Faisait partie du diocèse d’Embrun et de la viguerie de Seyne, aujourd’hui dans le canton de Seyne. Cette commune de 2338 hectares est située au nord de Seyne et de Selonnet dans un milieu très montagneux où l’altitude des habitats dépasse les 1200-1300 mètres. La population est répartie en une quinzaine de hameaux, sans centre important pouvant constituer un chef-lieu. Comme dans la majorité des cantons de Seyne et de Barcelonnette, le milieu montagneux et la difficulté des chemins en période hivernale ont obligé l’autorité ecclésiastique à créer deux paroisses et plusieurs succursales. La population a oscillé entre 500 et 600 habitants depuis le XIVe siècle, avec bien sûr une régression à la fin du XVe siècle (225 habitants). Comme le remarque l’abbé Féraud, si le pays ne produit pas de vigne ni de fruits, il est excellent pour les pâturages (p. 78).

On ne connaît pas la date où les deux paroisses de Saint-Michel et de Saint-Pierre ont été érigées. D’après l’abbé Féraud, recopiant l’abbé Albert, l’église Saint-Michel a été construite en 1645 et Saint-Pierre sur une chapelle fondée en 1555 (p. 79). La paroisse Saint-Michel, au hameau de Serre Nauzet, desservait quatre succursales. Elles sont dénombrées par l’enquête sur les lieux de culte de 1899 :
. chapelle au quartier de la Vilette construite en 1830,
. chapelle au quartier de S. Jean construite en 1644,
. chapelle au quartier du Risolet de 1738,
. chapelle Saint-Léger

On connaît leurs titulaires grâce aux visites de 1859 et 1863 : St-Jean, St-Léger, St-Grégoire et St-Jacques, sans pouvoir attribuer le titulaire aux chapelles du Risolet et de la Vilette. L’abbé Albert avance que l’Ordre de Malte possèdait des biens fonds au hameau de saint-Jean, appelé également la Commanderie (p. 271).

La paroisse Saint-Pierre n’avait pas de succursales mais desservait deux chapelles sur son territoire, Sainte-Anne qui, en 1859, est assez propre avec les objets nécessaires pour  dire la messe, et la chapelle au quartier des Salettes qui est située entre les deux paroisses. Cette dernière est qualifiée d’ancienne paroisse en 1899. Elle est dressée sur une colline accompagnée d’une horloge et peut effectivement correspondre à une église castrale.

280. Chapelle Saint-Léger

Cette chapelle est située au nord de la commune au NO du Col St-Jean, à 1354 mètres d’altitude. Nommée St Lagier par le cadastre de 1819, R. Collier qualifie son architecture de roman rustique du XIIIe siècle. Elle est composée d’une nef à travée unique, voûtée en berceau sans doubleau avec un chevet plat  (p. 141-142). Il faut noter son orientation vers l’est. Elle a été restaurée en 1968-1969. Le coutumier de 1835 signale que le dimanche qui précède la fête de saint Jean, procession à la chapelle de saint Léger. Et l’abbé Féraud d’ajouter : parmi les quatre chapelles rurales que l’on trouve dans le territoire de cette paroisse, celle de Saint-Léger se distingue par son antiquité, elle remonte aux premiers siècles de l’Eglise. Sept communes environnantes venaient y ensevelir leurs morts. Cette assertion semble difficile à admettre, du moins pour les inhumations, mais peut être comme lieu de pèlerinage.

Les processions extraordinaires dans la montagne

C’est le coutumier de 1835 qui révèle deux processions faites à la montagne. Il n’a a pas de chapelle ni de croix où se rendre, mais seulement une montée sans doute ardue sur un sommet : on fait une procession extraordinaire le premier jour de l’Ascension sur la montagne appelée le château ; la seconde le dimanche d’après la fête de saint Pierre sur la montagne de Lachan, les deux paroisses se réunissent dans ces deux processions. La montagne dite le Château  est citée par les cartes modernes et située à 1500 mètres au nord de la chapelle Saint-Léger, à 1326 mètres d’altitude. Il en est de même pour la montagne de Lachan, Lachaux par le cadastre napoléonien, La Chau sur les cartes modernes. Le site est au SE de Saint-Jean-Montclar, à près de 4 km à vol d’oiseau et à 1894 mètres d’altitude où est signalée une cabane. Zones de pâturages, les paroissiens montaient peut-être sur ces sommets afin de les sanctifier par leurs prières et prier que le Ciel protège leurs bergers. On rencontre le même phénomène dans la commune de Jausiers à Notre-Dame des Prés Hauts où l’on célèbre encore aujourd’hui une messe des bergers.

Synthèse

On remarque ici le soin de l’autorité ecclésiastique à rendre relativement confortable la pratique religieuse dans des contrées difficiles. Les paroissiens assument ces difficultés et demandent le secours du Ciel pour assurer leur activité principale, l’élevage des moutons. Les deux processions à la montagne semblent bien refléter ce besoin.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry