archeoprovence

communes

Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Riez, aujourd’hui dans le canton des Mées. Au nord de Valensole, la commune occupe une superficie de 1887 hectares sur le plateau de Valensole, arrosée par deux torrents, l’Asse et le Rancure près duquel est établi le village du Castellet (1). Le castrum du Castelletum apparaît au début du XIIIe siècle avec la dénomination d’Antravenis pour le distinguer des autres Castellet. Les Pouillés de 1274 (p. 106) nous font découvrir trois établissements religieux avec un vicarius Castelleti, un prior Sancti Petri de Castelleto et un prior de Taillas. Le vicaire dessert l’église paroissiale dédiée à saint Pierre dont on remonte la construction à 1622 (Atlas, Féraud). Il faut peut-être alors comprendre que cette nouvelle église a remplacé celle du castrum situé à Villevieille, où, selon Féraud (p. 193), il y avait un vaste et beau château dont il ne reste plus que les décombres.

90. Le prieuré Saint-Pierre

Ce prieuré, sous le titre de saint Pierre, est signalé dépendant de l’abbaye Saint-André de Villeneuve par Atlas (carte n° 75), et Abbayes et Prieurés (p. 62). La première mention remonte à 1274 par les Pouillés, prior Sancti Petri de Castelleto (p. 106). Abbayes et Prieurés ajoute que le prieuré fut uni à l’infirmerie au XIIIe siècle (p. 62). Dans le compte des décimes de l’année 1351, l’ecclesia Sancti Petri de Antravenis, identifiée par l’auteur des Pouillés (p. 111) comme étant Saint-Pierre, près le Castellet, est considérée comme une église secularium et non monacorum. On ignore la date de fondation de ce prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine Saint-André de Villeneuve, les revenus étant attestés aux XIIe et XIIIe siècles (SAV, p. 217). Il est intéressant de noter que l’église paroissiale du Castellet est, elle aussi, sous la titulature de saint Pierre. Il est probable que le prieuré soit alors l’église pré castrale du territoire et que sa titulature se soit transmise, comme bien souvent, à l’église du castrum construite par la suite.

Achard signale le prieuré comme rural : il y a un Prieuré rural sous le titre de S. Pierre. Il est également cité par Cassini (n° 153) avec une chapelle en état. Curieusement, l’abbé Féraud n’en parle pas. Pourtant, la chapelle est encore en état en 1888, une chapelle près du village, à St-Pierre patron du lieu et en 1891, une chapelle rurale à 1 kil, St-Pierre. L’année suivante, il faut la réparer et le 19 novembre 1894, la chapelle de St-Pierre : les réparations demandées et indispensables n’ayant pas été faites, nous déclarons de nouveau qu’aucune cérémonie religieuse ne pourra y être faite jusqu’après des réparations convenables (2 V 93-94). Il n’en est fait plus aucune mention par la suite, les réparations n’ayant pas été effectuées, la chapelle du prieuré tombe en ruine. Il n’en reste plus, sur les cartes modernes, que la mention le Prieuré, Anc. Chap. et une abside de facture romane intégrée à un hangar agricole abandonné (2). Il est situé au confluent du torrent de Puimichel et du torrent de Rancure, à 1 kil au NE du village.

91. Le prieuré rural Saint-Pierre de Taillas

Taillas réunit un château et un domaine qui s’étend le long de l’Asse, à plus de 5 km au sud du village du Castellet. Au Moyen Age il constituait un fief distinct comptant 5 feux en 1315 (Atlas, p. 169). Une occupation antique se révèle à proximité du château par la présence d’une villa relativement importante. Le domaine de Taillas pourrait avoir des origines antiques (CAG, n° 041, p. 125). En outre, une voie antique présumée venant de Bras d’Asse, suivait la rivière par la rive droite, passait par Taillas pour rejoindre la Durance. La communauté médiévale de Taillas, répartie en fermes dans la campagne était desservie par une église dédiée à saint Pierre. Elle est citée par les Pouillés vers 1350 avec un prior de Teillars, puis en 1351 avec une ecclesia Sancti Petri de Telhars. Bartel confirme cette titulature, prieuré rural Saint-Pierre, mais le place sur la commune de Brunet (p. 69). Il semble que ce soit un édifice construit près du château. C’est ce que suggère Achard : à Taillas, il y a un prieuré rural sous le titre de saint Pierre. La chapelle continue d’être citée lors des visites pastorales du XIXe siècle. En 1845 et 1865, chapelle rurale de la campagne de Taillas ; en 1888, 1892, une chapelle rurale au château de Taillas ; en 1894, la chapelle est qualifiée de domestique, c’est-à-dire privée.

92. Notre-Dame de Taillas

Quatre lieux-dits Notre-Dame sont encore cités par les cartes IGN modernes. L’un est situé à 1000 m à l’est du château de Taillas, les trois autres au NE du château, à 1000 m et 1500 m, le second signalant une ruine et le dernier dit Notre-Dame de Taillas. La carte de Cassini (n° 153) situe à ce dernier endroit une chapelle en état sous la même appellation. Deux problèmes surgissent au sujet de ce Notre-Dame. D’abord la carte IGN moderne situe Notre-Dame de Taillas et Notre-Dame, ruines sur la commune d’Entrevennes, en limite communale avec la commune du Castellet. En deuxième lieu, aucune mention n’est faite de cette chapelle, à aucune époque de l’histoire, aussi bien sur la commune du Castellet que sur celle d’Entrevennes. Elle existait pourtant bien à l’époque de la carte de Cassini puisqu’elle y figure. Son origine reste obscure jusqu’à ce que d’autres témoins puissent nous en apprendre davantage.

Synthèse

Il est probable que le prieuré Saint-Pierre du Castellet soit la première paroisse du territoire avant l’élévation d’une nouvelle église dans le village fortifié, qui reprend d’ailleurs la même titulature. Le domaine de Taillas, après avoir été le siège d’une villa romaine, a pu perdurer lors de la période carolingienne puis reprendre vie au début du XIe siècle. Le domaine et la campagne alentour étaient vitalisés par une église élevée près du domaine.

 

 


(1) GCN, I, diocèse de Riez, col. 560. Enquêtes de 1252, n° 568, p. 359.

(2) Mention fournie par Les Carnets du patrimoine. Haute Provence, Vaucluse, Guides Massin, 2000, p. 220. Lors de notre visite du 11 octobre 2008, nous avons constaté que l’abside a été restaurée et fait partie d’une maison d’habitation.

0
0
0
s2smodern

Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Ouest. Cette commune est née de la fusion du Castellard et de Mélan en 1973. Elle est située au nord de Thoard dans un milieu montagneux, les deux villages étant à l’altitude de 1000 et 1200 mètres. L’Atlas historique (p. 169 et 183) révèle l’origine du nom des deux villages qui apparaissent au XIIIe siècle (cités par Bouche), Castelarium et Melancum. Les Pouillés sont muets sur les deux églises, mais citent un prior de Vileta  vers 1300 et en 1351 (p. 88 et 93) que l’auteur situe au Castellard. Il peut s’agir de la chapelle Sainte-Madeleine actuelle où l’Atlas historique (carte n° 72) situe un prieuré de Chardavon (Ste-Madeleine au Castellard dépend de Chardavon). L’abbé Féraud, dans ses Souvenirs Religieux (p. 86) confirme cette appartenance en 1319 en plaçant le prieuré à la Vilette. L’absence de citation d’église paroissiale dans les deux villages à la fin du Moyen Age pourrait donner à penser qu’il existait une seule église paroissiale commune aux deux communautés, celle de la Vilette, devenue par la suite Ste-Madeleine. Elle est d’ailleurs sur les limites communales. La dévotion particulière des deux communautés à cette chapelle pourrait confirmer cette hypothèse.

88. Le pèlerinage des deux communautés à la chapelle Sainte-Madeleine  

L’évêque de Gap, lors de sa visite du 22 avril 1687, remarque sur la route de Melan, chapelle de la Magdelaine, dépendante de la paroisse de Castellar (ADHA, G 786). Lors des visites des évêques de Digne au XIXe siècle, en 1857 et 1865, il y a une chapelle rurale dédiée à Ste Madeleine située sur les confins des deux paroisses de Castellar et de Méolans et leur appartenant par indivis (2 V 87). Enfin c’est l’abbé Féraud qui rapporte qu’au Castellard la fête patronale est sainte Madeleine (22 juillet). Le jour de cette sollennité, on se rend en procession à la chapelle de cette Sainte, sur la limite des deux territoires du Castellard et de Mélan. Il en est de même pour la paroisse de Mélan qui se rend annuellement le même jour en procession à la chapelle (p. 66-68). Ces indications, pèlerinage, appartenance commune par indivis, révèlent que Sainte-Madeleine est l’église-mère des deux communautés. Elle est devenue simple chapelle quand furent élevées deux églises paroissiales, semble-t-il au cours du XVIe ou XVIIe siècle. L’architecture des deux édifices semble bien remonter à cette période.

89. La grotte ermitage et la chapelle Saint-Vincent

C’est en 1865 qu’est citée une chapelle dédiée à saint Vincent, elle est alors convenable. En 1894, elle est à réparer. L’abbé Féraud nous apprend que la chapelle rurale de Saint-Vincent, près de la grotte est l’objet d’une procession ou pèlerinage annuel. Cette grotte porte le nom de Saint-Vincent, à cause du séjour qu’y faisait souvent ce saint apôtre de Digne. La grotte de Saint-Vincent est au levant de la montagne, et à deux heures de Mélan. On n’y arrive que par des chemins scabreux (p. 68). La grotte est encore citée par les cartes IGN modernes, mais la chapelle n’y figure plus. Cette grotte ne fut pas le seul refuge de l’ermite saint Vincent, apôtre de Digne et compagnon de saint Domnin, on le rencontre également à La Robine-sur-Galabre où il aurait séjourné dans un ermitage et laissé son nom à une église, Saint-Vincent de Garbesia.

Synthèse

Curieusement, lorsque sont cités les deux castra au XIIIe siècle, ils ne sont pas équipés d’une église paroissiale, mais par contre les habitants se rendent à mi-chemin, sur les limites communales, à une église dédiée à sainte Madeleine, desservie par les chanoines de Chardavon. Cette église, en milieu ouvert, a pu être édifiée au cours du XIe siècle avant l’enchâtellement et servir de paroisse aux deux communautés.

0
0
0
s2smodern

Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. Cette commune s’étend sur les bords du Grand Vallon au nord de La Motte-du-Caire. La vallée, d’abord très étroite, s’élargit au sud, offrant un bassin plus vaste, favorable aux cultures vivrières. L’habitat est concentré principalement dans la vallée, les rudes pentes ne présentant que peu de ressources, à part le bois .

80. L’ancienne et éloignée paroisse Notre-Dame

Il faut attendre 1599, au sortir des guerres de Religion, pour reconnaître une chapelle rurale, ancienne église paroissiale. Les habitants disent à l’évêque qu’il existe deux églises, l’une au village sous le titre de saint Michel, l’autre dans le cimetière dédiée à Notre-Dame. Toutes deux sont également ruinées (1). Ils préfèrent rebâtir celle du village car plus commode et abandonner celle du cimetière. Lors d’une nouvelle visite en 1664, il y a une vieille masure, qu’estoit autrefois la paroisse, esloignée d’environ un quart de lieue, sous le titre de Notre Dame de Romessiés. Puis en 1708, l’ancienne et éloignée paroisse soubs le titre de Notre Dame de Romesias sive de Valconis, ayant esté jadis démolie. Elle est encore citée en 1759, il y a dans le cimetière un bâtiment qui tombe en ruine et qu’on nous a dit être les restes d’une ancienne chapelle (2). On doit la dernière citation à l’abbé Féraud (p. 453) : on voit dans le cimetière les débris d’une ancienne église : un arc de la voûte subsiste encore. On croit que c’était la chapelle d’un ancien couvent de Templiers. Pour cet auteur la majorité des églises du département sont d’origine templière. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de l’ancienne église, le cimetière seul continuant sa fonction de champ du repos.

