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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Sisteron. Le territoire côtoie la Durance sur sa rive gauche et s’enfonce dans un milieu montagneux à l’est du fleuve. Il est composé de trois territoires, celui situé au sud avec le village d’Entrepierres et le prieuré de Vilhosc. Séparé par la Montagne de la Baume et les hauteurs des Rochers de St-Michel (altitude maximum 1248 m), le deuxième, au nord, comprend les hameaux de Mézien et de Naux. Le troisième, à l’est, séparé du premier par le Vançon, forme le terroir de Saint-Symphorien.  L’occupation antique est particulièrement dense, surtout aux abords de la Durance et des vallées du Jabron et du Vançon (CAG, n° 075, p. 173 à 176). Une certaine continuité d’habitat semble avoir perdurée aux alentours de Vilhosc où se remarquent plusieurs témoins d’habitats avec une crypte peut-être paléo chrétienne encore en bon état aujourd’hui dans la ferme du prieuré de Vilhosc. Les premières mentions du vocable Entrepierres datent du début du XIe siècle. C’est à l’occasion de dons faits à l’église de Saint-Geniez dépendante de l’abbaye de Saint-Victor. C’est d’abord, vers 1030, la citation d’un habitant d’Entrepierres, Ermenfredus de Inter Petras. Puis, vers 1040, c’est le don d’une terre qui est subtus in Inter Petras, à las Nogeiras. A la même date c’est le territoire de anti Petras qui est cité. De même courant XIe siècle, Inter Petras (1).

L’étendue du territoire, 4780 hectares, sa diversité géographique compartimentée, vont favoriser l’éclosion de plusieurs communautés et donc d’églises. Vers 1350 et en 1351, on en rencontre trois desservies par des prieurs : prior Sancti Simphoriani, prior de Villosco, prior de Interpetris (Pouillés, p. 88-89 et 93-94). Ces trois communautés vont rester indépendantes et former des communes distinctes jusqu’en 1975 où elles seront réunies pour former une commune unique sous la dénomination d’Entrepierres. En dehors de ces trois églises paroissiales citées au XIVe siècle, il faut en ajouter d’autres qui apparaissent lors de la visite de l’évêque de Gap en 1602. Il cite en effet l’église Saint-Pierre de Naux, une chapelle Saint-Jean et une église appelée St Puech. En 1687, il en cite une quatrième, l’église Saint-Saturnin de Mézien (2). Pour une meilleure compréhension, nous allons les détailler dans chacune des anciennes communes.


ENTREPIERRES

Si Saint-Victor reçoit quelques dons sur le territoire d’Entrepierres au XIe siècle, il ne semble pas avoir fondé de prieuré. Le premier habitat est perché au-dessus du village actuel, avec une église dédiée à saint Marc. C’est sans doute ce que signale Achard en 1787, on voit aussi les ruines des maisons et d’une église dans le quartier, que l’on nomme Fouerço ; mais on ignore s’il y a eu dans cet endroit un village. Texte recopié par l’abbé Féraud, on voit aussi les ruines de maisons et d’une église dans le quartier du Fouerco, mais on ignore s’il y a eu un village ou hameau dans cet endroit (p. 450). Après avoir compté quelques 100 habitants en 1315, la communauté est déclaré inhabitée en 1472. Elle se relève péniblement au cours des siècles suivants pour atteindre 372 habitants en 1765 puis 452 en 1851. C’est au cours du XVIe, puis du XVIIe siècle, que le village va se former et se doter d’une nouvelle église, reprenant la titulature de la première, saint Marc. Elle est datée communément du XVIIe siècle (Collier, p. 216).

161. L’ancienne église Saint-Saturnin de Mézien

Elle n’est pas citée par l’évêque lors de sa visite en 1602, mais seulement en 1687, sous le titre de saint Saturnin. L’abbé Féraud avoue que la paroisse n’est érigée que depuis fort peu de temps. Il est probable que le même phénomène survenu à Entrepierres se soit répété ici. Un quartier dit l’Eglise signalé par le cadastre napoléonien a révélé les vestiges de l’église paroissiale de Mézien (attestée en 1707, peut-être plus ancienne) et d’un  cimetière, et au sud de ceux-ci, des tegulae dispersées et des ruines d’habitations modernes (CAG, p. 176). La nouvelle église de Mézien a dû remplacer la première au XVIIe siècle comme dans le cas d’Entrepierres.

