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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. La commune s’étend sur 1530 hectares dont seulement une petite partie côtoie la rive gauche de la Durance, au nord de Sisteron. Elle s’étage ensuite sur des collines offrant des plateaux vallonés et boisés jusqu’au village perché à 832 mètres d’altitude. Les collines se poursuivent ensuite jusqu’à l’altitude de 900 mètres. L’habitat dispersé prédomine réparti en de nombreuses fermes et abrite plus d’habitants que le village. Celui-ci est en effet mal commode et s’il est propice pour la défense avec un château, il est difficile pour l’habitat, surtout par le manque d’eau. Le castrum apparaît au tout début du XIIIe siècle, castrum de Cigoier (GCN I, Inst. col. 284). L’église est dédiée à Notre-Dame et est desservie par un capellanus de Ciguerio en 1274. Dûrement touchée suite aux guerres de Religion, elle va être restaurée en 1683 et s’adjoindre le qualificatif d’Espavant. Une pierre de fondation et une plaque commémorative rappellent cet évènement.

 

482. L’église Saint-Benoît

Le monastère de l’abbaye d’Aniane s’est installé sur la commune voisine de Vaumeilh au lieu-dit Chane dès le XIe siècle. Les moines fondent également une église dédiée à saint Benoît sur le territoire de Sigoyer où ils possèdent des propriétés 1. Suite à la peste, le prieuré de Chane périclite et Saint-Benoît est abandonné. N’étant plus qu’un clapier, celui-ci est dégagé des arbres, arbustes et pierres il y a quelques années. Les restes de l’édifice sont très instructifs, car il n’a pas été restauré ni remanié depuis sa fondation, ce qui permet d’avoir une vision parfaite de ce type d’église rurale.

La chapelle, parfaitement orientée, est située au bord est du chemin reliant Les Sagnaires à l’est au Haut-Plan à l’ouest. Elle est sise en bordure d’un vaste plateau en grande partie cultivé, premier plateau surplombant celui où passe la route Valernes-Thèze-Claret. Le bâtiment est composé d’une nef unique, sans travées, donnant sur une abside semi-circulaire. La nef offre une superficie de 39 m². Les murs ont une épaisseur de 0,80 m. À l’intérieur, ils s’élèvent pour la partie nord sur 1,90 m, pour la partie sud sur 1,20 m. On ne constate pas de départ de voûte, les murs n’offrant pas une hauteur suffisante, ni de contreforts à l’extérieur. L’épaisseur des murs laisse supposer une couverture en charpente. Aucune lauze ni tuile canal ne subsistent aux abords. Par contre, on rencontre des fragments de tegulae. Les murs sont appareillés en lits réguliers avec de gros galets non travaillés, liés au mortier de chaux gris avec dégraissant de tuileaux. Deux ouvertures sont encore visibles : la porte d’entrée à l’ouest large de 1,68 m et une plus petite au sud de 0,75 m. Le matériau de construction a été prélevé sur place, seul, le tuf a été importé n’existant pas sur le site. Il a servi aux chaînages d’angles et aux piédroits des ouvertures. Les gros galets ne pouvant être taillés ont été traités tels quels, mais néanmoins choisis, en fonction de leur taille, pour constituer des lits horizontaux. Les parties vitales, par contre, ont exigé l’importation d’une pierre tendre, facile à travailler et à mettre en œuvre.

L’église était accompagnée d’un cimetière. Une indication est fournie par un document révélé par Marc de Leeuw où, durant la peste qui a sévi au XIVe siècle, un habitant de Sigoyer reconnaît que son père, mort de la peste, a été enseveli dans le cimetière avoisinant l’église Saint-Benoît ou à l’intérieur même de l’église. Il semblerait que c’est à la fin de cette période que le site, église et cimetière, ait été délaissé. Les guerres de Religion ont empêché par la suite, toute réhabilitation. Aucune mention n’en est faite dans les documents de l’église de Gap au XVIe siècle ni par la suite.

 

483. Saint-Cézaire, Champ de la Ville, Champ la Cour

Le cimetière de Sigoyer est éloigné du village de près de 1000 mètres et en contrebas. En plein champ, il est situé dans une zone de plateaux et coteaux fertiles vitalisés par des fermes et bastides isolées. Deux toponymes livrés par le cadastre napoléonien laissent envisager une colonisation carolingienne, Champ de la Ville et Champ la Cour. Le même cadastre cite le quartier Saint Cesari à l’emplacement du cimetière. Dans la commune de Thèze, limitrophe de celle de Sigoyer, les moines de Cluny sont installés depuis 998 et possèdent deux prieurés leur assurant un revenu confortable. L’un est à Thèze même, l’autre est situé à Sigoyer 2. Il est probable que le prieuré de Sigoyer soit situé dans cette zone où Marc de Leeuw et moi-même soupçonnons les ruines d’un édifice enfoui sous la végétation et les décombres aux abords mêmes du cimetière. Un dégagement et un sondage permettraient d’en avoir la certitude.

 

SYNTHESE

Si le prieuré de Cluny est beaucoup moins assuré que celui d’Aniane, on constate néanmoins des implantations en plein champ, pour desservir un habitat dispersé en fermes isolées. L’architecture de Saint-Benoît est exemplaire et permet de reconstituer presque dans son intégralité ce type de petites églises rurales assez méconnues.

 


1 Etude réalisée par LEEUW Marc de, Prieuré de Chane, SIVOM de La Motte-Turriers, 2000. L’ecclesia sancti Benedicti est citée en 1210.

2 AD HA G 872. Collation des prieurés de Thèze et de Sigoyer, résignés par Joseph du Serre, moine de Cluny, à Reynaud du Serre, seigneur de Thèze, son frère, moyennant une pension de 400 livres.

 

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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Forcalquier. La commune, de 1997 hectares, est située dans le pays de Forcalquier à l’ouest de Ganagobie dans un paysage de collines et traversée par le Lauzon. Jusqu’au XVe siècle le territoire était partagé entre deux communautés, Sigonce et Aris. En 1315, le premier abritait 250 habitants, le second un peu plus d’une centaine. C’est ce dernier qui apparaît le premier dans les textes. C’est aux alentours des années 963 ou 967 que l’évêque de Sisteron, Ours, fait don au monastère naissant de Ganagobie, de plusieurs terres dont le territorium de villa Arises (GCN I, p. 684). Il faut attendre ensuite le 10 juin 1206 pour que le comte de Forcalquier, Guillaume, offre à Ganagobie tout le territoire de la villa de Segoncia (CLU V, n° 4424, p. 796). Les deux communautés sont alors dans les mains des moines de Ganagobie qui desservent les deux églises citées en 1274 avec un capellanus ecclesie de Aricio et un capellanus ecclesie de Seguntia (Pouillés, p. 120). Sur les 350 habitants que comptaient les deux communautés en 1315, il ne va en subsister que 40 en 1471, ce qui explique la disparition de la communauté d’Aris et de son église. Celle de Sigonce semble avoir été entièrement reconstruite car elle est datée communément de la fin du XVe-début XVIe siècle (Atlas, p. 200 et Collier, p. 166-167). Il est possible également que la première église soit située en contrebas, dans la plaine et que celle du castrum n’ait été élevée qu’à la fin du XVe siècle (voir chapelle Saint-Claude).

 

480. Chapelle Notre-Dame-des-Clots ou du Bon Secours ou des Remèdes

C’est sous ces différentes appellations qu’est nommée une chapelle située au sud du village sur une petite colline. R. Collier en dit quelques mots : chapelle Notre-Dame (du Bon Secours ?) sur une butte isolée. Le chœur, formé d’une travée rectangulaire, voûté d’un berceau brisé et percé d’une fenêtre, peut remonter au XIIIe siècle ainsi que les murs latéraux, porte et baie en arc brisé sur le mur sud (p. 146). Elliot la qualifie d’ancienne chapelle Notre-Dame-des Clots ou du Bon-Remède a été transformée en grange bien délabrée. Elle se compose de deux parties, une courte nef maintenant sous tuiles mécaniques, et une abside carrée demeurée sous lauzes ; la tradition prétend qu’une crypte existerait dessous. Il signale ensuite deux pierres sculptées en réemploi (1, p. 93-94). La chapelle figure sur la carte de Cassini n° 153 sous l’appellation ND des Remèdes. Elle est aujourd’hui en état.