Les qualificatifs d’ancienne et éloignée paroisse et autrefois la paroisse, indiquent clairement que nous sommes en présence du premier établissement paroissial, avant que le castrum n’attire à lui l’habitat et une nouvelle église. Il est situé à 1000 m. en aval du village, là où la vallée s’élargit, propice aux cultures. Près d’un ruisseau, le site est isolé et a livré des fragments de tegulae. 100 mètres en contrebas passe la route qui dessert la vallée, au bord de laquelle a été découvert lors d’un charruage un cimetière gallo-romain dont les tombes étaient formées de tegulae (CAG, n° 134, p. 316).

Synthèse

Il apparaît que le site de l’ancienne église ait été établi sur une fondation gallo-romaine, sans doute de type villa. Il a pu être de nouveau revitalisé lors de la période carolingienne, mais sans certitude. Il est sûr par contre qu’il faisait partie de ces premières églises rurales pré-castrales. On ne connaît pas le fondateur, laïc, abbaye ou l’évêché de Gap. Aujourd’hui, il ne subsiste même pas une seule pierre de cette première église.


(1) ADHA, G 779, f° 526. Visite pastorale de l’évêque de Gap.

(2) ADHA, G 1854, 1105, 789.

0
0
0
s2smodern

Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de La Javie. Une partie du territoire de 2225 hectares est implantée sur les larges berges de la rive gauche de la Bléone entre 600 et 700 m d’altitude. Outre quelques bastides dans la campagne, on reconnaît deux agglomérations, celles du Brusquet et du Mousteiret qui forment chacune une paroisse distincte.

Sources médiévales
CSV
. 814 (Polyptique de Vadalde, H 5, 6, 7, 9, 11, 17, 18, 19, 77). Dans l’Ager Caladius, sont référencés à Anana 4 colonicae, 2 vercarias, 1 villare, 1 pâturage et à Lebrosca 1 colonge. Anana est l’un des lieux les plus peuplés avec Chaudol de l’ager Caladius. Y réside un clerc.
. 1198, confirmation des biens du chapitre de Digne par le pape Alexandre III : les églises de Sainte-Marie de Mannano, Sainte-Marie d’Euzière, Saint-Maurice, Saint-André (1).

Pouillés
. 1351 :  prebenda de Lauseria : 18 livres, cappellanus de Euseria : 8 livres.
. 1376 :    prior de Brusqueto, cappellanus de Mostayreto.

La confirmation de 1198 révèle quatre lieux de culte mais leur localisation et leur appartenance, pour certains, présentent des contradictions. Si l’on est assuré de situer Sainte-Marie d’Euzière sur la colline de Lauzière qui domine le village et l’église Saint-Maurice au Brusquet dans le cimetière actuel, il n’en est pas de même pour les deux autres.

