulature, le milieu ouvert, le sarcophage et les nécropoles militent dans ce sens.

Synthèse

On a ici encore le schéma qui se découvre un peu partout, une première église en milieu ouvert sur un site antique avec nécropoles et sarcophage, puis une église perchée dans le castrum, enfin un retour dans la plaine avec une dernière église paroissiale d’époque moderne.


1. Voir la note 1 des Pouillés de Sisteron, p. 115. Le provençal tourtello, tourtel, tourto signifie « tourte », « galette », synonyme de « fougasse ».

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry