Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune s’étend sur plus de 6500 hectares sur la rive gauche de la Durance et offre une vaste terrasse propice aux cultures. Aussi en 1315 elle comptait 1150 habitants. Après la chute due aux guerres et à la peste, plus que 420 habitants en 1472, elle se redresse pour dépasser les 2000 en 1765 et parvient aujourd’hui à plus de 3400 habitants. Le territoire a livré plusieurs traces d’occupation antique avec la découverte de monnaies, de sépultures, une nécropole à sarcophages et divers témoins de moindre importance comme des tegulae. Les Mées est cité au XIe siècle et en 1098 (CSV n° 711 et 697) sous la forme de las Metas, signifiant « les bornes », dénommant ainsi les formations pédologiques dites aujourd’hui les Pénitents (CAG, n° 116, p. 291-292). Le castrum est déjà formé à cette date puisqu’il est signalé comme castrum de las Metas.
Si la voie domitienne passait de l’autre côté de la Durance, il apparaît qu’une voie importante empruntait également la rive gauche. C’est ce qui ressort d’un texte du 29 mars 1229 où le comte de Provence Raymond Bérenger V interdit à tout marchand originaire du comté de Forcalquier, descendant en Provence ou en revenant, d’emprunter une route provençale par Cadarache, les Mées ou Digne, leur prescrivant de suivre la route du comté de Forcalquier par Vallelongue, Forcalquier et Peyruis (RACP, n° 127, p. 236). L’église paroissiale est citée en 1274 et 1351 avec un prior de Medis (Pouillés, p. 106 et 112). Bartel nous révèle que l’église paroissiale est sous le titre de Sainte-Marie de Olea, dépendant de la mense du chapitre de Sisteron (p. 54-55). Sainte-Marie de l’Olivier, comme l’atteste également Féraud, indique l’importance de cette culture qui fait la richesse du territoire (p. 177). L’étendue et cette richesse ont favorise l’implantation de plusieurs prieurés.
246. Le prieuré Saint-Antoine
C’est le premier cité par les sources médiévales en même temps que le nom des Mées. Au XIe siècle et en 1098 apparaît l’ecclesia sancti Antonii in territorio castelli quod nominatur Metas. Cette église, quand elle est donnée à Saint-Victor, existe déjà et appartient à un certain Ripert de Mévouillon, ancien évêque simoniaque de Gap destitué par le pape, sans doute en 1060 (Poly, p. 261, note 63). Dans ce texte, il est nommé avec sa femme Béatrix et ses fils Ripert, Isnard, Pierre, Rambaud et Hugues, mais sans titre d’évêque (voir également CGN, I, col. 468 et Manteyer, p. 291, n. 1 et 360, n. 6). Encore citée en 1098, l’église n’apparaît plus lors des confirmations de 1113 et de 1135. Absente chez Bartel, de la carte de Cassini et du cadastre napoléonien, il est probable qu’elle fut très tôt abandonnée. Seul, un oratoire dit de St Antoine, perpétue sa mémoire. Il est situé à plus de 3000 mètres au SE du village au bord d’un plateau à 780 mètres d’altitude. D’après J.-J. Esmieu, il aurait été élevé à l’emplacement d’une chapelle qui existait encore en 1506 (1). Vu son ancienneté et son implantation, ce prieuré peut être rangé parmi les édifices pré castraux, desservant un habitat dispersé.
247. Chapelle Saint-Roch, ancienne paroisse
Elle est située au plus haut du village sur une plate-forme aménagée dans la barre rocheuse. Esmieu y reconnaît l’église paroissiale d’origine sous le titre de Saint-Sépulcre, devenue ensuite simple chapelle et vendue comme bien national à la Révolution (p. 410). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 réaffirme ces informations, chapelle S. Roch, autrefois église paroissiale sous le titre du St Sépulcre, appartient à la famille Clément depuis la Révolution. Messe et vêpres le 16 août sans plus. Le changement de titulature a dû s’effectuer au début du XVIe siècle, en protection contre la peste. R. Collier en donne une succincte description, la chapelle Saint-Roch, pittoresquement située à l’angle de l’espèce de gorge au débouché de laquelle s’étale le bourg. Si son intérieur est quelconque, rectangulaire, sans travées, voûté d’un berceau plein cintre rejoignant progressivement l’aplomb des murs, l’appareil extérieur est par contre, pour une large part, régulier, de petit module, presque cubique (fin XIe, début XIIe). Au-dessus de la porte, en plein cintre, se trouve un clocher-arcade (p. 57). Abandonnée au culte depuis 1960, elle a fait l’objet de restaurations par la mairie et l’Association Les Amis des Mées (2) .