Le Mousteiret indique une propriété monastique, il apparaît pour la première fois en 1320, Mosterii Sancti Andree (Isnard, p. 299). Mais depuis au moins le XIIe siècle, il est une possession de l’évêché de Digne. Isnard avance que Saint-André du Mousteiret était une possession de Lérins (Isnard, p. 299). Il s’appuie sans doute sur le tome II du cartulaire de Lérins, où, dans l’index géographique (p. 267) Henri Moris situe effectivement le prieuré Notre-Dame du Mousteiret au Brusquet. Mais dans sa classification par diocèse des prieurés de Lérins, il le place dans le diocèse de Senez (p. cv). Cet auteur, dans la série H des archives ecclésiastiques des Alpes-Maritimes reproduit la même contradiction. Dans l’index géographique (p. 236), il situe encore le Mousteiret dans la commune du Brusquet, mais le classe dans le diocèse de Senez dans la table des matières. Dans le diocèse de Senez existe effectivement un prieuré de Lérins, dit le Mousteiret, dans la commune de Peyroules, le Moustiers d’Aups ou Mosterium Alpium cité sous cette appellation par l’enquête de 1278 (p. 427, n° 833-834), dont le dominus abbas Lirinensis tenet prioratum dicti loci ad manum suam et ad mensam suam. En 1441, le prieuré sera réuni à celui de Gratemoine, commune de Séranon (Série H des ADAM, n° 81, p. 29). L’erreur de localisation faite par Moris va se réproduire par la suite. C’est ainsi que Abbayes et Prieurés (p. 171) reconnaît le prieuré du Mousteiret de Lérins au Brusquet. L’Atlas Historique fait de même (p. 166) mais en attribuant la titulature à saint Jean. Dans ses Souvenirs Religieux l’abbé Féraud en 1879 place également ce prieuré au Brusquet mais avoue qu’on ne possède aucun document sur sa fondation. Il reconnaît également que Gassendi n’en parle pas (p. 47).

Une deuxième contradiction est fournie par Emile Isnard qui situe Notre-Dame de Mannano au Mousteiret et l’église Saint-André près le Mousteiret (p. 135), puis les situe inversement (p. 299, note 3). Nous reconnaîtrons par la suite la vraie localisation.

75. L’ancienne église paroissiale Saint-Maurice du Brusquet

Jusqu’en 1844-1845, date à laquelle une nouvelle église est inaugurée dans le village, la chapelle du cimetière actuel fut la paroisse du Brusquet depuis l’origine. Elle fait partie des biens du chapitre en 1198. Implantée au haut d’un tertre et entourée du cimetière, elle offre quelques éléments que l’on peut dater du XIIIe siècle (Collier, p. 128). Si l’on examine l’extérieur du chevet plat de l’édifice, on remarque les différents agrandissements apportés au cours des siècles. A partir de son abandon comme paroissiale, elle est qualifiée de chapelle rurale lors des visites pastorales de la fin du XIXe siècle et sert de chapelle pour les enterrements. L’Abbé Corriol relate la procession qui a lieu une fois par an, le dimanche qui suit la fête de saint Maurice. On y transporte la statue du saint martyr de l’église à la chapelle et une messe est célébrée avec faste (2). L’édifice est encore aujourd’hui en très bon état.

76. Notre-Dame de Lauzière

Elle domine le village et la plaine, au sommet de la haute colline de Lauzière, lieu-dit déjà cité en 1055 sous la forme de Adelzeria (CSV II, n° 739, p. 86). L’église Sainte-Marie de Lauzière fait partie des biens du chapitre en 1198, puis reviendra dans les mains de l’évêque de Digne en 1476 (Isnard, p. 141) qui prendra le titre de baron de Lauzière. Pendant un temps, Lauzière forme un castrum à part entière. Il subsiste un reste de rempart et une belle tour ronde élevée près de l’église. Féraud rapporte que le castrum fut détruit par un violent incendie mais il est probable que c’est vers la fin du XVe siècle qu’il fut progressivement abandonné après les ravages de la peste et des bandes armées. A partir de cette époque, l’église paroissiale du castrum devient simple chapelle rurale. C’est ce que constate l’évêque lors de sa visite en 1684, nous sommes montés à Notre Dame de Lausière où il y a une chapelle proprement tenue, bien meublée, tant pour l’argenterie que pour les ornemens, entretenue par la charité des fidèles (3) . L’abbé Corriol rapporte qu’il y eut plusieurs ermites qui s’y réfugièrent à partir du 17e siècle. Les paroissiens du Brusquet y montaient souvent en procession, particulièrement en 1854 où ils déposèrent un tableau ex-voto dédiée à la Vierge qui les avait protégés du choléra. Régulièrement entretenue, l’ancienne église est toujours campée au sommet de la colline.