162. La chapelle de Naux

Elle est citée en 1602 sous le titre d’église Saint-Pierre de Naux, voûtée et couverte, ce qui signifie qu’elle n’a pas trop souffert lors des guerres de Religion qui viennent de se terminer, cas assez rare. Elle est encore mentionnée en 1687, mais cette fois-ci comme chapelle située à un quart de lieue. Elle dépend de la paroisse de Mézien et en 1858 elle est qualifiée de chapelle rurale au hameau de Naux. Mr le curé assure que tout est décent (2 V 91).  Elle est encore citée en 1867, 1869, 1873 et lors de l’inventaire de 1906 la chapelle de Naux est en état, meublée, 50 m². Le village va se vider peu à peu et la chapelle va aller en se dégradant. Aujourd’hui le village est inhabité. Il est difficile de connaître la naissance du village et de l’église, mais l’existence de cette dernière en 1602 laisse envisager une fondation au début du XVIe siècle, les guerres de Religion depuis le milieu de ce siècle n’ayant pas favorisé une telle entreprise. Ces dernières années la chapelle a été entièrement restaurée.

163. L’église Saint-Puech

Le site de Saint-Puy est situé complètement à l’extrémité ouest de la commune sur une terrasse en bordure de la Durance et de la voie  antique Digne/Sisteron. On y a découvert des tombeaux antiques. C’est Achard qui, le premier, relate que l’on trouve les débris d’une maison de Templiers sur la route de Volonne à Sisteron, au quartier du S. Puits. Féraud lui emboite le pas : on trouve au quartier du Saint-Puits les débris d’un ancien monastère qu’on attribue aux Templiers. Maison ou monastère des Templiers, il existait en effet une église, elle est citée en 1602 : église appelée St Puech, toute découverte. Ici, les guerres de Religion ne l’ont pas laissé en état et il semble que rien n’ait été fait par la suite pour la redresser. Elle ne réapparaît plus dans aucun texte. Le vocable évoque une colline sur laquelle est bâti un sanctuaire. Dominant la Durance et une voie importante, sur un site antique, la colline a pu abriter à l’époque romaine un petit temple, un fanum, christianisé par la suite (CAG, p. 173).

164. La chapelle Saint-Jean aux Andrieux

En 1602 est citée une chapelle Saint-Jean toute découverte. Ce n’est qu’en 1687 que l’on en apprend un peu plus : à Mézien, loin de l’église Saint-Saturnin, au hameau des Andreux, il y a la chapelle Saint-Jean. Détruite lors des guerres de Religion, elle semble avoir été réparée dans le courant du XVIIe siècle. Mais les archives n’en disent pas plus, elle n’apparaît pas lors des visites du XIXe siècle et semble avoir complètement disparu.


SAINT-SYMPHORIEN

Cette ancienne commune occupait 1484 hectares à l’est d’Entrepierres, arrosée par le Vançon. Elle est citée en 1038 lors de donations faites au prieuré de Saint-Geniez par un certain Arnaldus presbiter de Sanctus Simphorianus qui fait un don du lieu qu’on appelle Claperio. Puis, Umbertus de Sancto Simphoriano, son fils Pierre font un don de leur héritage d’un champ appellé Clapera (CSV 2, n° 721, p. 67).

165. La Tour, l’église et le castrum de Saint-Symphorien

A l’est du village s’élève une colline dite côteau de la Tour par le cadastre napoléonien de 1814. C’est là que s’élevait le premier village avec son église et le château. Ce dernier est cité plusieurs fois au cours du XIIIe siècle, castrum Sancti Simphoriani (RACP, n° 165, 275, 375). On a reconnu plus haut que l’église était desservie par un prieur au XIVe siècle. Elle dépendait de la prévôté de Chardavon. La population, pendant cette période, est prospère avec 68 feux en 1315, soit près de 350 habitants. En 1471, le territoire est déclaré inhabité. Les bandes de Raymond de Turenne sont passé par là en 1392 et ont détruit le château et le village. C’est au début du XVIe siècle que le village actuel va se constituer, au pied de la colline de la Tour, avec une nouvelle église qui reprend, comme à l’accoutumée, la titulature de la première. La population va atteindre son maximum avec 225 habitants en 1865, mais l’exode commence déjà, 180 habitants en 1851, pour aboutir à 2 personnes en 1962 (Atlas, p. 198). Aujourd’hui, le village est abandonné.