 

481. Chapelle Saint-Claude

La même carte de Cassini figure une chapelle St Claude immédiatement au nord du village, près des lieux-dits le Roy et le Pigeonnier, vocables que l’on retrouve sur les cartes modernes, mais il n’existe plus de chapelle, qui n’apparaît d’ailleurs pas au XIXe siècle où les visites pastorales relatent qu’il n’existe pas de chapelle rurale sur la commune.

 

Synthèse

La chapelle Saint-Claude pourrait être la première paroisse, avant que ne se dresse le castrum. Le titulaire a été repris pour la paroisse castrale comme cela s’est produit en de nombreux cas. L’église d’Aris a certainement été construite dès l’arrivée des moines de Ganagobie au Xe siècle, à moins qu’elle ne soit le reliquat d’une paroisse carolingienne, le titre de villa témoignant dans ce sens. La chapelle Notre-Dame, dont la fondation remonte au XIIIe siècle, peut, elle aussi, vu son emplacement en milieu ouvert et sa titulature, faire partie des premières églises préromanes.

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Faisait partie du diocèse d’Embrun et chef de viguerie, aujourd’hui chef-lieu de canton. Cette vaste commune de plus de 7000 hectares s’étend dans un milieu montagneux au nord de Digne. Elle est vitalisée par la vallée de la Blanche auprès de laquelle sont installés les principaux hameaux entre 1100 et 1200 mètres d’altitude. Sedena est le premier nom connu de Seyne, étant cité en 1146 lorsque les seigneurs de la région prétèrent serment au comte de Provence in Sedena (Papon II, p. 231). C’est en ce milieu XIIe siècle qu’est construite l’église paroissiale dédiée à Notre-Dame de Nazareth (Alpes Romanes, p. 413-417 et Collier, p. 88-89). La commune était bien peuplée, 1600 habitants en 1315 et va monter jusqu’à 2556 habitants en 1765 pour s’équilibre aux alentours des 1400 à l’époque actuelle. L’étendue du territoire, la multiplication des hameaux et des fermes isolées, la difficulté des chemins en hiver vont inciter l’autorité ecclésiatique à établir des églises et chapelles succursales.

 

Paroisse de Seyne

Nous avons déjà cité l’église paroissiale dédiée à Notre-Dame de Nazareth classée MH en 1862. L’abbé Albert relate qu’il y avait autrefois une église à quelque cent pas de la ville sous le titre de S. Pierre, que l’on croit avoir été la première église de la contrée et que l’on a envie de rebâtir  (p. 257-259). Seule la carte de Cassini n° 152 signale immédiatement à l’est de Seyne un hameau nommé St-Pierre. Une autre église, d’architecture classique, selon R. Collier, est celle du couvent des Dominicains, au cœur de la ville (p. 228). Les visites pastorales recensent trois chapelles rurales dépendant de la paroisse de Seyne. La troisième est une chapelle privée construite en 1860 par M. Rémusat et que nous n’avons pu localiser.

 

474. Chapelle Sainte-Rose ou de la Visitation à Gréyère

C’est l’abbé Albert qui en parle le premier : il y a au quartier de Greyère une chapelle sous le titre de la Visitation de la très sainte Vierge, que le peuple appelle la chapelle de Ste Rose parce qu’au jour qu’on y fait la fête c’est la saison des roses et qu’on l’orne de plusieurs bouquets de ces fleurs, que l’on a beaucoup de dévotion à cette chapelle (p. 257). Le coutumier de 1835 précise la date de la procession : le 2 juillet, messe solennelle et vêpres à la chapelle rurale de Greyere dédiée à la sainte Vierge sous le titre de la Visitation (2 V 73). Une visite pastorale du 31 mai 1863 la nomme encore une fois : chapelle rurale de la Visitation, vulgairement Ste-Rose au quartier de Gréyère (2 V 92). Gréyère Basse et Gréyère Haute sont deux minuscules hameaux situés à 1500 mètres au sud de Seyne avec 800 mètres au sud un autre hameau dénommé Ste-Rose. La chapelle n’est pas signalée par les cartes modernes, le PR indique qu’il s’agit d’une chapelle privée (n° 27, 2002, p. 35).

 

475. Chapelle Notre-Dame des Neiges à Charcherie

Le même coutumier de 1835 indique, le 5 août, procession à la chapelle rurale de Charcherye dédiée à Notre Dame des Neiges. La visite de 1863 fait remarquer que la chapelle de Chercherie a été reconstruite en 1860. Elle figure sur Cassini au bord du chemin menant de Seyne à Digne. La carte IGN figure quelques bâtiments mais sans édifice religieux à 1438 mètres d’altitude. Le site est tout au sud de la commune non loin de la limite communale avec Auzet.

 

Paroisse de Chardavon

Le Haut et le Bas Chardavon sont deux hameaux distants l’un de l’autre de 1400 mètres et situés à l’ouest de Seyne à près de 1500 mètres.

 

476. Eglise et chapelle Sainte-Marthe de Chardavon

L’érection de l’église de Chardavon en succursale s’est faite en 1700 relate l’abbé Albert (p. 258). Le coutumier de 1835 annonce que le 20 juillet, il y a une procession des habitants à l’église de Chardavon dédiée à sainte Marthe. A l’époque où écrivait l’abbé Féraud, 1844, l’église n’est plus une paroisse mais seulement une chapelle dépendant de la paroisse de Seyne. R. Collier indique que l’église Sainte-Marthe de Chardavon, jadis succursale, reconstruite en 1717 et la reconstruction fut mise de nouveau aux enchères en octobre 1783 (p. 229). Cette chapelle est située au Haut Chardavon. Il en existe une autre au Bas Chardavon, privée aujourd’hui.

 

Paroisse de Pompièry. Sainte-Anne.

Le hameau de Pompiéry est situé au NE de Seyne à plus de 1400 mètres d’altitude. L’abbé Albert nous apprend que l’église de Pompièry a été érigée en succursale en 1686. Elle est dédiée à sainte Anne comme il le confirme, que l’église succursale de Pompiéry est sous le titre de Ste Anne, dont la fête s’y célèbre le 26 juillet et les confrères pénitens de la ville y vont ce jour-là en procession (I, p. 257).

 

477. Chapelles rurales de la paroisse de Pompiéry. Saint-Pierre aux Savournins, Saint-Jacques aux Savoyes.

Ce sont les visites pastorales de 1859, 1863 et 1874 qui dénombrent deux chapelles rurales : St-Pierre aux Savornins et St-Jacques à Javoïe (2 V 92). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 apporte d’autres renseignements : les chapelles rurales St Pierre (1785), St Jacques (1671) servent pour les baptêmes, relevailles, communion des enfants (2 V 73). Par Javoïe, il faut comprendre les Savoyes et avec Savornins, aujourd’hui Hauts Savornins. Les deux chapelles sont encore en état. 

 

Paroisse de Saint-Pons

Le hameau de Saint-Pons est situé à 2 kilomètres de Seyne à 1360 mètres d’altitude. Il est desservi par une église qui a été établie en succursale depuis une trentaine d’années selon l’abbé Albert qui écrivait en 1783. Elle est bien entendu dédiée à saint Pons de Cimiez. L’abbé Albert poursuit : il y a tout lieu de croire que l’église de S. Pons est ancienne. On lit sur une pierre de taille du clocher une inscription en caractère gothique qui apprend qu’il fut bâti l’an 1437. R. Collier reprend ces données et ajoute : l’église du hameau de Saint-Pons présente une nef de cinq travées voûtées d’arêtes et séparées au moyen de doubleaux continués sans impostes par des pilastres, eux-mêmes adossés aux retombées des voûtes formant dosserets. Le chœur, en retrait, à chevet plat, est voûté d’un berceau brisé. La porte en arc surbaissé, avec une pointe de diamant au centre, a des impostes d’art toscan. L’église doit dater de 1605, le village ayant entrepris vers cette époque la reconstrucion des murs et de la voûte (p. 198 et 225).

 

478. Les chapelles rurales de la paroisse de Saint-Pons

L’enquête sur les lieux de culte de 1899 en dénombre quatre qu’elle qualifie à la fois rurales et domestiques, propriétés privées. Ce sont : les Jureaux à 3 km, à MM Piole, Jurany, Rougon ; le Foreston à 3 km, à M. Rougon ; St Antoine, à 3 km, à M. Peytral ; Le Faut, à 4 km.

La chapelle des Jurans est dédiée à saint Roch et selon le coutumier de 1835 on y dit la messe le jour de la fête du saint. Elle est déjà citée en 1742 parmi les comptes des décimes (Albert II, p. 224).

La chapelle du Foreston fait encore partie du domaine privé.

La chapelle au hameau de Saint-Antoine a donné son nom au hameau.

La chapelle du Fau, selon le coutumier de 1835, est dédiée à la Visitation et on y dit une messe lors de la fête patronale. Elle est sous le titre de Notre Dame du Faut d’après le compte des décimes de 1742 (Albert II, p. 224).

 

Paroisse de Couloubroux

Couloubroux possèdait un statut particulier car bien que faisant partie de la viguerie de Seyne, la paroisse dépendait du diocèse de Digne. Jusqu’au XVe siècle, ce fut une communauté à part entière avec un castrum cité au début du XIIIe siècle, castrum Collobroz (Bouche I, p. 268). Bouche ajoute qu’il fait partie aujourd’hui du diocèse de Digne. Il est probable que ce rattachement fut effectué lors de la réunion à Seyne. Il comprenait 19 feux en 1316, soit une centaine d’habitants (Atlas, p. 200). L’église paroissiale, dédiée à sainte Marie-Madeleine est desservie par un capellanus de Colobrosio en 1351 et 1376 et dépend du diocèse de Digne (Pouillés, p. 256 et 258).

Lors de la visite de Mgr Le Tellier du 18 mai 1693, celui-ci trouve l’église sous le titre de Ste Madeleine. Un tableau représentant la crucifixion avec la sainte Vierge et Marie Madeleine. Un autel à saint Etienne avec un tableau le représentant. Après quoy nous sommes descendus de ladite paroisse au bout dud village où il y a une chapelle sous le titre de Notre Dame d’Espérance (1 G 5, f° 12 ). Il existe donc deux édifices, le premier qui est la paroissiale, en haut du village, et une chapelle en bas du village. L’abbé Féraud reconnaît lui aussi deux églises : celles du Haut et du Bas Couloubrous sont affectées au service paroissial dédiées à sainte Magdeleine, 22 juillet (p. 77). Peu de temps après Féraud, une visite pastorale du 17 mai 1858 nous informe qu’il existe encore au haut Couloubrous l’ancienne église paroissiale qui a été interdite depuis plusieurs années à cause de son état de dégradation (2 V 92). Aujourd’hui, il ne subsiste plus que l’église du Bas, l’autre ayant disparu, il ne reste que le cimetière au lieu-dit Vière.

 

479. Eglise Saint-Gervais de Maure

C’est une annexe de la paroisse de Couloubroux comme l’atteste l’abbé Féraud qui ajoute que l’église est dédiée à saint Gervais dont on célèbre la fête le 19 juin et qu’elle n’offre rien de remarquable. Elle est placée en un endroit isolé entre les hameaux des Remusats et des Achards à 1330 mètres d’altitude.

 

Synthèse

Il existait encore d’autres chapelles rurales mentionnées par l’abbé Albert dans les comptes des décimes de 1742. Ainsi, Saint-Antoine à Christolenc, aujourd’hui Cristiorenc au sud de Seyne ; une autre dédiée à saint Antoine aux Auches au SE du village près du terrain de Vol à voile actuel ; encore une à Saint-Antoine au Serre au NE du Fau ; Sainte-Catherine qui a donné son nom à un lieu-dit immédiatement au SO de la ville ; chapelle Sainte-Marie au Serre Vinatier, aujourd’hui privée dédiée à Notre-Dame de Lourdes ainsi que quelques autres dont les lieux-dits ne figurent pas sur les cartes modernes.

 

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Faisait partie de la viguerie de Castellane, siège d’un évêché, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune est très étendue, plus de 7000 hectares, car elle a englobé d’abord au XVe siècle la communauté de Boades, puis en 1973 la commune du Poil (2708 hectares). Cette dernière n’est pas limitrophe avec la commune de Senez et forme une enclave à l’ouest entre les communes de Majastres et de Beynes. Malgré son étendue, la commune actuelle de Senez ne contient que 176 habitants en 2006. Nous ne retracerons pas l’historique de la cité de Senez, nous nous occuperons uniquement des chapelles rurales.

 

BOADES

C’est aujourd’hui un lieu-dit situé au sud-est de Senez dominant la rive droite de l’Asse à 1000 mètres d’altitude. Ce fut une communauté à part entière jusqu’au XVe siècle. Le castrum de Bogada est cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 274). Quant à l’église paroissiale de Debosadam elle est desservie par le prieur C. Ferrerius et la collation de ladite église appartient à l’église de Senez. Dominus Bt. Guillelmus et dominus Chambairianus sont les seigneurs dudit castrum. (Enquêtes 1278, p. 437, n° 873). Elle est encore citée en 1300 et 1376, ecclesia de Boyssata et ecclesia de Bosata (Pouillés, p. 290 et 293). La population en 1315 comprend 17 foyers, soit 85 habitants, mais la peste et les bandes armées vont l’anéantir ce qui amènera le rattachement à Senez à la fin du XVe siècle. Achard en dit quelques mots : Boades est une seigneurie composée de quatre bastides qui sont au pied de la montagne qui se nomme Alaup en provençal et Alpes en latin. Boades étoit un village qui fut détruit par les troupes de Raymond de Turenne (p. 359). L’église paroissiale va devenir une simple chapelle qui est encore signalée par la carte de Cassini n° 153, mais elle n’est pas mentionnée lors des visites pastorales de la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il n’en reste rien et nous ne connaissons pas son titulaire.

 

LE POIL

Le rattachement à Senez eut lieu en 1973, la commune ne comprenant plus que 14 habitants en 1962. C’est sous l’appellation de Podium et de in Podio que le lieu apparaît en 1056. C’est à l’occasion de dons faits à l’abbaye de Saint-Victor par plusieurs personnages, le principal étant Rostaing fils de Rainard avec son épouse Adelais et ses fils Féraud, Guillaume et Pierre. Il donne à Saint-Victor les églises dédiées à la Vierge Marie, à saint Etienne protomartyr et à saint Jean, avec toutes les terres qui sont autour de ces églises. Puis plusieurs autres personnages donnent des terres et des près qui sont in Podio. Enfin d’autres donnent toute la dîme qu’ils perçoivent au nom du seigneur Rostaing et du seigneur évêque de Senez (CSV II, n° 764, p. 108-110). Le territoire paraît bien peuplé en ce milieu du XIe siècle, le cartulaire citant une dizaine de donateurs avec leur famille. L’habitat est peut-être encore sur l’éperon rocheux du Chastelas situé au sud du village et où ont été découvertes des traces d’occupation protohistorique et médiévale (CAG, p. 450-451). Mais la donation à Saint-Victor est de courte durée puisqu’il n’est plus fait mention pas la suite de l’abbaye au Poil.

Le castrum de Pire, cité au début du XIIe siècle par Bouche (I p. 275), comprenait 320 habitants en 1315, chiffre qui s’est maintenu jusqu’en 1852 (Atlas, p. 190). S’il faisait partie de la viguerie de Castellane il dépendait spirituellement de l’évêché de Riez. L’église paroissiale est citée en 1274 avec un prior de Piro et un capellanus de Piro, puis en 1351 comme ecclesia de Piro (Pouillés, p. 107, 109 et 112). Bartel nous fait connaître le titulaire, le Poir, oppidulum dont l’église et la cure sont sous le titre de saint Laurent (p. 59). Depuis l’abandon du village, les maisons sont tombées en ruine, l’église également 1. La titulature à saint Laurent peut remonter au début du XVIe siècle, saint évoqué comme protecteur des fléaux ayant remplacé Notre-Dame citée en 1056.

 

472. Chapelle Saint-Jean

Les visites pastorales de 1857, 1866 et 1870 indiquent qu’il n’existe pas de chapelle rurale sur la commune (2 V 91). Pourtant la carte de Cassini signale un édifice religieux au quartier St Jean au NO du village. Le quartier est encore cité sur les cartes actuelles avec une ferme ruinée au NE de Preynes. Mais plus de trace de la chapelle aujourd’hui. C’est elle qui est citée en 1056, ecclesia sancti Johannis avec les terres qui l’entourent et qui sont données à Saint-Victor.