77. Notre-Dame de Mannano au Mousteiret

On a vu les hésitations d’Emile Isnard pour localiser cet édifice. Il en fut de même pour Victor Lieutaud et l’abbé Corriol au début du XXe siècle. Ce dernier, alors curé du Brusquet, se renseigne auprès des habitants du Mousteiret. L’un d’entre eux lui indique dans un bosquet de chênes un édifice de 6 m de long sur 5 de large et 4 de haut. Il est en mauvais état, toiture délabrée, pas de porte. La chapelle est située sur la rive droite de La Bléone car il faut du Mousteiret la traverser sur une étroite planche (p. 134). Il poursuit son enquête dans les archives et découvre un acte notarié de 1683 où le nouveau curé du Mousteiret prend possession de la cure en se rendant à N.D de Magninon, sive N.-D. la Grande ou de Grand nom. A lieu alors le cérémonial d’installation puis le retour à l’église Saint-André du Mousteiret (Corriol, p. 133). L’année suivante, 1684, François Le Tellier lors de sa visite pastorale, apprend qu’il existe une chapelle à la campagne appelée Nostre Dame de grand nom qui est la titulaire de la paroisse ny ayan qu’un tableau où on y va dire la sainte messe le jour de nostre Dame de la demi aoust. Le transfert de la paroisse semble assez récent car il est dit, église paroissiale sous le titre de saint André où la paroisse a été transférée de l’église Nostre Dame de Grand Nom.

Ces deux textes révèlent explicitement que Notre-Dame est la première paroisse, antérieure à celle de Saint-André du Mousteiret. D’ailleurs, dans les citations données par Emile Isnard, elle est toujours citée la première pour bien montrer son antériorité. L’évolution du nom est intéressante à suivre. Il est très probable que l’origine du vocable se retrouve dans le lieu-dit cité en 814 par le polyptique de Vadalde sous la forme d’Anana, où sont recensées plusieurs exploitations. On le retrouve ensuite, en 1198, sous la forme de Mannano. Puis, voulant certainement trouver une signification à ce nom obscur, il est transformé en Magninon (magnus nomen), traduit par Grand nom et Notre-Dame la Grande.

A partir du XVIIIe siècle, Notre-Dame semble avoir disparu complètement. Elle n’est citée ni par Cassini, ni par Achard et Féraud. Seul subsiste sur les cartes modernes, en face du Mousteiret, sur l’autre rive de la Bléone, le lieu-dit Notre-Dame au NE du Guéni. Nous nous y sommes rendus sur les renseignements des habitants du Mousteiret et avons eu la surprise de découvrir une chapelle en très bon état. L’édifice est situé à l’aplomb d’un plateau dominant la berge droite de la Bléone. En parfait état, il a été restauré il y a quelques années par les propriétaires. Orienté à 70 °, il mesure extérieurement 5,50 sur 5 m. L’appareil est en tout venant et ne présente aucun élément de l’appareil antérieur. L’intérieur présente une seule travée voûtée en berceau. Il est orné d’un autel formé d’un massif en béton surmonté d’une belle table en bois décorée sur laquelle est posée la pierre sacrée qui semble d’origine. L’épaisseur des murs est de 0,44 m. ce qui indique une couverture en charpente à l’origine.

Les alentours de la chapelle recèlent quelques fragments de tegulae. Si l’on peut être assuré que l’Anana de 814 correspond au site de la chapelle, il existerait là une occupation gallo-romaine, carolingienne, poursuivie au début du deuxième millénaire par une église paroissiale. La présence des moines de Saint-Victor aux VIIIe-IXe siècles, l’existence d’un clerc à Anana, pourraient inviter à y déceler un premier lieu de culte carolingien. L’édifice n’est pas orienté, bien que déjà cité en 1198 à l’époque romane. Est-ce un indice de son antériorité à une période où l’on ne se souciait pas d’orienter les églises ?