VILHOSC

L’occupation gallo-romaine semble avoir laissé son empreinte, non seulement sur le terrain, mais également dans le nom de Vilhosc. Celui-ci est en effet formé d’un gentilice latin, Villius, auquel a été adjoint le suffixe gaulois -sc-, pour former le nom d’un domaine gallo-romain, Villioscum (Rostaing, p. 350-351). D’autre part, lors des deux premières citations du XIe siècle, il est précédé du terme villa, vocable faisant référence à une exploitation domaniale de l’époque carolingienne. Il semblerait que l’on soit en présence à Vilhosc d’une occupation pérenne concrétisée par une église présentant une crypte rapellant l’époque paléochrétienne.

Vilhosc apparaît donc au XIe siècle dans les mêmes conditions qu’Entrepierres et Saint-Symphorien, à l’occasion de donations faites au prieuré de Saint-Geniez. C’est d’abord en 1038 où est cité le territorium ville Viliosco, puis vers 1040 avec le don d’une vigne qui est in territorio de villa que nominant Vilosco, que est in loco quem nominant Lars (CSV 2, n° 719, p. 65 et n° 728, p. 70). L’église est desservie par un prieur comme on l’a vu plus haut et elle dépend de la communauté de Chardavon. Elle est sous le patronage des saints Gervais et Protais. En 1602, l’évêque de Gap la trouve seulement avec les quatre murailles, c’est-à-dire sans voûte ni toiture. Revenant quinze ans plus tard, il demande qu’elle soit bientôt finie. D’après l’abbé Féraud on la fait remonter au XIIe siècle.

166. Le prieuré Saint-Gervais de Vilhosc

Ce prieuré a fait l’objet de plusieurs articles par la qualité de son architecture (3). Classé Monument Historique, il ne reste de l’édifice primitif que la crypte surmontée des bâtiments d’une ferme ayant remplacé l’église. Les auteurs divergent sur les dates de construction. Si une partie de la crypte située à l’est est datable des Xe-XIe siècles, il faudrait dater pour certains l’autre partie des Ve-VIe siècles. Le site du prieuré recèle en outre de nombreux éléments révèlant une occupation gallo-romaine, monnaies, tegulae, poteries, ainsi que des sépultures de type indéterminé. Il est probable que l’édifice a servi d’église paroissiale durant la période du Moyen Age avant la construction d’une église à Vilhosc même. C’est ce qui apparaît lors de la visite de l’évêque en 1602 où les consuls font remarquer que les paroissiens allaient autrefois en procession à l’église Saint-Gervais pour assister à la messe le dimanche qui suit la fête de Pâques. Ils font remarquer également que le cimetière attenant renferme bon nombre de morts enterrés.


Synthèse

On constate le déperchement, c’est-à-dire l’abandon de l’habitat perché et fortifié à Entrepierrres avec le site de Fouerco, à Mézien avec le site de l’Eglise et à Saint-Symphorien avec la Tour. Les guerres et la peste du XIVe siècle ont été particulièrement meurtrières dans ces communautés.Il faut mettre à part l’église de Saint-Puech. Sur un site antique et aux abords d’une voie également antique, il a pu succéder à un établissement romain. Enfin le prieuré de Vilhosc présente des caractéristiques qui peuvent le faire remonter au moins à la période carolingienne. Son implantation sur un site antique indique une perennité d’occupation.


(1) CSV, II, vers 1030 (n° 714, p. 60) ;  vers 1040 (n° 723, p. 68) ; vers 1040 (n° 724, p. 68) ; XIe (n° 729, p. 71).  

(2) Visite de 1602, ADHA G 780, visite de 1687, G 786.

(3) Provence romane 2, p. 92-93. Alpes romanes, p. 239 à 243. R. Collier, p. 50-52. Bailly, p. 47. Carte Archéologique, p. 174.

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Est. Situé à l’est de Digne, traversé par l’ancienne voie impériale, le territoire compte un peu plus de 2200 hectares, s’étageant dans un milieu montagneux. Il est cité dès 1035 lors de la donation faite à Saint-Victor du prieuré Saint-Michel de Cousson sous la forme de villa Tragilas avec deux cabanes et un jardin (CSV 2, n° 743, p. 91-92). Puis, c’est aux alentours de 1040 qu’est donné à Saint-Victor un manse dans le lieu appellé Traguilas (CSV 2, n° 745, p. 94). On sait ensuite que l’église d’Entrages est sous la dépendance du chapitre de Digne lors de la confirmation de 1180. Cette dépendance est réaffirmée en 1350 avec la prebenda de Autragelis et le cappellanus de Antragelis, retrouvant ce dernier en 1376 (Pouillés, p. 255-256 et 259). Ce n’est qu’en 1683 que l’on apprend que l’église est sous la titulature de saint Pons avec saint Julien comme patron (1 G 5). Mais il n’est pas sûr que cette église soit la première église du castrum cité en 1252, castrum de Antragenis (Enquêtes, n° 520, p. 351). En effet, sur la colline qui domine le village, subsiste les ruines d’une chapelle dédiée à Notre Dame qui pourrait être l’église originelle du castrum.

158. La chapelle Notre-Dame

Elle n’est pas citée par l’évêque en 1683, mais seulement en 1857 où parmi les chapelles rurales il y en a une près du village dédiée à Notre Dame de la Conservation qui a besoin d’être réparée. En fait elle est sous le titre de Notre-Dame de Consolation  comme stipulé sur la carte de Cassini et confirmé en 1899 : chapelle Notre Dame de Consolation sur une colline au dessus d’Entrages. Messe le jour de Ste Agathe, procession à la St Marc, à la fête patronale et l’Assomption. Aujourd’hui, on la nomme Notre-Dame-du-Barry, elle est en ruine et passe pour avoir été fondée au XIe siècle.

159. La chapelle Saint-Joseph à Chabrières

Le 22 juin 1683, le curé d’Entrages rapporte à l’évêque en visite dans sa paroisse qu’il y a à l’ameau de Chabrières une chapelle bastie et bien meublée d’argenterie et d’ornements aux dépans des habitans dud. ameau, laquelle chapelle est sous le titre St Joseph et que par nostre permission on y a fait un cimetière attandu l’incomodité qu’il y a de porter les corps à la paroisse (1 G 5). C’est en 1857 que l’on apprend qu’elle est dédiée à saint Joseph mais qu’elle est bien pauvre. Il est probable que cette chapelle a été construite au cours du XVIIIe siècle, la titulature à saint Joseph étant courante à cette époque, mais inusitée auparavant. Elle est en bon état aujourd’hui, crépie, avec un oculus surmontant la porte d’entrée et un clocheton portant une cloche.

160. La chapelle Saint-Pierre aux Courtiers

C’est lors de la même visite de 1683 que l’on découvre qu’il existe une autre petite chapelle à l’ameau des Courties meublée d’ornemens mais sans calice à laquelle on va dire la Ste messe la seconde feste de la pentecoste et on y va en procession. Et en 1857, on apprend qu’elle est dédiée à saint Pierre et qu’elle est très pauvre. En 1899, la chapelle St Pierre est à 7 kil. Grand messe le lundi de la fête et ensuite à la demande des habitants. Elle a restaurée récemment.

Synthèse

Notre-Dame-du-Barry paraît bien être l’église castrale avant la descente de l’habitat au pied de la colline avec une nouvelle église paroissiale. La procession faite par les paroissiens rappelle cette antériorité.

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Barcelonnette. Cette commune, de 4419 hectares est située au SE de Barcelonnette dans un milieu montagneux et traversés par plusieurs torrents dont les deux principaux enserrent le village situé à 1450 m d’altitude. La commune a été créée en 1790 en distrayant une partie du territoire de Barcelonnette. Mais elle dépendait spirituellement de la paroisse de Faucon. C’est dans celle-ci que l’abbé Albert en 1783, place à l’Aupillon 23 familles, à Enchastrayes 45 et à la Conche 28 (I, p. 218). Mais il n’en dit pas plus sur les églises et chapelles. En fait, ce n’est qu’au XIXe siècle que furent érigées trois paroisses. L’abbé Féraud en donne le détail.

. Paroisse d’Enchastrayes comprend 7 hameaux : Enchastrayes, Sauze, Collet, Chaurand, les Pélissiers, les Nouoros, la Rente. Eglise paroissiale St-Pierre et St-Paul. Jadis succursale de Faucon, desservie par un vicaire.
. Paroisse de Laupillon. Paroisse érigée en 1806, autrefois succursale de Faucon desservie par un vicaire. A l’époque de son érection la chapelle dédiée à saint Sébastien fut agrandie.
. Paroisse de la Conche. Compte quelques années d’érection. Elle était réunie auparavant à celle de Laupillon dont elle n’est distante que de 2 kil. Eglise sous le titre de ND des Neiges, construite en 1816, elle n’était originairement qu’une petite chapelle.


