Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton des Mées. Le village est perché sur une colline dominant la vallée de la Rancure. Le territoire de près de 3000 hectares est composé de plateaux et de coteaux entrecoupés par de nombreux torrents. La population atteignait les 730 habitants en 1315, mais était réduite à 180 en 1471. Elle va retrouver à peu près le nombre de 1315 en 1765 (646 habitants), puis décroître de nouveau pour aboutir à 112 en 1962 (Atlas, p. 174). Le castrum de Antravenis est cité en 1252 joint à celui du Castelleto, le Castellet (Enquêtes n° 568, p. 35). En 1274, sont cités un prior de Antravenis et un capellanus de Antravenis, puis en 1351 l’ecclesia de Antravenis (Pouillés, p. 106 et 112). Le prieur et le chapelain cités en 1274 évoquent deux églises, une paroissiale et une priorale. L’église paroissiale, dans le village, est celle du castrum. Elle est d’origine romane avec de nombreux remaniements et des adjonctions postérieures (1). Elle est dédiée à Notre Dame et a comme patron saint Martin. Féraud précise qu’il s’agit de Notre-Dame de l’Assomption. Bartel annonce qu’elle est sous le sous le titre de la B. Marie de villa veteris (p. 53-54). Cette dénomination que l’on peut traduire par ville vieille fait appel à un habitat abandonné qui ne peut correspondre à celui du village perché. Il faut donc chercher quel peut être cet ancien habitat.
169. La chapelle Notre-Dame de Santé sur un site antique
La première citation date de 1730 dans un Pouillé du diocèse de Riez, chapelle Notre-Dame de la Santé, fondée depuis trois ans dans le terroir d’Entrevennes, le sieur Augustin Martin bourgeois d’Entrevennes en est le patron laïc (5 G 4). Elle répparaît lors des visites pastorales de 1845 à 1892 sous le titre de Notre-Dame, mais sans commentaire. En 1888, on signale cependant qu’elle a été restaurée. Ce n’est qu’en 1899 qu’elle revient sous sa première appellation, chapelle Notre Dame de Santé, à un quart d’heure du village, donnée à la Fabrique en 1828 ; messe deux fois par an et quand les habitants le demandent.
La chapelle, encore en bon état actuellement, est implantée en plein champ, en légère surélévation sur un tertre semble-t-il artificiel et à l’aplomb de la vallée, à quelques 1000 mètres du village. Elle côtoie à l’est l’ancienne route allant à Saint-Julien d’Asse. L’édifice orienté vers l’est est composé de deux corps, celui de l’ouest étant plus récent que le coté du choeur et de l’abside. La porte d’entrée, à l’ouest, porte sur la clef de l’arc plein cintre de l’encadrement la date de 1856 (2). Seule cette façade est crépie, les autres murs présentant un appareil formé de galets disposé en lits plus ou moins rectilignes, noyés dans du mortier.
Aux alentours, dans les champs de lavande, traînent des fragments de tuiles romaines que ne signale d’ailleurs pas la CAG. Le quartier porte deux noms, Notre-Dame ou Plaine Notre-Dame et Rome, ce dernier toponyme donnant son nom également à un ravin. Les paroissiens ont doté et entretenu la chapelle et y viennent au moins deux fois par an en pèlerinage. La fondation du sieur Martin en 1727 n’est pas une création, seulement une dotation de la chapelle. Le pèlerinage est un retour, comme bien souvent, aux origines de la communauté. Il s’agit peut-être du premier habitat précastral installé sur un site antique et dont la titulature à Notre Dame a été repris pour l’église du castrum. C’est pourquoi elle était dite Notre-Dame de villa veteris.
170. La chapelle Saint-Michel du cimetière
Figurée sur Cassini et sur le cadastre de 1824, cette chapelle est située aux abords du village, près de la route menant à Saint-Julien d’Asse. Elle est accompagnée du cimetière de la communauté. Elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle et en 1899 la chapelle S. Michel, attenante au cimetière, sert aux enterrements. Messe deux fois par an ; date inconnue ; non autorisée. L’édifice, orienté à 110°, présente un long vaisseau avec un chevet plat. Ce dernier offre, à la base, trois lits superposés horizontaux formés de gros galets de même calibre. On retrouve cet appareil également dans la base du mur côté route. L’entrée présente une porte que l’on peut qualifier de « cochère » formée par un arc légèrement surbaissé. Les piédroits, composés de moellons équarris, présentent une large moulure chanfreinée. De chaque côté de la porte, aux angles, deux gros piliers de forme ronde, engagés dans le mur, donnent à l’édifice une allure de petit château. Au-dessus de la porte, oculus ouvert vers l’extérieur. Sur le faîte clocheton portant une cloche. L’édifice aujourd’hui n’est pas en très bon état et sert d’entrepôt.
Cette chapelle pose problème car elle présente des éléments que l’on peut attribuer à l’époque précastrale. L’orientation vers l’est est d’abord une caractérisque de la période romane et l’appareil lité en galets que l’on remarque à la base des murs renvoie au premier âge roman, fin Xe-XIe siècles. Il faudrait donc placer cette église avant celle du castrum. Elle est d’ailleurs en milieu ouvert, non défensif, accompagnée du cimetière, ce dernier ayant continué sa fonction de champ des morts pour la communauté. Il est possible qu’elle soit celle qui est desservie par un prieur en 1274, tandis que celle du castrum, l’est par un chapelain. En 1351, elle n’est plus citée, seulement l’église du castrum, ecclesia de Antravenis.
171. La chapelle du hameau d’Ajonc
Elle est citée au XIXe siècle, mais ne semble pas figurer sur la carte de Cassini, ce qui indiquerait une édification au début du XIXe siècle. C’est l’abbé Féraud (p. 183) qui nous fait connaître sa titulature, le hameau d’Ayons a une chapelle dédiée à Notre-Dame, c’était jadis une annexe de la paroisse d’Entrevennes. On y fait aujourd’hui les offices publics, le jour de la Nativité de la Sainte-Vierge (8 septembre). Les cartes modernes indiquent la chapelle et un cimetière.
Synthèse
La chapelle Notre-Dame, par sa situation, son implantation, le pèlerinage qui s’y faisait et l’environnement, paraît bien relever des premières paroisses. En plein champ, isolée, sur un site antique et près d’une voie de passage, elle desservait un habitat dispersé sur le plateau.
(1) Alpes Romanes 2, p. 52. Collier, p. 100. Alpes Romanes reconnaît qu’elle ne peut pas être antérieure à la fin du XIIe siècle.
(2) Cette date n’est pas celle de l’édification de la partie ouest, mais seulement de réparations et d’installation d’une nouvelle porte, le cadastre de 1824 dessinant l’édifice tel qu’il se présente encore aujourd’hui.