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Localisation et accès

Situé au nord-est de Cabris, à l'extrémité est de la colline de Pomereit.
D11 en sortant de Cabris vers Grasse, (route des 3 ponts) en haut de la montée (env. 800m), au début de la courbe à gauche, à la fin d'un grillage sur la droite de la route, avant d'entamer la descente vers le pont.
- Amorce du chemin sur le coté gauche de la route, juste à gauche d'un poteau électrique en bois.
- Monter en suivant le sentier sur environs 250 pas, arriver à un replat, un muret coupe le chemin, le passer et de suite à droite en le longeant sur 30 pas environs, on trouve le dolmen avec son tumulus sur la gauche. (infos communiquées par Alain Chabaud que je remercie).

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Description

Le tumulus quasi invisible sous la végétation actuelle mesure 1,25 m de hauteur et 10 m de circonférence. La cella rectangulaire 1,66 m x 1,20 m est formée de trois dalles de 80 cm de hauteur pour 1,50 m de largeur en moyenne et à l'ouest de deux piliers (dont un seul subsiste), délimitant une entrée autrefois barrée par un seuil. Le couloir à l'est (1,47 m x 0,84 m) est constitué de murets en pierres sèches.

Cabris_Dolmen_de_Clauds__Pomeiret_1974

doc 1 : relevé du dolmen par M. Gourdon, 1974.

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dolmen de clauds et pomeiret 1974 dolmen de clauds et pomeiret 1974
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dolmen de clauds et pomeiret 1974 dolmen de clauds et pomeiret 1974
Dolmen de Pomeireit
en 1974 (M. Gourdon)


Prises au printemps 74, les photos de Michel Gourdon nous montrent un dolmen déjà bien envahi par la végétation, en particulier au niveau du tumulus. Mais les fouilles exécutées 3 ans auparavant par Gérard Sauzade laissent encore un couloir dégagé et une chambre relativement propre.



Historique


Casimir Bottin fouille le dolmen en 1899, qu'il nomme tombe mégalithique. Il nous en donne les détails dans son article "Découverte et fouilles de neuf tombes aux environs de Saint-Vallier de Thiey. (Le document est téléchargeable en intégralité sur le site, rubrique préhistoriens locaux). Le tumulus de 10 m de circonférence ne laissait pas alors apparaître les dalles, et un fragment de la dalle de couverture "gisait encore, en partie penché sur la tombe".

Le document photographique suivant est exceptionnel, il nous montre le dolmen postérieurement à la fouille Bottin : le couloir, sous le tumulus au premier plan n'est pas encore dégagé. L'auteur du cliché est vraisemblablement Paul Goby. Je n'avais pu identifier ce cliché jusqu'à ce que M. Chabaud me fasse parvenir des photos récentes du monuments et que les comparaisons permettent d'identifier avec certitude le dolmen de Pomereit (Les photos 1 et 4 d'Alain Chabaud sont prises sous le même angle que celle de Paul Goby).

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dolmen de clauds et pomeiret 1905 dolmen de clauds et pomeiret 1905

Dolmen de Pomereit
en 1905 (Paul Goby)









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dolmen de clauds et pomeiret 2009 dolmen de clauds et pomeiret 2009
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dolmen de clauds et pomeiret 2009 dolmen de clauds et pomeiret 2009
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dolmen de clauds et pomeiret 2009 dolmen de clauds et pomeiret 2009
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dolmen de clauds et pomeiret 2009 dolmen de clauds et pomeiret 2009
Dolmen de Pomereit
en 2009 (A. Chabaud)









L'extension des surfaces boisées dans les préalpes grassoises est extrêmement importante depuis la seconde moitié du XXè siècle sur les terres délaissées par l'agriculture et le pastoralisme. La comparaison avec les clichés de 1974 ou de 2009 est saisissante. Le travail de prospection réalisé par les préhistoriens à la fin du XIX était d'autant plus facilité par l'absence de ce couvert végétal. Aujourd'hui, cette végétation en progression constante menace de nombreux dolmens provençaux. Les fouilles se sont souvent succédées sur ces monuments mais paradoxalement, personne ne s'est jamais soucié de la préservation des structures mises au jour hormis quelques exceptions et je ne manque pas de le souligner lorsque c'est le cas. Je le répète encore, un simple entretien sous la forme d'un débroussaillage de la surface du tumulus garantirait une visibilité et un minimum de protection. Un site fréquenté et visible est plus à l'abri qu'un site tombé dans l'oubli.

Le constat de 2009 est sans appel : les clichés réalisés en décembre, période où la végétation est la moins luxuriante, montrent un couloir quasi inexistant ou jonchent divers blocs. Le couloir réalisé en pierres sèches par les préhistoriques et dégagé par G. Sauzade en 1971 n'a pas la résistance des orthostates d'une cella qui peuvent dépasser la tonne facilement et qui sont de ce fait moins fragile. Ce couloir, sur les photos précédentes de M. Gourdon est en 1974 encore bien visible. Plus inquiétant, la dalle sud de la chambre, bien visible sur la photo 1 de M. Gourdon est inexistante sur la photo 4 d'Alain Chabaud. Au mieux a-t-elle été basculée au pire fracturée. Rappelons qu'il n'y a aucun trésor dans ces dolmens fouillés plusieurs fois déjà, la seule richesse qu'ils nous offrent encore est leur architecture, leur présence in situ ! Les photos d'Alain Chabaud nous laissent le sentiment d'un site complètement abandonné, c'est bien triste.



Le mobilier archéologique

Bottin a découvert les ossements de 45 à 50 squelettes, en deux couches, séparées par un dallage de pierres plates. Une partie des ossements étaient brûlés. "Le sol même de la tombe est incliné du couchant au levant, et les ossements du premier dépôt avaient été jetés pêle-mêle vers le fond, puis recouverts d'un dallage, pour les séparer des nouveaux arrivants. Mais ceux-ci avaient eu le même sort de la part des derniers ravageurs, dont on reconnaît l'action, sans exception, dans toutes les sépultures de la région."

Le mobilier funéraire comprenait aussi :
- deux extrémités distales de poinçons en os
- 68 perles discoïdes en test
- 12 perles discoïdes en calcaire blanc (en général à section bi-convexe, du type berle ovoïde mince)
- 101 perles discoïdes en roche verte, très petites
- 2 perles olivaires, l'une en calcite, l'autre en calcaire blanc
- une grosse perle discoïde, à contour irregulier, polie, en calcite translucide
- plusieurs tessons,
- un "ornement de bronze de forme tubulaire", interprété par Arnal comme un "petit tube enroulé" (cuivre ?)

dolmen_du_Pomeiret_Sauzade_2
(doc 2  : une partie du matériel archéologique de la fouille Sauzade, cliché M. Gourdon)

Les fouilles de Gérard Sauzade ont permis de distinguer deux pérodes d'utilisation (les deux couches étaient séparées par un dallage dans le couloir par un dallage de pierres) :
- Une phase d'occupation remontant au Chalcolithique (couche de base) caractérisée par 22 perles discoïdes plates en test de mollusque, une perle olivaire en pierre verte (doc 2).
- Une couche supérieure comprenant du mobilier datable du Bronze ancien, fragments d'un vase à deux anses rubanées diamétralement opposées, décoré sous le bord de deux boutons accolés (doc. 3), associé à une alène losangique en bronze de 28 mm x 6 mm x 2mm. Les alènes sont des objets bipointes dont la fonction reste indéterminée mais que de rares exemplaires emmanchés dans un tube en os (Saint-Vérédème, Sanilhac - Barge Mahieu 1995) classent dans les outils plutôt que dans les parures de type piercing. (Le Campaniforme dans le S-E de la France, Lemercier 2002).

ceramique_bronze
(doc 3 : céramique du bronze ancien)

Ont été également recueillis, dans les sédiments remaniés ou sur le tumulus :

- une pendeloque ovale confectionnée dans un galet (doc 2)
- une perle discoïde épaisse en pierre vert clair (doc 2)
- trois fragments de poinçons en os
- des éclats et une lamelle de silex à troncature oblique (doc 2)

Erigé au Chalcolithique, ce dolmen a connu une réutilisation au début de l'âge du Bronze. En effet, les modes sépulcraux du début de cette période sont hérités de la fin du Chalcolithique, des inhumations collectives perdurent, et plusieurs mégalithes de la région connaissent des réutilisations tardives (dolmen de Mauvans Sud à Saint-Cézaire, dolmen du Prignon...)

A noter : La présence de matériel archéologique dans le couloir reste exceptionnelle et témoigne d'une réutilisation de la sépulture. Les couloirs des dolmens provençaux sont en général stériles. Cette absence de mobilier tend à démontrer que ces couloirs n'étaient pas désobstrués lors de dépôts successifs. Les colmatages naturels d'argile souvent observés dans les couloirs confortent cette thèse. Ces derniers restaient donc bloqués lors des funérailles, seule la partie proche de l'entrée de la chambre était désobstruée. (Sauzade, Courtin 1986)

Bottin comparait la tombe mégalithique de Pomeiret au "beau" dolmen de la Verdoline à Saint-Vallier. Érigé il y a quarante siècles par les populations Campaniformes installées ici, il a suffit d'un siècle pour que les fouilles successives dégagent la structure de son tumulus protecteur et la livre aux agressions de l'homme et de l'environnement. Alors faut-il que l'histoire s'arrête aujourd'hui, à l'ère de notre civilisation toute puissante ? Somme nous incapables de préserver ces dernières reliques du passé ? Sont-elles si insignifiantes et innintéressantes ? Il est facile de comprendre, en comparant simplement les 2 clichés du dolmen pris à un siècle d'écart, que la menace qui pèse n'est pas fictive et que le couvert végétal aura raison du monument si rien n'est entrepris rapidement.


Bibliographie

BOTTIN Casimir
Découverte et fouilles de neuf tombes aux environs de Saint-Vallier de Thiey, Annales Société Scientifique et littéraire de Cannes et de l'Arrondissement de Grasse, t. XVI, 1899


GOBY Paul

Coup d'oeil d'ensemble sur le préhistorique de l'arrondissement de Grasse, 2ème CPF Vannes, 1906

COTTE

Documents sur la Préhistoire de la Provence, t. IV, 1924

GOBY Paul

Les dolmens de Provence, XI congrès Rhodania Cannes Grasse, 1929

CHENEVEAU René

Liste des mégalithes, pseudo-mégalithes et tumulus des Alpes-Maritimes, Mém. IPAAM, t. XIV, 1971

GAGNIERES Sylvain

Informations archéologiques, Gallia Préhist., t. XV, 1972

ARNAL (G. B.)

Type de parures du Chalcolithique, Et. Préh., 1974

COURTIN Jean

Les dolmens de Provence, Mémoires SPF, t. XI, 1974

GOURDON Michel
Le Néolithique et l'Age du bronze dans les Alpes-Maritimes, mém. de maîtrise d'histoire, université de Nice, 1975


GASSIN Bernard

Atlas Préhistorique du Midi Méditerranéen, feuille de Cannes, 1986

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