Les visites pastorales du XIXe siècle ne citent qu’une seule chapelle rurale, celle du Sauze dépendant d’Enchastrayes. Elle est sous la titulature de saint Roch et est  propre (2 V 86, visites de 1858, 1867 et 1876). La carte IGN en signale deux autres à la Conchette dédiée à saint Barthélemy et au Villard-de-Faucon.

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Faisait partie de la Vallée de Barcelonnette et du diocèse d’Embrun, aujourd’hui dans le canton de Barcelonnette. Cette vaste commune de 5608 hectares s’étage de chaque côté de l’Ubaye dans un décor de montagnes élevées. L’habitat est établi entre 1200 et 1500 mètres d’altitude. Cette commune est la réunion de deux hameaux dont le plus important était le Châtelard. C’est là que se trouvait l’église paroissiale dédiée à l’Assomption de la Vierge. Elle n’était pas établie dans le village, mais, comme le relate l’abbé Albert, elle est bâtie sur un rocher escarpé, au bord d’un affreux précipice. De sorte qu’il n’est pas possible d’en faire le tour. A quelque distance de cette église, du côté du nord, il y a encore un rocher plus élevé, sur lequel il y avoit autrefois un château, et où l’on a construit le clocher afin que les habitants qui sont dispersés à droite et à gauche, puissent plus aisément entendre le son des cloches (I, p. 235). C’est seulement en 1830 que fut construite une église dans le village (Féraud, p. 230).

L’église de la Condamine, sous le titre de sainte Catherine a été construite en 1822 comme l’atteste l’abbé Féraud : paroisse de la Condamine. 350 âmes, population réunie en un seul hameau en hiver et toute dispersée sur les montagnes dans les maiteries en été. Eglise Ste-Catherine, a été construite en 1822 et fut érigée en paroisse. Il y avait cependant un prêtre à demeure qui faisait l’office dans une chapelle. A l’époque de l’abbé Albert celui-ci relate que depuis quelques années on a mis un prêtre servant au hameau de la Condamine et il jouit des honoraires des messes qui sont fondées dans les chapelles des différens hameaux de sa paroisse ; car il y a peu de hameaux où il n’y ait une chapelle.

Cette dernière réflexion correspond bien à un milieu montagneux où les communications sont difficiles, ce qui a incité l’autorité ecclésiastique à multiplier les chapelles succursales. Les deux abbés Albert et Féraud ne donnent pas la liste de ces chapelles et Cassini est également muet. On peut en répérer certaines sur le plan cadastral de 1833 et avec les cartes modernes. Ces chapelles ont deux vocations différentes, soit de protection au bord d’un chemin, soit de succursales assurant le service divin.

129. Chapelle Saint-Roch.

Elle est isolée à l’ouest de La Condamine au bord de la D 29, au croisement avec l’ancien chemin venant du Châtelard (altitude 1437 m). Elle figure sur le plan cadastral en section D 7, parcelle 2133, accompagnée d’une croix. Elle côtoie et domine le ruisseau de Parpaillon qui se jette dans l’Ubaye à La Condamine. La vocation de cette chapelle dédiée à saint Roch, antipesteux, est la protection contre les fléaux apportés par les voyageurs.

130. Chapelle Sainte-Anne.

Elle aussi est isolée, non loin du hameau du Pas en remontant le ruisseau de Parpaillon. C’est ainsi qu’elle est figurée par le cadastre en section  D 4, parcelle 359, le hameau du Pas comprenant quatre bâtiments. Elle figure sur la carte IGN à l’altitude de 1752 m. Comme Saint-Roch, cette chapelle semble être un édifice de protection, placée sur un chemin devenu aujourd’hui un GR important puisqu’il relie Sainte-Foy-la-Grande en Gironde à Saint-Paul-sur-Ubaye.

Les autres édifices sont des chapelles succursales et figurent sur les cartes IGN : chapelles au Villard-Haut, à Clausal, au Châtelard, au Serre (en ruine), au Prat, au Grach-Bas.