 

473. Chapelle Saint-Maime

Elle aussi est citée par la carte de Cassini et le quartier existe encore aujourd’hui sous l’appellation St-Maime Ferme à 1031 mètres d’altitude. Le quartier se trouve au nord de la commune près d’un vieux chemin rejoignant la vallée de l’Asse au sud de Norante nommé Chemin de Barrême par le cadastre napoléonien de 1811. Maime est la forme provençale de Maxime et fait référence au saint évêque de Riez dont dépend la paroisse du Poil.

 

SENEZ

De 1857 à 1870 en passant par 1866, les visites pastorales recensent quatre chapelles rurales, qualifiées de passables sauf une qui est en bon état, celle du Clot. Les autres ne sont pas nommées. En 1879, il en est recensé deux : Saint-Pierre au Riou d’Ourgeas et Notre-Dame des Claux. En 1890, il en existe toujours deux mais qui demandent beaucoup de réparations (2 V 91 et 93). La carte de Cassini permet d’en repérer cinq : les chapelles de Lioux, du Riou d’Ourgeas, de Boades, de la Maurelière et de Notre-Dame des Claux. Celle de Boades a disparu au cours du XIXe siècle, celle de Lioux est en ruine, il ne subsiste que les trois autres.

 

Synthèse

Au Poil, trois églises sont données en 1056 par des laïcs aux moines de Saint-Victor. Il semble que l’on puisse les classer parmi les premières églises rurales ayant précédé la création du village fortifié. Elles peuvent être le reliquat d’églises de domaines créées à l’époque carolingienne. Le territoire a livré quelques sites indiquant une occupation pérenne depuis l’Antiquité et qui n’a pas échappé à la christianisation, en témoin le fragment d’épitaphe chrétienne trouvé dans le village (CAG, p. 451).

 


1 Lire absolument La vie de ceux d’avant, d’Albert COTTE, né au Poil en 1907 qui raconte la vie de ce village. N° 105-106 des Alpes de Lumière, 1990.

 

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Faisait partie du diocèse d’Embrun et de la viguerie de Seyne, aujourd’hui dans le canton de Seyne. La commune, de 2955 hectares, est située au NO de Seyne-les-Alpes dans un milieu montagneux, l’habitat étant établi entre 1000 et 1200 mètres d’altitude. Le maximum de population fut atteint en 1316 avec plus de 700 habitants, aujourd’hui un peu plus de 400. Comme la plupart des communautés de la baillie de Seyne, Selonnet se voit accorder par Raimond Bérenger IV le régime du consulat en 1228. Le castrum de Sallo est alors représenté par Jean Aymar consul avec le consentement des seigneurs de Selonnet et au nom de l’abbé de l’Ile Barbe. En 1237, le comte Raimond Bérenger V accorde sa protection à l’abbaye de l’Ile Barbe à la tête des prieurés de Selonnet, Ubaye, Bayons et Clamensane (RACP, n° 120, p. 231 et n° 283, p. 372-374). Les trois châteaux de Selonnet, d’Ubaye et de Saint-Martin dépendaient déjà de l’abbaye en 1183 (RACP, p. 234, note 1). Ils sont en effet cités dans la bulle de Lucius III du 11 mai 1183 1.

 

467. Surville et la chapelle romane Notre-Dame

C’est un quartier situé au SSO du chef-lieu qui abrite une chapelle romane ruinée sous le titre de Notre-Dame. La carte de Cassini le nomme Dessus Ville et figure un établissement religieux correspondant à une abbaye. Il pourrait s’agir de l’Ile Barbe seigneur en partie de Selonnet depuis le XIIe siècle. Le père abbé recevait l’hommage de ses vasseaux comme cela fut fait en 1304 2. Le toponyme ville évoque un établissement carolingien qui au XIIe siècle est devenu le siège d’un prieuré bénédictin et est à l’origine de la paroisse. Celle-ci s’est ensuite déplacée sur le site de Selonnet avec création d’un château et d’une nouvelle église paroissiale, celle-ci reprenant la titulature de la première, Notre-Dame. Apparemment l’église paroissiale fut construite bien après le château et même, d’après les historiens, sur ses ruines. C’est ce que suggère l’abbé Féraud : l’église paroissiale a été bâtie dans le dix-septième siècle sur les ruines du château du duc de Lesdiguières ; on a conservé une des tours pour en faire le clocher (p. 77). R. Collier reprend ces mêmes données mais met en doute que le clocher soit un reliquat de tour. Il ajoute que l’église actuelle a été bâtie en 1871 (p. 388).

