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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Moustiers. Cette vaste commune de plus de 8100 hectares est bornée au sud par le Grand Canyon du Verdon et jouxte à l’ouest la commune de Moustiers-Sainte-Marie. Sa grande superficie s’explique par la réunion en 1974 des deux communes de La Palud et de Châteauneuf-les-Moustiers. Le peuplement se révèle par des sites protohistoriques répartis sur les deux communes, traversées par une voie antique qui reliait Moustiers à Castellane en franchissant le Col de la Croix de Châteauneuf (CAG, n° 144, p. 333-335). Durant la période carolingienne une partie du territoire fait partie de la villa Rovagonis que l’on situe à Rougon. C’est ce que révèle le polyptique de Wadalde de 814 recensant les biens de l’abbaye de Saint-Victor (CSV II, L, p. 651). Trois colonges et une bergerie ont pu être identifées par Jacques Cru sur le terrain. La colonica in Carnillas peut être placée au Coullet de Counilliés à l’emplacement actuel de la ferme des Allaves, sur Châteauneuf. La colonica in Bagella se trouve à la Bagelle sur La Palud. La colonica in Dogone au lieu-dit Rocas dou Dugo. Enfin, les bergeries in Corcione sont à placer à Courchon sur La Palud 1.

 

CHATEAUNEUF-LES-MOUSTIERS

 

Le territoire est situé dans une zone de montagnes peu favorable à l’implantation humaine, mais offre cependant de bons pâturages et quelques terres à céréales. 250 habitants en 1315 pour n’en compter plus que 15 en 1472. Le maximum sera atteint en 1851 avec 510 habitants. Les 52 habitants de 1962 vont amener la fusion des deux communes. Le village est aujourd’hui désert comme c’était déjà le cas du temps de l’abbé Féraud : les habitants ont déserté le village pour se fixer dans les hameaux de la plaine (p. 127). Châteauneuf apparaît en 1062 quand Pierre, Ermengarde et leur fils donnent à l’abbaye de Saint-Victor un huitième du territoire du château neuf (CSV I, n° 616). Celui-ci regroupe la population dispersée et va former le nouveau castrum qui est cité début XIIIe siècle, castrum novum (GCN I, col. 376). L’église est citée en 1274 avec le prior Castri Novi (Pouillés, p. 107). Elle est sous le titre de Saint-Pons et dépend de l’abbaye de Montmajour : à Châteauneuf, prieuré Saint-Pons, dépendant de Montmajour (Abbayes et Prieurés, p. 61). Reconstruite au XVIIIe siècle, c’est tout ce qui subsiste aujourd’hui du village de Châteauneuf.

 

333. Notre-Dame de la Baume

 

Il s’agit d’une chapelle rupestre située à 1000 mètres au NNO du village. Sans couverture, sinon celle du rocher, elle présente une nef d’une travée voûtée d’un berceau avec un chœur à chevet plat (Collier, p. 400). Cet auteur la date du XVIe ou du XVIIe siècle. Mais la grotte elle-même était investie par des ermites ou frères lais dès le XIIIe siècle puisqu’elle est citée en 1274 avec les conversi de Balmis de Castro Novo (Pouillés, p. 106) 2. R. Collier rapporte qu’un pèlerinage très fréquenté par la population environnante avait jadis la chapelle pour but. Féraud précise que le pèlerinage a lieu le jour de l’Assomption (p. 127). Elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle, le 13 juin 1860, Notre-Dame de la Baume sous le rocher sur la route de Chauvet. Le curé déclare qu’elle est en état. Elle est de nouveau mentionnée en 1866 et 1872 (2 V 89).

