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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton d’Annot. Cette vaste commune de 4573 hectares est située entre Castellane et Annot dans un milieu montagneux et accidenté où l’habitat est installé à plus de 1000 mètres d’altitude. Avec près de 500 habitants en 1315, il ne va en subsister que 165 en 1471. Il faudra attendre 1851 pour retrouver le chiffre de 1315, avec 490 personnes (Atlas, p. 206). Tous les auteurs, depuis H. Bouche, reconnaissent dans Vergons le nom de la tribu ligure des Vergunii figurant sur le trophée de la Turbie. Plutôt qu’une peuplade, le vocable désignerait un vicus Vergunnus (CAG, p. 495). Le vocable réapparaît en 814 avec la villa Virgonis, l’une des treize possessions de l’abbaye de Saint-Victor recensées par le polyptique de Wadalde (CSV II, I, p. 649-650). Elle est composée de 6 exploitations dont deux in Virgonis.

C’est en 1174 que Vergons resurgit avec un dénommé Laugerium de Vergons présent lors d’une controverse au sujet de Thorame opposant Guillaume Féraud et les moines de Saint-Victor (CSV II, n° 1018, p. 479). Puis, au début du XIIIe siècle le castrum de Vergons est cité par Bouche (I, p. 276). Peu de temps après, le 9 mai 1245, l’évêque de Senez, Sigismond, fait don au prieur de Sainte-Marie de Vergons de la troisième part qu’il percevait sur les terres et les hommes de ladite église (CL 2, XCVII, p. 163). Le texte est assez clair pour comprendre que le prieuré de Vergons existait déjà à cette date et était dans les mains de l’abbaye de Lérins, mais aucun texte antérieur n’en apporte la confirmation. En tout cas, c’est ainsi que l’a compris l’auteur de la France Pontificale : l’évêque de Senez donne au prieur et aux religieux de l’abbaye de Lérins établis au village de Vergons les dîmes de ce lieu (Digne II, p. 214). L’enquête de 1252 abonde dans ce sens : l’église paroissiale dont le prieur est Bertrand de la Croix et dont la collation appartient au seigneur abbé de Lérins (p. 428-429, n° 840). Enfin, en 1259, c’est la confirmation des possessions de Lérins par le pape Alexandre IV : in diocesi Senensi, ecclesia Sanctae Mariae et Sancti Ferreoli de Vergone (CL 2, n° IV, p. 6). Au cours du XVe siècle, le prieuré d’Angles sera réuni à celui de Vergons (ADAM, Série H n° 899-918).

 

572. Notre-Dame de Valvert

En 1702, Mgr Soanen déclare que la plus ancienne église paroissiale étoit celle de notre Dame de Vallevert, que depuis, à cause de l’éloignement, la paroisse a été transférée en l’église de St Ferriol que Mgr Jean Clausse et Mgr Martin appellent paroissiale, et qui est prez du bourg sur la pointe de la coline, mais que celle la ayant été détruite par les hérétiques avant le tems de Mgr Martin, le service a été ensuite transporté en l’église de St Sébastien (2 G 17, f° 192) 1. Cette ancienne église paroissiale est située, selon Achard, sur la Gd route d’Annot à une ½ lieue de la paroisse de Vergons … Cette chapelle rurale étoit, à ce que l’on croit, une église des Templiers. L’on apercoit à l’entour les ruines d’un monastère (III, p. 56). Mais il corrige cette assertion en reconnaissant que le choix de l’abbaye de Lérins est préférable aux Templiers. Il est probable que le premier habitat était situé à proximité, 500 mètres au NE sur une butte appelée aujourd’hui Château-Vieux, par le cadastre Château Viel. C’est ce que suggère la CAG qui y signale d’anciens murs correspondant aux vestiges de l’ancien village (p. 495). Les auteurs datent l’édifice du XIIe siècle 2. L’église fut abandonnée comme paroisse à partir du XVIe siècle et devint une simple chapelle de cimetière. Malgré tout, les paroissiens s’y rendaient en procession le troisième jour des Rogations selon le coutumier de 1835 (2 V 73). Et Achard décrit la procession festive avec roumavagi qui se faisait le jour de la fête patronale, Notre-Dame de l’Assomption.

 

573. Chapelle Saint-Ferréol

Elle est citée comme ecclesia Sancti Ferreoli en 1259 lors de la confirmation des biens de Lérins par le pape Alexandre IV. Il est probable qu’il s’agit de l’église du castrum, Achard reconnaît que dans les temps antérieurs c’était une forteresse. Au XVIe siècle, elle devient paroissiale à cause de l’éloignement de Notre-Dame de Valvert, puis est abandonnée comme paroisse suite aux guerres de Religion qui la mettent à mal. Réparée au XVIIe siècle, en 1763 selon Achard, on ne décèle plus aucun détail de l’architecture romane (Collier, p. 225). Elle est remplacée par une église construite au centre du village que Mgre Soanen visite en 1702. Cette église sera détruite et reconstruite sur un autre emplacement à la fin du XIXe siècle, le devis étant daté de 1895 (Collier, p. 390).

 

574. Chapelle Sainte-Anne de l’Iscle

L’Iscle est un hameau très éloigné de Vergons, au-delà du Col de Toutes Aures et à l’écart de la N 202. Achard en fait une succursale de Vergons desservie par un vicaire qui y réside. R. Collier date la chapelle de 1855 (p. 380). Elle figure sur le cadastre de 1830 (Section A 6, parcelle 1439) en forme de croix grecque, auprès de l’ancien chemin de Digne, ce qui ne correspond à sa position actuelle, entre les deux hameaux de l’Iscle. Il est probable qu’une nouvelle chapelle a été édifiée en 1855 et que la première a été abandonnée. Il faudrait la placer dans le cimetière actuel. Cette première église est citée en 1723 lors d’un procès-verbal d’enquête fait au sujet de l’établissement d’un vicaire chargé du service divin dans la chapelle du hameau de l’Iscle (ADAM G 907). Il est probable que l’édification ait eu lieu peu de temps auparavant.

 

Synthèse

Malgré un territoire difficile, Vergons a été investi par les hommes depuis la Protohistoire, suivi par l’Antiquité, repris à l’époque carolingienne et enfin au début du deuxième millénaire. De cette dernière période subsiste le très bel édifice de Notre-Dame de Valvert, symbole de la richesse du terroir et des moines de Lérins. Quand ceux-ci sont de nouveau nommés en 1245, on s’apercoit qu’ils sont installés à Vergons bien auparavant. Il est possible que les moines de la villa Virgonis citée en 814 aient pu maintenir leur présence jusqu’à l’aube du XIIe siècle, moment où ils élèvent l’église Notre-Dame. De toute façon, cet édifice relève des paroisses rurales bâties avant l’enchâtellement et peut succéder à une implantation carolingienne.

 


1 Jean Clausse de Mouchy, 1561-1588. Jacques Martin, 1601-1625.

2 Alpes Romanes, p. 65-66. Collier, p. 87-88. J. Thirion, « l’ancienne église ND de Valvert à Vergons », in BSSL, t. 33, n° 204, 1955, p. 235-244. Bailly, p. 43.

 

 

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