 

468. Chapelle Saint-Domitien, prieuré de l’Ile Barbe

C’est sous l’appellation St-Domitien chapelle ruinée qu’est cité par la carte IGN un édifice situé 500 mètres au sud de Selonnet. Le cadastre napoléonien de 1819 le montre en état en section D parcelle 14 bis, sous l’appellation de St Damesian. Le coutumier de 1835 rapporte qu’il y a une procession à une chapelle dédiée à saint Domitien le premier juillet (2 V 73). La chapelle est encore mentionnée le 25 juin 1859 comme étant située à un petit kilomètre de l’église, elle est assez vaste mais la voûte est en planches et ne possède aucun ornement (2 V 92). En fait elle est citée dans la bulle de Lucius III de 1183 comme dépendant de l’Ile Barbe, ecclesia sancti Domitiani. Le saint Domitien en question est un personnage né à Rome vers 347. Venu en Gaule, il entre à Lérins comme moine, puis, ordonné prêtre par saint Hilaire d’Arles, il fonde à St-Rambert-de-Joux (diocèse de Belley) un monastère en l’honneur de Saint-Christophe. Il est fêté le 1er juillet 3. La ruine de la chapelle est située en plein champ et semble bien orientée d’après le cadastre napoléonien.

 

469. Sainte-Madeleine à Villaudemard

Villaudemar est un hameau situé à quelques 5 kilomètres au nord du village et à 1220 mètres d’altitude. A l’époque de l’abbé Féraud il contient 102 âmes et c’était jadis un prieuré appartenant à l’abbaye de Boscaudon (p. 77). Curieusement le hameau n’est pas signalé par la carte de Cassini (n° 152) mais est bien visible sur le cadastre de 1819. Il abrite un édifice religieux sous le titre de sainte Madeleine qui fut érigé en paroisse depuis une trentaine d’années selon l’abbé Albert qui écrivait en 1783 (I, p. 267). Ici encore nous rencontrons le toponyme ville associé à un nom de personne germanique qui pourrait envoyer à une fondation carolingienne.

 

470. Chapelle Notre-Dame des Champs

500 mètres au sud de Villaudemard se trouve un petit hameau nommé les Champsaurs. Les habitants ont élevé en contrebas du village, en plein champ, une chapelle qu’ils ont nommé Notre-Dame des Champs. C’était en 1902. Elle a été restaurée en 2004 4.

 

471. Chapelle Sainte-Thérèse d’Avila de La Liberne

La Liberne est un hameau situé un kilomètre au SE de Selonnet où se dresse une chapelle dédiée à sainte Thérèse d’Avila qui aurait été construite en 1844.

 

Synthèse

Nous avons découvert deux sites pouvant relever des premières églises rurales, Surville et Villaudemard, mais on pourrait peut-être y ajouter celui de Saint-Domitien d’autant qu’il faisait l’objet d’une procession annuelle. A l’est de Selonnet on remarque un quartier portant le nom de St-Etienne et au nord de celui-ci un autre dit le Prieuré. Ce prieuré pourrait être celui que possédait l’abbaye de Boscodon dont parle l’abbé Albert qui le qualifie d’ancienne fondation (I, p. 268-269).

 


 

1 FILLET L. abbé, L’ile Barbe et ses colonies du Dauphiné, Valence, 1895-1905, p. 14 et 99-101.

2 J. ARNOUX, « Les fiefs du monastère de Saint-Martin de l’Ile Barbe », Bul. SSL des BA, T. XI, p. 21-24. Voir également Féraud, Souvenirs religieux, p. 57-58, qui dénomme le prieuré de Notre-Dame d’Entraigues, interaquas, à Sellonet.

3 Chanoine F. TROUCHE, Ephémérides des saints de Provence, M. Petit, 1992, p. 75.

4 Information tirée du site Internet Vallée de la Blanche.

 

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