248. Notre-Dame de Plein Champ ou de Champlan, prieuré rural
Ce prieuré est cité par Bartel comme prieuré rural sous le titre de Beatae Mariae de Plenis Campis dont le bénéfice revient au chapitre de Sisteron (p. 55). Le pouillé de 1730 y reconnaît également un prieuré rural Notre-Dame de Champlan, l’évêque de Riez en est le collateur. Parmi les charges : entretien du prieuré (5 G 4). Elle est encore citée par Abbayes et Prieurés en tant que prieuré Notre-Dame de Pleins-Champs, de Plenis Campis (p. 63). L’église N.D. de Champlan est encore signalée en état par Cassini, de même par le cadastre de 1824 sous l’appellation Notre Dame (Section A 2, parcelle 148), mais à la fin du XIXe siècle elle n’est plus citée lors des visites pastorales.
Les ruines de l’église sont situées au nord de la commune, non loin de la Bléone, en plein champ. La carte IGN indique Eg. Ruinée dans le quartier Notre-Dame. L’édifice est parfaitement orienté. Il subsiste l’abside sur toute la hauteur avec une partie de la voûte en cul-de-four. L’appareil extérieur est en galets de la Durance liés au mortier. Les deux murs latéraux sont en partie effondrés et il est impossible de pénétrer à l’intérieur à cause du réseau dense des épineux. Le bâtiment devait être d’importance vu la dimension de l’abside. Celle-ci présente à l’intérieur une demi-coupole en cul-de-four formée de petits moellons presque carrés disposés en lits horizontaux. Contre le mur sud a été construit un bâtiment en appentis moderne, là où devait se trouver le prieuré. Dans le champ contigu à l’est la photo aérienne révèle un bâtiment antique composé de trois salles. Il est fort probable que nous soyons sur un site antique, revitalisé sans doute au haut Moyen Age, certainement au début du deuxième millénaire. En plein champ, comme l’indique son nom, en milieu ouvert, loin de toute agglomération, cette église fait partie des premiers lieux de cultes ruraux.
249. Chapelle Saint-Pierre
Cette chapelle en ruine se trouve à 2000 mètres au sud des Mées au bord de l’ancien chemin menant à Oraison ainsi qu’elle est signalée sur la carte de Cassini. C’est cette route qui est mentionnée en 1229 par R. Bérenger V. Cassini et aujourd’hui les cartes modernes sont les seules indications de cette chapelle qui n’est citée dans aucun document, même pas lors des visites pastorales du XIXe siècle. Il subsiste aujourd’hui le mur plat du chœur et les deux murs latéraux, offrant une surface de 6 x 4 m. L’édifice est orienté vers le nord à 20 ° Appareil de galets et mortier. Epaisseur des murs, entre 1,20 à 1 m. Etait couverte d’une voûte dont on reconnaît le départ sur les deux murs latéraux. Quatre contreforts, deux de chaque côté, les soutenaient à l’extérieur. La façade a complètement disparu. Il ne traîne, en surface et aux abords, aucun mobilier antique. Il est difficile de qualifier cette chapelle de « romane ». Il s’agit sans doute d’une chapelle de protection sur un chemin emprunté par les voyageurs. J.J. Esmieu la date au cours du XVIIe siècle.
250. Chapelle Saint-Michel
Seul subsiste actuellement le lieu-dit St Michel à 4500 mètres au SO des Mées, à l’ouest de la D 4. Cassini indique une chapelle en état sous le nom de St Michel. Elle est mentionnée en 1274 desservie par un vicarius Sancti Michaelis de Pallairols et en 1351 comme ecclesia Sancti Michaelis de Palhayrosco (Pouillés, p. 106 et 112). Elle est située en effet non loin de Paillerol. Bartel nous renseigne sur le prieuré comme étant un bénéfice d’un prieuré rural sous le vocable de Saint Michel appartenant au monastère de la B. Marie de Ganagobie de l’ordre de Cluny (p. 55). Ce que confirme le pouillé de 1730, prieuré rural de saint-Michel, dépend de l’infirmerie de Ganagobi, information reprise par Abbayes et Prieurés, prieuré Saint-Michel, dépendant de Ganagobie (p. 63). Guy Barruol place le prieuré à Dabisse, 1000 mètres plus au sud, Saint-Michel à Dabisse, prieuré de Ganagobie (3) Le site a livré des sépultures et des lampes sépulcrales (Esmieu, p. 6). Nous sommes sans doute encore en présence d’un site antique revitalisé par une église et un prieuré à l’époque médiévale.
251. Prieuré de Paillerol
Filiale de l’abbaye de Chalais, le prieuré fut édifié au cours du XIIe siècle. Il est cité dans une bulle du pape Alexandre III en 1176. On le retrouve mentionné par les Pouillés du diocèse de Riez en 1274 avec le comendator domus de Pallayrols, puis en 1351 comme domus de Palharosco (p. 108 et 111). Déserté par les moines au XVe siècle, il reste cependant la propriété de Boscodon et devient une exploitation sous le nom de château de Pailherols, grande ferme d’exploitation dans le riche terroir céréalier. Le Pouillé de 1730 reconnaît cette dépendance, prieuré de Paillerols sous le titre de Saint Honoré, à l’abbaye de Boscaudon. La chapelle, de plan rectangulaire, voûtée en berceau, a été rasée lors de la construction du canal de l’E.D.F. en 1960.