 

334. Saint-Pierre de Chauvet

 

Les Chauvets aujourd’hui, est un hameau situé au nord de Châteauneuf à plus de 1250 mètres d’altitude. Sans doute installée au Xe siècle au Chastelas, altitude 1248 m, la population s’est ensuite fixée aux abords du tracé de l’ancienne voie romaine. J. Cru constate la présence de tegulae et de meules en ryolite sur le sommet de la colline et pense que l’habitat fut détruit et brûlé au XIIe siècle (p.45). En 1096 l’évêque Augier de Riez donne l’ecclesia sancti Petri de Calveti à l’abbaye de Montmajour (GCN I, Riez, Inst. XI, col. 371). Celle-ci se trouvait, selon J. Cru, sur la rive gauche du Baou, au lieu-dit Sant-Peire, au pied d’un petite butte que les habitants appelent « la Gleia ». C’est là qu’il faut situer également l’hospitalerius de Chalveto signalé en 1274 par les Pouillés, bien placé sur l’ancienne voie romaine pour secourir les voyageurs (p. 105 et 106). Il est probable que la chute spectaculaire de la population, plus que 15 habitants en 1471, a condamné le prieuré. Une église est alors été édifiée au XVIe dans le village qui reprend la titulature de saint Pierre. C’est ce que confirme l’abbé Féraud : le prieuré Saint-Pierre de Chauvet fut supprimé dans le XVIe siècle, et converti en église succursale de la paroisse de Châteauneuf (Souvenirs Religieux, p. 51). Cette église est toujours succursale au XIXe siècle, c’est ce qui est indiqué lors des visites pastorales, paroisse Saint-Pierre de Chauvet.

 

335. Chapelle Saint-Jean-Baptiste

 

Elle est citée d’abord par le coutumier de 1835 : paroisse de Chauvet, à la Nativité de saint Jean-Baptiste, fête secondaire, la messe se dit à la petite chapelle rurale construite en l’honneur du saint dans un des hameaux. Puis, lors des visites pastorales, en 1866, elle est déclarée très humide, enfin en 1893 et 1908, la chapelle rurale Saint-Jean-Baptiste est en mauvais état (2 C 89 et 94). Nous n’avons pu la retrouver, aucun trace d’un bâti, ni le moindre toponyme sur Cassini, le cadastre et les cartes actuelles.

 

 

LA PALUD-SUR-VERDON

 

Située au sud de Châteauneuf et bordée par les gorges du Verdon au sud, la commune comprenait plus de 4400 hectares de montagnes. Seule une petite plaine entre 900 et 1000 mètres d’altitude offre un espace relativement propice à l’habitation. C’est d’ailleurs là que sont situés le village et quelques fermes réparties sur son territoire. Il est probable que le premier village ait été perché au lieu-dit les Barris où l’on a détecté des restes de fortifications (CAG, p. 334). Si le castrum de Palude n’est cité qu’au début du XIIIe siècle, l’ecclesia Sancte Marie de Palude est confirmée en 1114 par le pape Pascal II comme dépendante de l’évêché de Riez et plus particulièrement du chapitre cathédral 3. Une phrase du texte fait comprendre que cette église était aux mains de deux frères, Guillaume et Etienne et quand l’un d’eux est devenu prévôt de Riez, ils ont rendus l’église à l’évêque. Le pape Grégoire IX en 1227 confirme toutes les églises dépendant du chapitre de Riez dont l’église Sancte Marie de Palude (GCN I, Inst. XIX, col. 370). De même au XIVe siècle avec la prébanda et le vicarius de Palude. C’est sous le titre de la Bienheureuse Marie de Valle Viridis au chapitre de Riez que la nomme Bartel, mais on ne sait depuis quand ce qualificatif lui a été joint (p. 59). Le Pouillé de 1730 fait de même : prieuré de Notre-Dame de Vauvert. Comme le souligne Alpes Romanes, seul le clocher est ce qui subsiste de l’église romane d’origine (p. 56). Il est inscrit aux MH depuis 1948.

 

336. Notre-Dame de Maireste

 