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La commune actuelle rassemble plusieurs anciennes communes et communautés médiévales. C’est d’abord Lagremuse qui est rattaché au Chaffaut en 1867, puis Saint-Jurson en 1962 et Espinouse en 1973. Si Le Chaffaut, Lagremuse et Saint-Jurson étaient, sous l’Ancien Régime, dans le diocèse de Digne, Espinouse faisait partie de celui de Riez. D’autre part, à partir de la Révolution, Le Chaffaut et Lagremuse font partie de l’arrondissement de Digne, tandis que Saint-Jurson et Espinouse sont dans le canton de Mezel.

LE CHAFFAUT

Le lieu apparaît à la fin du XIe siècle, entre 1064 et 1079 in Katafulcho (Atlas, p. 170). Il est ensuite cité par les Pouillés du diocèse de Digne en 1351 (p. 257) avec un cappellanus de Cadafalco qui possède un revenu de 11 livres tandis que la prébende s’élève à 20 livres. Cette prébende revenait à cette époque au sacristain de Digne. Emile Isnard (p. 297-298) cite un texte de 1320 où celui-ci perçoit annuellement la dîme du Chaffaut, decima Cadafalci. Le chapelain est encore cité en 1376 (p. 256). On ne connaît la titulature de l’église paroissiale que lors de la visite de l’évêque de Digne le 31 octobre 1683, saint Barthélemy, mais sans être assuré s’il s’agit du titulaire originel (1). Elle est citée accompagnée du cimetière. Une seule visite pastorale du 28 mars 1860 signale deux chapelles rurales en mauvais état. Il n’en plus fait mention par la suite, sans doute à cause de leur complet abandon et ruine. Deux indices cependant peuvent nous mettre sur la voie. C’est d’abord un oratoire de St Pierre indiqué par les cartes IGN modernes à 1 km au sud du Chaffaut, ainsi qu’un moulin dit de St Pierre situé à 600 m au SE du village. Ce saint Pierre pourrait être le premier titulaire de la paroisse. Un autre lieu-dit, St Antoine, au Plan du Chaffaut pourrait évoquer également un ancien lieu de culte. L’évêque de Digne en 1683, la carte de Cassini et l’abbé Féraud ne font aucune mention d’un édifice quelconque.

SAINT-JURSON

Au moment d’être rattaché au Chaffaut en 1962, Saint-Jurson ne comptait plus que 9 habitants. C’est durant le XIVe siècle que la population fut la plus importante, 15 feux en 1315, soit 75 habitants. En 1471, le territoire est déclaré inhabité. En 1765, il compte 46 habitants et 62 en 1851 (Atlas, p. 196). Il faut reconnaître que la commune ne comprenait que 353 hectares  et ne pouvait accueillir un plus grand nombre d’habitants. Elle est située à l’est de celle du Chaffaut en limite avec la commune de Digne et de Gaubert..

98. Le prieuré-cure Saint-Georges de Sargan

Saint-Jurson tire directement son nom de saint Georges, comme la commune de Saint-Jurs dans le canton de Moustiers. Il apparaît à la fin du XIIe siècle, en 1171, dans une bulle du pape Alexandre III invitant l’évêque de Digne à réprimer les vexations dirigées par Guy de Gaubert contre les habitants de Saint-Georges. Une autre bulle du pape Honorius III datée du 4 janvier 1225 réitère cette recommandation. Ces deux bulles sont reproduites dans le tome 2 du cartulaire de Lérins. En 1259, nous avons la confirmation de cette appartenance à Lérins, par le pape Alexandre IV, in diocesi Diniensi, castrum Sancti Georgii et ecclesiam ejusdem castri, cum omnibus pertinentiis suis. C’est le seul prieuré appartenant à cette abbaye qui est situé dans le diocèse de Digne d’alors (2). L’église est d’ailleurs tenue par un prieur comme l’atteste les Pouillés de Digne en 1351 et 1376, prior Sancti Georgii. C’est lors de l’enquête de 1252 que nous apprenons que le castrum de Saint-Georges est dit de Sargan, castrum de San Jurs de Sarganio. Le seigneur en est Guillaume le Gros de Galbert, seigneur de Galbert, Saint-Jurson, Moriez et Méailles, de la même famille que celui rencontré en 1171 et 1225 (Enquêtes n° 497 et note 3, p. 346). Selon Abbayes et Prieurés le prieuré de Saint-Jurson est uni en 1407 à celui de Clumanc dans le diocèse de Senez. C’est ce qui a entraîné une erreur de localisation. C’est ainsi que dans le CL 2, p. 6, Saint-Jurson figure dans le diocèse de Digne, mais page cv, il est recensé dans le diocèse de Senez, erreur répétée par Atlas (p. 196).