Autres chapelles

78. La chapelle Saint-Joseph au Brusquet.

L’abbé Corriol (p. 171-173) révèle son origine, construite par les habitants en 1653-1654. Lors de la même visite de l’évêque  en 1684, celui-ci confirme, une chapelle dédiée à saint Joseph sur le milieu du village bastie par les habitans. C’est là qu’il revêt les habits sacerdotaux pour se rendre en procession à l’église paroissiale. La chapelle fut vendue en 1846 à la commune pour financer une partie de la construction de la nouvelle église et transformée en salle de classe et maison d’habitation pour l’instituteur.

79. Les chapelles du Mousteiret.

C’est toujours lors de la même visite de 1684, que le curé du Mousteiret, outre Notre-Dame de Grand Nom nommée en premier, cite : la seconde sous le titre de Nostre Dame des Sept douleurs à une bastide laquelle est aussi sans ornemens. La troisième est aussi à une bastide laquelle est sous le titre de saint Joseph et de saint Jean Baptiste, laquelle est ornée de tout ce qu’il faut pour dire la sainte messe excepté un calice. La quatrième est sous le titre de saint Jean Baptiste du Serre où il n’y a point aussi des ornemens. Seule celle de Saint-Jean-Baptiste est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle et est encore en état. L’abbé Corriol a relevé une première citation en 1560 (p. 174). Petit édifice orienté au nord, il ne semble pas remonter à une époque antérieure.

Synthèse

L’église Notre-Dame du Mousteiret, dite de Mananno, offre toutes les caractéristiques d’une église fondée à l’époque carlingienne. Elle va rester, malgré l’éloignement, la paroisse jusqu’au XVIIe siècle. Son histoire est exemplaire.


(1) Isnard Emile, p. 135. Egalement M.-M. VIRE, BSSL, 1992, T 316, p. 61.

(2) Abbé J. CORRIOL, Essai de monographie. Le Brusquet, Lauzière, Le Mousteiret, Sisteron, 1909, p. 137-138.

(3) ADAHP 1 G 5, f° 76-78.

0
0
0
s2smodern

Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Peyruis. La commune est située sur la rive droite de la Durance à la hauteur de Forcalquier et présente une grande plaine agricole de 722 hectares. L’occupation antique, gallo-romaine en particulier, est largement représentée surtout sur les terrasses dominant la Durance (CAG, n° 034, p. 109-113). Le castrum de Lebrignana est cité en 1174 lors d’un échange entre l’évêque de Sisteron Bermond d’Anduze (1174-1214) et les Templiers des domaines d’Aulun (N.-D des-Anges à Lurs) et du castrum de La Brillane. La comtesse de Forcalquier Adelais avait donné La Brillanne aux Templiers. Le prédécesseur de Bermond d’Anduze, Pierre de Sabran (1145-1171), avait interverti les donations, le comte Guillaume étant alors mineur. Devenu majeur, ce dernier, le 2 novembre 1174, rétablit les Templiers à La Brillanne et l’évêque de Sisteron à Aulun (1).

Aucune chapelle rurale n’est citée au cours du XIXe siècle et la carte de Cassini n’en signale pas également. Achard et Féraud sont aussi muets. Seuls, deux toponymes peuvent apporter quelques lumières, les quartiers Saint-Saturnin et Saint-Martin. Ce sont deux saints vénérés très tôt lors de la christianisation, Saturnin ayant remplacé souvent un culte au dieu Saturne. Au lieu-dit Saint-Martin, 300 m. au sud du quartier de la Princesse, a été fouillée lors de l’aménagement de l’autoroute une nécropole composée de tombes à incinération et à inhumation, ainsi que deux bâtiments ruraux. Ces toponymes sont les seuls indices pour soupçonner deux édifices religieux disparus.


(1) GCN I, col. 717-708 et Inst. Sisteron, XVI, col. 451-452. Voir également les assertions de l’abbé Féraud dans sa Géographie Historique (p. 420-421) et ses Souvenirs religieux (p. 102).

0
0
0
s2smodern