252. Chapelle Saint-Honorat ou prieuré Saint-Blaise (4)
La première indication de ce prieuré est fournie par Bartel, bénéfice ou prieuré rural sous l’invocation de saint Blaise in agro Mediarum, dépendant de la mense de l’abbaye de Boscodon (p. 59). Féraud en fait l’église paroissiale du Plan-des-Mées (p.177). Abbayes et Prieurés la font dépendre aussi de Boscodon, prieuré Saint-Blaise de Palleirosc, dépendant de Boscaudon (p. 63). G. Barruol en fait une dépendance de l’Ordre du Temple au milieu du XIIIe siècle et la décrit ainsi : l’église de cet établissement, sous le titre de Saint-Blaise (?), bien conservée mais abandonnée, est un édifice de plan cruciforme du début du XIIIe siècle. La nef, les bras du faux transept et le sanctuaire – où se trouve encore en place l’autel tabulaire d’origine – sont couverts de voûtes en plein cintre. Deux portes donnent accès à l’édifice : celle de l’Ouest, qui borde la voie publique, est surmontée d’un puissant linteau monolithe et d’un faux tympan orné d’une belle croix ancrée en bas relief … ; celle du sud met en communication la nef avec le cimetière qui s’étend aujourd’hui largement autour du monument ; une seule baie, très ébrasée vers l’intérieur, éclaire l’édifice (5).
D’après quelques données succinctes, cette chapelle fut l’église paroissiale du Plan-des-Mées. C’est ce qui est dit le 9 novembre 1891 lors d’une visite pastorale, chapelle rurale St-Honorat, ancienne paroissiale, en ruine et réaffirmé en 1894, chapelle rurale, l’ancienne église St-Honorat. Il semble que l’on ait effectué des réparations car en 1899, chapelle Saint-Honorat, ancienne église paroissiale, date de plusieurs siècles. Messe 3 ou 4 fois par an. R. Collier en donne la description, la chapelle saint-Honorat, près de Paillerols, dut dépendre jadis de l’abbaye de Boscodon, à laquelle appartenait le domaine de Paillerols, témoigne de structures romanes ; la nef, les bras du faux transept, le chevet plat, sont couverts de voûtes en plein cintre. Un beau et massif tympan monolithe, sur lequel est sculptée une croix ancrée, surmonte la porte ouest ; les encadrements des baies, les pilastres, peuvent aussi remonter au XIIIe siècle p. 141). La chapelle est située au lieu-dit les Petits Camps et a été classée MH en 1983.
253. Chapelle Saint-Pierre à Bel-Air
Cette chapelle est seulement signalée par la carte de Cassini sous le nom de St Pierre accompagnée d’un petit hameau. On retrouve son emplacement aujourd’hui, bien que l’édifice soit détruit. La carte IGN place un quartier Bel-Air en ruine à l’est de la D 4 menant à Malijai, presque en face de l’église Notre-Dame de Champlan. Saint-Pierre subsiste avec le nom d’un ravin qui côtoie le site à l’est, le ravin de san Peyre, ainsi qu’un quartier du même nom. Il s’agit sans doute d’une chapelle succursale élevée pour desservir un hameau et quelques fermes isolées loin du chef-lieu.
Synthèse
Le territoire des Mées, vu sa richesse et son implantation sur la rive de la Durance a attité très tôt les colonisateurs, dont les premiers furent les Romains qui mirent le terroir en culture. S’il n’existe pas de sources écrites sur le peuplement après l’Antiquité, on découvre cependant des indices révélateurs. Ainsi, le prieuré Saint-Antoine dont l’existence est attestée au XIe siècle, aux mains d’un évêque symoniaque dont la famille s’est nourrie de rapines durant le Xe siècle. C’est également le cas du prieuré Notre-Dame qui porte le titre évocateur de Plein Champ, établi sur un site antique. Saint-Michel avec ses sépultures et en milieu ouvert, ouvre également une possibilité d’un établissement pré-castral.
1. Esmieu J.-J., Notice historique et statistique de la ville des Mées, Digne, 1805.
2. Site Internet de l’Association, d’un grand intérêt.
3. Collectif, Ganagobie, mille ans d’un monastère en Provence, Les Alpes de Lumière, n° 120-121, 1996, p. 31.
4. Comme on peut le constater la chapelle est tantôt sous la titulature de saint Blaise, tantôt sous celle de saint Honorat. Il s’agit cependant du même édifice. Aussi, nous avons consacré un paragraphe pour chaque dénomination afin de faciliter la compréhension des données.
5. Provence Romane 2, p. 238. L’auteur ne fournit pas le document permettant de vérifier la dépendance à l’Ordre du Temple. R. Collier et Durbec ne citent pas ce prieuré parmi les biens de cet Ordre (« Les Templiers en Haute-Provence », BSSL, Digne, T XXXVI, 1960, p. 194-196). Tous les autres auteurs le font dépendre de Boscodon.