Maireste est un hameau situé à l’ouest de la commune perché à plus de 800 mètres sur une colline dominant les gorges du Verdon. Un château y est élevé au XIIe siècle sur le sommet de Maireste, recouvrant un oppidum protohistorique (CAG, p. 333). Il est cité au début du XIIIe siècle, castrum de Meiresta, en même temps que celui de la Palud (GCN I, Riez, col. 376). L’église fait partie, en 1227, de la mense capitulaire du chapitre de Riez, comme celle de la Palud, confirmée par Grégoire IX (GC I, p. 351). On ne sait pourquoi elle n’apparaît pas dans les Pouillés de 1274 et de 1351. La seule indication donnée par la suite est qu’elle est sous la titulature de Notre Dame (Bartel, p. 59). Achard est le seul à donner une brève description du quartier de Meyreste où étoit bâti l’ancien village. Il y a des vignes et des oliviers qui produisent beaucoup. Sur la colline est une chapelle dédiée à la Ste Vierge, où l’on dit la Messe par fondation, tous les samedis du mois de Mai, Juin, Juillet, Août et jusqu’à la mi-Septembre (II, p. 198). Le cadastre de 1835 en section D 2 figure le château composé de deux corps de bâtiment flanqués de deux tours rondes et à l’aplomb de la falaise la chapelle Notre-Dame. Les deux figurent également sur Cassini. Ce château date du XVIe siècle et remplace le premier dont il ne reste rien. Seule, l’ancienne église, devenue chapelle, subsistait encore en partie il y a quelques années.

 

337. Prieuré Saint-Maurice de Maireste

 

Au quartier de Saint-Maurice, l’on voit avec admiration trois grandes prairies situées en amphithéâtre d’une hauteur prodigieuse. Une source les arrose, en se précipitant de l’une à l’autre, et forme les plus belles cascades qu’on puisse imaginer. Auprès de ces prés, l’on trouve de grandes cavernes, dans lesquelles on serre le foin et quelque fois les troupeaux. On croit que ces grottes ont servi de retraite à des Solitaires ; on y voit encore des vestiges d’un Autel et une statue de S. Maurice. Le Curé de la Palud est obligé de prendre possession dans cette espèce de Chapelle. C’est ainsi qu’Achard décrit le site de Saint-Maurice (II, p. 198). L’abbé Féraud est moins lyrique mais ajoute que ces grottes ont servi de retraite aux pieux moines de Lérins que saint Maxime y avait amené de l’île de ce nom. Saint Sidoine-Appolinaire nous a transmis, dans son Carmen Eucharisticum, le souvenir de la visite qu’il leut fit avec son ami saint Fauste, évêque de Riez. On voit encore les ruines d’une chapelle en l’honneur de saint Maurice bâtie au milieu des rochers escarpés (p. 129). Comme le fait remarquer la CAG, la christianisation du lieu n’est vraiment attestée qu’à partir du XIe siècle (p. 333).

 

C’est en effet le 4 juillet 1079 qu’est attestée la présence de la cella sancti Mauricii de Meiresca dependant de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Cette possession est confirmée en 1113 et 1135 4. Elle change de propriétaire puisqu’en 1227, le pape Grégoire IX confirme la possession de l’église Saint-Maurice de la Palud à l’évêque de Riez en même temps que celle de la Palud et de Maireste. Saint-Maurice semble même constituer une communauté particulière puisque le lieu est qualifié de castrum au début du XIIIe siècle : castrum sancti Mauricieti (GCN I, Inst. Riez, col. 376). L’église est desservie par un prieur cité au XIVe siècle : prior S. Mauricii de Menstra (GCN I, Inst. Riez, col. 385). On ne sait à quelle époque Maurice est transformé en Maurin, Bartel utilisant encore le nom originel ainsi qu’Achard. Il semblerait que les deux noms aient coexisté 5. La chapelle semble encore en état à l’époque d’Achard, mais au XIXe siècle, l’abbé Féraud avoue qu’elle est en ruine.

 

Synthèse

 

Que ce soit à Chauvet, la Palud et Maireste, on constate un premier habitat perché auquel va succéder un habitat non défensif. Mais dans le même temps, des prieurés précèdent ou coexistent comme ceux de Notre-Dame de la Baume et de Saint-Pierre de Chauvet à Châteauneuf ainsi que celui de Saint-Maurice à Maireste.

 


1 CRU Jacques, Histoire des gorges du verdon, Edisud, 2001, p. 23-25.

2 Les frères convers sont des religieux laïcs prononçant des vœux monastiques et particulièrement orientés vers le travail manuel.

3 GCN I, Inst., XII, c. 372-373. Egalement GC I, p. 322-323 qui donne la traduction du texte.

4 CSV II, n° 843, p. 218 ; n° 848, p. 237 ; n° 844, p. 226.

5 Sur Meyreste, J. CRU, p. 53-56, 66, 158-160.

 

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