L’église paroissiale est bien entendu sous la titulature de saint Georges. Lors de sa visite pastorale en 1683 Mgr Le Tellier reconnaît que le prieuré de Saint-Jurson est desservi par un prêtre du diocèse de Riez et que son église est dédiée à  Saint-George de Sergon (3). L’abbé Féraud (p. 105) rappelle qu’elle était anciennement un prieuré-cure desservi par un curé, dont les moines de l’abbaye de Lérins, étaient les collateurs. L’église n’était pas située dans le hameau de Saint-Jurson, mais à 1250 m au NE. La carte IGN signale St Georges chapelle ruinée et la carte de Cassini, au même endroit une chapelle en état dite St Georges. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 nous délivre la dernière information : dans la petite commune de St Jurson une vieille église aujourd’hui en ruine (1880) a été remplacée par une chapelle autorisée par le seul usage depuis 1810. La Ste messe y est célébrée le 23 avril et le dimanche suivant de chaque année. On y fait en outre les baptêmes, les mariages, les relevailles, les enterrements pour les habitants de la commune. La première église Saint-Georges a ainsi été remplacée par une nouvelle dans le hameau en 1810 et elle est reconnue en ruine en 1880.

LAGREMUSE

Malgré ses 1745 hectares, la population n’a jamais pu dépasser les 270 habitants. En 1471, après les guerres et les épidémies, le territoire est dépeuplé. Féraud (p. 53) recense seulement cinq maisons de campagne composant 66 âmes, il n’y a pas de hameaux. En 1867, la commune est rattachée à celle du Chaffaut.

99. L’ancienne église castrale et la chapelle rurale

Les Pouillés de Digne en 1351, comme pour Le Chaffaut, recensent un cappellanus de Lagramusa et la prebenda de Lagramusa. Cette dernière devait revenir au sacristain de la cathédrale de Digne, car Lagremuse  est associé au Chaffaut. En 1376, c’est le même chapelain qui dessert les deux paroisses. Mais Lagremuse est néanmoins un castrum comme indiqué lors de l’enquête de 1252 : castrum de Lagremusa (n° 542, p. 354). Féraud (p. 53) date le château du XVe siècle et il est remarquable par sa position sur trois rochers qui dominent toute la vallée. On ne connaît l’église paroissiale que lors de la même visite pastorale de 1683 où l’évêque y recense un tableau avec saint Michel, titulaire et sainte Agathe, patronne. Comme bien souvent, c’est le patron qui va détrôner le titulaire. En effet, par la suite c’est sainte Agathe qui devient la titulaire de l’église. C’est ce que confirment l’abbé Féraud et les visites pastorales du XIXe siècle. Féraud ajoute même que cette église n’était au départ qu’une chapelle castrale contigüe au château, devenue par la suite paroissiale. Elle est mentionnée lors des visites pastorales du XIXe siècle, une chapelle au château en 1866. Mais une autre chapelle est signalée, d’abord en 1860, une chapelle rurale dégradée et non fermée. Sa ruine est imminente car en 1872, il n’y a pas de chapelle rurale. Il est probable qu’il s’agit de la Chapelle de Lagremuse signalée par une croix par la carte IGN moderne à 150 m au SE du village ruiné de Lagremuse.

Synthèse

Le prieuré Saint-Georges de Sargan occupe un emplacement désertique, isolé, loin de toute habitation. Quand il apparaît en 1171, il existe déjà et ne fait pas partie d’un castrum ; c’est seulement un prieuré, mais dont l’église dessert les habitants. Cette position permet de le classer parmi les premières paroisses créées au XIe siècle, bien souvent par des moines, ici ceux de Lérins.


(1) ADAHP 1 G 5, f° 71 r°-73 v°, visite pastorale du Chaffaut de 1683.

(2) CL II, n° CII, p. 167-168 et CIII, p. 169 pour 1171 et 1225. CL II, n° IV, p. 6 pour 1259.

(3) Visite du 1e octobre 1683, ADAHP, 1 G 5.

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